Chapitre 27 - Interlude #2 - Partie 2
Chapitre 27 - Part 2 - Puisque tout ne tient qu'à un (coup de) fil - Samedi 16 Novembre - 01h07 - Arnaud
Arnaud étouffa un bâillement tout en se frottant mollement les yeux, s'attendant à entendre une voix familière s'élever du combiner. Dans son actuel état second, il supposait qu'il avait manqué son réveil et qu'Alice l'appelait pour lui sonner les cloches et lui siffler qu'il avait intérêt à se ramener à la fac avant la fin de leur premier cours, car elle refusait de lui passer ses notes encore une fois.
Évidemment, comme à son habitude, la jeune femme l'accueillerait avec un sourire malicieux lorsqu'il se trainerait jusqu'à elle à la cantine -plutôt risquer de ne pas être présent pendant l'intégralité d'un cours magistral que d'arriver comme une fleur au milieu et risquer le courroux de l'un des intervenants-, lui tendant sans un mot la photocopie des cours matinaux.
Parfois il se demandait pourquoi il allait encore en cours. Les notes d'Alice étaient beaucoup plus détaillées que les siennes, la jeune fille mettant entièrement à profit son ordinateur portable en s'amusant à présenter de manière attractive ses cours, là où Arnaud se contentait de gribouiller dans un bloc-note qu'il égayait de temps en temps par des gribouillages en marge.
— Dicky ? Questionna son interlocuteur d'une voix tremblante
Arnaud, qui avait entrepris de s'étirer mollement en songeant à la meilleure excuse à donner à son amie, se figea. Lentement, il décala le combiné de son oreille et la lumière se fit enfin dans son esprit. Il s'éclaircit la gorge alors que l'état d'urgence se créa dans son esprit. Il ignorait l'heure qu'il était, mais il avait un client. Il ne pouvait pas risquer de le voir raccrocher, surtout maintenant.
— C'est moi mon beau, Confirma-t-il comme à son habitude, Que puis-je faire pour toi de si bonne heure ? Un problème pressant à régler pour réussir à dormir ?
Arnaud pouvait presque sentir l'hésitation émaner de son interlocuteur. Une réaction bien courante lors des premiers appels. Arnaud était prêt à parier que l'homme au bout du fil n'était pas un habitué : il avait l'air de chercher ses mots avec prudence, pesant le pour et le contre dans un silence pesant. Arnaud resta silencieux. Chaque seconde supplémentaire faisait tourner son compteur : quitte à se faire raccrocher au nez, autant grappiller quelques cents au passage.
— Je... t'avais appelé la semaine dernière.
Arnaud fronça les sourcils. Il n'avait eu aucun appel sortant de l'ordinaire la semaine passée... Aucun, mis à part... Oh ! Mais bien sûr. Sa poule aux œufs d'or ! (Ou plutôt, son coq aux boules d'or ?) Lui n'avait peut-être pas eu d'appel extraordinaire, mais l'intervention miraculeuse de Benjamin l'avait tiré de son flirt constant avec le gouffre financier. La chance lui souriait-elle à nouveau ?
Arnaud croisa mentalement les doigts et se jeta à l'eau. Au pire, il improviserait sur le tas. Il était doué pour ça.
— Oh. Ooh excuse-moi, il est tard, tu comprends ? La journée à la caserne a été si longue... J'étais sûr d'être dans un rêve en entendant ta voix. Tu m'as manqué.
Un nouveau silence, et Arnaud se fit violence pour ne pas le rompre de suite. Il devait laisser le temps à l'inconnu de répondre. Le plus silencieusement possible, il attrapa le bloc-note qu'il réservait à son travail peu orthodoxe, un stylo, et gribouilla dans un coin de la feuille une série de "€".
— Ma semaine à été assez occupée pour que je ne pense pas à toi, Déclara platement l'autre homme, Mais... Me voilà ?
Arnaud haussa un sourcil. Eh bien, quel accueil.
