Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre VI (1)

Blackmoon avait ouvert une Faille, un long pont permettant de se rendre d'un endroit à un autre en éclipsant tout le reste. Cette dimension parallèle abritait un silence total ; calme impossible sur Terre, et son air était lourd à en tourner la tête à cause d'un manque évidemment d'oxygène. Ce n'était guère un endroit où il faisait bon vivre mais il avait l'avantage d'être le moyen de déplacement le plus rapide pour un peuple étranger à la technologie humaine. Ce système avait été instauré au début du Second Temps lors de La Séparation des immortels par des sorciers maîtrisant encore les sorts anciens, et dans le même temps, un traité passé avec les autres espèces intelligentes les avaient empêché de dépasser les limites de leurs terres.

La Faille ouverte par Blackmoon était pourvue d'un embranchement se scindant en deux branches distinctes et le professeur les quitta à cette jonction pour rejoindre son foyer. Cette absence déstabilisa Cécile et Amandine lui prit la main avec un sourire rassurant, l'entraînant avec elle et Nour dans la direction opposée. Elles progressèrent silencieusement sur la passerelle une dizaine de minutes avant qu'un flot de lumière ne les avale pour les déposer sur une vaste étendue d'herbe parsemée de fleurs.

Un peu plus loin se détachait un immense Manoir, enchevêtré entre les branchages d'une allée bordée d'arbres, qui déblayait un sentier à travers la rivière sillonnant la propriété. La demeure était de teinte sombre et ancienne, influant une allure aussi respectueuse que sinistre. À en juger par les ténèbres l'enveloppant, elle devait retenir les rayons du soleil en plein jour, lui prêtant une puissance impressionnante. Elle possédait une quinzaine de fenêtres réparties sur quatre étages rien que sur sa face nord - dont cinq par lesquelles filtraient de la lumière -, laissant présager pas moins d'une centaine de pièces. Autour d'elle se déployait un jardin démesuré, hors de vue de Cécile. En se retournant, elle découvrit un imposant portail de plus de deux mètres de hauteur truffé d'un atlas de sécurité ahurissant et cerné d'un long mur surplombé de barbelés entrelacés délimitant la propriété.

Charmée malgré elle, Cécile suivit ses deux hôtes jusqu'à l'entrée du Manoir - une épaisse porte dépourvue de serrure, franchissant le pont sur lequel des goutelettes d'eau lui chatouillèrent le visage. Amandine entreprit de déverrouiller le domicile par reconnaissance faciale, puis par empreinte digitale et en la voyant lécher le panneau, Cécile ne put retenir sa langue plus longtemps :

- Vous redoutez les attaques ? s'enquit-elle sans chercher à masquer son sarcasme. Votre richesse est donc tant que ça à envier ?

Amandine la toisa, visiblement vexée :

- Presque tout ce que nous possédons est convoité et confidentiel. Si j'étais un escroc, je n'hésiterais pas un instant.

Cécile n'insista pas mais elle ne pouvait s'empêcher de penser aux personnes qui, comme elle, ne possédait rien du tout. Et à côté de toute cette misère dont souffrait le monde se pavanait la famille d'Amandine, qui détenait bien plus qu'elle n'en aurait jamais besoin.

Amandine poussa enfin la porte, découvrant un hall aussi vaste qu'un modeste salon, plongé dans l'obscurité. Elle s'effaça alors pour laisser passer Cécile et Nour et, sans un bruit referma la porte dans leur dos. Sa svelte silhouette se glissa ensuite au-devant d'elles pour gagner une porte au fond de l'entrée, de laquelle filtrait le rai de lumière qui permettait aux faibles yeux de mortelle de Cécile de distinguer ses mouvements. La pièce suivante était un salon aussi grand que l'appartement de l'Occamy à Veaudelune, qui pourtant était plutôt vaste. Bien plus chaleureuse que la façade du Manoir, la pièce avait été agencée de telle sorte à former un demi-cercle au centre, autour duquel se tenaient six imposants fauteuils bordeaux et une table basse. Aux extrémités, il y avait huit meubles, deux bibliothèques, deux tablettes, une salle de cinéma et deux canapés à l'opposé l'un de l'autre.

Pourtant, ce fut la baie vitrée recouvrant l'intégralité du mur nord, donnant vue sur le jardin plongé dans la pénombre qui retint son attention. Elle effleura la vitre froide du bout des doigts, observant son reflet trouble. Cette vision la ramena immédiatement neuf ans en arrière, lorsqu'elle jouait encore à Qui se Projetait le plus Haut avec ses amis, avant le bannissement, avant ce qui avait été la fin de son enfance. Parfois, elle se plaisait encore à imaginer si rien de tout cela n'était survenu, si la traîtrise de ses parents ne l'avait pas éloignée de la vie qui lui était due...

- Tu veux que je te montre ta chambre pour que tu puisses t'y reposer quelques heures, Cécile ? chuchota Amandine à son oreille, interrompant ses pensées nostalgiques.

Elle se retourna lentement, croisant son regard maternel, et fronça les sourcils. Elle s'était attendue à être accueillie par le reste de la famille Sparkle, or le Manoir était baigné dans le silence. À cela s'ajoutait la précaution de la sorcière de ne pas parler trop fort.

- Quelle heure est-il ? demanda-t-elle soudain, regrettant de ne pas s'en être enquise plus tôt.

Amandine leva les yeux, consultant une horloge accrochée au dessus de la tête de Cécile. C'était une vieille horloge, avec de grandes aiguilles et des chiffres romains gravissants dans le cadre. Mais c'était son socle qui étreignit son cœur, avec ses spirales délicates et ses petites boîtes qui semblaient renfermer mille mystères.

