L'homme, les Dieux et la créature
Guillaume, un guerrier sanguinaire que rien ni personne n'avait réussi à vaincre jusqu'à aujourd'hui, s'agenouilla en face des sénateurs qui l'avaient convoqué.
Ce dernier revenait d'une fatiguante mission qui l'avait occupé pendant plus de 5 mois. Cette maudite créature qu'ils appelaient "l'Hydre" lui en avait presque fait voir de toutes les couleurs. Mais il avait réussi à s'en sortir au moment où tout lui semblait perdu.
" Vous avez donc réussi à l'abattre ? " - demanda l'un des sénateurs.
" ...si ce n'était pas le cas je ne serais pas là, à genoux devant vous tous... " - répondit-il froidement. On avait beau lui répéter de changer de ton en présence de ces personnes, mais il refusait catégoriquement de leurs accorder ce plaisir. Après tout, sous leurs airs de grands hommes à la mentalité philanthrope se cachait leurs côté aussi pragmatique que cruel qui disait " Ce n'est qu'un esclave parmis tant d'autres. Il est né pour ça: se battre jusqu'à la mort. "
Et encore il se trouvait déjà assez gentil d'accepter de s'agenouiller en face d'eux...
" Avez vous des preuves qui confirment votre victoire ? "
Guillaume releva son visage froid et fatigué vers l'homme qui lui posa cette question.
" Mes blessures ouvertes et mon armure endommagée devraient vous suffirent... mais j'ai tendance à oublier que vous ne connaissez rien au combat... "
Avant qu'un autre sénateur ne le sermone pour cette dernière repproche, Guillaume ôta de sous sa cape l'une des nombreuses têtes de la créatures qu'il disait avoir vaincu.
" Elle a la gueule que vous espéraient ? Dites-le moi. Après tout... moi je ne peux pas vérifier. "
Ah oui... C'est vrai...
Tout le monde l'oubliait sans cesse. Ce petit détail...
Guillaume était aveugle.
C'était cette particularité qui le rendait si légendaire. Démuni du sens de la vue depuis la naissance, son caractère s'était forgé plus tôt que les autres enfants de son âge ainsi que sa force.
Certains le nommaient même "Guillaume, le conquérant".
Il avait beau être incapable d'observer le monde qui l'entourait, son sens de ouïe s'était affiner puissamment au long de ses années passées. C'était son atout principal. Grâce à ce dernier, il avait pu se battre contre un homme qui s'était introduit chez lui une nuit pour l'assassiner. Mais finalement ce fut arroseur arroser.
La légende racontait qu'il pouvait même entendre les pas d'une fourmi.
Bon... on allait quand même pas exagérer. Non. Ses oreilles n'étaient pas aussi sensibles que ça. Mais en aucun cas cela retirait le fait qu'il était l'homme le plus à l'écoute de toute la Grèce (littéralement).
Comme son nom l'indiquait, c'était un conquérant. Autant dans les batailles menées par ses empereurs qu'avec les femmes du pays. Toutes tombaient à ses pieds et plusieurs finissaient dans son lit. Après une bataille, une conquête, une guerre ou un simple duel amical, une nouvelle nymphe l'attendait à la sortie de l'arène ou en face de sa maison. Toutes voulaient avoir leurs part de cet homme aussi beau que brutal.
Mais Guillaume avait ses préférences. Pas dans l'aspect bien sûre, mais dans l'odeur.
C'était ça façon de savoir si une femme était à son goût et prenait bien soin d'elle.
En même temps, le choix était vite fait si on lui proposait soit une femme sentant le jasmin soit une autre sentant la poissonnerie locale.
Il se focalisait surtout sur l'odeur de leurs cheveux. Le niveau d'hygiène des gens qu'il croisait se révélait surtout via ses derniers.
Il pouvait même les reconnaître dans une foule rien qu'avec l'arôme qu'elles lâchaient dans l'air.
Décidément... rien ne lui échappait.
Malgré son handicap, Guillaume était sans doute l'un des hommes les plus puissants du continent.
Mais... il y avait une chose qui ne lui permettait pas de profiter pleinement de cette vie: ce n'était pas un homme libre.
Toute sa vie avait été commandée par les sénateurs et les empereurs. Il vivait que pour eux, pour leurs gloire et celle de son empire.
À vrai dire, servir le peuple ne le dérangeait pas. C'est d'ailleurs une des seules raisons pour laquelle il acceptait ces missions. Pour la gloire de la Grèce.
Mais pour être honnête, si il pouvait ne serait-ce que pour la durée d'une journée se reposer et ne pas prendre les armes, il accepterait volontiers.
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Les sénateurs hochèrent leurs têtes, satisfaits du résultat de cette expédition.
" Très bien Guillaume. Tu peux te relever. "
Il obéit aussitôt. Il n'avait qu'une envie: s'en aller de cet endroit. L'odeur du vin et des chevaux le dérangeaient autant que la voix de ces hommes.
" Nous te félicitons pour tes exploits. Mais avant que tu partes... "
Eh merde...
" Nous avons une dernière mission à te confier... "
Soudain, avant que le sénateur ne puisse continuer, la lance de Guillaume transperça sa tunique en tissu précieux et se planta dans le mur derrière lui, l'immobilisant sur le champ.
La lame n'avait pas touché le corps. C'était le but. Il ne voulait pas le tuer, juste leurs faire comprendre que sa patience avait des limites...
" Une "dernière" mission ? Eheh... vous voulez dire comme la DERNIÈRE que vous m'avez confier il y a 3 ans ? Quand j'ai tuer le Lion de Némée ? Ou comme l'autre DERNIÈRE faveur à Troie où je me suis battu pendant plus de 4 mois pour votre réputation ? Où comme cette DERNIÈRE expédition à Thèbes où j'ai vaincu cette diablerie de créature reptilienne ?! J'ai dis oui beaucoup trop de fois. Cette fois-ci débrouillez vous. J'ai rempli mon devoir en tant que guerrier. Demandez à d'autres hommes plus jeunes et plus vifs que moi. Ils feront l'affaire. "
" GUILLAUME ! "
Il reconnu cette voix. Celle de l'empereur.
" Navré d'arriver si tard à cette réunion. Mmmh... je vois que tu nous apporte des bonnes nouvelles. " - dit-il en fixant du regard la tête de la créature écailleuse dans sa main.
" Tu ne cesseras jamais de nous surprendre... "
" Qu'est-ce que vous me voulez cette fois ? " - demanda-t-il d'un ton agacé, sachant que ces soit disant compliments n'étaient que du vent et des foutaises.
" Ce n'est pas nous qui te demandons cette fois, Guillaume. C'est le peuple. "
" ... c'est à dire ? "
" Eh bien... depuis quelques temps ils se plaignent et craignent une créature qui vit dans les parages. Une créature serpentiforme, paraît-il. "
Guillaume soupira lourdement. Encore un putain de reptile ? Sérieux ? Ça ne pouvait pas être plus original ?
" Et que fait-elle de si particulier ? Elle mange les hommes ? Viole des femmes ? Kidnappe les enfants ? "
" Rien de tout ça. Elle existe tout simplement. Et ça, le peuple ne peut le supporter. "
" ....eh bien... Le peuple est tout aussi capricieux que son gouvernement, on dirait... "
" Guillaume... cette chose est une abomination que les Dieux ont rejeté. C'est une justification assez solide pour que les habitants veuillent la voir disparaître. Si même les Dieux ne veulent pas d'elle, elle n'a donc aucune raison d'exister. Juste une raison de plus pour être éliminée. "
" ...Vous savez, les Dieux n'ont pas toujours pris les meilleures décisions. Zeus à couché avec tellement d'individus qu'Hera, sa femme, lui souhaite la mort. Cronos a mangé ses enfants. Ares n'a... "
" Je comprends où tu veux en venir, Guillaume. Mais cette créature est dangereuse et nous le savons. Tous ceux qui sont entrés dans sa grotte ne sont jamais revenus. Une dizaine de soldats et 3 habitants lambda y demeurent toujours... "
" ... depuis combien de temps ? "
" Cela va faire 7 mois aujourd'hui. "
" ...ils sont probablement déjà morts. Autant juste dire aux habitants de ne pas s'approcher de cette grotte. D'après ce que vous me dites, cette créature n'est jamais sortie de sa tanière. Autant ne tout simplement pas la déranger. "
" Guillaume. Nous ignorons si cette chose se décidera un jour à sortir pour aller faire des massacres ailleurs. Mieux vaut prévenir que guérir... "
Guillaume baissa les yeux et soupira bruyamment dans sa tête. Ça ne lui pas vraiment problème d'affronter une créature encore méconnue, mais il avouerait qu'il en avait assez d'avoir toujours le même schéma: se balader en terre inconnues dont il n'aurait jamais la chance de réellement apprécier, se battre contre un monstre, le tuer et ramener sa dépouille.
