« Mesdames et Messieurs, nous approchons d'une zone de turbulences. Pour votre confort et votre sécurité, veuillez attacher vos ceintures et rester assis. Merci de votre compréhension. »

  – Haron ? Ta ceinture est attachée ? 

Il est 20 h 50 et j'ai la tête en coton ! Avec James, nous avons embarqué à bord du vol de la compagnie Air France en début d'après-midi pour nous rendre à Apia, capitale des îles Samoa en plein pacifique.

  – Haron, tu m'entends ?

Je pousse un grognement. Je ne sais pas trop si je suis en train de rêver ou si ma tête est si embrumée que je n'arrive pas à émerger. Il faut dire que James n'y est pas allé de main morte, il était tellement hystérique à l'idée de faire ce voyage qu'il voulait que nous profitions d'être sur Paris avant de prendre l'avion, pour me faire découvrir un tas de bonnes adresses de notre capitale.

James et moi sommes amis depuis l'école primaire. Mais même si nos styles de vie sont aux antipodes, quelque chose fait que nous ne pouvons pas nous passer l'un de l'autre ni passer plus d'une semaine sans nous donner de nouvelles ou nous voir. Cela dit, nous vivons toujours dans le quartier de notre enfance et James a épousé ma sœur et moi la sienne ! Ça crée des liens. Entre repas de famille, anniversaires, Noël et j'en passe, les occasions d'être ensemble sont fréquentes !

C'était il y a quatre ans, alors que nous fêtions mon trentième anniversaire, tous réuni dans son pavillon de la banlieue lyonnaise, que James nous a annoncé qu'il s'engageait dans l'humanitaire !

James est comme ça, il a besoin que ça bouge. Toujours à droite ou à gauche, à changer de boulot sans arrêt. C'est d'ailleurs pour cela qu'il connait autant de "bonnes" adresses sur Paris. Alors que moi j'aspire à une vie plus pépère, ce dont il ne manque pas de me faire remarquer en se moquant sans arrêt et en me signifiant : "On a le même âge et j'en ai déjà plus vu de notre planète que tu n'en verras jamais même si tu commençais à te bouger le cul maintenant".

Une violente secousse se fit ressentir.

  – Haron ! Réveille-toi !

En une fraction de seconde je sortais de ma léthargie. De la violente secousse s'ensuivit une chute vertigineuse de notre appareil, qui en un instant me propulsa de mon siège et me donna l'impression d'être en apesanteur dans la cabine paralysant mes cordes vocales et m'éloignant de James.

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A bientôt