Quarante-septième morsure : Vie remplie
Ou
Lire avec une certaine compassion un journal malgré la haine et la rancœur
Premier octobre
Cher journal, c'est aujourd'hui mon douzième anniversaire. Mais pourtant, contrairement à n'importe quel enfant, je ne suis pas heureux.
Je ne suis pas heureux, parce que cette ordure a encore laissé Maman seule. Avec moi. Dans la maison.
Cette maison, elle est toute cassée. Pourtant, elle porte les traces de mon passé, garde le secret de ma naissance et contient tous mes souvenirs d'enfance, pour autant que je sois un petit adolescent...
Je n'aime pas rester là, tout seul ici.
Mais j'aime Maman, plus que tout au monde !
Mais je n'aime pas mon géniteur...
Il nous abandonne tout le temps, pour aller batifoler je ne sais où...J'en ai marre qu'il nous laisse Maman et moi, seuls, livrés à nous-mêmes dans le froid de l'automne qui débute...
Trois novembre
Cher journal, mon géniteur est revenu il y a deux jours. Il a rénové un peu la maison, pour qu'on puisse mieux vivre dans la pièce principale.
Avec ses pouvoirs de vampire, c'est facile pour lui. Tout est facile !
Il ne peut pas se mettre à la place d'une faible humaine comme Maman, ou comme un demi-humain demi-vampire comme moi !
Je crois que jamais avant moi il n'y a eu de pareil croisement...Si seulement il n'avait pas eu l'incroyable idée de violer une humaine pour le plaisir de découvrir une nouvelle source de jouissance...(Apparemment, les vampires sont moins soumises et plus retorses, même au lit...)
J'espère qu'il ne lui fera plus de mal. Je n'aime pas voir Maman souffrir. Surtout pas à cause de lui !
Quinze novembre
Cher journal, cette ordure a violé Maman !
Encore une fois !
Ça fait la troisième fois en une semaine, j'en ai marre de voir cette homme jubilant de sa supériorité en sachant qu'elle, étant pauvre, dépend de lui pour me donner un toit et à manger, et que moi, je suis trop faible pour présenter une réelle menace pour lui.
J'en ai marre !
Si ça continue, je vais le tuer !
Quand je serai assez fort, je le tuerai ! J'en fais le serment !
Vingt-six novembre
Cher journal, l'autre imbécile est encore parti.
Je ne sais pas où il va quand il part et je ne veux pas savoir...
Tout ce que je sais, c'est que Maman a chaque jour une ride de plus et que chaque jour, elle pleure.
Pas sur son sort. Mais parce qu'elle est dans l'incapacité de me donner une vie meilleure, une vie décente.
Mais je ne lui en veux pas...
Tout ça, c'est de sa faute à lui !
Si seulement il avait pu ne jamais voir le jour...Je n'existerais pas mais Maman ne serait pas aussi triste et autant plongée dans la misère et la déprime qu'actuellement...
Vingt-cinq décembre
Joyeuses fêtes, à tous ceux qui peuvent fêter ces jours-ci autrement que dans le froid à cause des trous dans le toit qui laissent passer vent froid et flocons glacés !
Treize mars
Cher journal, l'autre ravagé de la cervelle a encore...
À cet endroit, quelques taches de sang éparses ont dilué l'encre qui servait à écrire le journal et ont rendu la lecture des lettres impossible...
Il est de plus en plus violent avec elle depuis deux mois. Il la frappe, chaque fois qu'il revient.
Il nous donne à manger et de quoi subsister mais il est violent avec elle. Si bien que j'espère que, même s'il a nos victuailles, il n'arrive pas. Plus jamais...
Je ne veux plus voir ce type ! Il m'horripile !
D'autres taches de sang, plus petites qui n'effaçaient que quelques lettres facilement imaginables pour recomposer les mots.
Et aujourd'hui, quand il a frappé Maman dans le ventre avec ses odieuses bottes en cuir, ça a provoqué chez elles des vomissements. Elle a eu des nausées.
J'ai d'abord cru qu'elle avait un problème, qu'elle tombait malade ou qu'il l'avait trop faite souffrir mais en fait...
Elle a fait une fausse couche...
Cette dernière des enflures a mis Maman enceinte une deuxième fois, et il a ensuite provoqué lui-même sa fausse couche en la frappant dans le ventre !
