chant 3-Partie 4
Elle parla ainsi, et elle troubla le cœur de Hélénè. Mais dès que celle-ci eut
vu le beau cou de la déesse, et son sein d'où naissent les désirs, et ses yeux
éclatants, elle fut saisie de terreur, et, la nommant de son nom, elle lui dit :
: Ô mauvaise ! Pourquoi veux-tu me tromper encore ? Me conduiras-tu
dans quelque autre ville populeuse de la Phrygiè ou de l'heureuse Maioniè,
si un homme qui t'est cher y habite ? Est-ce parce que Ménélaos, ayant
vaincu le divin Alexandros, veut m'emmener dans ses demeures, moi qui
me suis odieuse, que tu viens de nouveau me tendre des pièges ? Va
plutôt ! abandonne la demeure des dieux, ne retourne plus dans l'Olympos,
et reste auprès de lui, toujours inquiète ; et prends-le sous ta garde, jusqu'à
ce qu'il fasse de toi sa femme ou son esclave ! Pour moi, je n'irai plus orner
son lit, car ce serait trop de honte, et toutes les Troiennes me blâmeraient,
et j'ai trop d'amers chagrins dans le cœur.
Et la divine Aphroditè, pleine de colère, lui dit :
: Malheureuse ! crains de m'irriter, de peur que je t'abandonne dans ma
colère, et que je te haïsse autant que je t'ai aimée, et que, jetant des haines
inexorables entre les Troiens et les Akhaiens, je te fasse périr d'une mort
violente !
Elle parla ainsi, et Hélénè, fille de Zeus, fut saisie de terreur, et, couverte
de sa robe éclatante de blancheur, elle marcha en silence, s'éloignant des
Troiennes, sur les pas de la déesse.
Et quand elles furent parvenues à la belle demeure d'Alexandros, toutes les
servantes se mirent à leur tâche, et la divine femme monta dans la haute
chambre nuptiale. Aphroditè qui aime les sourires avança un siège pour
elle auprès d'Alexandros, et Hélénè, fille de Zeus tempétueux, s'y assit en
détournant les yeux ; mais elle adressa ces reproches à son époux:
: Te voici revenu du combat. Que n'y restais-tu, mort et dompté par
l'homme brave qui fut mon premier mari ! Ne te vantais-tu pas de
l'emporter sur Ménélaos cher à Arès, par ton courage, par ta force et par ta
lance ? Va ! défie encore Ménélaos cher à Arès, et combats de nouveau
contre lui ; mais non, je te conseille plutôt de ne plus lutter contre le blond
Ménélaos, de peur qu'il te dompte aussitôt de sa lance !
Et Pâris, lui répondant, parla ainsi :
: Femme ! ne blesse pas mon cœur par d'amères paroles. Il est vrai,
Ménélaos m'a vaincu à l'aide d'Athènè, mais je le vaincrai plus tard, car
nous avons aussi des dieux qui nous sont amis. Viens ! couchons-nous et
aimons-nous ! Jamais le désir ne m'a brûlé ainsi, même lorsque, naviguant
sur mes nefs rapides, après t'avoir enlevée de l'heureuse Lakédaimôn, je
m'unis d'amour avec toi dans l'île de Kranaè, tant je t'aime maintenant et
suis saisi de désirs !
Il parla ainsi et marcha vers son lit, et l'épouse le suivit, et ils se couchèrent
dans le lit bien construit.
Cependant l'Atréide courait comme une bête féroce au travers de la foule,
cherchant le divin Alexandros. Et nul des Troiens ni des illustres alliés ne
put montrer Alexandros à Ménélaos cher à Arès. Et certes, s'ils l'avaient
vu, ils ne l'auraient point caché, car ils le haïssaient tous comme la noire
kèr. Et le roi des hommes, Agamemnôn, leur parla ainsi :
: Ecoutez-moi, Troiens, Dardaniens et alliés. La victoire, certes, est à
Ménélaos cher à Arès. Rendez-nous donc l'Argienne Hélénè et ses
richesses, et payez, comme il est juste, un tribut dont se souviendront les
hommes futurs.
L'Atréide parla ainsi, et tous les Akhaiens applaudirent.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro