Chapitre 10 : Luxure et culpabilité (partie 1)
A table, la discussion est légère. Claire fait mine de se plaindre de ses conditions de travail et de son patron exigeant alors que Lilian la taquine.
Je reste silencieux dans mon coin en les regardants se chamailler :
- J'espère que je pourrai toujours profiter des installations ?! Dit Claire.
- Non, tu n'as qu'à manger ailleurs et t'acheter une piscine, répond froidement mon frère.
Claire ne sait visiblement pas comment réagir, on rit tous les deux et elle commente :
- Vous êtes trop con ! Avant de tirer la langue ; franchement de la part de Julian j'aurais compris, mais toi Lilian.
- Quoi ? Pourquoi moi ça passe ? Demandé-je.
Claire prend une légère teinte rose et mon frère répond :
- Parce que toi, t'es un hermite associable.
Ils explosent de rire alors que je m'indigne :
- Hé, j'étais avec toi il y a deux secondes !
- Le vent tourne mec, commente mon frère en faisant mine de prendre la direction du vent avec son doigt. Non plus sérieusement, Claire, bien sûr que tu seras toujours la bienvenue. Dans la limite du raisonnable bien entendu, dit-il, en lui faisant un clin d'œil.
Claire semble satisfaite bien qu'encore un peu rose. Elle me jette un petit coup d'œil presque timide que je ne sais pas trop comment interpréter.
On passe l'après-midi chacun de son côté. Lilian joue du piano dans le salon, Claire a disparu je ne sais où.
Pour ma part, je fais l'état des lieux du jardin : le potager est prêt, la pelouse est belle, il y a quelques ronces au fond du jardin près de la cabane à outils et la haie aurait besoin d'être un peu coupée, mais à part ça ; en quelques mots le jardin est plutôt agréable. Tellement agréable que j'y vois même les premières abeilles qui évoluent çà et là dans les fleurs.
Entre deux arbres fruitiers, je découvre un hamac, sûrement mis en place par mon frère. Il sera parfait pour finir cette journée. Je m'y installe paresseusement.
Le mouvement du hamac me berce doucement, je regarde le ciel en appréciant le silence de la nature.
La nuit commence à tomber, le fond de l'air est frais. Je me lève péniblement, vêtu de mon seul caleçon de bain, j'ai un peu froid. Je masse le cou endolori. J'ai encore dû me mettre dans une position pas possible !
Je fais quelques pas et mon téléphone tombe par terre.
Heureusement, il n'a rien. Malheureusement, je n'ai pas de nouveau message.
Une bonne douche me fera du bien.
Mon frère a délaissé le piano pour les fourneaux, Claire l'assiste en silence. Sans leur décrocher un mot, je traverse la cuisine puis le salon pour enfin arriver à mon espace. Il fait meilleur dans la maison, on sent que l'été n'est pas encore tout à fait là.
Après une douche rapide, je me regarde dans le reflet du miroir. On voit que je suis fatigué, il faudrait que je me couche plus tôt. Le dessous de mes yeux est légèrement gonflé et sombre. J'aperçois également de petits plis très fins au coin de mes yeux. Loin de m'en offusquer, j'aime bien. Je trouve que ça me va bien. Bien mieux que ce visage trop fin à mon goût qui me donne un air doux et avenant. Ça va bien à Lilian mais moi je suis plus distant et réservé.
Justement, il vient de m'envoyer un message pour me dire que l'on passe à table. J'ai également un message de « inconnue R ». J'ai dû le recevoir pendant que j'étais sous la douche. Je réponds brièvement à mon frère et je commence ma lecture :
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C'est top pour ton frère ! Moi aussi je veux plein de détails ! Et je m'en fous si ça fait ménagère commère de 50 ans (rire).
J'aimerais bien que mon frère voit quelqu'un, comme ça il me lâcherait un peu (rire).
Propriétaire ! Ah ouais j'oubliais que tu es un grand garçon tout ça...
Et sinon cette aprèm ? Piscine encore ? Ou t'étais avec madame l'associée ? Elle s'appelle comment ?
Moi papier, papier, papier, paperasse (rire jaune).
Bref je rentre demain, bon débarras ! Je vais sûrement me payer un bon resto au frais de la princesse, histoire de.
J'aimerais avoir ton assurance.
Je ne sais pas trop pourquoi j'ai peur comme ça. Peut-être parce que depuis quelques temps j'ai pris conscience que ce que tu pouvais penser de moi a de l'importance.
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Je pousse un long sifflement et je m'assois sur les toilettes de la salle de bain.
Cette dernière phrase est tellement pleine de choses à la fois, qu'elle me désarçonne un peu. Je ne sais pas trop quoi répondre.
Je reste quelques secondes là, à me gratter la barbe puis je décide de mettre ça de côté et d'aller manger. Après tout, j'ai tout le temps pour répondre.
A table, je parle peu. Mon frère et Claire font la discussion autour de sujets divers. Je n'y prête pas trop attention. Aussi, je ne comprends pas toujours de qui ils parlent, mais de temps à autres, je ris avec eux.
Près de l'entrée, j'ai aperçu les valises de Claire entassées dans un coin. Si son frigo et son lit lui sont bien livrés demain matin comme prévu, son départ se fera dans la soirée.
Ça va me faire du bien de retrouver mon espace.
Après manger, je descends à la salle de sport pour me défouler. Après une heure de tapis intensive, mon frère me rejoint et prend ma place.
Je m'installe au rameur et mon frère me demande :
- Tu attendais quelqu'un ?
- Non, pourquoi tu dis ça ?
- Je sais pas, tu avais l'air déçu en me voyant...
- C'est vrai que maintenant que tu en parles. J'espérerais voir arriver une sulfureuse blonde en bikini.
Mon frère rit avant de me répondre :
- Dommage.
Il marque une pause. Devant mon absence de réponse, il reprend :
- Tu sais que tu fais ce que tu veux ?
- Euh oui c'est ce que je fais en général. Mais merci papa.
- Non mais je veux dire avec Claire. Ça ne me regarde pas, vous êtes adultes et tout...
- Je t'ai déjà dit qu'elle ne m'intéresse pas mais merci pour ton approbation, dis-je d'un ton ferme. Et toi ? Ça va avec madame Waouh ?
- Bien, répond-t-il un peu à cran.
- Bien, commenté-je.
Nous augmentons chacun notre rythme en nous défiant du regard.
Finalement, je ralentis en premier, aussitôt mon frère arbore un air triomphant et je me justifie alors qu'il commence à ralentir :
- J'ai couru une heure sur le tapis avant que tu arrives.
- Une défaite est une défaite mec, me répond mon frère en s'essuyant le visage avec le bas de son t-shirt, découvrant ainsi un ventre parfaitement dessiné. Tiens, tu me laisses la place ?
Contrarié, je me lève et je me dirige vers le banc de musculation. Je le charge bien en poids et je commence les soulevés.
J'évacue toute ma frustration jusqu'à ne plus avoir de bras. Cette nuit, je vais bien dormir.
Au petit déjeuner, entre deux brioches faites par Claire, je réponds au message de « madame R »
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(rire) rassure moi, tu n'as pas 50 ans au moins ?
L'associée de mon frère s'appelle Claire et non je n'ai pas passé l'aprèm avec elle. Je me suis contenté d'une balade solitaire dans le jardin. J'ai trouvé un hamac entre deux arbres et je m'y suis endormi comme un pépé (rire).
Je te dis pas comment j'avais trop froid en me réveillant ! Les soirées sont encore un peu fraîches (rire).
Après j'ai fait du sport avec mon frère et toi ? Mis à part la paperasse que tu aimes tant ! (rire)
D'ailleurs tu rentres bien aujourd'hui du coup ?
En parlant d'aujourd'hui, il est possible que Claire parte ce soir !!! Je vais bientôt pouvoir reprendre mon petit déj en caleçon !!!! (rire)
Je me sens flatté que mon avis est autant d'importance. Si ça peut te rassurer j'attends qu'une seule chose de notre rencontre : te voir toi telle que tu es.
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Ce message n'est pas trop mal, même si... Je ne sais pas trop... J'ai l'impression qu'il pourrait être plus... Plus... Plus je ne sais pas quoi en fait.
Je me prends encore la tête pour rien. J'appuie sur envoyer et je pars travailler.
Au travail, je retrouve mes acolytes : Matthieu le mystérieux, Adrien le malin et la nouvelle Maude tout sourire.
Pendant la pause de la matinée, on croise une fille de la comptabilité dont je ne me rappelle plus du nom. Elle interpelle Maude :
- Waouh Maude ! Quel look ! La complimente-elle.
- Merci, c'est gentil. Répond l'intéressée en rougissant légèrement.
- Ça fait un moment que je voulais te demander. C'est quoi ton parfum ? C'est du caramel ?
- Ah non, c'est vanille et fève de tonka mais beaucoup de gens confondent.
- Ah ok, je me disais aussi...
Je n'écoute pas la suite. Quelque chose d'horrible est en train de se passer dans mon cerveau. Une association d'idées des plus désagréable fait son chemin :
Rémi a dit qu'il sortait avec une fille blonde. Maude est blonde !
Il a dit qu'elle sentait bon, un truc comme de la vanille ! Maude a un parfum qui contient de la vanille !
Bon il a aussi dit qu'elle était de taille moyenne moi je la trouve petite... Mais Rémi est plus petit que moi !
- Julian ça va ? Me demande Maude alors que la comptable retourne travailler.
- Maude, il faut que je te demande un truc...
- Hé Maude ! Les gars ! Crie Adrien en se rapprochant ; alors ça roule ?
- Euh, on parlait là en fait, dis-je entre les dents.
- Ouais j'ai vu, répond Adrien, alors ce film ? Bien ? Vous avez fait quoi ensuite ? Demande-il en faisant des allers-retours entre Maude, restée à côté de moi et Matthieu qui s'est assis un peu plus loin pour fumer.
- C'était une super soirée, on s'est éclaté, commente ce dernier.
Maude prend une légère teinte rose alors qu'Adrien les dévisage, apparemment avide de détails.
- Oui, oui... Le film était très bien, bredouille Maude, dommage que ce n'était pas ton truc.
- Vous avez fait quoi ensuite ? Insiste Adrien.
- Rien... répond Maude écarlate.
- Ça ne te regarde pas, dit Matthieu.
Maude lui lance un regard indéchiffrable qu'il ignore superbement avant d'écraser sa cigarette et de déclarer :
- La récréation est finie les petits loups ! Au boulot !
Puis, on repart tous bosser.
Au bureau, je me rassure en me disant que le monde n'est pas aussi petit : une blonde de taille moyenne et qui sent bon la vanille c'est trop juste comme description. Ça serait vraiment incroyable que cette fille soit justement ma collègue.
En plus, Maude est une fille intelligente, elle ne se mettrait pas en couple avec un gars comme ça... Néanmoins je range cette idée dans un coin de ma tête avec toutes les autres que j'ai mises de côté ces derniers temps.
En fin de matinée, je reçois un message de Ben qui me demande de confirmer pour l'anniversaire de Rémi.
Dans deux semaines, on fête ses trente ans ! Pour l'occasion, Ben et Alice, lui ont organisé un anniversaire surprise.
Tous deux habitent un grand corps de ferme réhabilité à la campagne, pas un voisin à des kilomètres. C'est parfait pour faire la fête.
La journée s'écoule paisiblement, Adrien a lâché l'affaire Maude ; pour notre plus grand bien à tous. Le chef a râlé deux ou trois fois comme à son habitude. J'ai réussi à échapper à une réunion qualité. Et j'ai reçu un texto de Claire qui me confirme qu'elle part bien ce soir.
Juste avant de quitter le travail, je reçois un message de « Madame R » :
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Ben pourquoi tu dis ça ? On dit pourtant que c'est dans les vieux chaudrons qu'on fait la meilleure confiture !? (rire) Non, j'ai pas 50ans...(rire)
Ah tant pis pour toi Claire, pépé n'était pas d'humeur (méga rire).
Je comprends que tu étais fatigué mais c'est dommage de ne pas avoir profité de ton dimanche ! Toi qui en avais un (rire jaune).
Alors moi, mis à part la paperasse, j'ai pris un bain et commandé à dîner. Rien de folichon quoi.
Mais je viens de rentrer ! Et je compte bien rattraper ce week-end désastreux !
Mm c'est si important que ça les déjeuners en caleçon ? Elle ne va pas te manquer Claire ?
Waouh qu'est-ce que je peux répondre à ça...Peut-être que tu sais pas dans quoi tu t'es embarqué !? (rire)
Tu fais quoi ce soir ?
Moi je vais faire chauffer la carte bleue de mon employeur ! (rire)
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Il n'y a pas un mot sur le type du bar, du coup j'aime à croire qu'elle n'a pas répondu à ses avances. C'est un peu bête, après tout on ne s'est rien promis et puis on flirte juste un peu de temps en temps... Enfin c'est l'impression que j'ai ; on ne s'est jamais vu donc ça ne veut pas dire grand-chose...
Je sens le mal de crane arriver, je réfléchis trop aujourd'hui.
Une fois à la maison, je trouve mon frère en grande conversation en visio dans la cuisine. Curieux, je rentre sans trop faire de bruit, tout en tendant l'oreille :
- ... Je lui ai dit que je voyais quelqu'un, dit Lilian.
- Et ... Tu... Crois... répond-une voix très métallique.
- Quoi ? Ça coupe, je t'entends pas bien. Tu m'entends bien toi ?
- OOOOOOOOOOOOOuais... Répond un écho.
- Ok ben là je trouve que c'est un peu tôt. Mais dans quelques temps on pourrait manger tous les trois qu'est-ce que tu en dis ?
- RRRoh... Tu crois ?
- Ouais je veux te présenter à mes amis aussi et tout, tu vois ? Genre c'est du sérieux...
- ...Bip bip bip...
Il semblerait qu'il n'y ait plus personne au bout du fils.
- Ah bah bravo, tu l'as fait flipper complet ! M'exclamé-je.
Lilian qui était appuyé sur l'îlot central, lève les yeux vers moi, j'y vois passer de la surprise mêlée à l'inquiétude, avant qu'il ne se reprenne très rapidement :
- Pas du tout, cette fille est totalement folle de moi. Affirme-t-il.
- Mm on parle toujours de madame Waouh aux chaussures rouges ?
- En effet...
- J'ai du mal à croire que tu aménages du temps pour quelqu'un... Mais bon Rémi sort avec quelqu'un lui aussi donc tout est possible...
- Faut croire, dit Lilian dans un soupir. Rémi voit une femme ?
- Probablement, il n'a pas précisé.
- Tu crois vraiment qu'elle a flippé ?
- On parle plus de Rémi là ?
- Non, répond-t-il agacé.
- Ah ok, dis-je d'un air détaché.
- Au fait, autre sujet, ta chérie nous invite à l'apéro ce week-end.
- Ma... Qui ça ?
- Claire.
Je m'apprête à protester quand Lilian déclare :
- Un partout !
Le vendredi suivant, je me gare sous une barre d'immeuble grisâtre à un petit kilomètre du pavillon de Claire.
Personnellement, je préfère la quiétude des grands espaces. J'ai dû mal avec le concept de maison en ville. Il y a tellement de bruit, de circulation, des gens partout tout le temps...
Après quelques minutes de marches, je sonne chez Claire. Cette dernière m'accueille tout sourire.
- Salut ! Tu vas bien ?
- Oui, oui, et toi ?
- Très bien, euh Lilian n'est pas avec toi ? Dit-elle en regardant par-dessus mon épaule.
- Non, il est à une remise de permis de construire qui s'éternise. Il m'a dit qu'il me rejoindrait chez toi.
- Ah ok, dit-elle un peu nerveuse subitement.
Je pénètre dans le petit salon où je suis aussitôt passé au scanner par quatre femmes assises autour d'une table basse.
Je brandis ma bouteille de vin en signe de paix et la plus âgée commente :
- Beau spécimen...
- Ma voisine, me présente Claire avant que j'ai eu le temps de réagir. Et sa f...
- Ma nièce, coupe l'intéressée alors que la jeune femme à côté d'elle lève les yeux au ciel.
- Et deux copines, continue Claire. Voici Julian, j'ai habité avec lui et son frère jumeau quelques temps avant de trouver la maison.
Au mot « jumeau », je vois passer un éclair dans les yeux de Madame la voisine. Ça ne me dit rien qui vaille...
Lilian arrive vite s'il te plaît !
Le salon n'est pas très grand mais Claire a réussi l'exploit d'y faire tenir deux canapés, une table basse et une énorme bibliothèque. A côté, je vois des cartons estampillés « livres ». Preuve qu'elle n'a pas encore fini de tout déballer.
Elle s'éclipse dans la cuisine, séparée du salon par une grande verrière. Je la regarde s'affairer en repensant à son maillot de bain rouge...
Elle relève les yeux vers moi, elle a dû sentir que je la regardais. Je lui souris, sourire qu'elle me rend en rougissant. Je ne sais pas à quoi elle pense mais mon petit doigt me dit que ce n'est pas tout public.
Je m'assois bien sagement entre les deux copines sur le canapé. La voisine me lance :
- Et vous faites quoi dans la vie Julian ?
Je réponds poliment tout en ayant la sensation de passer un entretien ; un truc du genre : « le prochain dans mon lit ».
- Ah c'est intéressant, commence timidement l'une des copines. Moi je travaille en recherche en développement dans une entreprise qui fabrique toutes sortes de boîtiers électriques. Ça nous arrive souvent de faire façonner des pièces sur mesure.
Je commence à parler boutique avec elle sous l'œil désapprobateur de la voisine.
A bout de quelques minutes, alors que je commence à me sentir plus à l'aise, Lilian arrive avec un énorme bouquet de fleurs.
J'observe Madame la voisine qui détaille mon frère : clairement, on est de la barbaque pour cette femme.
En d'autres circonstances, je lui aurais sans doute fait une remarque dont j'ai le secret mais je vois bien comment Claire me regarde ; comme une bombe sur le point d'exploser. Du coup, je reste sage.
On passe une soirée plutôt sympa avec les copines de Claire.
En fin de soirée, chacun repart de son côté.
Avec mon frère, on est resté un peu pour aider à nettoyer. J'ai l'impression qu'on est de nouveau tous les trois à la maison.
Lilian fait plusieurs imitations de Madame la voisine à se tordre de rire.
- Tu ne vas pas t'ennuyer !? Commenté-je.
- Bah je ne vis pas avec, me répond Claire avec un air malicieux.
- Bon les gars, moi je vous abandonne ! Je suis claqué, affirme Lilian.
- Déjà ? Demande Claire.
Lilian a attrapé rapidement sa veste et nous fait signe devant la porte.
On se retrouve tous les deux.
- Bon ben, je vais y aller aussi dis-je en reposant le torchon que j'avais dans les mains.
- Ok... Euh Julian ?
- Ouais ?
- Merci... Euh je me doute que ça n'a pas été facile ce soir, avec la voisine... dit-elle en se raclant la gorge.
- Pas de problème, je ne suis pas un sauvage. Et puis tes copines sont sympas.
- Oui hein ?! Dit-elle plus enjouée, ça va du coup ? Comme soirée je veux dire ?
- Ouais ça va t'inquiète, dis-je en lui faisant un clin d'œil, j'ai connu pire...
Elle pouffe de rire en imitant un chat qui fait ses griffes dans le vide, faisant référence aux sévices de Linda.
- Très drôle, commenté-je.
Je récupère ma veste, on se dit au revoir lorsque je suis sur le pas de la porte, je vois quelque chose briller dans ses yeux.
Serait-ce de l'envie ? Je n'en suis pas sûr, son corps, lui, semble dans l'hésitation. Je repense à notre échange devant le barbecue. Depuis, elle s'est montrée plutôt discrète.
Aussi, j'ai impression qu'elle n'est pas sûre de ce qu'elle veut. Il vaut mieux attendre un peu et on verra bien.
Je sors dans la nuit fraîche pour m'aider à passer à autre chose.
Arrivé à la voiture, je découvre que je suis coincé : une voiture est garée en double file, tous warning dehors, à côté de la mienne et m'empêche de partir.
N'étant pas pressé, je monte dans ma voiture pour écrire à « Madame R ». Nous avons beaucoup discuté ces semaines. De tout, de rien mais c'est toujours avec plaisir que je la lis ou que je lui écris :
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Tu te souviens de ton histoire des vieux chaudrons ? Je viens de passer une partie de ma soirée avec une femme d'âge mûr comme on dit. Elle était franchement désagréable donc bon... C'est sûr : je passe mon tour (rire)
Ce soir, je suis allé chez Claire pour l'apéro avec mon frère, c'est là que j'ai rencontré la voisine mûre. Et toi ? Qu'est-ce que tu as fait ce soir ? Tes affaires sont prêtes pour demain ?
Bientôt une semaine que j'ai repris les petits déj en caleçon c'est le top !
Et comme je te l'avais dit Claire ne me manque pas du tout. En plus, je la vois assez souvent, vu qu'elle travaille avec mon frère et tout. Je t'ai dit que leurs bureaux sont dans une annexe de la maison ? Du coup, j'ai qu'à ouvrir une porte pour la voir.
Demain je pense qu'on va finir de voir les détails pour l'anniversaire des trente ans de Rémi avec son frère.
Ça me fait penser qu'il veut qu'on organise le nôtre aussi avec mon frère. Ça se rapproche !
Tu viens toujours hein ?
J'ai hâte de te rencontrer mais si tu veux qu'on se voit avant. Ça peut s'arranger...
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Une fois fini, je relève la tête, la voiture est toujours là. Je ressors, je fais quelques pas sur le trottoir pour voir si je vois quelqu'un arriver mais il n'y a personne. Encore un mauvais point pour la ville, je ne peux pas klaxonner vu l'heure. Comment je vais faire pour rentrer ? Je vais quand même pas appeler un Uber ? En plus, le ciel commence à se couvrir. Il avait dit qu'il y avait risque d'orage ce soir à la météo...
- Julian ? M'interpelle une voix féminine que je connais.
Lola ?!
Oui c'est bien elle. Elle est à côté de la voiture qui me gêne dans une superbe décapotable vintage blanche.
- Lola ?
- Eh, il me semblait bien que c'était toi. Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu as l'air perdu ?
- Je suis venu voir une amie mais cette voiture m'empêche de partir.
- Ah, tu vas vers où ? Je peux peut-être te déposer ?
Je monte dans sa voiture, bien content de quitter mon trottoir.
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