L'inconnu du café
Comme chaque matin, tu nouais ton tablier vert pomme autour de ta taille. Comme chaque matin, tu nettoyais les tables avant l'arrivée des premiers clients. Comme chaque matin, tu ouvrais légèrement la porte vitrée, et tournée la pancarte sur laquelle il était indiqué que le café était ouvert.
Comme chaque jour, tu accueillis en souriant les clients qui apparaissaient, et les servais sagement. Comme chaque jour tu débarrassais les tables après le passage des consommateurs. Comme chaque jour, tu comptais le peu d'argent que tu récoltais de tes efforts acharnés. Comme chaque jour, tu jetas un œil à travers la vitre. Comme chaque jour, tu le vis, assis sur ce banc, te regardant t'appliquer à tes tâches. Comme chaque jour, il se leva après que tu l'ai vu, et partais déambuler dans les rues de Séoul. Comme chaque jour, tu le regardais s'éloigner, t'accordant ainsi une petite pause.
Tu ne savais rien de lui, mais cet inconnu t'intriguait étrangement. Tu avais remarqué qu'il venait se poser sur le banc en face de ton petit café, et qu'il te regardait travailler jusqu'à que tu t'aperçoives de sa présence. Et une fois la chose faite, il repartait de là où il venait. Tu ne connaissais rien de lui, c'était un pur inconnu. Jamais tu n'avais osée aller le voir, ne serait-ce que pour savoir quelle était la raison de ce rituel qui s'était peu à peu installer entre vous deux. Tu ne savais pas vraiment depuis combien de temps ce petit jeu durait. Mais il est vrai que t'y avais pris goût. Une fois, il n'était pas venu, et tu t'étais surprise à être déçue de son absence, et avais passé le reste de la journée à le guetter à travers la fenêtre. Mais il n'était pas venu. Quand tu l'avais revu le lendemain, tu ne pus retenir un sourire, et tu te sentis comme soulagée. Un comportement inhabituel et inattendu. Mais il était comme un rayon de soleil au milieu des nuages que la routine t'envoyait. Tu étais fatiguée de vivre chaque jour les mêmes choses, de voir tous les jours les mêmes personnes, de passer tes journées à débarrasser et servir des individus sans le moindre intérêt pour toi. Tu aimerais tant avoirs un peu de temps pour toi, pour te faire plaisir, pour rencontrer de nouvelles personnes. Mais ton salaire, aussi minime soit-il, ne te le permettais pas. Il fallait que tu travailles le plus possible pour être sûre d'avoir de quoi manger le soir. Et ce, sans une plainte. Après tout, il avait pire comme situation.
Le fait de voir ce jeune homme t'observer de cette manière, comme s'il t'admirait, t'encourageait en quelque sorte. Et tu le remerciais secrètement de cette motivation qu'il te procurait.
En ce beau jour ensoleillé, tu étais dans ton petit café, comme toujours. Tu servais les derniers habitués qui étaient arrivés, et retournais derrière le comptoir, qui servait également de bar. Tu arrangeais gentiment les bouteilles, quand la sonnette retentit, annonçant l'arrivée d'un nouveau client. Tu te retournas vivement, heureuse que la clientèle s'agrandissait. Tu le vis alors, sur le seuil de la porte. Tu restais figée et surprise par son arrivée, et pensais à ce moment qu'aujourd'hui, ayant beaucoup plus de consommation qu'à la normal, tu n'avais pas vérifié s'il était venu. Était-ce pour cette raison qu'il avait osé pénétrer dans ton café ? La lumière et la clarté qui traversait la porte devant laquelle il s'était stoppé, t'empêchais de le voir convenablement. Il s'avança alors. Il était grand et fin. Il avait la peau si blanche qu'elle paraissait très délicate et douce. Il avait de beaux cheveux d'un blond soyeux. Il portait une petite écharpe à peine posée sur son cou, un gilet délicat, et un Tee-shirt simple. Accompagné d'un pantalon beige légèrement moulant, et de petites chaussures basses. Il était très chic. Il ne faisait sûrement pas partis de la même classe sociale que toi. Lui devait descendre d'une famille certainement aisée, contrairement à toi qui suais nuit et jour afin d'être sûre d'avoir de quoi payer le loyer à la fin du mois. Il se rapprocha du bar et s'installa sur un des tabourets, sans un mot. Il prit la carte des services en main, et regarda rapidement ce que le café proposait. Il te lançait de temps à autre de petits regards discrets, caché derrière la carte. Tu repris rapidement tes esprits, il s'agissait d'un client comme tous les autres, peu importe sa classe sociale ou autre.
" Bonjour, je vous sers quelque chose ? Demandas-tu au bout d'un certain temps, t'assurant qu'il ait fini de regarder le menu.
- Je prendrais ce que vous avez de frais.
- Hum, nous avons toutes sortes de jus de fruits, ou des boissons rafraîchissantes comme le Coca ou le Sprite. Qu'est-ce qui vous tenterez ?
- Servez-moi ce que vous avez de meilleurs !
- Hum... Je ne sais vraiment pas... Un jus de mangue vous conviendrez ?
- C'est bon ?
- Personne ne s'en ai jamais plaint jusqu'à présent donc je pense que oui...
- Je vous fais confiance. "
Tu lui servais rapidement sa commande, espérant qu'il ne soit pas déçu. Peut-être n'aimait-il pas le jus de mangue... Après tout, c'est lui qui en a voulu... Donc ...
Tu le regardais aspirer une gorgée à l'aide sa paille, attendant de voir sa réaction. Mais il ne bougea pas, et continuer de boire sagement, sans ne laisser aucune expression transpercer sur son visage. Il fixait un point invisible en face de lui. S'il ne disait rien, c'est que cela avait dû le satisfaire. Tu décidais donc de le laisser finir son verre tranquillement et partais t'occuper du reste de ta clientèle. Quand tu revins au bar quelques minutes plus tard, tu t'aperçus qu'il était déjà parti. Tu débarrassais son verre, un étrange sentiment envahissant ton cœur. Comme de la déception. Mais qu'espérais-je ? Il était juste venu boire un verre en cette chaleur, rien de plus normal. Tu comptais la monnaie qu'il avait laissait sur le comptoir, et t'apercevais qu'il y avait largement trop. Il ne t'avait même pas laissé le temps de le rembourser... Il avait disparu aussi soudainement qu'il était apparu.
Le lendemain, il revint, vers la même heure. Vêtu d'une chemise à carreaux dont il avait retroussées les manches, et d'un short long. Il s'assit calmement à la même place qu'hier. Il te regardait servir les autres, attendant sagement que tu viennes t'occuper de lui.
« Bonjour, que puis-je vous servir ?
- Un jus de mangue s'il-vous-plaît...
- Très bien. »
Tu le servis, ne pouvant t'empêcher de sourire. Il avait apparemment aimé ton jus. Tu repartis à tes occupations, et à ton retour, il avait de nouveau disparu, laissant une masse de billet trop importante sur le comptoir.
Il revint encore et encore. S'en allais aussi rapidement qu'il arrivait. Payant toujours le triple de la somme demandée. Mais cette fois-ci, tu avais bien l'intention de lui rembourser. Tu lui avais déjà fait timidement part du prix. Mais il avait pourtant continué de trop payer son simple verre de jus.
« Bonjour, un jus de mangue ?
- S'il-vous-plaît »
Tu présentas son habituel verre de jus, et restais au bar, pour t'assurer de le voir avant qu'il ne quitte les lieux. Il te fixa un moment, semblant attendre que tu t'en ailles pour commencer à entamer son verre. Mais tu restais ici. Il se décida enfin à boire. Doucement, gorgée par gorgée, appréciant le goût sucré du fruit. Il posa discrètement l'argent sur le comptoir, essayant d'éviter d'attirer ton attention. Tu ne pus t'empêcher de le trouver adorable. Il s'apprêtait à se lever quand tu l'interpellas.
« Excusez-moi...
- Euh...Oui ?
- J'ai remarqué que vous me payiez toujours trop.
- Je sais...
- Laissez-moi vous rembourser... Tu ajoutas en fouillant dans la caisse,
- Non... Pas la peine.
- Mais...
- Non, je ne veux pas de cet argent, vous en avez plus besoin que moi ! Dit-il en quittant ton café »
Tu ne savais pas vraiment pourquoi, mais ces propos te firent mal au cœur. Pour qui te prenait-il ? Tu n'étais pas dans le besoin et ne nécessitais de l'aide de personne. Tu détestais faire pitié, et encore moins qu'on agisse de la sorte. Tu n'avais besoin de la charité de quiconque. Tu savais te débrouiller seule.
Le lendemain, il pénétra dans ton bar, et s'assis directement sur son accoutumé tabouret.
« Bonjour ! Te lançait-il, te surprenant légèrement, il était si silencieux d'habitude,
- Jus de mangue ? Demandais-tu assez sèchement
- S'il-vous-plaît... Répondit-il, perdant un peu son sourire en voyant le ton que tu prenais avec lui. »
Tu le servis sans même un regard et partis accueillir de nouveaux clients avec un grand sourire qu'il remarqua très rapidement. Tu avais bien fais exprès de rire aux autres clients tandis qu'à lui, tu ne lui avais accordé qu'un simple regard. Il te fixait, surpris, faisant de grands yeux face à ton comportement. Tu ne savais pas vraiment pourquoi mais tu avais besoin de lui montrer que tu étais irritée par l'attitude qu'il avait avec toi. Il partit quelques secondes plus tard, sans toucher à son jus de mangue. Payant tout de même, comme toujours une somme au-dessus de celle demandée.
Aujourd'hui, tu avais eu une journée plus que chargée. Tu étais épuisée, et n'avais qu'une envie, c'était de t'écrouler dans ton canapé et passer le reste de ta soirée déjà bien entamée, à regarder des dramas tout en grignotant tout ce que ton placard contenait. Tu fermis ton café, et après avoir enfilé convenablement ton manteau, tu partis t'aventurer dans les rues sombres de Séoul. Tu avais peut-être mal agis ce matin, et cette histoire te trottait dans la tête, et ne faisait que t'agacer.
Un bruit suspect te sortis de tes pensées. Tu te tournais légèrement pour t'apercevoir que quelqu'un te suivais. Tu crus d'abord le reconnaître, « l'inconnu du café » comme tu l'avais surnommé, ne connaissant pas son véritable prénom. Mais tu remarquais peu à peu qu'il ne s'agissait pas de lui. Tu paniquais et accélérais le pas, dans le but de le semer. Mais il ne lâchait pas l'affaire. Affolée, tu te mis à courir comme jamais, manquant de trébucher à plusieurs reprises. Il attrapa ton bras et te plaqua contre un mur d'une petite ruelle. Il t'arracha ton sac des moins, pour le vider au sol, prenant le peu de chose qui avait de la valeur. Il leva ensuite les yeux sur toi.
« Où est ton argent ?
- J...J'en ai pas... Répliquais-tu, tremblante
- Ah ouai, et comment tu vas payer cette course poursuite hein ? Dit-il sur un ton joueur, en collant son corps contre le tien
- Je vous en prie... Laissez-moi, je n'ai pas d'argent...
- Tu peux peut-être payer autrement... Ajouta-t-il en passant sa main sur ta jambe. »
Comprenant peu à peu où il voulait en venir, tu t'agitais dans tous les sens, essayant de te libérer. Mais tu avais beau te débattre, il te tenait fermement et n'avait pas l'intention de te lâcher avant d'avoir eu ce qu'il voulait. Tu criais, appelais de l'aide. Mais les rues étaient désertes à cette heure si tardive.
Soudainement, ton agresseur fut agrippé par derrière. Tu tombais au sol, et essayais de voir ce qu'il se passait. Mais il faisait trop noir pour apercevoir quoique ce soit. Tu entendais des bruits de coups, des plaintes de douleurs. Quelqu'un était en train de se faire frapper. A ce moment-là, tu ne savais que faire. T'enfuir tant que tu le pouvais et laisser un pauvre innocent se faire frapper alors qu'il tentait de te défendre. C'était impossible. Tu ne distinguais même pas si ce n'était pas ton agresseur qui se faisait battre.
Les bruits s'arrêtèrent subitement. Tu te recroquevillas, complètement affolée. Tu sentis une main se poser sur son épaule.
« Non, Non, laissez-moi ! Criais-tu paniquée- Calmez-vous... »
Tu levais les yeux, et le vis, « l'inconnu du café ». Il te serra tendrement dans ses bras. Tu le remerciais encore et encore. Jamais tu n'avais été aussi heureuse de le voir. Il caressa délicatement ta joue, et ancra ses yeux dans les tiens. Tu remarquais alors qu'il était légèrement blessé au visage.
« Ne pleurez plus...
- Vous êtes blessé !
- Oh, ce n'est rien, ne vous en faîtes pas.
- Non non, il faut vous soigner, ça va s'infecter. »
Tu ne lui laissais pas le temps de répliquer que tu l'embarquais, déterminée à le remercier de cette manière, c'était le moins que tu pouvais faire. Il s'arrêta, et te tira contre lui.
« Ne vous en faîtes pas, je saurais me débrouiller seul...
- Non, je veux vous soigner, laissez-moi au moins vous soigner, pour vous remercier. »
Il te sourit, et t'emmena dans un grand immeuble. Vous montâtes les escaliers dans le silence, jusqu'à que vous arriviez dans un appartement.
« C'est chez vous... ? Demandais-tu stupéfaite par la splendeur des lieux
- Oui, et vous pouvez me tutoyer vous savez !
- Vous aussi... »
Il vivait dans un appartement spacieux et chic. Une décoration réfléchie et finement travaillée, et un goût pour le moderne ressortait vivement des murs. Tu adorais son appartement. Il te donnait l'envie de travailler encore plus dur pour parvenir à obtenir un logis aussi luxueux que celui-ci. Tu te demandais bien comment il pouvait avoir autant d'argent aussi jeune, mais jamais tu n'oserais le lui demander. Ça serait comme de l'envier, ce qui n'était pas ton cas.
Il sortit des verres et s'apprêtait à te servir quelque chose quand tu l'interrompis.
« Je ne veux rien boire, merci.
- Vous... Tu es sûr ?
- Oui.
- Dommage, pour une fois que c'était moi qui faisait le service ! Plaisanta-t-il »
Vous passèrent la soirée ainsi. A plaisanter, à apprendre à vous connaître. Il s'appelait Zelo. Tu lui avais confié le surnom que tu lui avais trouvé, et il avait rigolé, tout en disant qu'il aimait bien. Il t'avait servis un verre de jus de mangue, surprise, tu lui avais demandé pourquoi il venait en boire dans ton café s'il en avait chez lui. Timidement, il t'avait répondu qu'il préférait quand c'était toi qui le lui servais, il le trouvait meilleur.
Vous discutèrent tellement que tu en avais même oublié de le soigner. Ce n'est que quand tu le vis toucher sa blessure que tu te rappelais pourquoi tu étais ici. Tu te levais du canapé sans un mot, et partis à la recherche de la salle de bain. Tu n'aimais pas fouiller chez les gens, mais si tu lui demandais de te donner de quoi le désinfecter, il allait encore te dire que ce n'était pas la peine. Tu ne comprenais pas pourquoi, mais le soigner te tenait à cœur. Tu trouvas enfin ce que tu cherchais et partis le retrouver. Il voulut répliquer à nouveau en voyant ce que tu tenais dans les mains, mais tu le coupais en lui disant qu'il n'avait pas le choix.
Tu appliquais doucement le produit sur la plaie, appuyant le plus délicatement possible, ne voulant pas lui faire mal. Il te regardait faire, comme absorbé par tes gestes. Quand tu achevais ta tâches, il te remercia et te rattrapais alors que tu allais rentrer chez toi.
« Où vas-tu ?
- Chez moi.
- Ah, je vais te raccompagner !
- Non, ce n'est pas la peine ...
- Si, je ne veux pas qu'il ne t'arrive encore quelque chose ! Après, qui me servira mon verre de jus de mangue ? Souriait-il »
Tu finis par céder, et acceptais sa demande. Il te suivit jusqu'à ton immeuble, un bâtiment tout dégarnis dont tu avais honte. Tu faisais bien sale à côté de son somptueux appartement. Mais il ne dit rien. Qu'avait-il à dire ? Il grimpa les escaliers avec toi. Quand tu t'apprêtais à rentrer dans ton petit appartement, il attrapa ton poignet, et t'attira contre lui. Il caressa doucement tes cheveux, examinait ton visage, te mettant légèrement mal à l'aise. Sans que tu ne voie la chose venir, il rapprocha son visage du tien. Il s'arrêta à quelques centimètres de tes lèvres. Ne te voyant pas le repousser, il en conclu qu'il en avait le droit, et t'embrassa. Un baiser doux et léger, qui laisser une sensation volatile sur tes lèvres. Tu avais les joues rosies, tout comme lui. Tu n'arrivais pas à voir s'il était gêné, mais il semblait s'être figé après cet acte. Attendris pas cette réaction toute innocente, tu l'embrassas à ton tour. Il posa sa tête sur ton front et murmura :
« On se voit demain au café !
- Ton jus de mangue t'attendra sur le bar !
- Oh, mais je n'y vais pas pour boire un verre...
- Alors pourquoi tu viens ? »
Il sourit, et cella à nouveau ses lèvres avec les tiennes.
« Je t'aime. Acheva l'inconnu du café »
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