⚕︎ 06
- An Ancient Thème -
Mardi 5 octobre 1993
Le lendemain matin, Nathanaël se promena sur le chemin de Traverse. Il était encore tôt et il s'était levé aux aurores en abandonnant Sofia, profondément endormie. Les commerçants préparaient leurs magasins pour accueillir les clients, ils nettoyaient le trottoir en face des commerces. Le temps était clair, ensoleillé même. On avait tendance à croire que le mauvais temps était perpétuel en Angleterre, mais les belles journées existaient bel et bien.
Il se revoyait quelques années plus tôt, arpentant ces rues après son voyage temporel. Aujourd'hui, tout semblait plus calme, plus serein. Le monde sorcier vivait de belles années de paix.
Alors qu'il passait devant la boutique Eeylops, un cri attira son attention. Il eut alors le souffle coupé face à cette magnifique chouette blanche qui le regardait en hululant. Comme hypnotisé, il s'approcha. Ce grand rapace avait les yeux jaunes, brillants d'une étrange intelligence et qui le fixaient, la tête légèrement inclinée. Son plumage était très légèrement tacheté.
- Ne vous approchez pas trop, jeune homme. Cette chouette n'est pas particulièrement sociable.
Nathanaël se tourna vers le commerçant qui installait d'autres perchoirs à l'extérieur.
- Cela fait un moment que j'essaie de la vendre. Mais elle mord tous les sorciers qui veulent l'acheter. Je l'avais achetée en espérant me faire du profit, mais elle me porte plus préjudice qu'autre chose.
Le jeune homme haussa un sourcil avec un sourire en coin puis il se tourna à nouveau pour faire face à la chouette qui continuait de le fixer.
- Je crois qu'elle m'aime bien.
- Elle est à vous pour cinq gallions, déclara aussitôt le vendeur, prêt à se débarrasser au plus vite de cet oiseau de malheur.
Pourquoi Nathanaël voulait l'acheter ? Il n'en savait rien lui-même, mais il aimait bien cette créature. Nathanaël glissa la monnaie dans la paume du vendeur et alors qu'il allait la mettre en cage, le Survivant l'arrêta.
- Détachez-la.
- Mais monsieur, elle va s'envoler avant que vous n'ayez pu la dresser.
- Elle a besoin de se dégourdir les ailes, dit-il avec une certaine assurance.
- Comme vous voudrez.
À peine le marchand eut-il brisé les entraves de la chouette que cette dernière s'envola en laissant quelques plumes blanches derrière elle.
- Je vous l'avais bien dit.
Mais Nathanaël s'en fichait bien. Il avait senti quelque chose et depuis le temps, il avait appris à suivre son instinct. Il contempla le rapace jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'un point blanc dans le ciel. Il récupéra une plume et resta pensif un instant, en ce demandant encore pourquoi son instinct l'avait poussé à agir ainsi. Mais au final, cela importait peu. Il n'avait pas besoin de chouette et celle-ci semblait si sauvage et agressive. Il avait bien fait de lui rendre sa liberté.
Les sorciers commençaient à présent à affluer et les commerces étaient à présent animés. Il régnait une bonne ambiance, délicieuse, loin de ce qu'il avait pu connaitre. Quoique... Il avait une étrange impression. Peut-être que dans son passé, il avait connu cette rue, sans la peur que pouvait inspirer Voldemort à l'époque.
- Demandez la Gazette ! Un meurtre non élucidé dans les rues moldues. Mais que font les aurors ?
Intrigué, Nathanaël glissa quelques mornilles dans la main du crieur et ouvrit le journal. La Une montrait la police moldue devant l'immeuble, scène de cet effroyable crime. En tout cas, la Gazette du Sorcier ne donnait aucune information qu'il ne sache déjà. Les autres rubriques annonçaient quelques autres faits divers et des évènements mondiaux.
Il y avait également eut un incendie dans la forêt de Hainault, à l'Est de Londres. Rien de gravissime. Apparemment l'oeuvre d'un illuminé. Perdu dans sa lecture, Nathanaël percuta violemment l'épaule d'un passant.
- Oh pardon, s'exclama-t-il aussitôt. Je ne regardais pas où j'allais.
- Je vous en prie.
L'homme inclina son chapeau et poursuivit sa route. Nathanaël le regarda partir en fronçant les sourcils. Il n'était pas très grand, plus petit que lui. Il devait faire à peu près la taille de Sofia. Et sa voix aiguë lui disait quelque chose. Il pensa le retenir mais il venait de tourner à l'angle d'une ruelle. Alors Nathanaël haussa les épaules et continua sa route.
⚕︎
- Où suis-je ?
La voix de Sofia résonna dans le vide. Autour d'elle, tout était d'un banc pur et il y avait comme un léger brouillard. Il y avait un bruit, si faible qu'elle n'était pas sûre de sa provenance. Puis, petit à petit, le paysage se découvrit, la couleur s'invita dans son rêve, car s'en était un.
Sofia avait désormais l'habitude. Quand elle plongeait en plein songe, elle savait prendre conscience de son environnement et analyser chaque détail pour décrypter son rêve à son réveil.
Telle une aquarelle se dessinant sous ses yeux, Sofia se vit les pieds nus dans le bras d'une rivière. Elle pouvait sentir la délicieuse fraîcheur de son eau. Elle était pure, transparente. Dans son dos se trouvait une large et haute montagne, si haute que le sommet disparaissait derrière les nuages pâles. La rivière s'écoulait au beau milieu d'une vaste plaine, couverte de verdure. Jamais elle n'avait vu une herbe aussi verte. C'était paisible ici. La nature charmait son regard et venait flatter ses sens.
Au loin, il lui semblait voir un arbre étrange, à la fois beau et repoussant, plein de vie et mort à la fois.
- Monte ici et je te ferai voir ce qui doit arriver ensuite.
Une voix... impérieuse et douce, froide et chaude, qui hurlait et chuchotait à la fois. Un silence assourdissant suivit cette parole et Sofia leva les yeux. Il vit alors une silhouette assise dans un large fauteuil auréolé d'un arc-en-ciel. Malgré les couleurs chatoyantes de cet arc, il y avait un grondement dans l'air, qui semblait résonner comme un avertissement. Pourquoi ce tonnerre ? Devant cette silhouette dont elle ne pouvait voir le visage, il y avait sept orbes brillants comme des étoiles.
C'est là qu'elle le vit. Un parchemin, ancien, roulé et scellé par sept cordelettes dorées, ou bien était-ce des rubans ? Aussitôt, un vif sentiment de terreur s'empara d'elle. Le paysage s'envola, ne laissant que le vide, le froid. Le papyrus était posé sur une stèle, devant une large porte, verrouillée de toutes parts grâce à de nombreuses chaînes. C'était dangereux ici. Une ombre s'approcha du rouleau et, poignard à la main, elle versa une goutte de sang sur celui-ci. Il y eut un clic, sonore et l'une des cordelettes se dénoua. Une fumée noirâtre s'échappa du parchemin et pénétra à l'intérieur de cette ombre. Et ce mot résonnait en boucle. D'abord un murmure. Puis bientôt, un hurlement. "Vaincre". Quelque chose martelait le sol. Des tambours ? Non... Cela venait de la porte. Quelqu'un frappait la porte à un rythme régulier. Puis, l'une des chaînes s'effondra et la porte s'entrouvrit.
Sofia se réveilla en sursaut, trempée de sueur. C'était la première fois qu'elle faisait ce genre de rêve. D'habitude, c'était une vision, elle n'était qu'une simple observatrice mais cette fois-ci, c'était tellement... Réel. Rejetant les couvertures au bout du lit, elle se précipita aux toilettes pour vomir longuement. Les doigts contractés sur la cuvette, elle pleurait tandis qu'elle rejetait tout le contenu de son estomac. Il lui fallut bien dix longues minutes avant de se calmer.
Épuisée, Sofia resta à genoux, le regard perdu dans le vague. Jamais elle n'avait eu de vision aussi violente. C'était terrifiant. Plus encore que ces images qui les avaient poussés, elle et Nathanaël, à revenir à Londres.
Bien souvent, elle regrettait ce don, cet héritage familial. C'était éprouvant et ces derniers temps elle ne pouvait s'empêcher de penser que Nathanaël était avec elle à cause de ce lien qui les unissait. Le protecteur de sa lignée. Un sans-nom. Lors de leurs voyages, ils avaient cherché des gens comme elle. Et ils les avaient trouvés. Ils étaient tous comme lui, enchaînés à la mort, liés par un pacte qui dépassait l'entendement.
- Amour ?
Sofia sortit de ses pensées en entendant la voix de Nathanaël retentir à l'entrée de la salle de bain. Toujours appuyée contre la cuvette, elle releva la tête et se tourna lentement pour le voir s'approcher et s'agenouiller à ses cotés, le bras entourant ses frêles épaules. Avec délicatesse, il repoussa les mèches de son visage, collées par la sueur et les larmes qui avaient coulé pendant cette crise particulièrement violente. Mais c'était terminé et maintenant qu'il était là, à ses cotés, Sofia sentit son coeur reprendre un rythme normal.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-il doucement, à voix basse.
Il savait que suite à des visions, elle avait des maux de tête. Pour qu'elle ait vomi et soit dans cet état, sa prémonition devait être particulièrement intense. Sofia, en se remémorant les images de son rêve, se mit à trembler. Aussitôt, Nathanaël resserra son étreinte.
- Je suis là.
- C'était... tellement intense. Si violent et doux à la fois. Rassurant et effrayant.
Nathanaël fronça les sourcils.
- Il y avait cette... personne. Il y avait sept orbes devant lui.
- Comme sur la pierre d'Alexandrie ?
Sofia hocha la tête. Est-ce que c'était lié ? Sept orbes. Cela ressemblait à des boules de pouvoirs. Quels pouvoirs ? Et pourtant, à Londres, il n'y avait pas de Merveille. Leur quête semblait les mener vers les Sept Merveilles, et pourtant, avec ce rêve, Sofia avait l'intime conviction que quelque chose se tramait, ici, dans la capitale. Sept... encore ce chiffre.
- Mais il y avait également autre chose. Un rouleau de parchemin, scellé par sept... rubans, des cordes, ou des fils, je ne sais pas très bien. Il était posé sur une sorte d'autel, devant une immense porte.
Nouveau frisson.
- Quelque chose la martelait. Nathanaël... c'était effrayant. Je ne sais pas ce qu'il y avait derrière... Mais c'était horrible.
- Je suis là. C'est terminé.
- Et il y avait cette ombre qui versait du sang sur le parchemin. Ça a décroché l'un des fils. La porte s'est entrouverte. Et puis... vaincre. Ce mot...
- Sofia ! Doucement, souffla Nathanaël. Tu vas trop vite. Je ne comprends pas.
Sofia s'écarta légèrement de lui pour ancrer son regard dans le sien.
- Moi non plus, je n'y comprends rien.
C'était la première fois qu'une telle vision ne lui apportait aucune réponse. C'était une rêverie sibylline, sans queue ni tête, incompréhensible.
- On a toujours réussi à déchiffrer tes visions. On y arrivera cette fois également.
- Tu crois qu'IL est revenu ?
Nathanaël resta silencieux, le regard perdu dans le vague. Puis, d'une impulsion, il se redressa en emportant Sofia avec lui, les mains sous ses aisselles pour l'aider à se relever. Toujours plongé dans le mutisme, il prit une petite serviette et la passa sous l'eau avant d'essuyer doucement le visage de Sofia. La fraicheur du tissu lui fit un bien fou et elle ferma les yeux pour savourer cette sensation.
- Ma cicatrice ne me fait pas mal.
La medium entrouvrit les yeux. Malgré cette affirmation, elle voyait bien ce pli entre ses yeux qui marquait son inquiétude.
- Mais la douleur était liée à l'Horcruxe qui était en moi. Quand j'ai reçu l'Avada, le lien et donc cette brulure que je ressentais sur ma cicatrice s'en est allée. Voldemort était encore en vie à ce moment là.
- Alors s'IL était de retour, tu ne le sentirais pas, n'est-ce pas ?
Les lèvres du Survivant se courbèrent doucement tandis qu'il abandonnait la serviette et prenait son visage en coupe.
- Personne n'a le pouvoir de ramener les morts à la vie. Et ELLE ne l'autoriserait pas.
Enfin, un sourire éclaira le visage de Sofia. La Mort ne laisserait jamais partir Voldemort.
- Tu as sûrement raison !
Mais si ce n'était pas Voldemort, une autre personne oeuvrait dans l'ombre. Et ses visions ne leurs donnaient pour l'instant que de vagues indices. De ses pouces, Nathanaël caressa les joues de Sofia et déposa un baiser sur son front. Cet instant fut brisé par des coups de bec portés sur la vitre de leur chambre. Une chouette effraie les regardait en attendant qu'ils veuillent bien lui ouvrir. elle s'empressa de déposer le courrier avant de s'envoler aussitôt sans demander son reste.
- C'est une lettre de Lily, souffla Sofia en découvrant le contenu. Elle nous invite dimanche soir avec les autres pour dîner.
Lily... Un sourire paresseux se posa sur les lèvres de Nathanaël à l'évocation de ce prénom. De sa vie d'avant, il ne gardait pas grand chose. Mais qui elle était pour lui, il ne l'avait pas oublié.
- Ca ne va pas poser de problème ?
- De ?
- Elle sait pour toi. Qui tu es réellement.
Nathanaël haussa les épaules.
- Elle ne l'a jamais dit à James. Il aurait dit quelque chose en me voyant hier, tu ne crois pas ?
Sofia hocha la tête.
- Je vais lui confirmer notre présence. Je vais à la poste.
À peine eut-elle prononcé ces paroles qu'un bruissement d'ailes attira leur attention. Un oiseau venait de s'engouffrer dans la pièce par la fenêtre laissée ouverte. Mais ce n'était pas la chouette effraie de tout à l'heure.
- Par merlin. Cette chouette est magnifique. C'est une harfang des neiges, souffla Sofia en s'approchant du rapace.
- Je l'ai achetée tout à l'heure sur le chemin de traverse mais elle s'est envolée tout de suite. Je pensais qu'elle s'était enfuie, déclara Nathanaël en s'approchant à son tour.
L'animal agita ses plumes tout en tournant la tête, posant son regard jaune tour à tour sur Sofia et Nathanaël. Elle hulula de plaisir lorsque la main de Sofia la caressa, doucement.
- Elle était surement partie se dégourdir les ailes, souffla-t-il en approchant son doigt de la chouette qui le pinça gentiment.
Nathanaël, comme tout à l'heure, avait une étrange impression de déjà-vu.
- Comment pourrait-on l'appeler ?
- Hedwige, répondit-il aussitôt, sans hésiter, ce qui le surprit lui-même.
Sofia hocha la tête puis sourit.
- Alors Hedwige, prête à remplir ta première mission ? demanda-t-elle au rapace tout en prenant un morceau de parchemin.
L'animal, comme pour lui répondre, poussa un cri aigu et guttural.
.... .... .... .... .... ....
« Aussitôt le fantôme s'avança, et je marchai sur ses traces »
.....
Je n'ai pas eu le temps de faire le montage vidéo pour la musique cette fois. J'essaierai de faire une mise a jour dans la semaine.
Un nouveau chapitre de retrouvailles mais surtout une vision bien étrange, vous ne trouvez pas ?
A la semaine prochaine 😉
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro