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• L'incroyable Noël de Mademoiselle Claire •

   Je descends les escaliers à toute vitesse, maintenant à une main mon bonnet pour qu'il ne s'envole pas, l'autre glissant sur la rampe.

   J'adore Noël. C'est ma fête préférée avec Halloween. Chaque année, on se déguise: maman en Mère Noël, papa, en Père Noël (mais il se déguise bien devant mon frère pour lui montrer que ce n'est pas le vrai Père Noël, sinon il va le harceler pour avoir des cadeaux surréalistes ou trop chers. On a déjà fait l'expérience.), mon frère, justement, en lutin, et moi, en lutine. J'aurais préféré être Mère Noël mais ma mère s'obstine à me répéter que c'est réservé aux grands. Quand j'aurai 18 ans, peut-être que j'y aurais le droit, je ne sais pas... Trois ans à attendre.

   Je saute la dernière marche et me précipite dans le salon en sautillant. Je perds vraiment toute maturité à Noël.

   Le salon, comme chaque année, est magnifique. Décoré du sol au plafond par une myriade de guirlandes rouges, jaunes, vertes, clignotantes, tapissé de tapis verts et rouges, parsemé çà et là par quelques figurines de bonshommes de neige et de papa Noël, sans parler du sapin joliment paré de guirlandes, il est resplendissant. Mais le meilleur était à l'extérieur.

   Mon père, déjà campé près de l'interrupteur, n'attend que moi pour appuyer dessus et faire bondir le prix de notre dépense en électricité. Je cours à la fenêtre et lui fais un signe du pouce. Mon père appuie sur son interrupteur et un grand flash de lumière inonde le jardin. Ne pouvant me résigner à observer le spectacle de l'intérieur, je me précipite à la porte et sors avec la délicatesse de Taz.

   — Ouah... souffle mon petit frère, venu s'accrocher à mon bras.

Dans le jardin enneigé venaient de s'illuminer de mille feux une armée de lutins, un casse noisette, une crèche, posée dans un coin, une montagne de cadeaux, les buissons, enrubannés de guirlandes, des bonshommes de neige avec l'orange éblouissant de leur nez en carotte, et bien sûr, sur le toit, le Père Noël, son traineau et ses rennes, le tout comblé par quelques guirlandes sur la gouttière et les piliers soutenant le toit au dessus du perron. 'Ouah', en un seul mon, mon frère a tout résumé.

   — Aaaatchoum! vient justement d'éternuer celui-ci.

   — Allez, allez, on rentre, il fait froid, nous presse maman. Et j'ai ma dinde au four.

Elle tourne les talons en rentre. Je la suis, commençant à grelotter, moi aussi. Dans mon dos, j'entends mon frère s'exclamer:

   — Bravo papa! C'est aussi beau qu'à Disneyland!

   — Merci, Jérémy!

Pardon?! Comment ça, 'Bravo papa!'? Alors comme ça tout le mérite lui revient pour la simple raison que c'est lui qui a appuyé sur l'interrupteur? Qui est-ce qui a décidé de toute la disposition des décorations? Qui est-ce qui a quasi tout installé? Qui est-ce qui a réparé le câble qui ne marchait plus? Et surtout, qui est-ce qui a fixé le traineau sur le toit, sous le prétexte qu'il fallait quelqu'un de léger? Je crois rêver... D'ailleurs, en temps normal, j'aurais remis mon père à sa place, mais on va lui laisser le bénéfice de la magie de Noël.

   Avant de retourner dans le salon, je fais un tour par la cuisine, en espérant pouvoir chiper quelques chips de l'apéritif pendant que ma mère a le dos tourné. Celle-ci, qui venait de sortir la dinde du four et de la poser sur une petite table, s'affaire maintenant autour du pudding, auquel elle applique les dernières décorations.

   Je glisse une main discrète vers les Pringles délicatement disposés dans un bol mais la voix de ma mère retentit dans toute la cuisine, coupant net mon mouvement.

   — Claire! Ne touche pas à ça!

Je soupire et me prépare à sortir quand Jérémy me rentre dedans.

   — Oula! Fais attention, regarde ou tu vas! je m'exclame.

   — Désolé! J'allais chercher les biscuits et le lait pour le Père Noël!

J'esquisse un sourire. J'étais comme lui, à son âge. Tout le monde me disait que le Père Noël n'était qu'un conte pour faire rêver les enfants, mais j'étais persuadée que c'était faux. Puis, petit à petit, une part de moi commençait à comprendre que ce n'est qu'un mythe. Et j'ai fini par ne plus y croire.

   — Je vais vous prouver, moi, qu'il existe! clame Jérémy en sortant le lait du frigo.

   — Mais oui, et moi je suis la Reine d'Angleterre, je réplique.

   — Toi! crie Jérémy en me pointant du doigt. Tu vas attendre le Père Noël avec moi!

   — Quoi?!

   — Le Père Noël sera ici à Minuit. Et tu sera là pour le voir.

Maman, dis quelque chose!

   — C'est une bonne idée! s'exclame-t-elle, enjouée.

   — Quoi?! je répète.

   — Claire est une grenouille! Claire est une grenouille! crie joyeusement Jérémy.

   — Non mais je rêve...

   — C'est pas très tard, réplique maman.

   — Mais je veux me coucher tôt et me lever tôt demain pour les cadeaux! j'implore avec un dernier argument désespéré.

   — Claire.

Le regard de ma mère est sans appel.

   Je soupire et laisse tomber. Je veillerai avec mon frère et il se rendra compte que le Père Noël n'existe pas. Il pleurera un bon coup et j'irai me coucher. Je me lèverai tard pour les cadeaux et toutes mes amies les auront déjà ouverts. Génial.

   Je vole une chips dans un bol et retourne dans le salon.

   Peu de temps après, ma mère arrive avec les bols et les pose sur la table basse pendant que mon père joue son traditionnel CD de Noël, inévitable.

   Jérémy, tout en chantant à tue tête — et faux — Last Christmas (comment martyriser ma chanson de Noël préférée), dépose sur une autre petite table à côté du sapin le lait et les gâteau. Puis, dans un gros effort, il approche les deux immenses fauteuils récupérés chez papi et mamie de la petite table, officialisant ma participation à l'opération papa Noël.

   — T'aurais pu l'aider, fait remarquer mon père.

Il a vraiment de la chance que ce soit Noël, mais à la prochaine comme ça, je jure que je m'énerve. Parce qu'il aurait pu se bouger aussi.

   Last Christmas venait de se terminer, et Jingle Bells, de commencer. Oh, si la première est ma préférée, la deuxième est celle que j'aime le moins. Personnellement, j'attends Silent Night, elle m'a toujours calmée. Et ça sauverait mon père, tiens.

   Jérémy installe deux coussins moelleux sur chaque fauteuil — c'est déjà ça — et se laisse tomber dans l'un d'entre eux.

   — Bon, bah y'a plus qu'à attendre minuit! s'exclame-t-il joyeusement.

Je parie qu'il ne va même pas tenir une minute dans son fauteuil. Il était tout juste vingt-et-une heures et Dieu sait combien c'est difficile de tenir un jeune enfant surexcité immobile pendant au moins cinq minutes, alors trois heures... À peine eus-je pensé ça qu'il se relève et se met à sautiller autour du sapin. Pari gagné.

   Mon père débouche le champagne et en verse dans deux flûtes. Il se retourne vers moi et me propose, comme chaque année depuis mes treize ans, si j'en veux.

   — Papa, ne recommence pas. Je t'ai dis à dix-huit ans.

   — À ton âge, je...

   — M'en fiche, je le coupe.

Il hausse les épaules et s'en reverse un petit peu. Qu'est-ce qu'il peut être lourd, quand même...

   — Même pas un fond? réessaye-t-il, confirmant ma pensée.

Avant qu'il ne puis faire un geste, je débouche le Coca et m'en verse un plein verre. Je sers aussi Jérémy, qui s'est rassis et ne cesse de consulter sa montre. Pourquoi il ne comprend toujours pas que, plus il regarde sa montre, moins vite le temps passera?

   — Jérémy, je l'appelle. Pitié, arrête de regarder ta montre et viens trinquer.

Il jette un dernier coup d'œil à sa montre avant de se lever et venir attraper son verre, manquant de le renverser. Je soupire. Un jour, il arrivera un accident à cet enfant. Je ne le lui souhaite pas, mais c'est malheureusement inévitable.

   — Joyeux réveillon! s'écrie ma mère.

   — Joyeux réveillon! nous-nous exclamons à notre tour.

   — Même s'il serait plus joyeux si je n'avais pas à veiller et supporter les pleurs de Jérémy.

   — Je pleure pas! proteste-t-il.

   — Oh! À ce sujet! s'écrie soudain ma mère.

Elle se lève et demande à mon père de la suivre dans la cuisine, sans doute pour lui demander de jouer le Père Noël. Le pauvre.

   Pendant ce temps, j'enfourne dans ma bouche une bonne poignée de chips. Autant rendre utile l'absence de ma mère. J'ajoute à cela deux trois olives et tranches de saucisson. Je dois ressembler à un hamster, et je le regretterai sans doutes dans quelques jours en voyant l'aiguille du pèse personne bondir mais qu'est que c'est bon!

   Peu après, mes parents reviennent et me piègent les joues pleines à exploser. Je souris tout en veillant à garder la bouche fermée et me dépêche de mâcher et avaler les chips.

   La soirée se poursuit avec le plat, soit la dinde. Bon, normalement, il y a une entrée avant, mais on fait tout un peu différemment dans cette famille.

   Et finalement, vers vingt-trois heures, on case la bûche de Noël dans le millimètre carré de place dans l'estomac qu'il nous reste.

   À peine eût-il terminé sa tranche de bûche que Jérémy laisse tomber sa fourchette dans son assiette — non sans fracas — et court s'asseoir dans son fauteuil, un immense sourire aux lèvres.

   Avec un soupir aussi énorme que l'expression joyeuse sur le visage de mon frère, je me lève à mon tour et me laisse tomber dans le deuxième fauteuil.

   — Il est quelle heure? je demande.

   — Vingt-trois heures trente sept! annonce fièrement Jérémy.

Allez, c'est pas très long...

