Chapitre 40 - Interlude #3
Chapitre 40 : Interlude #3 - Pause café - Vendredi 22 Novembre 2019 - 17h30 - Sébastien
Sébastien ferma le plus délicatement possible la porte derrière lui. Evidemment, l'attention délicate ne fut pas au goût de cette dernière, qui refusa de s'enclancher correctement et le força à attraper la poignée une seconde fois pour la claquer plus violement. L'action attira sur lui le regard interrogateur du gosse qui lui avait éviter d'être aux premières loges pour ce qui s'annonçait être une discussion houleuse entre son collègue et sa compagne. Sébastien haussa les épaules. Tant pis pour la discrétion, et s'il n'était pas content, c'était pareil.
- Je suppose que t'as pas vraiment faim ?
- Il est toujours l'heure de manger.
La réponse du brun avait été donnée sur un ton joyeux, comme s'il ne venait pas tout juste de se soustraire au visionnage non désiré d'une prise de bec. Il le regardait avec un sourire qui ne défailli pas lorsqu'il se contenta de lever les yeux au ciel. Au contraire, sa réaction sembla amuser d'avantage le plus jeune.
- Très bien. Et un café, c'est acceptable ?
- Parce qu'on me demande mon avis, maintenant ?
Arnaud, car c'était son nom après tout -il lui avait indiqué en coup de vent, en s'installant à côté d'Alice sur la banquette arrière lorsqu'il était passé la chercher un peu plus tôt dans la journée pour la conduire à l'hôpital-, Arnaud eut le culot de lever les yeux au ciel.
- Soit pas grognon, arrête de creuser ta ride du lion. Elle marque à vie, tu sais. L'informa le jeune homme.
Sébastien grogna intérieurement. Il sentait que sa pause café allait durer une éternité. D'un pas décidé, il se dirigea vers le distributeur de boissons chaudes le plus proche.
Plutôt que de s'arrêter à ses côtés, Arnaud continua sa marche et le héla à quelques pas des escaliers.
- Je te conseille plutôt la machine à l'étage du dessus. Juste à gauche des escaliers. Le café ici est affreux.
- Parce que tu es un expert en la matière ? Tu passes ton temps libre dans les hostos, comme goûteur de café freelance ?
- Non mais je te remercie pour l'idée. Si j'échoue à l'école de véto, je promets de créer un blog dédié aux meilleurs cafés des hôpitaux parisiens.
Sebastien piocha dans la poche arrière de son pantalon. Ignorant royalement le brun, il inséra deux pièces dans l'appareil, bien décidé à ne pas faire un pas de plus. Arnaud, qui se grattait distraitement l'intérieur du bras en le regardant faire, haussa finalement les épaules.
- C'est toi qui voit. Mais vient pas te plaindre plus tard si tu as des aigreurs d'estomac.
Sur un salut, ils se séparent. Sébastien pouvait entendre le jeune homme monter quatre à quatre les marches de l'escalier, s'excusant brièvement en manquant de renverser quelqu'un. Il poussa un soupire las : pas étonnant que Desrives avait des problèmes, si c'était ça, le genre d'amis qu'il avait.
Cette pensée le ramena à ses propres amis, et plus précisément à Liam. Il attrapa son téléphone et composa un court message pour l'informer du réveil de Benjamin, de l'état de santé d'Harry et des autres officiers qui avaient été admis à l'hôpital. Certains avaient été transférés dans un autre établissement, souffrants de brûlures qui nécessitaient une attention toute particulière. D'autres avaient déjà rejoints leurs familles. Les derniers étaient encore pris en charge dans le service qu'il visitait actuellement.
Sébastien s'efforça d'être le plus factuel possible. Liam n'avait pas besoin de savoir que le cœur d'Harry s'était arrêté à trois reprises ni que Ludivine avait passé deux heures en observation après s'être évanouie dans la salle d'attente hier. Il se contenta de reporter rapidement la situation.
Nul doute que si Liam avait eu l'opportunité de venir lui-même, il l'aurait fait depuis longtemps. Malheureusement l'incident avait édenté le nombre d'officiers de sa brigade et il se devait d'y remédier au plus vite.
Sébastien secoua la tête. Liam avait beau être son responsable, il n'en était pas moins un proche ami et l'une des rares personnes qu'il ne faisait pas que supporter. Le caporal chef Fang et lui avaient servis de nombreuses années côte à côte, et si dans les premiers temps la rigidité de Liam et son perfectionnisme lui avait hérissé le poil, sa dévotion pour le métier et son expertise du terrain avait forcé son admiration.