- Quatre heures dix-sept du matin...

Voilà qui expliquait sa fatigue écrasante ainsi que l'absence des parents de la jeune sorcière.

- Je préfèrerais dormir ici, murmura-t-elle en se frottant les yeux. Juste une nuit. Demain, tu pourras me montrer ma chambre.

Amandine acquiesça, respectant son choix et ressortit de la pièce par une autre porte pour aller lui chercher des couvertures et des oreillers.

Uniquement à l'image mentale de son corps raide et courbaturé enroulé dans des draps chauds et propres, Cécile soupira d'aise. Elle n'était peut-être pas si mécontente que cela de s'installer dans une maison...

- On se croirait au paradis ici, n'est-ce pas ? fusa la voix de Nour quelque part dans la pièce.

Cécile pivota sur ses talons et découvrit Nour, avachie au milieu des coussins blancs et dorés d'un des fauteuils, ses jambes étalées sur le marché pied devant elle, son téléphone déverrouillé dans une main et ses petits yeux bruns, intenses parés de reflets dorés, braqués sur elle. Elle ne souriait toujours pas, mais la fillette lui trouva un air plus détendu, comme si rentrer enfin chez elle ôtait un peu du lourd poids sur ses épaules.

- Tu verras, Clary et Loïc, les parents de May sont tout bonnement adorables, poursuivit Nour d'un ton sans inflexion. Ils t'aimeront comme ils m'aiment, comme si tu étais ce qu'il y avait de plus précieux. Et Nate, le jumeau de May l'est encore plus. C'est mon meilleur ami tu sais... Il est d'une bonté sans limite et possède une manière de percevoir les choses bien à lui, comme s'il comprenait des choses qui nous dépassent.

Nate ? Le jumeau d'Amandine ?

Cécile se creusa la tête pour trouver une réponse. Mais cela n'eut bientôt plus d'importance car Nour reprit sa litanie, intarissable :

- Nous t'emmènerons visiter le jardin, demain. Je te préviens : il est encore plus magique que l'intérieur. Il y a une gigantesque piscine équipée de vestiaires et de deux saunas. En été, May, Nate et moi avons la merveilleuse habitude de passer toutes nos journées dehors avec nos amis. On s'amuse mortellement en imaginant des scénarios loufoques, en se renvoyant le ballon ou en s'aspergeant d'eau... Les parents des jumeaux ont également fait construire un terrain de foot, un terrain de tennis et il y a même un gymnase. Tu te rends compte ? Ce n'est presque plus la peine de sortir du domaine avec tout ça... Il y a un ruisseau et une mare aussi. Au printemps, il n'est pas rare que...

Lorsqu'Amandine réapparut avec masse d'édredons, de couvertures et de coussins sous les bras, Cécile cessa d'écouter Nour, à présent captivée par la construction de son lit de fortune. Pas que ce qu'elle racontait de l'intéresse pas - bien au contraire -, elle était simplement trop épuisée pour continuer à se concentrer sur ses paroles.

- Me revoilà ! annonça Amandine en prenant soin de ne pas parler trop fort. Tu m'aides à faire le lit de Cécile, Wendy ? ajouta-t-elle à l'intention de Nour.

Celle-ci s'exécuta sans un mot, libérant sa sœur adoptive des couvertures et, gagnant la partie la plus à gauche du salon, elle dégagea un coin en faisant disparaître l'ameublement d'un simple claquement de doigts. Puis, elle combla de nouveau l'espace en faisant surgir un gigantesque lit à baldaquin, recourant au même passe-passe. Cécile ouvrit de grands yeux, impressionnée par l'art de l'invocation.

- Et voilà ! dit Amandine à Cécile lorsqu'elles eurent terminé de draper son nouveau lit. Tu as besoin d'autre chose ?

La fillette marmonna quelque chose qu'elle-même ne comprit pas bien, sans doute sur sa faim. Puis, réalisant que son estomac était trop faible pour ingérer quoi que ce soit, elle prima sur un autre point :

- Vous auriez... du nécessaire à toilette ? se risqua-t-elle à demander, intimidée.

- Bien sûr ! On doit bien avoir ça quelque part... Je reviens !

Et Cécile se retrouva de nouveau seule à seule avec Nour. Mais cette fois-ci, aucun enthousiasme feint ne rompit le silence et ce n'était pas Cécile qui s'en plaindrait. Elle était bien trop fatiguée pour cela. Elle se contenta donc d'attendre qu'Amandine ne revienne en s'acharnant à rester debout, torturant les muscles de ses jambes et à ne pas regarder en direction de la sorcière.

Étrangement, elle se surprenait à ressentir une pointe d'intérêt pour Nour malgré la distance que celle-ci semblait s'appliquer à créer entre elles. C'était comme une sorte de défi qu'elle s'imposait. Contrairement à la plupart des personnes qu'elle avait connues, Nour n'était pas transparente et elle ne la découvrait que par fragments ; la jeune fille menait la barque. Elles avaient cela en commun : un irrésistible besoin d'indépendance, aussi vif que leur soif de vivre. Nour se préservait en faisant garder son jardin secret par un masque de froideur et Cécile se protégeait en analysant tout ce que le monde voulait bien lui donner.

Lorsqu'Amandine revint enfin, Cécile la considéra à peine, déjà à demi-somnolente et presque entièrement engloutie par un océan de souvenirs. Elle eût vaguement la sensation d'enfiler un pyjama d'une douceur divine, d'entendre les voix lointaines d'Amandine et de Nour et de se glisser entre des draps déjà chauds. Puis, elle sombra dans le sommeil.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro