Felix

"Felix t'aurais pas vu mon- oh putain. "

Je sursaute violemment et m'écarte de Changbin avec une force que je ne me connaissais pas alors sur le pas de la porte, un air plus qu'abasourdi sur le visage et la bouche entrouverte, ma cousine June se tient, figée.

Une seconde de latence, la plus longue que j'ai jamais vécue, prend place et le sang me monte à la tête à une vitesse phénoménale.

Elle finit par refermer la porte aussi vite qu'elle l'a ouverte nous laissant, Changbin et moi, dans la confusion, la panique et la gêne la plus totale. Nous échangeons un regard et soudain la peur envahis mon esprit est me noue les entrailles.

Elle nous a vu.

J'étais persuadée qu'elle était sortie, comme tous les week-ends, mais visiblement soit elle a été assez discrète pour que je ne me rende pas compte de sa présence soit elle viens de rentrer et dans les deux cas, je ne l'ai pas entendue.

Je me redresse d'un coup et après un dernier coup d'oeil à Changbin qui n'a pas l'air de savoir comment réagir et se contente de me regarder avec inquiétude, je me lève et me précipite vers ma porte.

" June attends ! "

Je sors dans le couloir et la retrouve alors qu'elle allait s'engouffrer dans sa chambre. Elle tourne la tête vers moi d'un coup à l'entente de mon cri et s'immobilise. Je m'arrête aussi, non loin d'elle et les bras ballant. Quelques secondes passent, elle la poignée de sa porte dans la main et moi un air autant gêné qu'affolé sur le visage, nous deux sans bouger. Je cherche mes mots, ne sachant que dire mais me décide finalement à parler :

« Je-

- Tu-»

Nous avons parlé en même temps. Nous lâchons un rire nerveux à l'unisson, le malaise palpable nous faisant perdre nos moyens. D'un coup de la tête elle me fait signe de parler le premier. Je prends une grande inspiration.

"N'en parle pas a tes parents. Je t'en supplie. Je ferai tout ce que tu voudras.

- Alors t'es en couple avec ce garçon ?" me demande-t-elle, ignorant mes paroles précédentes.

Timidement, je hoche la tête.

" Je- whoa, tu parles d'une surprise... "

Elle cligne plusieurs fois des yeux. Elle a l'air perturbée, mais à aucun moment je n'ai vu du dégoût dans son regard. Ça apaise mon anxiété d'un cran, je craignais une réaction plus... virulente.

" Je vais pas te le cacher c'est un peu dur à avaler. J'aurais jamais cru que t'étais gay Felix, me dit-elle.

- Je ne suis pas gay. " je la contredis presque immédiatement.

Elle fronce les sourcils.

" Mais t'aime un gars ?

- Ça veut pas dire que j'aime tous les gars June, " je lui souris un peu nerveusement.

Elle cligne des yeux plusieurs fois et un me fixe avec air perdu sur son visage. Elle se reprends néanmoins bien vite et viens se masser les tempes d'une main.

" Enfin bref, c'est pas le sujet. Tu fais ce que tu veux de ta vie, c'est pas mon problème tant que ça vient pas empiéter sur la mienne. Avec qui tu baise, c'est pas mes oignons, d'accord ?

- Donc... tu va pas leur dire ? je demande craintivement.

- S'ils l'apprennent il y a de grandes chances qu'ils le prennent super mal, te fais pas d'illusions. Mais j'aime vraiment pas quand ils sont énervés. Je dirais rien. "

Je ne peux pas retenir un soupir de soulagement. Les tensions s'évaporent de mes épaules et je chuchote un sincère :

" Merci. "

Elle semble avoir été un peu touchée par mes remerciements car elle esquisse à son tour un léger sourire.

" Pas de soucis. Ah oui du coup, je voulais te demander si t'avais pas vu mon chargeur, je sais plus ou je l'ai foutu.

- J'ai peur de ne pas pouvoir t'aider sur ce point, désolé... "

Elle rit, un peu ironiquement.

" Tout ça pour ça... Enfin. Moi j'y vais, amuse-toi bien ", me salue-t-elle, et je ne peux pas m'empêcher de rougir.

Je la vois dévaler les escaliers, attraper sa veste et quelques secondes plus tard, le bruit d'une porte qui claque retentit dans la maison.

Changbin

Les bras croisés et adossé contre l'encadrement de la porte, j'attends patiemment. J'ai évidemment entendu tout la conversation et c'est pourquoi je ne peut retenir un sourire.

Felix finit par se retourner, l'air réellement soulagé. Le regard dans le sien je lui dis :

" C'est ta cousine ? Elle n'a pas l'air si méchante

- Honnêtement je m'attendais pas du tout à cette réaction, m'avoue-t-il.

- Tout le monde n'est pas fermé d'esprit tu sais. Et heureusement d'ailleurs.

- J'en suis bien conscient, mais vu le type de personne que sont ses parents... "

Il laisse sa phrase en suspend, les poings serrés. Je crois bien savoir où il veut en venir, mais j'hésite un peu à engager le sujet. Mais pourtant, une question me brûle les lèvres depuis un moment déjà. Je prends un air grave.

" Ils t'ont déjà fait du mal ? Physiquement ? "

Il baisse les yeux, peiné, et ma colère refait surface.

" C'est déjà arrivé oui... il dit tristement avec une pointe d'amertume. Enfin, ils n'ont pas toujours été tendre ça c'est sûr. Mais il n'y a pas eu de réel incident depuis quelques mois maintenant, et ils ne font plus attention à moi récemment, ne t'inquiète pas.

- Que je ne m'inquiète pas ?! Comment tu veux que je laisse passer ça ? " je m'emporte.

