six
Ce regard qui dit tout.
Marcel, comme chaque matin ouvre sa bibliothèque avec un plaisir et une âme d'enfant qu'il apprécie à chaque fois qu'il tourne cette petite pancarte en bois où sont indiqués ses horaires et si c'est ouvert ou non.
L'octogénaire a toujours été très matinal, ce qui étonne beaucoup de monde. Certains aiment le matin quand ils ne travaillent pas pour pouvoir faire ce qu'ils veulent faire tranquillement. D'autres, sont plus du soir pour se vouer à ce qu'ils apprécient réellement.
Il sait combien il est chanceux de pouvoir profiter de sa passion. Alors, il leur offre un sourire polie à chaque fois et ne dit pas un traite mot.
Les quelques rayons de soleil s'invitent eux aussi tôt ce matin. Autour de lui divers visages qui marchent de manières différentes et parmis eux, il reconnaît George. Comme toujours le châtain à sa paire d'écouteurs dans ses oreilles et sa besace.
Derrière son comptoir, ses lunettes sur le nez, Marcel affiche un grand sourire en l'apercevant.
- Bonjour George ! il s'exclame d'un ton gaie.
Le concerné retire sa paire d'écouteurs et les fourre dans son sac en affichant un sourire timide. Malgré le fait qu'il passe beaucoup de temps en ces lieux, le châtain a toujours ce malaise qui s'installe à chaque fois.
Il a toujours été d'une nature réservé. La confiance en lui n'est pas son fort. C'est pour ça que le jeune homme se plonge dans la poésie comme pour se confronter à quelqu'un qui serait décrire mot pour mot ce qu'il ressent.
Marcel sent bien que George se retient de dire quelque chose, il peut apercevoir plus ou moins ses doigts se tordrent dans tous les sens comme si de rien était. L'octogénaire a toujours remarqué ce tic et la manière dont le jeune homme essayé de le masquer en prenant des objets entre ses doigts.
C'est quelque chose que faisait son regretté amour. Il les a toujours pensé plus intelligents et sensibles qu'ils ne veulent le laisser paraître.
- Que puis-je de beau pour toi ?
George, les joues chauffées par la timidité et le regard porté sur lui tente de trouver ses esprits et se plante devant Marcel, sa besace sur l'épaule et ses mains qui jouent avec la hance de celui-ci.
- Je ... Je... Elle est venue chercher le marque page ? Il demande d'une traite manquant de s'étouffer.
Le propriétaire ne peut s'empêcher de sourire à son tour, comme s'il avait pêché le plus gros poisson de la marre.
- Non mon garçon. En revanche je n'oublierai pas de dire ton nom !
- Non ! Ne... Ne faites pas ça...
Marcel fronce les sourcils ne comprenant pas sa réaction. Après tout, il ne lui a pas demandé de parler devant une vingtaine de personnes.
- Bien dommage, elle semble aimer des choses que tu as l'air de tout autant apprécié.
Alors que son regard est baissé sur ses converses aux lacets tachés, George relève ses yeux bleus et passe sa main gauche à l'arrière de son crâne, tout en pinçant ses lèvres.
- Ah... Ah bon ?
Marcel ouvre le tiroir qu'est sur la droite de son comptoir et en sort le fameux marque-pages. La couleur du carton n'a pas bougé, en revanche l'état de celui-ci est presque mauvais tant il est froissé et déchiré sur certains coins. Mais, après tout peut-être est-ce l'affection qui fait que cette fameuse Lizea ne le jette pas.
L'octogénaire retourne ce fameux marque-pages et montre une citation de quelques lignes, écrit à la main.
<< Peu importe ce qu'on pourra vous dire, les mots et les idées peuvent changer le monde. >>
Il lit à voix haute faisant rougir encore plus les joues de George. Alors, elle connait le Cercle des Poètes Disparus, se dit-il. Étrangement, cela lui fait plaisir alors qu'ils ne se connaissent aucunement l'un comme l'autre.
- J'ai beau être vieux, je vois encore jeune homme ! S'exclame Marcel d'un ton amusé.
- Lizea... Prononce à voix basse George.
- Un joli nom, nous sommes d'accord.
Le jeune homme se mord nerveusement l'intérieur de la joue, son regard parle bien trop. Il est vrai que ce prénom est sublime et inspirant, il ne peut mentir sur cela mais Marcel a vu que quelque chose de différent s'est montré quand il a évoqué ce fameux film.
- Bon, je ne voudrais pas que tu meurs alors je te laisse voquer à tes occupations !
- Me .. merci !
George sort de sa besasse les trois receuils qu'il devait rendre et se dirige aussitôt vers les quelques tables installés au fond de la bibliothèque, le regard planté sur le sol.
Alors installé, le jeune homme dépose son sac sur la table et en sort son carnet et son stylo ainsi que sa paire d'écouteurs qui n'a pas bougé de son téléphone.
Il retire sa veste et dévoile ses bras nus sous un t-shirt bleu nuit. Son carnet, tout comme la marque-pages de cette fameuse Lizzie est froissé par les transports et les émotions qui le rongent chaque fois que George se laisse mettre à nu dans ces lignes.
Au loin, il entend la porte de la bibliothèque s'ouvrir une nouvelle fois mais n'y prête pas attention jusqu'à entendre ce fameux nom sur lequel aucun visage n'existait à présent.
- Bonjour Lizea !
Le châtain ne sait où se mettre, comment réagir. Peut-être qu'il allait enfin voir qui elle est, celle qu'il ne connait pas mais qui, aux yeux de Marcel semble partager de nombreux points communs.
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Voici le sixième chapitre de cette histoire, qu'en penses-vous ?
Marcel vis-à-vis de George ?
Enfin une rencontre ?
A vos claviers !
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