Chapitre 54 - Partie 2
Un zeste d'acidité, une dose d'amertume - Samedi 7 décembre 2019 - 20h30 - Benjamin
Benjamin salua la tablée d'un geste ample de la main et s'installa sur la chaise laissée vacante par Sébastien, entre Jessica et une tête inconnue. Son amie l'accueillit chaleureusement, heureuse de le retrouver. L'homme brun à sa droite, pour sa part, arborait une expression amère tout en fixant le comptoir avec intensité.
- Mais je ne t'ai pas présenté !, Continua Jessica avec entrain, Voici Amir et Yves, deux des sapeurs venus en renfort sur le terrain, et à côté de toi, c'est Romain.
Benjamin, habituellement ravi de rencontrer de nouveaux membres de son équipe, avait du mal à se concentrer sur autre chose que sur le sentiment de vide qui se propageait dans sa poitrine.
Comme invoqué par la voix de Jessica, le brun assis à côté de lui releva la tête.
- Benji, c'est ça ? Demanda-t-il avec un sourire.
Benjamin hocha la tête distraitement. Il n'avait pas vraiment envie de parler. De quoi Sébastien pouvait-il bien déblatérer pour que Mathias ait l'air aussi engagé ? Benjamin avait mis des semaines à obtenir un réel sourire de la part de l'avocat, et voici qu'il ricanait avec Sébastien comme s'ils étaient de vieux amis. Le rouquin grommela dans sa barbe inexistante, s'attirant un sourire de la part de Romain.
- Tu l'as aussi remarqué ? Demanda-t-il.
Benjamin haussa un sourcil mais acquiesça brièvement, histoire de voir où Romain voulait en venir.
- Je pensais pas croiser une saleté de pédé ici.
Un moment de flottement. Benjamin tourna la tête vers son voisin de table.
- Pardon ? Souffla-t-il, choqué.
Il avait dû mal comprendre.
- Après, il a une gueule de tapette. Fallait s'y attendre. Continua Romain d'un murmure conspirateur, Mais Duval ? Putain. Je l'aurais pas pris pour une pédale.
Benjamin ouvrit la bouche pour rétorquer quelque chose, mais Romain le devança. Autour d'eux, les autres membres de la brigade étaient occupés à discuter entre eux, ne leur prêtant aucune attention. Les oreilles de Benjamin sifflaient. Ce n'était pas la faute des acouphènes.
- Jusqu'où il serait prêt à aller pour le sucer, à ton avis ?, Continua Romain, cruel et imperturbable, J'suis sûr qu'il serait prêt à payer Duval juste pour qu'il lui touche la queue.
Benjamin serra les dents, détournant son attention de l'homme à côté de lui pour se focaliser sur la conversation de Mathias et Sébastien. A cette distance, il ne pouvait que lire leur langage corporel, et si Sébastien se tenait bien droit, à une distance respectable de Mathias, il était clair que l'avocat l'empiétait par moment, entraîné par le flot de la conversation.
Le venin de Romain avait fait mouche, sa question moqueuse tournant sans fin dans son esprit. Si Mathias était intéressé par Sébastien, jusqu'où, alors, était-il prêt à aller ? Aurait-il accepté l'amitié d'un de ses proches pour se créer une ouverture ?
Le froid qui régnait dans l'estomac de Benjamin se propagea à ses membres supérieurs, engourdissant ses bras. Ses yeux tombèrent sur la montre à son poignet.
Non. Mathias n'était pas comme ça. Il ne ferait pas ça. Il ne le pouvait pas.
Et pourtant... Ce qui lui avait semblé une marque d'affection quelques heures plus tôt en devenait presque dénigrante. Le petit renne souriant sur la montre semblait le juger froidement. Que lui avait offert Mathias si ce n'était une expression très claire de son affection en tant qu'ami et mentor, rien de plus ? A en juger par la manière dont il l'avait écarté de sa conversation avec Sébastien, il le voyait comme un enfant, pas comme un égal.
Benjamin inspira profondément. Il pouvait sentir son cœur s'accélérer.
- Je vais vomir. Souffla Romain. Franchement, c'est quoi ce type ?
La tourmente et le doute firent place à une effrayante clarté. Benjamin serra les poings.
- Romain, c'est ça ? Siffla Benjamin froidement.
- Ouais ? Répondit le jeune homme avec un sourire en coin.
Persuadé de s'être dégoté un allier, Romain fut pris de court lorsque le poing droit du rouquin percuta sa mâchoire. Benjamin sentit l'impact remonter le long de son bras encore en convalescence.
Sa physiothérapeute allait le tuer, mais à l'instant, il estimait que son excès de zèle était entièrement justifié.
- La tafiole dont tu parles est l'un de mes meilleurs amis, Siffla dangereusement le rouquin, Et même s'il ne l'était pas, tu peux garder tes opinions de merde pour toi. C'est pas comme ça qu'on se comporte à Montmartre.
Une lueur de rage brillait dans les yeux de Romain qui fit mine de l'attraper par le col. Les deux jeunes hommes s'étaient levés, s'observant en chien de faïence sous les yeux choqués d'une partie du bar.
- Va te faire foutre, Desrives ! Grogna Romain.
- Oh mais avec plaisir ! Et tu sais quoi ? Je serais toujours plus viril en me faisant prendre, que tu l'es maintenant !
Benjamin bloqua le coup en approche, prêt à en distribuer un nouveau. Toute la tension qu'il avait accumulée aujourd'hui ne demandait qu'à sortir, et remettre à sa place un abruti de première semblait une solution toute trouvée pour arrêter de réfléchir et agir.
Sa vision se centra sur Romain. Tout ce qui se trouvait autour d'eux disparu.
- Desrives ! Derives, bordel, lâche-le !
La main sur son épaule appartenait à Sébastien. Le roux l'avait attrapé fermement et semblait à deux doigts de l'empoigner par le col. Son expression fermée dégrisa quelque peu le plus jeune. Son champ de vision, focalisé jusqu'à présent entièrement sur Romain, s'élargit à mesure que la colère tombait.
Benjamin leva les yeux en direction de la tablée de pompiers qui l'observait, hébétés. Leur collègue n'était pas connu pour ses accès de violence et leur avait toujours semblé plus pacifiste que nerveux. Le voir s'emporter pour ce qui devait être une bricole sous l'influence de l'alcool -car qu'est-ce qui aurait pu entrainer une telle réponse de la part de Benjamin, si ce n'était pas son effet désinhibiteur ?-... C'était du jamais vu.
Face à leur air interloqué, Benjamin était presque reconnaissant à Sébastien d'être intervenu.
- Non mais ça va pas bien ? Siffla ce dernier à l'attention des deux boxeurs du dimanche, en se plaçant entre eux.
Benjamin l'ignora pour jeter un coup d'œil en direction du bar où Mathias était toujours accoudé. L'avocat le regardait fixement, son expression difficile à interpréter. Un mélange entre la confusion et l'agacement, peut-être ? Mais quelle raison aurait-il d'être agacé ? Oh. C'est vrai. Son petit numéro avait motivé Sébastien à s'interposer, l'arrachant à une conversation tellement plus intéressante que ce que Benjamin aurait pu lui offrir.
Sa vue se troubla un moment et le jeune homme porta sa main à son front.
- C'est pas comme ça que ça marche, ici !, Aboya Sébastien en direction de Romain, avant de se concentrer sur Benjamin, Si tu voulais retourner à l'hosto, fallait simplement le dire ! C'était pas la peine d'en coller une au nouveau !
- ça va pas, Benji ?, S'exclama Jessica qui s'était détachée du groupe pour venir soutenir Sébastien, Qu'est-ce qui t'as pris ?
Le rouquin serra les dents en sentant la main leste de la jeune femme se poser sur son avant-bras. Il se sentait comme un animal sauvage que l'on tentait d'amadouer par des caresses gantées.
Dans d'autres circonstances, il aurait sans doute souris en voyant la compréhension mutuelle qui se lisait dans le regard de ses deux collègues. La manière dont Jessica traitait à présent Sébastien était un parfait exemple des progrès qu'avaient réalisés le roux depuis qu'il avait intégré la brigade.
Benjamin secoua la tête et un sourire en coin se dessina sur le visage de Romain. L'autre homme savait très bien ce que Benjamin risquait à expliquer son geste et le savoir coincé l'amusait grandement.
- C'est rien, vous en faites pas. Benji doit pas tenir l'alcool, c'est tout.
Le rouquin serra les dents, ravalant une réplique.
- ça doit être ça. Approuva-t-il d'une voix sourde, Pardon, je... J'ai besoin de prendre l'air.
Il se dégagea de la poigne de Sébastien pour se diriger vers l'entrée du bar.
- Hé, Desrives ! Tu déconnes là ?, S'exclama le roux, Explique-toi !
- Laisse-le, Seb. Dit Romain en haussant les épaules, C'est pas grave, j'ai rien. Le gamin a juste le sang chaud. C'est pas ça qui va m'empêcher de profiter de la soirée.
- Mais...
- On s'en reparlera à tête reposée, t'en fais pas. Promis le nouveau avec un sourire qui se voulait rassurant.
Trop occupé à passer pour un héros magnanime, Romain ne remarqua pas le regard circonspect qu'échangèrent Sébastien et Jessica lorsqu'il regagna la tablée. La jeune soldate du feu fit mine de rejoindre Benjamin à l'extérieur, mais Sébastien secoua la tête, désignant du menton l'homme qui avait accompagné le rouquin plus tôt et qui se dirigeait à son tour vers la sortie.
- C'est qui celui-là ? Questionna la jeune femme.
- Un amateur de Whisky. Répondit Sébastien après un moment de réflexion.
A quelques mètres seulement du bar, Benjamin s'était appuyé contre une barrière sensée protéger les passants des voitures susceptibles de prendre d'un peu trop vite le virage. Une partie cynique de son esprit se disait que ça ne serait peut-être pas si mal si un conducteur fou le fauchait, là, tout de suite.
Comment une journée si bien débutée pouvait-elle si mal se finir ?
Des pas se rapprochaient de lui. Mathias arrivait droit sur lui d'un pas décidé. Ah, c'est vrai. Tout n'était peut-être pas encore perdu.
- Je peux savoir ce qui t'as pris ?, S'indigna l'avocat, C'était quoi, ça, à l'instant ? Tu te crois dans un ring de boxe ? Il se serait passé quoi si Sébastien n'était pas intervenu, hum ?
La posture de Mathias était rigide, son expression fermée. A l'instant il tenait plus d'un vétéran du barreau cuisinant la partie adverse, que d'un ami cherchant à comprendre ce qui venait de se passer. Benjamin grimaça à l'évocation du nom de son collègue.
- C'est rien.
- Oh, c'est RIEN ? Rétorqua Mathias, sa voix lui vrillant les tympans, C'est rien de s'en prendre à quelqu'un sans raison ? Je sais pas ce que vous fabriquez en province, Rudolph, mais ici c'est considéré comme une agression et je...
- C'était pas sans raison. Rétorqua Benjamin.
- Pardon ? Dit Mathias, clairement mécontent d'avoir été interrompu
- C'était pas sans raison. Répéta le rouquin platement, Il l'a pas volé.
- Il l'a pas volé ?, Répéta à son tour Mathias, Je pensais plaisanter en disant que t'étais un gosse, mais apparemment c'est bien le cas.
Benjamin secoua vivement la tête, refusant la pique lancée par l'autre homme. Il se lança dans des explications sensées bien qu'un peu confuses, résumant l'altercation à l'avocat qui fulminait toujours. Sa réaction était justifiée, son esprit embourbé en était certain.
Une fois la situation résumée, miraculeusement sans intervention de la part de Mathias, le plus jeune leva sur lui des yeux plein d'espoir. Une once de compréhension. C'est tout ce qu'il attendait.
L'avocat soupira bruyamment, à la manière d'un parent exaspéré par les bêtises de son enfant. Il semblait s'être quelquepeu adouci.
- Qu'est-ce que tu veux que l'avis d'un parfait inconnu me fasse, Rudolph ?, Marmonna l'avocat en levant les yeux au ciel, Franchement...
L'homme secoua la tête et posa délicatement sa main sur la joue du rouquin, glissant son index sur la pommette rougie du plus jeune. Nul doute qu'un bleu ne tarderait pas à prendre naissance à cet endroit.
- Il t'as pas loupé en plus. Ricana doucement l'avocat, Tu devrais pas t'énerver pour si peu. Alors quoi, il pense que t'es gay parce que ton pote est fringué comme ça ?
Mathias gesticula vaguement en direction de son accoutrement, au désarroi de Benjamin qui écarquilla les yeux. Oh non. Oh non, non, non. Mathias avait tout interprété de travers. Ce qui l'avait incité à décrocher une droite à Romain n'avait rien à voir avec une quelconque fierté masculine mal placée.
- C'est des conneries. Continua Mathias légèrement, dérisoire, T'as une petite amie. Une fiancée, même ! Et alors, vous vous êtes embrouillés ? C'était pas la bonne. Tu trouveras mieux plus tard ! ça fait pas de toi un sous homme !
- Matt, c'est pas...
- Je me doute que dans ton corps de métier, dans un milieu d'hommes, on a tendance à prouver sa virilité à grands coups de mandales, mais tu as pensé trente secondes à ton état de santé ?
- C'est pas...
L'avocat n'en démordait pas, continuant sa tirade sans lui prêter aucune attention.
- Mais honnêtement, Benjamin, je pensais que tu serais plus intelligent que ça. Quoique. Rit sèchement l'homme après réflexion, Désolé de te le dire, mais si tu comptais lui prouver ton statut de mâle alpha, tu as échoué.
- Est-ce que tu vas me laisser parl...
- Vu ta réaction, on pourrait croire que tu défendais mon honneur plutôt que le tiens. Pourquoi faire une chose aussi stupide ?
- Parce que je t'aime, OK ?! S'exclama Benjamin, l'irritation l'emportant sur son incrédulité.
La suite de la tirade de Mathias resta coincée dans sa gorge à l'explosion du plus jeune. Il balbutia quelques mots étranglés qui tirèrent un rire nerveux de la part de Benjamin. Si le rouquin comptait lui couper le souffle et voler ses mots, il avait imaginé le faire d'un baiser, pas en l'engueulant.
- Qu'est-ce que tu viens de dire ? Demanda Mathias d'une voix blanche.
Tout dans la posture gardée de l'avocat lui hurlait de revenir sur ses paroles. Ses yeux perçants se faisaient fuyant et ses mains, toujours volatiles, étaient retombées lourdement à ses côtés.
Benjamin ferma les yeux et inspira longuement. Il en avait marre. Marre de mentir aux autres, à ceux qui comptaient pour lui, et surtout, marre de se mentir à lui-même.
- Je t'aime. Répéta-t-il, sincère.
Un silence s'installa entre eux. Le vent froid de ce début de soirée était glacial sur le visage brûlant du rouquin. Seules la veste et l'écharpe gracieusement offertes par Mathias le protégeaient des caprices de la météo.
Le rouquin croisa enfin le regard de l'autre homme.
- Non. Répondit Mathias avec un air de finalité.
- Non ?, Reprit Benjamin avec un rire blanc, Comment ça, non ?
- ça. Ce qu'il y a entre nous..., Répondit l'avocat en gesticulant entre eux, Ce n'est pas de l'amour. Tu ne peux pas m'aimer.
Benjamin sentit son visage se réchauffer, et il était certain que l'ecchymose en formation sur sa pommette n'y était pour rien cette fois. Il secoua la tête, confus.
- Je pense être capable de savoir ce que je ressens pour t...
- Arrête, Benjamin. Le coupa une nouvelle fois Mathias, sèchement, Tu ne m'aimes pas.
Benjamin détourna les yeux. Il aurait pu rétorquer. Affirmer l'amour qu'il savait bel et bien réel, mais à quel prix ? Le ton de Mathias n'était pas celui d'un homme qui avait besoin d'être rassuré ou qui n'osait pas croire qu'on puisse l'aimer, lui. Non. Son ton était empreint d'horreur mal déguisée, qui lui était entièrement adressée. Mais le pire... Le pire était sans doute son regard. Il ne le regardait pas avec mépris ou méchanceté. Oh non. Cela aurait certainement était préférable.
Le regard de Mathias exprimait la trahison.
Plutôt que de répliquer une nouvelle fois, Benjamin conjura un sourire sur son visage et força sa douleur et sa colère à se taire. Il releva la tête pour faire face à l'autre, ordonnant à son cœur meurtri de tenir le coup une petite minute, trente petites secondes, juste assez pour échapper à cette situation dignement. Il aurait tout le temps de se briser plus tard, lorsqu'il pansera ses plaies dans la solitude de son appartement.
- Bien sûr, ça doit être l'alcool. Ironisa-t-il, Mathias comme lui sachant pertinemment qu'il n'avait pas touché une goutte d'alcool, Si c'est ce que tu préfères croire.
Parce que ce qu'il préférait, lui, n'avait aucune importance.
Il existait peu de choses sur cette terre que Benjamin détestait plus que de voir autrui en situation de détresse. D'autant plus quand lui-même était à l'origine de ladite situation. C'est ce qui l'avait forcé à accepter le compromis d'Alice, à attendre aussi longtemps pour réaliser que ses sentiments ne s'envoleraient pas s'il l'espérait assez.
Il était bien plus simple de se faire du mal à soi-même, plutôt que de faire du mal aux autres. Cela ne coûtait rien, après tout, de se dire que ça ne nous touchait pas vraiment, simplement pour apaiser la douleur d'autrui.
Souriant malgré la douleur -de son visage, de son cœur, de tout son être-, Benjamin enchaîna avant que Mathias ne puisse répondre quoi que ce soit. Il avait déjà un genou métaphorique à terre ; il n'avait aucune envie d'essuyer un autre coup de poing ce soir. Quelque-chose lui disait qu'un seul mot de travers de la part de l'avocat l'amocherait plus que ce que les poings de Romain avaient été capables de faire.
- Je... pense que c'est mieux si je rentre seul. Le métro est pas très loin.
Et vraiment, l'approbation froide que l'avocat lui adressa à cet instant le blessa plus que son rejet précédent. Un rire étranglé lui échappa et le rouquin se força à le taire.
- Salut, Mathias.
Oh, qu'il détestait à quel point cet au revoir sonnait comme un adieu.
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Chapitre écrit par Sinsiliniai
Bonjour à vous~ quelle belle journée, n'est-ce pas ? :D
Pour nous lancer des parpaings, la file d'attente se trouve à votre gauche; pour offrir un câlin à Ben et/ou Matt, prenez à droite...
et pour en mettre une à Romain, faites la queue, y'a déjà du monde devant vous. (Et dire que Seb aurait dû porter le rôle scénaristique de ce dernier. OuTcH. (Dieu merci pour Arnaud.))
On s'excuse (pas) de cette fin cliffhanger et on vous promets de vous retrouver d'ici 15 jours pour la suite des folles aventures de nos désastres ambulants préférés. :D
Prenez soin de vous~
Sins' (et Miru)
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