Il s'approche un peu de moi et pose sa main sur mon épaule pour me rassurer.

" Fais moi confiance, et puis je t'ai promis que je t'appelerai s'il se passe quoi que ce soit, tu t'en souviens ? "

Je fais la moue, à moitié convaincu. Il m'embrasse tendrement, je me détends un peu.

" Changbin, toi tu vis bien sous le même toit que des meurtriers et je ne t'ai jamais confronté à ce niveau, tu sais ? "

Je détourne le regard. Il sait s'y faire pour détourner la conversation, le fourbe.

" Touché.

- Enfin, ne parlons pas de ça tu veux bien ? Je n'ai aucune envie de me prendre la tête avec toi et on vient de complètement
ruiner l'ambiance, il ricane.

- On n'en serait pas là si ta cousine savait toquer à une porte !

- Au moins maintenant elle saura, rit-il.

- Tu m'étonnes... "

L'atmosphère quelques peu allégée, à mon grand soulagement, il m'entraîne une fois de plus dans sa chambre avec un sourire aux lèvres, comme si aucun incident de s'était jamais passé.

<>

Je traîne un peu des pieds sur le gravier de l'allée qui mène à la porte d'entrée de ma maison, de la musique dans la tête et l'esprit ailleurs. Il n'est pas si tard que ca, et pourtant il fait déjà nuit. J'aurai aimé rester plus longtemps chez lui...

Passé l'épisode un peu gênant avec l'interruption innatendue de sa cousine, j'ai vraiment passé un bon moment. On a passé la majorité du temps ensemble à se faire mutuellement découvrir des artistes musicaux qu'on apprécie. Enfin il m'a plus écouté chanter les louanges de mes artistes favoris qu'autre chose en réalité, mais il m'a néanmoins fait découvrir certains chanteurs australien vraiment talentueux. On s'est trouvé pas mal de points communs niveau musiques, et il m'a gentilement taquiné sur l'evidente passion avec laquelle je m'exprimais en parlant de tout ça. J'ai le coeur léger, c'est agréable.

Je sors les clefs de ma poche et rentre chez moi, l'esprit tranquille. J'ignore mes parents dans le salon, eux de même. Un sourire idiot placardé sur le visage, je monte les escaliers et comme à mon habitude, je me laisse tomber paresseusement sur mon lit. C'est enivrant, d'être amoureux. J'ai déjà l'impression d'être en manque de Felix.

Alors que je m'apprête à replonger dans mes pensée aussi niaises que plaisantes, un bruit attire mon attention. Je tends l'oreille, et le son assez reconnaissable de pleurs me parviennent. Je perds mon sourire, me relevant brusquement.

Ça vient de la chambre de Mina.

Je m'approche de la porte de sa chambre, l'inquiétude montant à chacun de mes pas. Je toque le plus délicatement possible à sa porte.

" Mina ? Tout va bien ? "

J'obtiens un reniflement triste en toute réponse.

" Je peux rentrer ? "

Il y a un moment de silence, puis le bruit de petits pas et la porte qui s'ouvre doucement m'indiquent que oui. Je me glisse doucement dans sa chambre et la retrouve immédiatement, plus recroquevillée qu'assise sur son lit, une main sur sa joue. Ses yeux larmoyants suffisent à me briser le coeur.

Je m'accroupis précipitamment devant elle, le regard agité. Je n'attends pas pour lui demander de m'expliquer ce qu'il s'est passé. Et lorsque qu'elle relire sa main de sa joue, j'aperçois une trace rougeâtre nettement visible dessus. Mon sang ne fait qu'un tour.

" Qui t'as fait ça ?

- Maman... J'ai pas eu une assez bonne note en histoire..."

Les yeux écarquillés, à ce moment là je serre si fort les poings que je sens mes jointures blanchir. Je m'empresse de la prendre dans mes bras et elle répond tout de suite à mon étreinte, sanglotant encore sur mon épaule. Je lui carresse le dos en lui soufflant :

" Hey, Mina, ce n'est pas de ta faute d'accord ? Ce n'est pas grave d'avoir eu une mauvaise note, vraiment. Ce qui est grave ce qu'elle a fait. En aucun droit elle ne peut lever la main sur toi, jamais. Est ce que tu m'as bien compris ? "

Je la sens hocher la tête contre moi. Je tente de la réconforter comme je peux alors que dans ma tête c'est le chaos. Jusqu'alors, jamais, au grand jamais ma génitrice n'avait physiquement attaqué ses enfants. Et pourtant elle m'avait prévenu la dernière fois, qu'elle pourrait s'en prendre à Mina. Comment mes parents peuvent être aussi inhumains ?

La désagréable sensation de jouer contre la montre viens me parasiter les pensées. Je dois impérativement me hâter pour executer mon plan, avant d'atteindre le point de non-retour. Plus le temps passe et plus je me sens comme enfermé, coincé dans leur emprise, et ça me terrorise.

Mille questions me traversent l'esprit à la seconde. Est ce que je dois prendre ca comme la conséquences de ses avertissemens ? Est ce que c'est parce que j'ai encore invité Chan et Jisung dans leur dos ? Est ce qu'ils savent pour les preuves que j'ai trouvé ? Pour Felix ?

Je n'en sais fichtrement rien. Mais une chose est sûre : Mina n'est plus en sécurité.

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Je m'excuse de toute mon âme de faire vivre ça à l'ange qu'est Mina.

Finir mes chapitre sur un passage déprimant, c'est pas une passion : c'est un art de vivre.

Chapitre pas si court que ça, plutôt long même, j'ai un peu traîné mais le voilà eheh

J'espère que ce chapitre vous a plu !