Septième morsure : Sang chaud
Ou
Ressentir une douleur telle qu'elle en devient un intense plaisir
-Mikhail, laisse-moi seule quelques instants, je te prie...
-Oui...
Le jeune garçon quitta la chambre d'Aludra avec un peu de peur qui flottait dans le regard.
De la peur inspirée par Aludra.
Mais pas à cause du regard un peu plus effrayan que d'habitude qu'elle lui avait jeté, de profil vu qu'elle lui tournait le dos à ce moment-là.
Mais à cause de sa voix et sa posture.
Il n'avait pas peur d'elle mais peur pour elle...
Elle s'appuyait sur le bord d'un meuble avec sa main pâle et sa voix, bien qu'en apparence, tremblait légèrement.
Mikhail se demandait si elle était malade. Les vampires avaient sûrement, malgré leur grande résistance due à leur organisme et leur bon système immunitaire et leurs immenses pouvoirs, des maladies, comme les humains en avaient.
Peut-être que les vampires en avaient des plus virulentes que les humains et qu'Aludra avait voulu l'éloigner pour ça.
Mikhail en profita alors pour faire le ménage dans sa chambre puis dans le couloir puis il descendit à la cuisine.
Il se prépara un dîner rapide qu'il avala en quelques minutes, qui consistait en un plat de pâtes avec une simple sauce tomate versée dessus.
Il avait remarqué que le stéréotype sur les vampires qui faisait croire qu'ils aimaient la sauce tomate ou le jus de tomates parce que ça ressemblait à du sang. Effectivement, Aludra avait acquiescé. Non, cela ne ressemblait pas du tout au goût mais plutôt à la couleur et en ce qui concernait le jus de tomate, sa texture un peu aussi.
Mikhail eut alors une idée. Si Aludra était malade, il allait lui faire un petit plat de rétablissement.
Il prépara du riz blanc chaud et un jus de tomates frais et fait maison. Il entoura un moment le verre de ses mains chaudes pour réchauffer un peu le liquide et lui donner encore plus de points communs avec du sang, c'est-à-dire sa tiédeur.
Puis il mit l'assiette, des couverts et le verre à pied sur un plateau en argent et remonta dans les étages supérieurs pour retourner dans la chambre d'Aludra.
Quand il entra dans la chambre après avoir frappé à sa porte de bois et failli lâcher son plateau parce qu'il ne le portait du coup qu'à une main, il vit Aludra dans son lit, la chambre dans le noir complet avec les rideaux épais tirés devant les fenêtres, et encore plus pâle que d'habitude. On distinguait bien avec le jeu d'ombres du au filtrage de la lumière qui passait par la porte ses jugulaires sur sa gorge dégagée. Elle avait l'air d'avoir gardé sa robe avant de se mettre entièrement sous ses draps, qui remontaient jusqu'à ses clavicules apparentes sous sa peau claire.
-Madame Aludra ?
Pas de réponse.
-Pardon...Aludra ?
Toujours rien à part de fortes respirations.
-Je vous ai amené du riz et un jus de tomates. Voulez-vous manger ? Êtes-vous malade ?
Un grognement lui répondit. Il s'approcha d'Aludra et son lit à baldaquin de velours rouge sang à pompons dorés et posa le plateau sur sa table de chevet.
Avant qu'il ne le lâche par mégarde...
-Ma...Aludra, êtes-vous sûre que tout va bien ?
Un autre grognement parvint à ses oreilles.
Soudain, Aludra se redressa avec vigueur, sortant de ses amples draps comme un petit diable de sa boîte, et ses mains s'accrochèrent au col de sa chemise ou à son épaule avec force, surprenant le pauvre Mikhail qui ne voulait que l'aider.
-Mikhail...souffla Aludra en haletant légèrement. Merci de...De t'inquiéter...Mais je te prierais de sortir de là...
-Si...Si vous êtes malades, je comprends parfaitement...bredouilla Mikhail d'une petite voix. Je vous laisse le plateau si vous voulez manger...
Mikhail ressortit de la sombre chambre un peu penaud après que la vampire l'ait lâché. Il eut un petit soupir discret. Comment cela se faisait-il qu'elle ait un comportement aussi bizarre ? Elle semblait avoir son esprit sensé et de raison ailleurs...
Mikhail chassa ses pensées de sa tête et se dit que cela passerait dans quelques jours.
Quand il revint quelques heures plus tard dans la chambre d'Aludra, il vit avec plaisir qu'elle avait tout mangé et tout bu. Le plateau en argent brillait dans le noir de la pièce et Mikhail ne put s'empêcher de sourire.
Il allait reprendre le plateau sans rien dire pour ne pas déranger Aludra qui devait dormir, étant donné qu'elle n'avait ni bougé quand il était entré ni répondu quand il avait toqué mais soudain, une main pâle et dotée d'une incroyable force dans sa poigne...
Le jeune humain lâcha un petit cri avant de se rendre compte que c'était Aludra. Il voyait son regard entre deux mèches de ses cheveux noirs comme la suie.
Un regard bestial...Sauvage...Indompté et complètement inmaîtrisable...
-Refais...
-Quoi...Quoi donc ? bégaya Mikhail ne sachant plus où se mettre.
-Le jus de tomates...Refais...Exactement comme avant...
-D'accord...dit Mikhail d'une petite voix apeurée. Je...Je reviens au plus vite !
Il alla dans la cuisine et lui en refit un.
Quand il remonta et que la vampire le goûta du bout des lèvres, assise à moitié dans son grand lit, elle dit :
-Trop froid...Il manque quelque chose...
Mikhail vit une goutte de sueur perler à son front et se rappela de ses mains autour du verre. Il reproduisit cette étape et cela combla Aludra qui sourit faiblement, plus détendue :
-C'est bon...Comme ça, c'est bon...C'est tout chaud...Et rouge...Comme du sang. Un vampire ne peut pas faire ça...On a les mains trop froides...Merci...Mikhail...
Deux jours plus tard, la vampire n'allait toujours pas mieux...
Mikhail avait tellement de peine pour cette dernière. Chaque fois qu'il lui préparait de la nourriture et qu'il la laissait à son chevet sur un plateau en argent, elle mangeait tout et cela lui procurait un peu de plaisir et une joie éphémère mais elle n'allait toujours pas mieux.
Elle lui demandait souvent de refaire ses jus de tomates. Elle aimait leur tiédeur apparemment. Cela lui rappelait vraiment le sang, apparenment.
Cela faisait presque un mois qu'ils avaient eu leur dernière visite, c'est-à-dire Prisca et Foridel Drulka. Mikhail ne savait pas quoi faire à part être là pour elle quand elle le demandait ou pour lui faire à manger. Il ne savait pas s'il pouvait appeler à l'aide et surtout, à qui, surtout que la vampire surpuissante ne paraissait pas avoir souvent de visites...
Encore le lendemain, Mikhail apporta comme d'habitude son plat à Aludra qu'il déposa sur sa table de nuit et il allait partir quand un gémissement plaintif d'Aludra se fit entendre. Il retourna à son chevet pour voir si tout allait bien.
Il ne savait quel mal la rongeait de l'intérieur mais cela ne pouvait pas l'empêcher de s'inquiéter pour elle et en plus de vouloir essayer de faire quelque chose pour elle, pour l'aider du mieux qu'il le pouvait...
Il commença à parler doucement :
-Madame Aludra, est-ce que tout...
Quand soudain une main se dressa depuis le dessous des draps et agripa le col de sa chemise propre qu'il avait mise ce matin. Avec une force insoupçonnée, la main d'Aludra le balança par-dessus son propre corps pour le jeter avec force sans aucune retenue dans les draps à ses côtés dans cet immense lit à baldaquin et avec de beaux draps noirs et bordeaux.
Mikhail atterrit dans le tissu avec un bruit sourd et étouffé par la matière toute douce des textiles. Il bredouilla quelque chose d'incompréhensible, ne comprenant pas du tout ce qu'il se passait, surtout à cette vitesse, et devint rouge comme une pivoine de gêne quand Aludra se mit au-dessus de lui pour le surplomber, ses deux mains de part et d'autre de sa tête.
Mikhail déglutit avec un bruit indiscret. Aludra avait ses yeux rouges et injectés de sang. Son regard était bestial et dénué de toute trace, même minime, d'humanité et de bonnes manières.
Le jeune humain remarqua qu'elle portait la même robe depuis quatre jours et qu'à force d'être couchée dans ce lit en permanance, elle était froissée. Il trouvait ça dommage mais pour le moment, son attention et son esprit étaient plutôt accaparés par le fait qu'Aludra soit au-dessus de lui avec son regard de bête sauvage...
-Madame Aludra ? hésita-t-il de sa voix tremblante de peur devant ses yeux rouge sang et bestiaux.
Soudain, la puissante vampire se baissa et alors qu'il se rendait compte qu'il ne voyait plus son visage ni par conséquent ses yeux, il sentit une vive et intense douleur au cou...
-Ah...Madame Aludra ?
Il sentit ses crocs s'implanter de plus en plus profondément dans la chair tendre de son cou. Ça lui faisait mal...Très mal. Mais il ne voulait pas le lui dire.
-Aludra...Vous...Ah !
Quand elle commença à aspirer et sucer son sang, il sentit encore plus intensément le tranchant de ses canines pointues et effilées dans son cou et surtout ses jugulaires.
-Ah...Ah ! Aludra !
Elle lui charcutait le cou, la peau et sa chair sans aucune pitié, se mouvant dans sa chair comme un couteau dans du beurre. Elle ne paraissait plus maîtresse de ses gestes et de ses pensées. Il essaya de la repousser en appuyant ses mains sur les épaules de la vampire mais elle avait bien plus de force que lui et il était clairement plus faible qu'elle. Elle bloqua une de ses mains en lui agrippant le poignet pour le plaquer sur un de ses oreillers pour l'empêcher de bouger.
De sa main libre, elle commença à caresser le cou de Mikhail qu'elle était en train de maltraiter de ses crocs pointus toujours plus avides de sang...
Après quelques minutes qui semblaient avoir duré des heures, Mikhail lâcha un gémissement semblable à une plainte.
-A...Aludra...
Il essaya de la repousser encore une fois mais il finit par abandonner, que ce soit son esprit comme son corps. Il serra les dents et releva le menton pour essayer d'atténuer sa douleur.
Ce qui ne marcha absolument pas...
Il s'habituait petit à petit à la douleur que lui faisait ressentir Aludra, ses endorphines devaient clairement y contribuer...Surtout que la main libre d'Aludra qui caressait son cou avait commencé à caresser son torse. Il ne savait pas si c'était un bête réflexe ou si elle essayait de le calmer comme elle pouvait mais elle paraissait tellement en aucune possession de ses moyens, il en doutait un peu.
Il commençait alors à s'abandonner et relâcha tous ses muscles quand Aludra ressortit ses crocs repus de son cou. Elle se coucha aux côtés de Mikhail, yeux clos et un air cette fois serein sur le visage qui fut presque chocant tant elle avait changé rapidement de la vampire enragée assoifée de sang à la vampire sereine et asse noble.
Le jeune humain, enfin libre de ses gestes, passa une main sur sa nuque et sentit son sang couler assez abondamment pour d'aussi petits trous, pourtant assez larges par rapport à des crocs de vampire. Il serra ses dents de douleur. Il n'avait pas trop mal grâce à la salive un peu anesthésiante des vampires mais elle avait tellement charcuté sa gorge que son cou le lançait quand même de temps en temps.
Il allait sortir du lit discrètement et s'en aller ni vu ni connu mais Aludra le retint par le poignet et avec une telle force dans sa poigne alors qu'elle n'était pas à cent pourcents consciente que Mikhail décida de rester.
Quand plus tard, Aludra ouvrit les yeux, elle vit en tout premier Mikhail, qui ne savait pas où se mettre tant la gêne le prit d'assaut. Elle lui jeta un regard noir et lui dit d'un ton monocorde, pas effrayant mais jiste ferme :
-Que fais-tu dans mon lit ?
Mikhail bredouilla quelques mots incompréhensibles puis rougit puis se confondit en excuses toutes les plus bavrées les unes que les autres. Quand il redressa la tête, Aludra remarqua les trous sur le côté de son cou et le sang en sortir. Il avait commencé à coaguler pour ne pas laisser Mikhail se vider de son fluide vital. Aludra le tira à elle avec sa chemise et lécha ses plaies circulaires.
-Tu m'as vue en crise, c'est ça ?
Mikhail resta interloqué. Non seulement elle ne le regardait pas dana les yeux en lui disant cela, et en plus elle disait quelque chose qu'il ne comprenait pas.
-Je t'ai sucé le sang, n'est-ce pas ?
-Ou...Oui...acquiesça le jeune garçon.
-Je paraissais être dans un état second ?
-Oui...acquiesça encore Mikhail, timide.
Aludra lâcha un juron vulgaire et lui dit, en passant une main pâle sur son front blanc :
-Tu n'aurais jamais dû me voir ainsi...Quand je manque de sang, je ne me maîtrise plus. C'est comme un humain addicte qui manque de drogue. Simplement, pour nous, c'est de base vital...
Elle tourna son regard de sang vers lui et lui dit plus doucement :
-Désolée. Tu n'aurais jamais dû me voir ainsi. Et janais je n'aurais dû te sauter dessus ainsi pour te voler sang et énergie.
Elle laissa un petit silence.
-C'est en étant dans cet état que je t'ai agressé le soir de notre rencontre. Sinon, je ne me serais jamais comportée aussi sauvagement. J'avais juste besoin de sang.
Mikhail fut étonné. Il connaissait Aludra depuis moins d'un mois et demi mais il avait bien compris que les excuses ne faisaient clairement pas partie des habitudes de la vampire vivant seule et recluse dans son château. Il hocha vivement la tête en disant :
-Ça...Ça me fait rien, vous savez...J'ai un peu mal mais finalement, ça ne me fait rien de bien grave.
Le jeune garçon se remémora bien rapidement les scènes qu'il avait vues, de la pitié qu'il avait ressentie pour elle à ses regards de tueuse indomptée et psychopathe qu'il avait croisés. Il tourna la tête légèrement pour exposer le flanc blanc de son cou où on voyait encore deux trous bien rouges et distincts sur sa peau claire et lui dit :
-Vous savez, au lieu de finir ainsi, plus maîtresse de vos gestes et vous-même, vous pouvez sans problème boire mon sang. Je...Je vous l'offre sans souci. À la place de finir en crise, venez juste me demander pour boire mon sang...Si vous me permettez de rester ici sans payement, je peux bien vous offrir mon sang comme une rémunération...Il suffit juste que vous me le disiez.
Aludra eut un sourire caractéristique d'elle-même.
-Merci Mikhail. Tu ferais ça ?
-Ou...Oui, bien sûr. Je le fais volontiers.
-Merci, sourit-elle gentiment.
Elle reporta son regard par la fenêtre et dit, toujours avec son même petit sourire :
-Surtout que ton sang est délicieux...Surtout depuis quand tu manges mieux ici...Sucré mais pas trop, avec un goût modérément ferrugineux, et bien chaud...Tout ce que j'aime !
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