Prologue
Notre histoire commence en cette matinée de mars 3019, le 24 plus exactement. C'était une fort belle journée qui s'annonçait, et à mon avis, elle serait prolifique à tout homme qui se lèverait tôt pour en profiter. Le fond de l'air était frais, le vent soufflait à peine et le soleil réchauffait aimablement les travailleurs matinaux. Tout était agréablement calme et silencieux, même les poules s'étaient tues, savourant l'apaisant matin printanier. Nous aurions pu deviser encore et encore sur ce climat affriolant si notre conte ne nous attendait pas, là, au coin nord de la rue principale de Bree.
Or, comme je le disais, en cet éclatant début de journée, une jeune femme brune guettait d'un œil inquiet la rue principale. Sa petite taille frisait celle d'un enfant et de dos, on ne pouvait apercevoir que son capuchon, bien qu'on y distingua aussi la forme pointue de deux oreilles, et une robe paysanne en mauvais état de laquelle dépassaient deux pieds drôlement velus. Ainsi, vous auriez pu dire d'elle qu'elle était une semi-homme de passage en ville. Vous auriez eu semi juste. Officiellement, Bathilda Maggot était une semi-homme, car c'était ainsi qu'elle se revendiquait et puisqu'elle vivait dans un trou à l'ouest de la ville et à l'est d'Hobbitebourg, la jeune femme estimait qu'il fallait la considérer ainsi. Officieusement, Bathilda était l'heureux croisement d'un Hobbit avec une femme. Une aventurière, en fait. Cette dernière répondait au doux nom de... Par les dents d'Azog le Profanateur ! Voilà qu'elle bouge de son coin, s'exposant au grand jour et sans même m'attendre, moi, la narratrice !
Sans grande surprise, Bathilda marcha jusqu'au centre de la rue, déterminée et concentrée. A ses côtés trottait une créature rose, un cochon qui répondait au doux nom de Drogo, dont le corps gracile se dandinait joyeusement tout en poussant de folâtre grognement à vous rendre sourd. Les deux compagnons s'arrêtèrent donc au milieu de l'allée, se jetèrent un regard et tout à coup, Tilda s'effondra près de son animal, l'attirant à elle dans une étreinte désespérée.
« A l'aide ! Au secours ! sanglota-t-elle, d'une voix pleine de détresse. Mon pauvre cochon souffre d'un méchant rhume ! »
Comme si Drogo avait compris le langage humain, il se mit à pousser d'affreux cris plaintifs qui eurent bientôt l'effet escompté de réveiller tout le quartier. Les volets s'ouvrirent, de même que les portes et les yeux des habitants. Les plus curieux s'aventurèrent à l'extérieur de leur maison pour observer ce spectacle qui venait troubler leur sommeil. Pour les plus réservés, on se contenta de jeter un œil hagard par la fenêtre.
« Mes parents sont morts, je souffre de rhumatisme, ma maison est vide et la nourriture me manque ! poursuivit-elle sur ce même ton larmoyant. Et maintenant, mon seul ami, ce cochon, va me quitter à cause d'un méchant rhume... Méchant rhume que nous pourrions tous attraper, si je puis dire. Méchant rhume qui finalement, n'est qu'une maladie parmi tant d'autres. Et je n'ai plus qu'un sou, un pauvre sou. Quel apothicaire me donnerait un remède pour un vieux sou ? Quel médecin accepterait pour seul et unique paiement la reconnaissance aimable d'une femme qui n'avait plus qu'un cochon à chérir.»
Quelques mères attendries, se reconnaissant là dans la figure maternelle que dégageait cette étrangère pour le cochon agonisant, portèrent la main à leur cœur. Bathilda persévéra dans sa longue mélopée, évoquant même la possibilité de se donner la mort si personne ne venait à son secours. Quelques enfants, dans leur bienveillante naïveté, se mirent à pleurer, touchés au plus profond de leur petit être devant tant de détresse. Il n'était pas humain de souffrir ainsi. Encore moins de perdre un être cher, fut-il un simple cochon. Puis le miracle se produisit. Là, au bout de ce chemin, apparut un homme aux longs cheveux noirs et à la moustache broussailleuse, à telle point qu'elle en recouvrait l'entièreté de son visage. Il portait un long manteau de voyageur et traînait avec lui un sac rempli de fioles qui s'entrechoquaient doucement les unes contre les autres, remuant doucement le liquide qu'elles contenaient.
« Moi, mademoiselle, je peux voler au secours de votre cochon ! s'exclama-t-il fièrement en s'avançant.
- Qui ça ? Vous ! Serez-vous mon héros ? demanda Bathilda désespérée.
- Bien évidemment ! Montrez-moi cette pauvre bête, que je l'occulte ! »
Tilda s'écarta de son animal dont les cris porcins avaient doublé en intensité. Le mystérieux voyageur se pencha sur Drogo et l'observa intensivement, lui fit ouvrir la gueule pour mieux considérer l'état de sa langue et de sa gorge. Lorsqu'il eut finit, il flatta la tempe du cochon qui continua de geindre.
« Ma p'tite dame, ce cochon sera sur pied dans la minute ! s'égosilla l'homme en ouvrant son sac. »
Il en extirpa une fiole ronde scellée par un bouchon de liège dans laquelle macérait un liquide d'une magnifique couleur jaune ambrée. Les badauds observèrent le liquide, attiré par son éclat flamboyant, et certains qui n'avaient pas encore vraiment prêté attention à la scène, s'en rapprochèrent. Il y eut un petit silence pendant lequel Tilda regarda la fiole, hébétée. Elle souleva sa main gauche jusqu'à son visage et parut la comptempler avec attention.
« Quel est cette chose... que vous... tenez entre vos mains ! récita-t-elle, légèrement troublée.
- Ceci, ma p'tite dame, c'est votre remède ! répliqua immédiatement l'homme, qui tout à coup, semblait moins assuré. »
Il toussa pour s'éclaircir la gorge et se redressa afin de pouvoir regarder l'assemblée autour d'eux.
« Ceci, mesdames et messieurs, et le remède de ma grand-mère, qui l'a elle-même appris d'un Elfe, qui l'a lui-même appris d'un ami qui l'a lui-même appris de sa grand-mère. A moins que cela ne soit le contraire.
- A quoi ça sert, ton machin ? demanda un vieil homme en brandissant son bâton. T'essaye pas de nous arnaquer quand même ?
- Oserai-je ? s'enquit l'homme. Non ! Impensable ! Ce machin, comme vous dites, est une décoction très précieuse, fabriquée à partir d'ingrédients rares dont les vertus guériraient aussi bien un animal qu'un homme de tous les maux possibles. Et si vous en voulez la preuve, je vais soigner le mal de ce cochon pour une pièce. Une unique pièce.
- J'demande à voir ça ! ajouta une mère qui serrait son enfant dans ses bras, enfant qui était probablement atteint d'une varicelle. »
Sous le regard des spectateurs et celui de Tilda, le prétendu guérisseur déboucha sa fiole et la porta aux lèvres du cochon qui avala le liquide d'une traite. Il continua de geindre quelques secondes et tout à coup se tut. La foule se complaignit en murmures déçus, accablés de voir que le vieillard avait raison, quand tout à coup, Drogo sauta sur ses pattes et poussa un grognement victorieux. Les enfants se mirent à applaudir joyeusement, se confondant en vivas tandis que les adultes semblaient tout à coup fort convaincus.
« Mon cochon, mon cochon est sain et sauf ! s'extasia Tilda en sautant sur ses pieds. Formidable ! Tenez, voilà votre sou ! »
Elle fouilla dans sa poche et tendit la pièce au voyageur.
« Ce remède est un miracle ! s'exclama une vielle femme. Est-ce qu'il soigne les rhumatismes ?
- Sans parler des maux de dos, des fractures et des courbatures ! ajouta le détenteur des fioles.
- J'en veux un ! répliqua un homme.
- Moi aussi !
- Et moi ! Je vais enfin pouvoir soigner cette colique que traîne mon vieux canasson ! »
Une marée humaine se précipita sur le voyageur, tous réclamant une fiole de ce breuvage miracle. Le stock du marchand s'écoula en quelques minutes et bientôt, la foule se détourna du voyageur et de Tilda. Les deux jeunes gens profitèrent de cet instant d'accalmie pour s'éloigner lentement de la foule sans se faire remarquer, comme s'ils avaient quelque chose à se reprocher et qu'ils n'avaient pas envie d'en assumer la responsabilité. Ils n'avaient pas encore bifurqué vers la sortie est de la ville qu'un cri raisonna dans la foule.
« Eh ! Mais c'est de la tisane ! remarqua un homme. De la tisane au pissenlit.
- On s'est fait arnaqué ! renchérit un autre.
- Qu'on nous rende nos sous ! grogna une femme.
- Rattrapez-les ! ordonna un vieillard. Rattrapez-les et arrêtez-les ! »
La garde qui passait par là, évidemment, fut interpellée par tous ces cris offusqués et se tourna vers Tilda et l'arnaqueur. Les soldats avancèrent d'un pas ferme, bien décidé à attraper ces chenapans, quand tout à coup, les concernés détalèrent comme deux lapins.
« Ils s'échappent ! constata le plus haut gradé du groupe.
- Ne les regardez pas faire ! s'époumona une femme. Allez-y ! »
La garde s'élança à la poursuite des deux voleurs de sous sans plus attendre, mais aussi et surtout parce qu'un gamin leur avait tout de même jeté une pierre à la figure pour les faire réagir. Malheureusement pour eux, la lourdeur de leur équipement jouait en leur désavantage et ils constatèrent bien vite qu'il allait falloir du renfort pour coincer Tilda et l'autre arnaqueur.
D'ailleurs, si l'on prenait quelques mètres d'avances pour rejoindre les deux lurons dans leur course effrénée, on constatait que cet exercice de fuite avait été maintes et maintes fois répété, au point que ces derniers semblaient aussi rapides et agile que des lapins. Tilda aimait courir et ce n'était pas cette robe encombrante qui allait l'empêcher de devancer quelques gardes de Bree. Quant à son compagnon, il semblait tout aussi agile que malin. Pour ce qui était de Drogo, il avait beau être court sur patte, ce cochon était d'une rapidité étonnante et guidait la course avec une assurance incroyable.
« Je t'avais dit que ça passerait, Owen ! s'exclama fièrement Tilda à l'attention de l'arnaqueur.
- Attends qu'on s'en soit tiré avec les sous pour parler ! répondit le dénommé Owen à la hâte. »
Tilda ne releva pas et accéléra un peu plus sa foulée. L'endurance était une des qualités que sa mère lui avait légué avant de s'en débarrasser et de laisser son père l'élever seule. Et c'était dans ses rares instants que Bathilda Maggot remerciait sa mère d'avoir un jour croisé le chemin de son père. La jeune femme secoua la tête. Il fallait qu'elle reste concentrée sur son objectif : sortir de la ville entière. Tout se compliqua quand ils bifurquèrent dans l'allée qui menait droit vers les portes ouvertes de Bree sur le bois de Chet. Les cris des soldats et des citadins en colères avaient alerté la population alentours et les autres gardes de la ville. De plus, la ville s'était largement éveillée depuis et la circulation s'en compliqua. Tilda et Owen échangèrent un regard inquiet. Cet imprévu aurait dû être pensé dans le plan initiale mais les deux jeunes gens n'avaient pas imaginé ne serait-ce une seule seconde que la vie se déroulerait comme elle s'était toujours déroulée le jour de leur méfait. Ils se jetèrent tout de même dans la foule, bousculant les passants sans le moindre regret.
« Tu aurais pu penser à ce détail ! se plaignit Tilda qui remettait automatiquement la faute sur l'Homme du groupe.
- Ah parce que c'est de ma faute ! rétorqua Owen, sur la défensive.
- Evidemment ! renchérit la semi-hobbit, semi-homme. De qui d'autre, sinon ?
- Eh bien, de toi par exemple ! »
Ils furent interrompus par un garde qui leur sommait de s'arrêter. Evidemment, Tilda et Owen firent comme tout bon hors-la-loi et ignorèrent totalement l'injonction. Ils parvinrent même à sortir de la ville, toujours talonnés par quelques soldats, mais pourquoi allaient-ils s'en inquiéter, les gardes n'étaient même pas à cheval. Ils n'avaient plus aucune chance. Ou du moins, il n'en avait plus aucune jusqu'à ce que Tilda entende le claquement des fers équins sur le chemin terreux. Drogo qui était un animal à sabots, lui aussi, se fit la remarque qu'il serait bien plus rapide avec des fers et se surprit à jalouser les montures de la garde.
« Là, on est dans les ennuis jusqu'au cou ! remarqua Tilda.
- Encore quelques mètres ! répliqua Owen dont la foulée s'était allongée sous la panique. Encore quelques mètres et on a gagné.
- J'espère pour toi ! prévint la petite femme. Sinon, je t'écorcherai vif.
- Moi aussi, je t'aime, Tilda... »
Owen fouilla dans sa poche et en extirpa trois petites boules sombres qu'il fit rouler entre ses doigts. La lisière du bois se rapprocha rapidement, ils l'atteignirent, pilèrent net et se tournèrent pour faire face au garde.
« Owen, maintenant ! s'écria Tilda tandis que les chevaux allaient les rattraper. »
Sans plus attendre, le garçon balança les boules qu'il tenait entre ses doigts sur les chevaux. Lorsqu'elles atteignirent leurs cibles, elles explosèrent libérant un petit nuage noire. Les montures se cambrèrent brusquement, projetant leur propriétaire en l'air. Le premier garde, celui qui était le plus en avant, alla s'écraser la tête la première dans une flaque de boue. Le second, coincé dans les harnais, se retrouva au sol, incapable de bouger tandis que son cheval, totalement paniqué, se dirigeait droit dans la motte de fumier la plus proche. Quant au dernier, dire qu'il ne sentait plus son postérieur était peut-être un euphémisme.
« Du poivre ! prit-il quand même la peine de constater. Ces mioches avaient du poivre sur eux. »
Et quand il se releva pour reprendre sa poursuite, il constata que les deux forbans avaient disparu et qu'ils n'avaient laissé derrière eux aucune trace de pas.
Hey !
Ce premier chapitre est un délire que je me tape depuis longtemps et que j'ai enfin fini par mettre en forme ! J'hésitais à le poster et finalement je me lance. Voici donc le premier chapitre des histoires de Bathilda en Terre du Milieu. Okay, je vous l'accorde, elle n'est pas encore partie, mais ça ne serait tardé !
Si vous avez aimé ce premier chapitre, n'hésitez pas à laissez un vote et un commentaire. C'est la première fois que je poste une fanfiction sur Wattpad, j'espère qu'elle sera bien reçu !
En attendant, vous pouvez toujours la retrouver sur fanfiction.net, sous le même titre et le même nom d'auteur !
Bien à vous, mes chers lecteurs,
Elwyn
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