Je n'ai pas pu sortir de chez moi aujourd'hui, donc niveau alcool je suis au point mort et me voilà à fixer le sol, les pieds ballant dans le vide, avec une immense impression de manque au plus profond de mon âme...

  Pas de bouteille, pas d'ivresse, pas d'ivresse, pas de sourire ni de rire sans raison... je veux juste oublier, je les entends encore se disputer, se crier des choses que personne ne devrait entendre et encore moins de ses parents.

  — Cathrin ! regarde ce que je t'ai apporté !

  Incroyable mais vrai...

  — Jordan ?! mais... comment...

  Il s'assied à côté de moi et pause une bouteille entre nous.

  — Je vais me faire tuer pour t'en avoir apporté...

  — Maintenant, tu es carrément sur la liste de mes princes charmants...

  Je réplique en attrapant le précieux alcool mais il m'arrête en posant sa main sur la mienne, la chaleur de sa peau sur la mienne, glacée, me fait presque un choc.

  — Ne prends pas la confiance non plus... je préfère toujours les blonds.

  Je dis, pour cacher mon désarroi

  — Je te la donne à condition que tu me laisses te parler et que tu me crois sur parole sans poser de questions.

  — Okay !

  — Tu es toujours aussi persuadée que je ne suis rien d'autre qu'une hallucination, ou je me trompe ?

  — Qu'est-ce que ça change ? Déballe ce que tu as à dire et tout le monde est heureux, non ? Tu trouves une gentille oreille qui t'écoute et je trouve une gentille bouteille qui me fout en l'air...

  — Oui, bref. Je peux commencer ?

  Je jette un regard insistant sur sa main toujours sur la mienne, il la retire rapidement et rougit légèrement diminuant ainsi la pâleur de son visage, contraste parfait avec ses cheveux et ses yeux dont la noirceur n'a d'égal que les ténèbres.

  — Oh tu rougis ! C'est trop mignon !

  — J'aimerais avoir le droit de te jeter dans le vide...

  — Qu'est-ce qui t'en empêche ?

  — Pas de questions, on a dit.

  — C'était plutôt rhétorique, mais d'accord, monsieur mystérieux...

  Je murmure en débouchant ma bouteille

  — Dit moi, que sais-tu des personnes qui habitent le premier ?

  Il demande avant de poser ses coudes sur ses genoux et soutenir sa tête dans ses mains alors que je m'assois à cheval sur le rebord de façon à appuyer mon dos sur lui et bois une gorgée avant de répondre

  — Pas grand-chose... ils sont mariés depuis pas longtemps et la femme est enceinte... je suppose que c'est un couple typique, le genre d'homme qui travaille dur pour que sa femme ne manque de rien et quand son enfant arrivera, il sera un bon père... la femme quant à elle passe ses journées à lire des articles sur la grossesse pour être sûre qu'il n'arrive rien à son bébé, ou peut-être qu'elle décide de la décoration de la chambre... elle sera une bonne mère aussi.

  — Donc, pour toi, ils ont une vie normale sans anicroche

  — Je ne vois pas ce qui pourrait faire tache sur ce joli tableau, effectivement. Tu sais si c'est une fille ou un garçon qu'ils attendent ?

  — Une fille. Et elle est en mauvaise santé.

  — Quoi ?! Comment ça ? De quoi est-elle atteinte ?

  — Elle a une trisomie 18.

  — Mais... mais cela conduit à...

  Je me redresse et me retourne vers lui pour essayer de capter son regard mais il est fixé sur l'immeuble d'en face, au premier.

  — La mort.

  Il conclut et mes épaules s'affaissent à cette horrible déclaration... je m'imaginais déjà me plaindre des cris de l'enfant que je ne ferais qu'entrevoir du haut de mon perchoir... le jour où je le verrais sortir de l'immeuble un cartable sur le dos pour aller à l'école avec sa mine toute fière...

  Je sais que tout ça n'avait pas de sens vu que dès mes 18 ans je suis censée partir d'ici mais voilà... maintenant je me sens déchirer de l'intérieur... mais que doivent ressentir les parents ? ils ne verront jamais leur enfant... pire encore...

  — Elle va avorter ?

  — C'est le conseil des médecins et spécialistes mais elle n'a pas encore pris sa décision...

  Des larmes remontent doucement, tuer son propre enfant avant même qu'il ne puisse gouter aux joies et aux tristesses de la vie... tout cela à cause d'un chromosome mal séparé ou je-ne-sais-quel micro bidule qui est plus minuscule qu'une cellule de peau...

  — C'est horrible...

  Je regarde à mon tour les fenêtres de l'appartement dont la lumière est éteinte.

  — Je reviendrais demain. D'ici là, essais de ne pas faire de coma éthylique !

  Je l'entends rire, je cligne des yeux, Jordan n'est plus là. Je regarde la bouteille qu'il m'a laissé... je n'en ai même plus envie... je la boirai demain.

🍾🍷🍾🍷

Petite Note : voilà ! Merci à tout ceux qui vote et commente je vous aime ! 😍😘

Je sait pas trop quoi dire à part...

À demain !