Sébastien était sûr d'une chose : après les familles touchées par la tragédie, personne ne vivait plus mal l'incident qui avait envoyé une infime partie de la brigade à l'hôpital que Liam.
Le roux rangea son téléphone avec un soupire et attrapa son café qui refroidissait depuis la dizaine de minutes qu'il l'avait fait couler. Il le remua sans grande conviction dans l'espoir de rendre le liquide brun orangé un poil plus foncé. Prenant une petite gorgée, il grimaça. Aucun être vivant sur terre n'aurait pu qualifier cette horreur de café.
Il carra les épaules et se promis de finir son gobelet, refusant de donner satisfaction à Arnaud, même si ce dernier n'était pas présent. D'ailleurs où avait-il bien pu passer ? Cela faisait vingt bonnes minutes qu'ils s'étaient quitté, et Arnaud ne lui avait pas semblé être le genre de personne à se perdre dans les couloirs d'un hôpital.
...Enfin, peut-être que si, mais il avait l'air assez sûr de lui pour demander son chemin au premier soignant qui passe sans le moindre souci.
Sébastien contempla ses options. Il pouvait retourner seul dans la chambre de Desrives, et risquer d'être aux premières loges d'engueulades dont il se passerait bien. Il pouvait gravir les escaliers et partir à la recherche du jeune brun qui avait sauté dans sa voiture à la suite d'Alice comme s'il n'avait été qu'un vulgaire Uber venu le chercher. Il pouvait également rentrer chez lui et enfin profiter d'un peu de calme après s'être improvisé chauffeur. Les gamins pouvaient se débrouiller sans lui.
Songeant que Benjamin lui en voudrait certainement de laisser sa fiancée et son ami en plan, il débuta l'ascension vers l'étage supérieur. Il ne lui fallu pas très longtemps pour repérer Arnaud : deux infirmières qui ricanaient pas très discrètement en passant devant lui partageaient des messes basses dont le sujet ne pouvait être que le brun.
Sébastien l'entendit avant de le voir. Au détour d'un couloir, des menaces frustrées fusaient.
- J'ai payé 2€50 pour cette barre de céréale, espèce de boite de conserve. T'as intérêt à me la cracher ou je te jure que je t'enfonce mon bras si profondément que t'auras l'impression de passer une coloscopie.
Le roux contempla l'idée de revenir sur ses pas, mais déjà Arnaud l'avait repéré.
- Ah Seb !, S'exclama le plus jeune, Vient m'aider, ce machin est en train de me voler mon diner.
Le pompier gronda intérieurement en voyant le brun à genoux devant le distributeur, qui tâtonnait le clapet de fermeture de l'appareil à la recherche de la moindre fente dans laquelle il pourrait glisser sa main. Mais qu'est-ce qui ne tournait pas rond chez ce gosse ?
- C'est dangereux. Arrête ça.
Sa voix était sèche, bien plus qu'à son habitude. Arnaud perdit son sourire mais Sébastien n'eut aucun remord. Une partie de ses collègues se retrouvait déjà à l'hôpital. Or de question que le brun les rejoigne parce que sa fringale de dix-sept heures l'avait incité à finir écrasé sous un distributeur.
- Mais j'ai plus de monnaie. Râla Arnaud en se levant.
- Je m'en fous, t'avais qu'à prendre une boisson à la place.
Un silence s'installa entre eux. Sébastien se concentra sur son café -toujours infect-, tandis qu'Arnaud Broyait du noir. Le jeune homme d'une vingtaine d'année fusillait du regard la machine et Sébastien roula des yeux. Il tendit finalement une pièce de deux au plus jeune qui l'attrapa avec un air hagard.
- Arrête de faire l'enfant. Tiens. Achète-toi un truc à manger.
- Je fais pas l'enfant. Maugréa Arnaud.
- Je suis littéralement en train de te payer un goûter.
- C'est pas l'heure du goûter.
- Je peux aussi reprendre ma pièce si tu préfères. Averti Sébastien.
- Non non ! C'est bon, merci !
À la hâte, Arnaud inséra la pièce et sélectionna un paquet de bonbons aux couleurs de l'arc en ciel et à la valeur nutritive proche du néant. Sébastien soupira. Évidemment.
- Non mais sérieusement. Murmura-t-il.