— Te voilà. Ronronna l'étudiant qui refusait de se laisser déstabiliser, Alors dis-moi... Que puis-je faire pour toi ? Ou plutôt, que vas-tu faire de moi, hmm ?
Son mystérieux généreux donateur tomba à nouveau dans le silence. Bon sang, si Arnaud avait su que ce n'était pas qu'une rencontre du troisième type comme il en arrivait tellement rarement, et que Benjamin lui avait rapporté un nouveau client... Il aurait cuisiné davantage son ami pour en savoir plus sur cet énergumène des plus particuliers.
Misant tout sur son charme naturel, Arnaud se lança à l'assaut de la bête. Il n'éprouvait absolument aucune excitation à l'idée d'accompagner l'autre vers la jouissance -à vrai dire, rejoindre son lit était cent fois plus tentant-, mais Arnaud était un professionnel. Il avait assez confiance en lui pour simuler l'extase tout en griffonnant un dessin sur un coin d'une feuille pour rester concentré.
— N'ai pas peur, mon mignon. Tu sais que j'adore jouer avec le feu.
Arnaud n'eut pas le temps d'être fier de son jeu de mot, que la voix s'éleva à nouveau du combiné, piquée au vif. Une moue contrariée se dessina sur le visage du jeune homme, tandis que son interlocuteur sifflait à ses oreilles. Et pas de manière très attractive.
— Ton mignon ? Tu te rappelles de qui je suis ?
Arnaud leva les yeux au ciel. Il aurait vraiment dû cuisiner Ben plus longtemps. Il n'avait pas apprit grand chose de l'autre homme à travers le maigre échange qu'il avait eu avec son ami.
— Mon... supérieur ?, Se hasarda-t-il, rassuré d'entendre l'inspiration de son client, Oh mon dieu, je suis désolé. Excusez-moi monsieur, ça ne se reproduira plus.
— Caporal, Rappela l'autre, contrarié, Dois-je te rappeler ta place et ce que tu dois faire ?
La réponse de l'inconnu était cassante, et Arnaud fronça à nouveau les sourcils. Il s'avança un peu dans sa chaise avec une moue dubitative. De sa main libre, il déverrouilla son smartphone personnel et envoya une rapide succession de messages à Benjamin.
" toujours vivant ? "
" c'est QUOI ce type que tu m'as refilé ??? "
" tu m'avais pas dit que le BDSM te branchait. je connais un club, si jamais "
Son ami devait être en pause, car trois petits points ne tardèrent pas à s'afficher sous sa conversation. Arnaud gloussa, avant de s'intéresser à nouveau à son interlocuteur.
— Eh bien... je suis là pour suivre vos ordres, n'est-ce pas ?, Dit-il en s'éclaircissant la gorge, Alors dites-moi... qu'est-ce qui vous fait envie ?
— En effet, et je pense que tu as commis une erreur ce soir, Souffla l'inconnu. Son ton nasillard le rapprochait plus d'un professeur d'université coincé que d'un brave soldat du feu, Tu vas devoir te faire pardonner, si tu ne veux pas recevoir une mauvaise évaluation.
— Je ferais ce qu'il faut. Répondit Arnaud aisément, Ce métier... c'est toute ma vie, vous le savez bien.
L'écran de son téléphone s'illumina et un solitaire " WTF. " l'accueilli. Benjamin avait tellement cherché ses mots qu'il avait fini par se résoudre à utilisé une exclamation à la place. Arnaud partageait entièrement son état d'esprit.
Habilement, il tapa sa réponse : " ton CAPORAL ".
Ledit caporal avait l'air d'être à présent lancé. Il était bien le seul, Arnaud peinant encore à comprendre comme Benjamin avait réussi à garder l'autre homme au téléphone aussi longtemps sans avoir envie de lui raccrocher au nez. Il supposait que son irritation était seulement en partie dû à son client. L'autre partie provenait sans doute de l'heure tardive.
— J'ai les épaules tendues, Dicky. Et si tu venais me détendre ? Je pourrais voir ce que je peux faire...
- Huuum..., Réfléchi Arnaud, Vous en êtes sûr ? Juste vos épaules ? Vous n'avez aucune autre partie tendue dont je pourrais m'occuper ? Je vous promets de m'appliquer.
— Soldat !, Le réprimanda l'autre, clairement énervé, Qu'est-ce que je viens de vous dire ?!
La voix de l'inconnu avait perdu de sa préciosité, descendant dans des tons graves qui le firent frissonner. La question était chargée d'une gouvernance qui n'appelait qu'au respect, chose qu'Arnaud accordait difficilement. Il envoya un autre message à son ami, essayant de gagner du temps en attendant sa réponse.
— Je ne me souviens plus, j'étais distrait... Vous voulez bien me l'expliquer à nouveau, Caporal ?
La réponse de Benjamin ne se fit pas attendre cette fois-ci, au grand soulagement d'Arnaud qui éplucha la réponse du rouquin avec étonnement. A priori, si l'autre parlait d'un massage d'épaules, il devait le prendre pour un fait, pas une invitation. Ce type, en plus d'être directif de nature, était tristement terre à terre.
Vaguement, Arnaud pouvait entendre l'autre homme lui faire la morale dans le combiné qu'il avait posé à coté de lui sur le bureau. Il soupira de dépit, attrapa son téléphone et sélectionna le contact de Benjamin, l'appelant dans la foulée. Son ami décrocha à la première sonnerie, sifflant sa réponse.
— Quoi ? Je suis au boulot, Nono !
—...Ah oui. Réalisa le plus jeune, Euh... Et t'es seul ?
— Non je t'ai mis sur haut-parleur pour parler du type avec lequel j'ai eu une aventure d'un soir, Harry prend des notes. Railla Ben, Bien sûr que je suis seul. Je dois vérifier le matériel, je n'ai pas beaucoup de temps, alors...
— Ok, ok !, Souffla Arnaud, soulagé. Il était penché au plus loin de son téléphone de travail, Mais Ben, quand tu disais qu'il était à fond sur les pompiers, j'aurais pas pensé... Écoute juste.
Jouant son plus grand coup de poker de la soirée, Arnaud rapprocha les deux téléphones, permettant à Benjamin d'entendre directement la suite et la fin des directives de l'inconnu. Une fois la demande de l'autre clairement détaillée sur un ton supérieur qui ne manqua pas de contrarier Arnaud, l'étudiant éloigna à nouveau son smartphone.
— Alors ? Je fais quoi ? Murmura-t-il
— J'en reviens pas que tu me demandes de faire ça, Maugréa Benjamin, C'est pas ton travail, à la base ? Écoute, commence par lui dire...-
Avec l'aisance d'un acteur qui reprenait le cours de son rôle grâce à l'intervention inespérée d'un souffleur ayant remarqué son trouble, Arnaud rentra dans la peau de son personnage.
— Désolé, Caporal, je voulais juste détendre l'atmosphère. S'excusa-t-il, penaud, Ça me peine de vous voir si tendu. Installez-vous confortablement, laissez-moi m'occuper de vous.
— Bien Dicky, et si tu venais m'aider,? Cette tenue est lourde.
Arnaud s'efforça de ne pas répondre « Comme vous. », suivant plutôt les conseils de son ami.
— Bien sûr mon Caporal. Laissez-moi vous aider avec cette veste, Dit-il légèrement, Tsk, tsk, tsk. Vous êtes tellement tendu... vous en avez trop fait, comme d'habitude. Laissez-moi faire, aujourd'hui c'est à moi de prendre soin de vous.
— Dicky..., Murmura l'autre, Verbalise chacune de tes actions pour que je sache exactement ce que tu vas faire.
Arnaud ne pouvait pas être plus chanceux d'avoir Ben au téléphone : ce dernier lui énuméra rapidement les éléments composant la tenue typique d'un pompier, tandis que l'étudiant grimaçait devant les proses de son client. Qui s'exprimait ainsi à cette époque ? Et encore plus à minuit passé ?!
— Oh mais, vous portez encore vos gants ! Laissez-moi vous les enlever. C'est mieux comme ça, non ?, Vaguement Arnaud entendait Benjamin lui siffler d'ajouter plus de détails, Je... vous les enlève et masse le dessus de vos mains.
La voix d'Arnaud était montée d'une octave. Il était bien trop tard pour qu'il s'invente une nouvelle vie dont il ne connaissait rien. D'habitude, il se contentait de mener ses clients vers l'orgasme à l'aide d'un mélange de gémissements appropriés et d'encouragements gourmands, sans se soucier de leur dresser le portrait détaillé de leurs fantasmes. Il était animateur de téléphone rose, pas role-playeur.
Bravement, il continua la mascarade.
— Je défait votre ceinturon, glisse mes mains sous votre veste de protection et la laisse tomber par terre. Et je...
Il pouvait clairement entendre un froissement de vêtement à l'autre bout du fil. L'homme avait l'air de suivre son commandement, attendant patiemment qu'il lui indique de quel élément de sa garde robe il était supposé se défaire ensuite.
Lorsque le moment crucial de passer ses mains sur les épaules nues de l'autre arriva, la voix tranchante de l'inconnu le coupa dans son explication.
— Avec ta bouche, Dicky. Sermonna à nouveau l'autre, Est-ce que je dois tout faire ? Je suis fatigué.
Arnaud entendit vaguement Benjamin couper la conversation téléphonique de son côté, marmonnant quelque-chose à propos d'un cap qu'il n'était pas vraiment prêt à franchir dans leur amitié, et le plus jeune se retrouva une nouvelle fois seul avec son client. Il soupira devant la remarque de l'homme.
— En même temps, vu l'heure qu'il est...
Enfin, bien qu'il lui en coûte une part de son précieux sommeil, il était certain de toucher au but. Encore quelques minutes de ce manège, et l'inconnu lui raccrocherait au nez comme bon nombre d'entre eux. Il souffla longuement.
— Ha, ha, ha. Prévient-il, joueur, Si je ne peux pas vous toucher, vous ne le pouvez pas non plus !
L'homme inspira brusquement et, alors qu'Arnaud s'imaginait qu'il avait appuyé sur une corde sensible, un fantasme inavoué d'impuissance, il sursauta en entendant un bruit sourd à l'autre bout du fil. Quelque-chose de lourd venait de percuter une surface solide, se brisant à l'impact. Son client avait une respiration saccadée, qui n'avait rien à voir avec une quelconque excitation.
— Eh, mec, ça va ? Demanda Arnaud, inquiet.
— Mec ? Mec ? C'est une blague ?, S'étouffa l'autre, sa voix chargée de venin, Qui êtes vous ?! Je suis enregistré, c'est ça ?
— Que-quoi ? Non !, Répondit Arnaud, pris de court, Non ! C'est contre les termes de service, pourquoi je...?
— J'ai lu les mentions légales. Au moins la moitié ne respectent pas la loi. Vous pensez que ça ferait quoi, si le site venait à être signalé ?
Évidemment, Benjamin avait oublié de lui préciser que sa poule aux œufs d'or était complètement fêlé. Il le retenait, celui-là.
— Sérieux... t'étais obligé de me laisser seul ? Marmonna tout bas Arnaud.
— On reprend le tutoiement ?, Releva l'homme qu'Arnaud avait presque occulté dans sa panique, Vraiment, c'est quoi ce plan ? Où. Est. Dicky ?
— Je suis Dicky ! S'exclama l'étudiant, irrité.
— Non. Non, c'est faux. Dicky a un accent du sud. Il ose difficilement me tutoyer, et surtout, il ne m'appelle pas mec. Maintenant passez-le moi.
D'accord... A peine pas flippant, l'animal.
— Je... ne peux pas te le passer, Dit Arnaud en songeant que même si Ben se trouvait devant ses yeux, il ne lui ferait pas l'affront de lui donner le combiné, Je ne peux pas, ok ? Dicky c'est... mon coloc. Et il travaille, là.
— Et donc ? Son profil, c'est un mec tiré de Stockphoto ?, Siffla l'homme avant de ricaner, Qui travaille à 2h du matin ? Comme si un ingénieur allait se rabaisser à ça ! Peu importe, je vais raccrocher.
Arnaud, qui aurait apprécier raccrocher lui-même au nez de l'autre savait très bien que s'il le faisait, il perdrait toute compensation monétaire. Les règles de la hotline étaient claires : si l'animateur lui-même raccrochait, seul le site touchait le prix de l'appel. Peu importe. Il avait des choses à lui dire, à ce fameux Caporal.
— Hey !, S'exclama-t-il, toute trace de fatigue gommée de sa voix par l'énervement, Je te permets pas de parler de lui comme ça !
Le jeune homme pris le silence de son interlocuteur comme une invitation et en profita pour en rajouter une couche.
— Be... Dicky est un type bien ! Je sais pas pourquoi il ne m'a pas juste dit de te raccrocher au nez !
— Peut être parce que c'est son travail et qu'il a besoin d'argent..., Railla l'homme, moqueur, Comme vous. Vous essayez de gagner du temps.
— De quel droit. De quel droit tu le juges alors que...!, Arnaud serra les dents, Et... Et quand bien même il offrait son corps contre de l'argent, ça changerait quoi ?
Il n'avait certainement pas besoin de l'approbation de cet inconnu, mais quelque-chose dans son attitude pédante l'irritait.
— Hmm..., Soupira l'homme, peu convaincu, Donnez moi 5 raisons de ne pas raccrocher immédiatement pour déposer un formulaire sur Internet Signalement ?
— Écoute... je sais pas qui t'es. Franchement, je m'en cogne. L'informa Arnaud, J'ai peut-être besoin de fric, mais les gars arrogants dans ton genre... Putain, quand je pense qu'il a accepté de me remplacer pour me filer un coup de main, et que c'est avec toi qu'il a fait ses débuts. C'est plus qu'un merci que j'aurais dû lui offrir, c'est un foutu panier garni.
Un rire mauvais lui répondit et Arnaud grogna tout bas.
— Ah ! J'ai du tout faire... Tout, vous m'entendez ?, Susurra l'autre, Il a certainement dû jouir en pensant à ma bouche sur sa queue. C'est plutôt moi qui devrait être remercié. Il a peut-être même eu ces images en tête pendant qu'il vous baisait.
Le sang d'Arnaud ne fit qu'un tour. Mais quelle ordure.
— Va te faire foutre. C'est mon meilleur ami. Pas que ça te concerne vu que tu ne lui parlera plus jamais.
— Non !, S'exclama brusquement l'autre, On devait se parler. On devait... Il voulait qu'on se reparle ! Et je... j'exige d'avoir des explications de sa part !
Arnaud n'était pas dupe. Il reconnaissait le désespoir dans la voix de l'autre homme. Mais dans quoi Ben avait-il bien pu se fourrer la semaine dernière ?
— Je... dois en discuter avec lui. Dit-il avant d'y réfléchir complètement, Attends un instant.
L'étudiant posa son téléphone de travail sur son bureau et frotta la paume de ses mains moites contre ses cuisses. Qu'est-ce qu'il était sensé faire ? La solution la plus simple aurait été de s'éloigner de son combiné et d'attendre que l'autre raccroche naturellement en comprenant qu'Arnaud ne s'exécuterait pas... mais quelque-chose dans la voix de son interlocuteur le fit hésiter.
Finalement il attrapa son téléphone personnel pour appeler Benjamin. A son grand soulagement, le rouquin décrocha à la quatrième sonnerie, alors qu'il avait entamé une litanie de "Décroche, décroche, décroche !". Prudemment, il s'éloigna du bureau, mais dans le silence total du petit matin, l'homme qu'il avait mis en attente pouvait discerner en partie ses paroles.
— Allô ? Désolé Lapin c'est encore moi.
— Qu'est-ce qui t'arrive, ça va ? S'enquit son ami.
— Oui je... non. Non écoute, ton Caporal a pété un câble, il veut te parler.
— Qu'est-ce que...?, Benjamin coupa le fil de ses pensées, Non, j'ai pas le temps... Samedi matin, ok ? Ça ira ? Tu peux faire un transfère d'appel, non ?
— Hein ?, S'étonna Arnaud qui ne s'attendait pas à entendre son ami accepter aussi rapidement, O-oui. Je lui dirais... Écoute, t'es vraiment sûr...?
— Nono. L'interrompit le rouquin, sa voix l'apaisant par sa chaleur, C'est bon je te dis. Je devais lui poser une question de toute façon, déjà la semaine dernière, il... Écoute, il va mieux ?
Une alarme retenti à l'autre bout du fil et Benjamin raccrocha sans attendre de réponse. Arnaud ne s'en offusqua pas, sachant parfaitement que le métier du rouquin imposait ce genre de réaction. Il offrit un " Fait attention ! " à l'écran de son smartphone, avant de soupirer et de reprendre le téléphone qu'il avait laissé pour compte ces dix dernières minutes. Avec un peu de chance, son interlocuteur se serait lassé et aura raccroché.
— Ouais ? Allô ?, Soupira Arnaud en voyant que l'appel tournait toujours, Tu peux lui téléphoner samedi matin.
— Je l'autorise à me répondre samedi. Répondit l'autre du tac-o-tac.
L'étudiant leva les yeux au plafond. Un silence s'installa entre eux, durant lequel Arnaud pesa le pour et le contre de sa prochaine phrase.
— C'est ça. Si tu veux. Marmonna finalement Arnaud.
En entendant le soupire de soulagement de l'homme, il ne pu s'empêcher de nourrir sa curiosité.
— Attends ! Il m'a... demandé si tu vas mieux...?
— Hahah..., Rit l'inconnu, dérisoire, Comme si ça pouvait aller mieux. Dites à Dicky qu'il devra me répondre à 7h10. Si vous et votre... Lapin... Vous... Bah, peu importe.
Enfin, par la grâce cosmique, son étrange client raccrocha. Arnaud déposa son téléphone de travail sur son bureau et souffla longuement par le nez. Pensivement, il se déconnecta de sa session, grimaçant un peu lorsque l'écran clair de son ordinateur inonda ses yeux de lumière.
Le jeune homme passa une main dans ses cheveux, soupirant en tirant quelques nœuds entre ses doigts. Bon sang. Qu'est-ce que c'était que ce gars ? Et surtout, pourquoi son ami se souciait autant d'un tel abruti ?
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Chapitre écrit par Sinsiliniai & Miruru (en featuring)
SUUUUUUUUURPRISE ! On a decidé de vous livrer immédiatement la suite ! Ne sommes nous pas adorables ?
Clairement, Arnaud ne porte pas "Caporal" dans son cœur... J'aurais presque envie de dire : Avec raison !
Bien sûr, Mathias a toutes les raisons du monde d'en vouloir à la terre entière, mais entre succomber à la morosité et prendre en grippe notre Arnaud, il y a un monde.
Espérons que la conversation téléphonique de samedi saura apaiser toutes ces tensions... Si tenté qu'elle ai lieu ! :D Mais ça, je suppose que vous le saurez... la semaine prochaine ! <3
Cœur sur vous,
Sins & Miru
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