La suite a été un vrai cauchemar...Il n'a pas du tout été content de voir ça. Alors il l'a encore plus tabassée, pire que d'habitude...Alors qu'elle était déjà épuisée par sa fausse couche...
Je n'en peux plus, de ce type...Il faut que je le tue au plus vite pour sauver Maman !
Mais je ne suis pas encore assez fort...
Trente mars
Cher journal, Maman a enfin pu se remettre de sa fausse couche et des coups qui ont suivi. Elle avait des bosses sur tout le visage, un œil au beurre noir affreusement laid et surtout, affolant, et des hématomes partout, surtout sur le ventre...Elle a enterré le peu de chose organique qu'il y avait de sa fausse couche dans un coin du jardin. Il y aura probablement un sanglier ou un renard qui l'aura déterré pour le manger...C'est une sorte de viande, ma foi...
Quant à moi, j'ai commencé quelques exercices de condition physique improvisés pour prendre du tonus. Avec mon corps famélique tenaillé constamment par la faim, c'est assez difficile mais je crois réussir à l'endurcir assez !
Je cache mes muscles naissants à mon géniteur, quand il vient, avec ma chemise ample.
Je dois néanmoins faire attention avec mes bras, aveces biceps qui ressortent assez à cause du manque de graisse dû au manque de nourriture à cause de mon odieux procréateur, parce qu'avec le hâillon qui me sert de chemise, il n'y a plus de manches...Enfin, plus vraiment...
J'espère ne pas faire attendre trop longtemps Maman...Elle subit toujours de la violence et moi, je ne lui ai rien dit...
Dix-huit avril
Cher journal, aujourd'hui est la première fois où mon imbécile de géniteur m'a frappé...
Quand il en a eu marre de Maman, je ne sais pas trop pourquoi, mais sous une pulsion meurtrière, il m'a frappé jusqu'au sang, de ses poings et de ses pieds, presque à me laisser pour mort aux côtés de Maman. Il m'a laissé ainsi, jusqu'à ce que je me régénère quelques heures après, et pour une fois je suis heureux de bénéficier de cette mature de vampire que cet immonde procréateur m'a transmit.
J'ai encore réussi je crois à cacher le fruit de mes entraînements secrets...
D'ailleurs, avant, je me contentais de sang animal, profitant de la nature à proximité pour chasser mes sources de nourriture mais maintenant, en proie à une plus grande faim, je mords et bois le sang de Maman...
Elle est épuisée, maigre comme personne, et mal en point comme jamais mais elle ne dit rien. Elle m'offre son sang avec générosité et sans problème.
Premier août
Cher journal, je me demande encore combien de temps nous allons tenir...
Avec l'autre sadique quj rôde, nous devons être constamment aux aguets et sur nos gardes.
C'est épuisant, à force...
Premier octobre
Cher journal, j'ai treize ans cette année et toi, c'est aussi ton anniversaire. Cela fait un an que je t'ai commencé !
Je ne sais pas si ce sera utile un jour à quelqu'un, qui n'a rien à faire d'autre de sa vie s'il lit les galères de a vie quotidienne d'un demi-vampire et demi-humain...
Premier octobre
Cher journal, je n'écris plus rien, pardon de te délaisser ainsi...Il faut que je sois déjà suffisamment en alerte le reste du temps sans que je doive écrire mon journal...
De toute façon, j'ai déjà abandonné...Mon quotidien est dit dans les grandes lignes.
Ma vie entière, de quatorze ans certes, mais est racontée seulement en quelques pages...C'est bien triste...
Dansa vie, j'aimerais juste arracher les pages qui représentent mon indigne géniteur !
Premier octobre
Cher journal, j'ai vingt ans cette fois...Je me fais vieux...Je t'ai ressorti du placard pour y tracer mes dernières lettres, y placer mes derniers mots.
Tout va se jouer ce soir !
Deux octobre
Cher journal, j'ai tué cette ordure ! Enfin Maman et moi sommes libérés de la tyrannie de cet homme !
De grosses flaques de sang jonchaient cette page macabre mais elles ne couvraient aucun texte, aucun mot...
Six décembre
Cher journal, Maman est morte...Elle souffrait encore de blessures internes que cette ordure lui a faite avant que je ne le tue...Alors elle est morte...
Ça...Il le regrettera même après sa mort !
Je hais les vampires, tous autant qu'ils sont ! Tous ceux qui portent leur sang en eux, je les hais !
Je me hais ! J'ai le sang de cette immonde homme dans les veines ! Je le hais, je me hais ! Je hais tout le monde !
Je vais tuer tout le monde et à la fin, je me suiciderai !
La vie a décidé de me pourrir l'existence et le destin se moque de moi alors je vais prendre les choses en main ! Vous allez tous voir qui je suis !
-Vampirique Aludra ?
La reine leva son nez de sa lecture, fermant le tout en rabattant la couverture sur le devant, provoquant un petit bruit caractéristique de papier se rassemblant. De toute façon, elle était arrivée à la fin. Elle avait enfin eu des réponses claires à ses interrogations.
-Oui, Fhilipe ? Qu'y a-t-il ?
-C'est pour Mikhail que je viens.
-Oui, j'écoute ?
-Il est, je crois bien et surtout je l'espère, tiré d'affaire. Son foie, ses poumons et son cœur avaient été endommagés par son effort titanesque pour surpasser ses effets secondaires de Dépendant, surtout avec un sang royal pareil dans les veines...
Aludra sourit devant le ton du médecin qui vantait clairement en sous-texte sa puissance de reine.
-Maintenant, il va bien. Son métabolisme de dhampire devrait le faire se régénérer dans un petit moment, mais pas trop longtemps non plus. Il lui faut juste du repos. Empêche-le de se lever ou de faire trop d'efforts physiques pendant trois ou quatre jours et il devrait être guéri !
-Bien. Merci beaucoup, Fhilipe.
-Pas de quoi, sourit le médecin royal sou sa moustache.
-À présent, fit la reine avec un sourire. Tu peux enfin publier tes résultats. Gildas est mort et il ne risque pas d'utiliser cette information contre moi, là où il est. Donc tu peux faire part de ces découvertes au monde scientifique.
-Je vois, merci, Vampirique Aludra ! dit Fhilipe en s'inclinant bien bas.
-Mikhail, ça va ?
Aludra rendait maintenant visite à son bien-aimé dans sa chambre. Il était adossé au rebord de bois massif et finement sculpté du lit et lisait un livre, habillé de son pyjama, les trois premiers boutons du haut défaits. Il était calfeutré dans sa couverture jusqu'au ventre, cela devait lui donner indéniablement chaud...Mais il avait l'air d'une chenille, adorable qui plus est !
Le jeune garçon regarda la vampire quand elle ferma la porte avec un petit bruit.
-Aludra...sourit-il. Oui, je vais bien. Enfin, je crois...
Mikhail plaça son signet dans son ouvrage et sourit à la vampire qui vint s'asseoir au bord du lit.
-Fhilipe a dit que je m'en sortirais. C'est chouette !
-C'est plus que juste chouette, Mikhail...sourit la vampire en passant alors sa main pâle et froide sur la douce joue de son Dépendant. C'est absolument génial ! Je n'ose pas imaginer si j'avais encore perdu celui que j'aime...
-Ç'aurait été terrible, en effet...fit Mikhail avec un joli sourire sincère, pensant alors au défunt Soufral dont il avait vu des tableaux récemment dans la galerie de portraits royaux d'Aludra.
-Il faut te ménager, maintenant, mon grand ! sourit la vampire.
-Oui, je sais...Je voulais dormir un peu, mais...Comme tu es arrivée, je n'en ressens plus l'envie ni le besoin...
La vampire sourit et se rapprocha de son bien-aimé jusqu'à pouvoir glisser sa main droite sous le pyjama ouvert du garçon, alora que son autre main déboutonnait le reste des petites pièces cousues au tissu.
-Tu es sûr ? le nargua-t-elle alors que sa main droite commençait à, plus libre de ses mouvements maintenant que la chemise était déboutonnée en entier, caresser lentement les pectoraux toujours fins mais naissants du dhampire.
Mikhail rejeta sa tête en arrière doucement et toucha la rembarde en bois derrière lui. Il haleta doucement au tendre contact de sa bien-aimée sur sa peau d'albâtre et réussit à sourire pour dire :
-Oui...Je suis sûr...
-Bien...lâcha alors la vampire juste avant de sceller leurs lèvres dans un douc baiser. Et bien vois-tu, mon cher petit Mikhail, tu ne vas pas pouvoir dormir avant un moment, alors...
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