Il faisait tout son possible pour passer au-delà de son maniérisme et du foulard bariolé qu'il portait autour du cou, mais est-ce que le plus jeune était réellement obligé de consommer des produits multicolores pour se sentir exister ? Sébastien n'était pas homophobe, loin de là selon lui. Il préférerait simplement que certains gays ne se sentent pas continuellement obligés de lui balancer leur différence à la figure. Et Arnaud faisait précisément partie de cette catégorie bien particulière de gays -et fier de l'être-.
- Sérieusement quoi ?
Ah. Son commentaire n'était pas passé inaperçu aux oreilles d'Arnaud. Le jeune homme l'observait d'un air sérieux, une main sur une hanche, l'autre tenant fermement le paquet de bonbons.
- Rien, rien.
Il n'allait pas se prendre la tête pour une commande de distributeur. C'était stupide.
- Non vas-y. Je t'en prie. Dis-moi tout sur la corrélation entre un foutu paquet de sucreries, mon accoutrement de folle et ma gestuelle dramatique.
Merde. Il avait parlé à voix haute. Pas étonnant qu'Arnaud le fusille du regard. Il était clairement plus fatigué que ce qu'il supposait.
- Si tu veux tout savoir, je les aime pas plus que ça, Continua Arnaud en secouant le paquet de friandises sous son nez, Mais tu m'as donné deux euros et c'est le meilleur ratio prix/poids disponible. J'ai juste la dalle. Je projette pas de t'en faire avaler de force après leur avoir insufflé le virus de l'homosexualité.
Les quelques autres visiteurs qui attendaient leur tour pour commander échangèrent un regard avant de s'éloigner de quelques pas le plus discrètement possible.
Sébastien remarqua la manœuvre, ainsi que les infirmières qu'il avait vu en montant et qui surveillaient la scène avec intérêt. De fins sourires narquois marquaient leurs visages alors qu'elles gesticulaient en direction d'Arnaud avec un petit rire.
Le brun campait sur ses positions comme si de rien était. Il avait la capacité d'occulter ce qui se passait autour de lui. Ce n'était pas le cas du roux, qui ne pu s'empêcher de remarquer le roulement d'yeux de l'une des infirmières.
- On va pas en faire tout un plat hein.
- Oh si ! On m'a suffisamment emmerdé dans ma vie pour que je n'ai plus besoin d'accepter ce type de commentaire à la con de qui que ce soi, ami d'un ami ou non.
Les épaules du brun tremblaient de colère. Sébastien soupira longuement, lassé de la conversation.
- Peut-être qu'on t'emmerderait aussi moins si t'étais pas habillé comme une pédale.
Il gesticula vaguement en direction d'Arnaud, englobant à la fois sa tenue et sa manière de se comporter. Le jeune homme articula silencieusement quelques secondes, ayant visiblement perdu ses mots. Il se ressaisit et secoua la tête.
- Ooh c'est riche de vouloir me faire la morale.
Sébastien fronça les sourcils.
- Comment ça ?
Arnaud l'observa du coin de l'oeil un instant. Son expression était gardée : un mélange de colère et de compréhension.
- Tu sais au moins ce que c'est, ce que tu fais, là ?
- Une remarque ?
- Non. De l'homophobie ordinaire.
Le gosse annonça ceci avec un tel aplomb, sûr de lui jusqu'au bout de ses ongles vernis. Sébastien se rembrunit. Il n'avait pas de leçon à recevoir de ce gamin.
- De suite les grands mots.
- Oh vraiment ? S'exclama Arnaud
- Qu'est-ce que je disais ?, Contra Sébastien en levant un sourcil, Une dramaqueen !
Une jeune fille qui patientait jusqu'à présent en silence à quelques pas derrière eux s'esclaffa. Le rire tira Arnaud de l'étrange transe dans laquelle il avait glissé et ses oreilles rougirent alors qu'il réalisait enfin combien de personnes les regardait en silence.
Sèchement, il tendit le paquet de bonbons à Sébastien qui n'eut d'autre choix que de le rattraper. Il tourna ensuite les talons et se dirigea vers l'escalier, le menton haut et le regard fixé vers l'avant.
Sébastien grogna. Il aurait mieux fait de rentrer chez lui comme il se l'était dit plus tôt.
En attendant, il ne pouvait pas bien retourner chez Desrives et lui annoncer qu'il avait vexé son ami. Il devait au minimum s'assurer que ce dernier n'allait pas causer une autre scène un étage plus bas.
Sébastien n'eut pas à le chercher longtemps. À peine engagé dans l'escalier, il repéra Arnaud qui l'attendait appuyé contre un mur, les bras croisés. Le jeune homme fronça un sourcil en le voyant approcher.
- C'est pas la peine d'en faire toute une histoire, ça va. Se défendit le pompier.
- Non, ça ne va pas !, Dit Arnaud, une pointe de colère toujours dans la voix, C'est à cause de phrases débiles dans ce genre, lancées à la volée, qu'on banalise l'homophobie !
Il n'y a pas à dire, il l'avait vraiment vexé. Tout ça pour une simple remarque.
- Pédale. Siffla Arnaud.
- Pardon ?
- Pédale. C'est ce que tu m'as appelé avant. Tu sais ce que ça veut dire ?
Sébastien soupira. Il n'en savait rien. Il avait toujours supposé que l'expression était à prendre littéralement. Que l'image représentait les mains des gays qui faisaient des moulinets lorsqu'ils parlaient. Elles tournoyaient en cercles dans les airs comme les pédales d'un vélo. Il fit part de son raisonnement à Arnaud qui écarquilla les yeux.
- Oh mon dieu, non. C'est le féminin de pédé.
L'absence de réaction de la part du plus âgé contraint Arnaud à s'expliquer d'avantage. L'appellation était une insulte, pas simplement une manière familière de s'adresser aux gays. Elle venait d'un mot qui sera sorti de la tête de Sébastien d'ici quelques heures -pédéraste- et qui qualifiait les hommes mûrs attirés par les adolescents. Une belle façon de relier homosexualité et pédophilie. Pas étonnant qu'Arnaud ait vu rouge. S'il avait été celui qu'on avait insulté de cette manière, Sébastien aurait sans doute collé un pain à son interlocuteur.
- Excuse-moi. Dit finalement Sébastien.
Arnaud l'observa un moment, certainement pour jauger sa sincérité.
Sébastien resta silencieux. Il savait bien à quel point sa personnalité pouvait sembler abrasive de prime abord. Il n'était pas méchant, pas vraiment. Tout au plus caustique, et suffisamment tordu pour apprécier de faire sortir les gens de leurs gonds sans qu'on lui en tienne forcément rigueur dans la foulée. Ceux qui le connaissaient depuis longtemps le savait, mais il ne pouvait pas en demander tant de la part d'Arnaud.
Le brun esquissa finalement un sourire et Sébastien en fut étrangement soulagé. Le visage du jeune homme était toujours sérieux, mais sa posture rigide s'était détendue.
- C'est fait maintenant. Recommence seulement plus.
Quelque-chose disait à Sébastien qu'il n'en était pas à son premier cours de bienséance improvisé. Pour un gamin à peine adulte, il asseyait ses convictions avec une belle assurance.
- Tu sais... t'as une sacrée paire de couilles pour me parler comme tu l'as fait.
- Et encore, t'as pas vu la queue qui va avec.
Sébastien plissa les yeux, les lèvres pincées.
- T'as le droit de rire, là. L'informa Arnaud.
- Merci mais non merci.
Sébastien ferma les yeux et souffla longuement. Ce type d'interaction le rendait mal à l'aise.
- Tu viens ? J'ai besoin d'une cigarette.
- Fumer c'est mauvais pour la santé. L'informa Arnaud en lui emboîtant le pas vers la sortie.
- T'es un vrai puits de savoir dis-moi. Maugréa Sébastien.
- Tu me compares à un trou profond et humide ? C'est très gay ça.
- Arnaud arrête.
Le jeune homme se contenta de rire jusqu'à ce que Sébastien lui lance son paquet de bonbons à la figure pour masquer sa gêne. Il fut ensuite trop occupé à manger pour se moquer du roux et se contenta de s'installer à côté de lui sur un banc lorsqu'ils arrivèrent dans l'espace fumeur.
Sébastien farfouilla dans ses poches un instant. Il grogna de frustration.
- Putain. J'ai plus de feu.
- Ah. Attends. Je dois pouvoir t'aider avec ça !
- Tu fumes ?
- Non, mais je suis étudiant à l'école vétérinaire.
- Le rapport étant ?
Plutôt que de lui répondre, Arnaud ouvrit son sac de cours. Après avoir déposé à côté de lui plusieurs pochettes et trois blocs-notes, il s'exclama joyeusement. D'un geste leste, il déposa sur ses genoux une trousse noire. Il l'ouvrit, révélant sa nature et son contenu. Il s'agissait d'une trousse de dissection comprenant ciseaux, scalpels et lames de rasoirs, de différentes épaisseurs. Certains ustensiles étaient soigneusement emballés, d'autres vivaient leur vie dangereusement, se baladant d'un bout à l'autre de la trousse, sans attache. Un jour Arnaud allait se couper avec cette lame de scalpel qui traînait hors de sa protection.
Sans se soucier du chaos présent dans sa trousse, le brun attrapa une boîte d'allumettes -pour démarrer la flamme du bec Bunsen, précisa-t'il- et la tendit à Sébastien.
L'homme craqua une allumette et ils partagèrent un moment de silence durant lequel Arnaud aligna ses couteaux un peu plus soigneusement, et Sébastien apprécia l'effet de la nicotine sur son système nerveux.
- Au fait, comment tu connais Lili ? Demanda Arnaud.
- C'est la meuf de Benjamin ? Avec qui je bosse ?
Arnaud leva les yeux au ciel.
- Je t'ai jamais vu à aucune soirée, et à moins que j'étais plus bourré que prévu et que j'ai passé des mois à te prendre pour Ben-
- Hey !
- Nan, sérieusement ça fait peur à quel point vous vous ressemblez physiquement.
Il supposait que c'était vrai. Desrives et lui avaient un physique similaire. Non pas qu'il s'intéresse au physique de son collègue. Il laissait cette expertise au jeune homme étonnamment intéressant qui le flanquait en cette fin d'après-midi.
- Elle se faisait draguer lourdement dans un bar et j'ai viré le gars qui la faisait chier. Offrit-t-il enfin.
- Oh. Souffla Arnaud.
- Quoi ?
- Je te voyais plus être le gars lourd qui la faisait chier.
Sébastien leva les yeux au ciel à son tour. Bon sang, c'était contagieux.
- Merci. Passer du temps avec toi fait des merveilles pour mon estime de soi.
- Mais oui, mais oui. Ta vie est terrible.
L'estomac du pompier se noua. Il écrasa sa cigarette sur le sol. Ça devait être le café qu'il s'était obstiné à terminer. Le plus jeune l'avait pourtant prévenu.
Arnaud rangea ses affaires et appuya sa tête contre le dossier du banc. Il tendit son paquet de bonbons à Sébastien et les secoua sous son nez.
- Pour l'haleine.
- T'es toujours aussi piquant, ou c'est juste moi?
- C'est juste toi.
Le sourire d'Arnaud était exempt de malice. Sébastien se résigna à piocher dans le sachet.
- On devrait y retourner. Déclara Sébastien en mâchant un bonbon au parfum trop chimique pour être qualifié d'une senteur.
- Sans doute. Confirma Arnaud.
Aucun n'esquissa de geste pour se lever. L'instant était à la contemplation.
Tout deux prirent le temps de finir le paquet en silence avant de se lever pour rejoindre le couple qu'ils avaient abandonné plus tôt.
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Chapitre écrit par Sinsiliniai
Coucou les p'tits loups !
Ce petit chapitre d'interlude avant de retrouver Mathias. La réunion approche hoho ! :)
Je voulais écrire un chapitre tout léger à la base, mais Arnaud s'est rebellé. Du coup à la place vous avez... la naissance d'un futur duo de choc ? Qui sait, maintenant que les bases sont posées !
L'homophobie ordinaire, ou ce fléau dont on ne parle pas assez. C'est le genre de chose qui me met hors de moi, et pourtant c'est parfaitement ancré dans le parlé courant. Soyez attentifs à ces petits mots lancés « innocemment ».
Pour ce qui est de l'anecdote de Sébastien sur la signification du mot que je ne répéterai pas hors du cadre de l'histoire... c'est inspiré de ma propre vie. Petite Sins était une enfant naïve et d'une grande innocence : il ne pouvait y avoir qu'une explication, et c'était celle-ci. Si une bonne partie des injures naissent de malice, d'autres perdurent par la simple bêtise et le manque d'éducation sur le sujet. N'oublions pas ce qu'une conversation peut apporter.
Merci de votre lecture, ça nous avait tellement manqué pendant notre pause !
À la semaine prochaine,
Cœur sur vous,
Sins' (et Miru)
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