   Alors que mes parents montent se coucher, il se lève d'un bond et attrape le lait. Il court à la cuisine et le met à réchauffer. Encore de l'électricité gâchée... Ce qui me fait penser que personne n'a éteint les guirlandes dehors. Je me lève donc et m'approche de l'interrupteur, mais alors que je regarde dehors, je me rends compte que c'est éteint. Je hausse les épaules et retourne m'asseoir. Tant mieux, au pire...

   Je m'installe en position confortable dans le fauteuil et ferme les yeux. Je dormirai, et on ne m'en empêchera pas. Petit à petit, les légers bruits de Jérémy gesticulant dans son fauteuil s'estompent et je sombre dans le sommeil.

   Mais soudain, venant perturber ma tranquillité, une horloge sonne douze coups. Très fort. Trop fort. Je me réveille en sursaut. D'où sort cette horloge?

   Je regarde autour de moi, essayant d'identifier la source du bruit, mais un autre détail capte mon attention. Jérémy. Il a disparu. Le fauteuil est vide. Et les biscuits ainsi que le lait, envolés.

   Tout à coup, un grand flash illumine le jardin. Les décorations? Je me précipite dehors, juste à temps pour voir décoller un grand traineau rouge mené par un grand homme trapu, côtoyé par un petit garçon. Jérémy. Le Père Noël a enlevé Jérémy.

   Je me frotte les yeux, n'arrivant pas à croire ce qu'il vient de se passer. Il y a deux solutions. Soit mon père a vraiment mis du champagne dans mon verre, et auquel cas, c'est vraiment pas fait pour moi, soit je suis en train de rêver.

   Je relève les yeux et regarde, incrédule, le traineau devenir une tâche noire, puis disparaître.

   Je fais quoi, maintenant, pour récupérer mon frère? Qu'est-ce que je vais dire à mes parents, quand ils se réveilleront? Quand ils se réveilleront...

   Un long frisson me parcourt: mon père est censé se lever pour jouer le rôle du Père Noël à mon frère! Il verra qu'il a disparu! Et je me ferai disputer. Qu'est-ce que je suis censée faire dans un cas comme celui-ci? Il ne me croira jamais si je lui dis que Jérémy a été kidnappé par le Père Noël!

   Soudainement, le sol se met à trembler tellement fort que j'en trébuche et m'étale dans la neige gelée. J'essaye de me relever mais l'onde de choc me renvoie à terre.

   Qu'est-ce que c'est que ça?! D'où vient ce tremblement? Je tourne la tête dans tous les sens, totalement paniquée, pour essayer de comprendre qu'est-ce que c'est. Un bruit assourdissant vient se rajouter au tremblement de terre.

   Soudain, un immense nuage de vapeur emplit l'air, et le tremblement cesse. Un horrible crissement se fait entendre, et je plaque mes mains contre mes oreilles.

   Je me relève enfin. Tout autour de moi n'est que fumée. Je ne comprends pas d'où ça sort. Avec ma main, j'essaye de la dissiper, sans succès. Elle est de partout, s'infiltre de partout. Une horrible quinte de toux s'empare de moi. Cette odeur de brûlé est vraiment affreuse!

   Enfin, la fumée s'évapore petit à petit, laissant apparaître une grande forme sombre. Mes yeux ébahis regardent se former, progressivement, un immense train à vapeur, comme dans l'ancien temps. Lorsque toute la fumée fut dissipée, et que la faible lumière blafarde de la lune revint éclairer la rue, l'acier du train étincelle fort, contrastant avec la noirceur de la nuit, et même avec la neige, qui, dans l'obscurité, perd tout son charme blanc pour arborer un gris sans vie. D'où vient ce train? C'est une route pour voitures ici! Et il n'y a pas de chemin de fer à proximité! Et pourquoi est-ce que je semble être la seule à avoir vu ce train? Oh, après tout, je suis aussi probablement la seule à avoir vu son petit frère se faire kidnapper par le Père-Noël sous ses yeux, alors pourquoi pas un train magique?

   La porte avant du train s'ouvre lentement dans un grand bruit métallique. Je regarde les yeux grands comme des soucoupes cinq ou six lutins descendre du train et se disperser dans la rue. Je peux à présent distinguer l'intérieur du train et je vois quelques lutins restés dans le train faire un salut de la main à ceux qui sont descendus. Soudain, presque sortis de nulle part, une foule de petites créatures aux oreilles pointues se précipite pour rentrer dans le train, m'entraînant à leur suite. J'essaye de résister à la vague et je m'agrippe au bords de la porte, mais les lutins ont raison de moi. Dans une tentative désespérée, je me retourne pour tenter de trouver une prise, mais mon regard se perd dans la marrée de lutins... qui sortent tout droit de sous ma maison. Au moins maintenant je sais que j'ai une colonie de petits êtres vivant dans ma cave. Les portes du train se referment lentement sous les cris de protestation et de rage des lutins qui n'ont pas pu entrer. On échange quand vous voulez.

   Je me plaque contre la paroi du train, attendant que la marée se dissipe. Petit à petit, les lutins trouvent une place et j'aperçois un siège vide un peu plus loin. Je m'y dirige, un peu hésitante, et m'y assois. Quelques instants plus tard, une vieille lutine se dirige vers moi, l'air légèrement frustré. Ais-je commis une faute? Je n'ai pas le droit de m’asseoir ici? Mais la lutine ne se soucie nullement de moi. Elle se pose juste à côté de moi et sort un vieux livre de son vieux sac à main et se plonge dedans.

   Ne lui prêtant moi non plus plus d'attention, je pose mon coude sur le petit rebord sous la fenêtre à côté de mon siège et laisse ma tête reposer sur ma main. Mon regard se perd dans la contemplation de la maison de mes voisins quand soudain, le train s'ébranle et prend petit à petit de la vitesse et de l'altitude. Attendez... De l'altitude? Je me redresse soudain d'un bond sur mon siège, éberluée. On vole! Ce train vole!

   Je me lève et marche dans l'allée centrale entre les places toutes occupées par un petit lutin, à la recherche d'un endroit où il y aurait une belle vue sur l'extérieur. Finalement, je le trouve. Je crois que c'est une sorte de sas spécial où on peut téléphoner. Même si ça m'étonnerait qu'un lutin possède un téléphone portable ou qu'à l'époque où ce train a été construit on ait pensé à ce problème. Toujours est-il qu'une grande fenêtre – légèrement sale – se trouvait devant moi. La vue était magnifique, la ville ressemble au décor de Peter Pan, quand Wendy, Peter et la Fée Clochette s'envolent pour le pays imaginaire. C'est un peu mon cas quelque part. Je m'envole pour un monde où aucun humain, avant Jérémy, n'est jamais allé. Sauf si le Père-Noël est humain. Et dans ce cas, il a découvert la Fontaine de Jouvence, et j'aimerais bien qu'il se décide à la donner en cadeau à quelqu'un pour éviter de déposer sous le sapin un jouet non-désiré avec lequel on joue grand maximum deux fois et qui passe le reste de sa vie à prendre la poussière sous le lit, ou dans les familles plus civilisées, dans l'armoire.

   Une voix se met à grésiller dans un haut-parleur. Au début, je n'y prête pas attention. Mais lorsque la voix prononce les mots «danger», «restez bien assis dans vos sièges» et «fermeture des sas», je me décide à écouter. Malheureusement, la voix a décidé de ne répéter son message qu'une fois. Mais de toute façon, si je n'ai compris qu'une chose, c'était bien suffisant. Je dois sortir de ce sas et regagner ma place, sans savoir réellement pourquoi. Je m'agrippe à la poignée et tire dessus. Évidemment, elle résiste. Alors je pousse, au lieu de tirer. Bloqué. Je suis prisonnière à l'intérieur de ce sas. Et si ils l'ouvraient pour je ne sais quelle raison? Mourir écrabouillée en tombant d'un train volant la nuit du réveillon, quelle idée!

   Soudain, une grande secousse ébranle les wagons et je me retrouve projetée contre le mur arrière du sas. Ça fait un mal fou! J'essaye de me redresser, mais je sis plaquée contre la paroi. Je jette un rapide coup d’œil à la fenêtre: le train s'est soudainement mis à voler à une vitesse inouïe, pas étonnant que je suis écrasée contre la porte arrière, dont la poignée me rentre dans le dos et me fait atrocement mal. Je me laisse glisser et arrive à me mettre assise au moment où le train prend un virage très serré. J'arrive à rester plus ou moins stable avec mes mains, m'accrochant à ce que je peux. J'espère que ce trajet ne sera pas long ou je ne tiendrais pas...

   Finalement, j'ai la bonne idée de me mettre dans un coin où je suis beaucoup moins ballottée. Je trouve une prise sur une poignée noire sur laquelle je tire sans le faire exprès de toutes mes forces à cause d'un long virage serré. De la mousse blanche se met à couler d'un trou dissimulé dans le toit. Qu'est-ce que...? J'ai actionné un extincteur! Il va falloir que je trouve le moyen de sortir de ce train le plus vite possible ou j'aurais affaire à la police nationale du Pôle Nord!

   Soudain, le train ralentit et reprend petit à petit une vitesse normale. Je me redresse enfin, pataugeant dans la mousse blanche. Je sors de la flaque et réalise à quel point je suis trempée. Je dois impérativement sortir d'ici!

   Je tourne la tête dans tous les sens, à la recherche d'un parachute, ou quelque chose dans le genre. Je finis par remarquer, dans le coin opposé de celui où je me trouvais à l'instant, une petite porte de la même couleur que les murs du train, c'est-à dire rouge vif. Je m'en approche et fais tourner la poignée. Du matériel de secours! Sauvée! J'espère qu'ils y a un parachute là-dedans... J'écarte les objets inutiles en désespérant un peu plus à chaque chose écartée. Finalement, je le vois, le gros sac à dos blanc.

   Au même moment, la voix grésille de nouveau dans le haut-parleur: «Arrivée en gare Sucre d'Orge dans un quart d'heure. Nous survolons actuellement la ville Casse-Noisette, prière de ne rien jeter par les fenêtres, merci.» Une ville, parfait! Au moins, je ne tomberai pas au milieu de nulle part. J'enfile le parachute et me prépare à utiliser la hache accrochée à côté de l'extincteur pour briser une des vitres quand j'entends de fortes voix graves hurler: «Là! Elle est là!». Je me retourne pour voir ce qu'il se passe. Une armée de rennes en uniforme piquent un sprint dans l'allée centrale en me pointant du doigt. J'écarquille les yeux. Ils sont déjà au courant? C'est à ce moment que j’aperçois la caméra de surveillance suspendue au plafond me fixer d'un air victorieux. Je déglutis et secoue la tête. Plus une minutes à perdre!

   Je prends la hache à deux mains et donne un grand coup sur la vitre de droite, qui vole instantanément en éclats. Un vent glacial entre dans le sas et fait fouetter mes cheveux contre mon visage. Je les mets derrière mes oreilles et me retourne une dernière fois vers la caméra pour lui faire un doigt d'honneur. Désolée, mais tu ne m'aura pas vivante! Je me mets debout sur le rebord de la fenêtre, et avant que je n'arrive à m'équilibrer, le vent me désarçonne et je tombe en chute libre dans la nuit glacée du Pôle Nord. Je hurle de terreur. Qu'est-ce qui m'a pris de faire ça? Je ne sais même pas comment on ouvre un parachute! Désespérée, je tire sur toutes les ficelles qui pendouillent mais aucune ne répond. Le sol s'approche vraiment dangereusement maintenant! Je peux presque distinguer les passants dans les rues! Il me reste un fil. Mon seul espoir, sinon je m'écrase sur le sol, ou pire, me fais empaler par le sommet d'un clocher. Je tire sur les fil de toutes mes forces, et sens que quelque chose se débloque. Pitié, faites que ce ne soit pas des fourchettes et des couteaux comme dans tous les dessins animés!

   Rien ne se passe, je ne sens plus rien à l'arrière, dans le sac. Le sol est vraiment proche maintenant, et je peux affirmer que mon terminus sera le toit d'une maison. Je ferme les yeux, prête à encaisser le choc. Peut-être que je ne souffrirai même pas... Soudain, je sens une affreuse douleur sous mes aisselles. Quelque chose qui me rentre profondément dans la peau. Et ce sentiment de chut qui a disparu... Je suis à nouveau à la verticale! Serait-ce possible que... J'ouvre lentement les yeux. Je flotte au dessus des maisons. Quelques passants lèvent les yeux vers moi d'un air étonné, puis continuent leur chemin avec un haussement d'épaules.

   Je regarde au dessus de moi, et vois un magnifique morceau de toile verte déployé au dessus de moi. Je pousse un immense soupir de soulagement et ris nerveusement: je l'ai échappé belle!

   Je me laisse flotter quelques instants avant de réaliser que je m'éloigne de plus en plus de la ville. Non, non, non! Ça ne se passera pas comme ça! Je me balance vers la gauche pour essayer de me rediriger vers la civilisation, et je suis soulagée de constater que ça marche plutôt bien, à mon plus grand soulagement. Je finis par me poser sur le sol, au beau milieu d'une rue plutôt sombre et vide, qui me fait fortement penser à l'Allée des Embrumes dans Harry Potter.

   Je fais tomber le sac à dos du parachute de mes épaules et tente de faire rentrer la toile dedans. Je la mets en une espèce de boule horrible que je fourre dans le sac en lui donnant des coups pour la faire rentrer entièrement. Je referme le sac qui ne ressemble plus qu'à un gros machin difforme. Il faut que je m'en débarrasse, il va juste m'encombrer inutilement et puis j'ai la flemme de le porter. Je tourne sur moi-même et remarque un petit trou entre deux maisons. J'en m'en approche et balance le parachute dedans. Ils doivent bien avoir des agents d'entretien dans cette ville, non? Eh bien voilà, comme ça, il ne seront pas payés pour ne rien faire.

   Bon, il faut que je sorte de cette rue et que je trouve un autochtone pour lui demander où se trouve la magnifique résidence avec vue sur la mer, quinze chambres, cinq cuisines et dix salles de bain plus piscine d’intérieur et terrains de tennis et de golf privés de monsieur le Papa Noël, qui, tel un vilain croque-mitaine, ou, plus récemment, un héros de chronique sur Wattpad, kidnappe les enfants – la seule différence avec les kronik, c'est que les enfants n'ont pas de «feaurm la ou yl fo» et ne se font pas violer. Du moins, je l'espère.

   Je débouche sur une grande place que j'avais déjà aperçue lors de ma petite virée aérienne. Sur cette place, ce n'est pas le monde qui manque. J'aborde une personne au pif.

   — Excusez-moi!

Je me fais totalement ignorer par la personne, un grand homme à l'air hautain habillé à la manière des dandys. J'ai horreur de ce genre de gens...

   Je cherche du regard quelqu'un qui pourrait m'aider, ou au moins m'accorder un minimum d'attention, mais il n'y a sur cette place que des gens de la haute société, plus prétentieux les uns que les autres, tous habillés de tenues chic de haute couture sur mesure. Je fais vraiment tache vêtue de mon costume de lutine...

   Dépitée, je quitte la place. Il doit bien avoir des gens normaux dans cette ville, c'est pas Bobo-City, non plus...

   Je déambule dans les rues, aussi vides que la grande place est bondée, je commence à désespérer. Il n'y a même pas de plan, dans cette ville! Je m'assois sur le perron d'une maison, et pose ma tête sur mes mains. Je pousse un immense soupir. Je suis perdue dans une ville imaginaire du Pôle Nord, à la recherche de mon petit frère qui s'est fait kidnappé par le Père Noël, sans parler des parents qui doivent être dingues d'inquiétude. Dans quoi est-ce que je me suis encore fourrée?

   Soudain, j'entends des pas. Des talons, pour plus de précisions. Une dame arrive! Je saute sur mes pieds, prête à l'interpeller. Enfin, la demoiselle, accoutrée d'une longue robe rouge à dentelle jaune fait son apparition au bout de la rue. Je me mets en travers de son passage et lance:

   — Madame! S'il vous plaît!

Elle me regarde un instant avec un air tellement détestable et m'écarte du bout de son gracieux petit bras comme si je n'étais qu'une moins que rien. Ah non! Ça ne va pas se passer comme ça! J'attrape son bras et la force à me regarder.

   Elle essaye de se débattre, sans succès.

   — Mais lâche-moi! glapit-elle.

   — Bah alors écoutez-moi! je rétorque. Qu'est-ce que vous avez tous à vous ignorer les uns les autres? Rangez votre stupide fierté dans un placard et vous verrez que la vie sera plus drôle d'un coup!

   — En quel honneur te permets-tu de me donner des ordres, sale lutine!

Oooh non! Je suis tombée sur une ville de racistes...

   — Dis-moi où se trouve la résidence du Père Noël! je dis fermement en refermant mon emprise sur son bras.

   — Aille! Tu me fais mal!
Je te lâcherai sur tu m'aides!

   — D'accord! Finit-elle, tout en continuant de se débattre.

J'aime comment cette petite garce me fait confiance. Antiphrase.

   — Tu sors de la ville et tu suis une longue route, vers le Nord, cette route passe par douze villes – comptant celle-ci – dont l'accès est complètement fermé en période de Noël, la résidence est dans la dernière ville, maintenant lâche-moi!

Elle a déclaré ça d'une traite, et a tiré un dernier coup pour se libérer à la dernière parole prononcée. Désormais libre, elle me jette un dernier regard malsain avant de s'enfuir dans la direction opposée.

   «Dont l'accès est complètement fermé en période de Noël». Génial, pile ce qu'il me fallait. Nouvelle antiphrase.

   Je décide de poursuivre l'exploration de la ville en quête d'une sortie. J'ai tout mon temps, après tout. Maintenant que les cadeaux sont livrés, le gros lard habillé en rouge est en vacances jusqu'au 24 décembre prochain...

   J'erre encore un bon quart d'heures avant d'arriver devant un grand mur, qui entoure la ville. Logiquement, si je le suis, j'arriverai sur une porte. Une bonne dizaines d'autres minutes passent avant que je ne débouche sur cette fameuse porte, close, et sans surveillance. Parfait. Et ce n'est pas une antiphrase.

   Maintenant. J'ai plusieurs solutions. Soit je défonce la porte en mode bélier, soit j'essaye d'escalader, soit on m'a menti et la porte est bel et bien ouverte. Je tente cette dernière solution. Je m'approche de la porte et essaye de l'ouvrir. Elle résiste. Évidemment. J'aurais dû m'en douter...

   J'opte du coup pour la deuxième solution. Mais la porte est en bois avec aucune prise apparente. Tout compte fait j'aurais dû me poser hors de la ville...

   Le mur est, quant à lui, en pierre. Celles-ci sont saillantes, mais pas trop, je peux m'en sortir au bout de quelques tentatives. Alors autant essayer. Je pose mon pied sur une des pierres et place mes mains sur deux autres roches plus saillantes que les autres. Je prends de l'élan et lève mon deuxième pied, qui se balance dans le vide à la recherche d'une prise. Il finit par en trouver, un peu haute, certes, mais ça reste une prise. Alors, je me mets à en chercher une pour mon premier pied, et ainsi de suite. Petit à petit, j'arrive au sommet du mur et me hisse dessus. Ça a été plus facile que prévu, finalement. Je jette maintenant un œil en bas et déglutis. C'est plus haut que je ne l'imaginais... Mais j'ai déjà sauté en chute quasi libre depuis un train volant alors ça ne peut pas être pire. Je passe mes jambes de l'autre côté et les laisse se balancer un instant dans le vide.

   Soudain, de grands bruits se font entendre dans la ville. Je tourne la tête et vois une armée de Casse-Noisettes courir vers moi et me pointer du doigt. Tiens, ça me rappelle quelque chose... et bizarrement, ça se termine aussi par une chute. Je me laisse tomber sur le sol et atterris sur une bande de goudron grise. La route dont la fille m'a parlé? Sans doutes!

   Pas une seconde à perdre! Je commence à courir sur la route, ne sachant réellement combien de temps j'allais devoir sprinter ni ou ça va me mener.

   Une minute plus tard, je suis déjà hors d'haleine; pas étonnant que j'ai la deuxième pire VMA de ma classe... Je me retourne pour voir si je suis suivie. Personne à des kilomètres à la ronde. Et en plus j'ai couru pour rien... Je me mets donc à marcher en haletant. Je donnerais cher pour boire ne serais-ce qu'une gorgée...

   La route m'entraîne dans une forêt plutôt sombre, à croire que c'est la partie Halloween du Pôle Nord. J'espère que je n'y resterai pas longtemps...

   En effet, quelques temps après, je débouche sur une autre ville, toujours entourée d'un mur. Ils se font pas confiance, au Pôle Nord... Je m'approche de la porte, qui s'avère encore une fois fermée. De toute façon, pourquoi aller dans la ville? Autant la contourner... Je me mets donc à suivre le mur quand soudain, une voix puissante s'élève dans l'air glacé.

   «Appel à toutes les unités! Une lutine s'est échappée du Cadeau Express en parachute après y avoir vidé l'un des extincteurs. Elle est actuellement en cavale. Elle a été aperçue à Casse-Noisette et y a agressé une résidente. Si vous la voyez, veuillez l'amener au poste de police le plus proche, merci!»

   Qu'est-ce que? Non mais je rêve! De toute façon, ils peuvent pas sortir de leurs villes... Je continue donc mon chemin en toute sérénité. Enfin... au début. Plus je progresse le long du mur, plus les appels se répètent et plus j'ai l'impression d'être observée. Il me semble même entendre des bruissements dans les arbres environnants. Mais à chaque fois que je lève la tête, il n'y a évidemment rien ni personne. Je commence maintenant à angoisser sérieusement. Je me mets à trottiner, puis carrément à courir.

   C'est à ce moment que mes ennuis commencent réellement. Des nuées de flèches fusent de toutes parts, certaines finissent par me toucher et je m'écroule par terre. L'une d'entre elles me transperce la cuisse presque de part en part et je dois vraiment me retenir pour ne pas hurler de douleur. Alors je gémis, tout en essayant tant bien que mal d'extraire ce fichu bout de bois, sans remarquer les créatures qui se groupent autour de moi.

   — Hem hem, fait une voix au dessus de ma tête.

Je relève le chef du coup, sous le coup de la surprise. Tout un bataillon d'elfes s'est agglutiné autour de moi.

   — Que... Qu'est-ce que... je balbutie.

   — Tu as enfreint la loi, répond un des elfes, l'un des plus vieux visiblement.

   — Mais c'est pas ma faute! Le Père-Noël a...

   — Assez! s'écrie un autre elfe, plus jeune. On va te conduire au poste, et là, peut-être qu'on acceptera d'entendre tes balivernes. Moi, je n'en ais cure.

Je rêve...

   On me relève et les elfes s'envolent, me soulevant par les bras. Je réalise à ce moment que ces créatures ne sont pas des elfes, mais des fées, comme Clochette. Mais où est-ce que j'ai atterri?!

   Nous survolons la ville, qui, ma fois, m'a l'air bien charmante, et nous nous posons devant un grand bâtiment en pierre bleue, décoré pour Noël avec quelques guirlandes électriques – ou bien est-ce comme ça toute l'année. Sur la façade, de grosses lettres formant le mot 'Police' sont accrochées et enjolivées de néons bleus et blancs qui au final ne font que niquer les yeux plus que décorer réellement le mot, qui, de toute façon, malgré tous les efforts du monde, ne sera jamais beau.

   Je me fais traîner à l'intérieur et on me fait attendre quelques instants le temps que l'une des fées, la fée en chef de l'escouade, visiblement, échange quelques mots avec son supérieur. Celui-ci me fait signe de m'approcher. Je le rejoins et il me fait entrer dans une petite salle. Il s'installe sur l'une des chaises et me fait signe d'occuper l'autre. Un policier vient se placer de chaque côté de ma chaise.

   — Tu sais que c'est grave, ce que tu as fait? déclare le policier en chef.

   — Oui, mais...

   — Silence! glapit-il. Il n'y a qu'une personne pour juger ce crime.

Le Père-Noël? Ça m'arrangerait...

   — L'adjoint du Père-Noël.

Et flûte. Mais peut-être que j'arriverai à lui parler, qui sait...

***

Je suis maintenant dans un traîneau de police féerique pour infraction de niveau quatre, en route pour la dernière ville. Au final, c'est plus rapide. Tant mieux pour moi.

   Le trajet est assez rapide, et on se pose enfin sur le parking adjacent d'un immense immeuble. Je crois que je sais ce que je veux faire plus tard: Mère-Noël. Mais malheureusement, mon casier judiciaire au Pôle Nord n'est plus du tout vide...

   On sort du traîneau et je me fais escorter jusqu'à l'entrée où on me fait prendre un ascenseur jusqu'au sommet du building. Le couloir, lorsqu'on en sort, est très chic, montrant la prospérité des affaires du propriétaire des lieux.

   On me pousse le long du corridor et l'une des fées s'apprête à appuyer sur une sonnette quand la porte du fond s'ouvre à la volée sur...

   — Jérémy?!

J'échappe aux gardes et viens me précipiter dans ses bras. Je l’étreins rapidement, puis pose mes mains sur ses épaules avant de prendre un air en colère.

   — Je crois que j'ai droit à des explications.

   — Et je crois que tu vas en avoir, réplique une voix grave et moqueuse que je connais bien.

Je lève la tête et m'exclame:

   — Père-Noël!

En effet, le vieil homme tout de rouge vêtu se tient dans l'embrasure de la porte, un air malicieux affiché sur le visage, clairement visible malgré sa longue barbe blanche.

   Il me fait signe de le suivre dans son bureau. Je me relève et obtempère. Il referme la porte derrière moi et Jérémy et nous propose de nous asseoir sur deux chaises rouges (comme tous les autres meubles de la pièce, d'ailleurs) disposées devant son bureau.

   — Nous avons tous deux des choses à nous dire, je crois, commence-t-il.

   — Exactement. Surtout vous, en fait.

Je le regarde droit dans les yeux, soutenant son regard bleu glacé derrière des discrètes lunettes ovales posées sur son nez droit, en essayant de ne pas ciller. Malheureusement, je crois bien que c'est impossible, ses yeux avaient quelque chose de spécial, trop fort pour moi.

   — Pourquoi avoir kidnappé Jérémy?

   — Kidnappé? s'étonne Papa Noël. Mais c'est lui même, qui, dans sa lettre de cadeaux m'a demandé de lui faire faire un tour du Pôle Nord!

   — TU QUOI?! je rugis, à l'intention de mon petit frère. Attendez, vous voulez dire que je suis venue le chercher pour rien? Que je me suis fait poursuivre par toute la police du Pôle Nord pour rien? Que j'ai cette flèche toujours plantée dans ma cuisse et qui me fait un mal de chien pour rien? Oh! Tu vas m'entendre, toi!

Je fixe mon frère qui affiche un air béat avant d'éclater de rire. Et il ose se moquer de moi, en plus?

   — Alors c'est pour venir le chercher que tu as détruit mon train? reprend le Père-Noël.

   — Détruit? Vous plaisantez? J'ai juste vidé un extincteur et utilisé un parachute, j'ai pas incendié tout le train!

   — Même, cela reste un délit de niveau quatre.

   — Non mais je rêve... je marmonne.

   — Possible.

   — Pardon?!

   — Possible, répète le Père-Noël. Tout dépend de toi. Veux-tu que tout cela soit un rêve ou préfères-tu que ça soit la réalité?

Mais c'est quoi ces questions débiles et clichées? Franchement, un peu d'imagination, Papa Noël!

   — Sincèrement, un rêve.

   — C'est toi qui vois, soupire le héros des petits.

Il se lève et se dirige vers l'âtre trônant sur la gauche de la pièce sur-décoré de chaussettes de Noël dans lequel meurt le reste d'un feu. Il tire sur l'une des chaussettes et un grand tuyau hologramme bleu-vert se forme près de la cheminée. Ils sont modernes, au Pôle.

   — Entrez là dedans. Et au fait, merci Jérémy, pour tes gâteaux, ils sont succulents!

   — On oubliera tout, c'est ça? je dis d'un ton légèrement accusateur.

   — C'est toi qui l'a voulu.

Je le fixe une dernière fois avant de hausser les épaules. Je prends la main de mon frère et me dirige vers le tuyau, mais Jérémy se dégage de mon emprise et vient se jeter dans les bras du Père-Noël. Je pousse un long soupir agacé. Je ne compte pas passer toute ma vie au Pôle alors s'il veut bien se bouger un peu... Finalement, il se défait de l'étreinte du Père-Noël et court se jeter dans l'hologramme, qui se met à s’estomper petit à petit. Oh non, tu ne vas nulle part sans moi! Je me jette dans le tube au moment où il disparaît.

   À l'intérieur, c'est une vraie tempête. Mon frère et moi sommes en chute libre pour on ne sait où, et des jets d'air glacé se déversent sur nous avec une violence inouïe. Le tuyau se resserre petit à petit, et j'étais déjà en train de faire mes adieux au monde lorsque tout s'arrête, tout se tait.

   J'ouvre les yeux. Je suis couchée dans mon lit, en sueur. Mon premier réflexe est de regarder l'heure. Six heures du matin. 25 décembre. Le sourire aux lèvres, je repousse ma couverture et me précipite hors de ma chambre. Je dévale l'escalier et saute les deux dernières marches. Je pique un sprint et m'arrête en dérapage contrôlé devant le sapin, où mon frère est déjà en train d'arracher sauvagement le papier doré enfermant ses présents.

   Quand il m'entend arriver, il attrape un petit bout de papier qu'il a soigneusement posé à côté de lui pour me le tendre. Je prends le papier, qui s'avère être une carte, et le retourne. Je souris: c'est une carte de visite du Père-Noël, dédicacée à Jérémy. Je me demande où mes parents l'ont trouvée.

   — T'as vu, il existe, le Père-Noël! s'exclame-t-il.

   — Mais non, banane!

Je ne sais pourquoi, mais à cet instant, j'ai douté moi-même de mes paroles. Peut-être qu'il existe réellement, après tout...

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Heyyyyy! Alors, ça vous a plu? C'était pas trop long? Pas trop déçus de la fin? Cx

Vous avez arrêté de croire au Père-Noël à quel âge? C: Si vous savez c': parce que perso je m'en rappelle pas du tout xDD

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