" Guillaume ? Nous te proposons un marché. "
" ... "
" Effectue cette dernière tâche et tu seras un homme libre. "
" ...pardon ? "
" Tu nous a bien entendu. Après tout, cela fait déjà plusieurs années que tu est sous nos ordres et tu ne nous as jamais déçu. " - Il posa sa main sur l'homme démuni de sa vision - " Nous le jurons devant tous les dieux de l'olympe. Mène cette dernière quête pour nous et nous te rendons ta liberté. "
" ...à vie ? "
" Jusque dans la mort. "
Le guerrier réfléchi quelques secondes avant de hocher sa tête en accord.
" Bien. Très bien. Tu partiras demain à l'aube. Nous te donnerons un guide qui t'emmènera jusqu'à la grotte. "
* Le lendemain *
Guillaume était désormais en route vers sa dernière cible. A vrai dire, on ne lui avait pas donner trop de détails au sujet de la créature. Tout simplement parce que... personne n'avait pu la décrire. Personne ne l'avait vu. Absolument personne. Il savait juste que la créature avait un aspect reptilien. Décidément, les dieux n'étaient pas très créatifs dernièrement... mais bon. Au moins il savait qu'après cette dernière quête il pourrait être épargné du reste des créations divines qui peuplaient ce monde.
Il se disait qu'il en avait massacré un bon paquet déjà. Autant dire commençait réellement à se demander si on le lui accorderait le repos éternel.
Plusieurs heures plus tard, le guide lui tapota l'épaule pour le réveiller de son sommeil profond.
" Mon seigneur, nous sommes arrivés "
Il avait une voix d'enfant. C'était un enfant...
Le soldat descendit de sa monture et s'équipa de son armure et de son épée qu'il béni en s'accroupissant et la plantant au sol, son front contre la lame.
Il se releva lentement et le jeune garçon qui l'accompagnait lui adressa la parole à nouveau.
" C'est vrai ce que l'ont dit sur vous ? Vous aurez battu plus de 100 espèces menaçantes ? "
" ...je n'en sais rien, j'ai arrêté de compter. A vrai dire je ne les ai jamais compté. " - répondit-il d'un naturel presque blasé.
" Il paraîtrait aussi que vous avez abattu le Minotaure ! Alors que vous êtes complètement privé de voir ! J'aimerai tellement avoir votre courage ! Ne jamais avoir peur de rien et d'affronter le danger ! J'aimerai tellement faire honneur à ma famille... parfois j'ai honte de ne pas réussir à me débrouiller... alors que moi j'ai tout. Je peux marcher, parler et voir ! À vos côtés je suis honteux... "
Guillaume se retourna dans la direction d'où provenait le monologue du jeune garçon. Bien qu'il ne pouvait pas le voir, il sentit que ce dernier était nerveux et presque triste en ce comparant à lui.
" Jeune homme ? "
" Oui, mon seigneur "
" ...tu as déjà fait preuve de beaucoup de courage en me guidant jusqu'ici. Je connais des gens beaucoup plus vieux que toi qui n'auraient pas eu la même bravoure. " - il se rapprocha encore plus jusqu'à sentir sa respiration contre son bras - " Tu es sur une bonne voie. Ta famille peut être fière de toi. Et laisse-moi moi te dire: tu n'as pas à affronter le danger constamment pour faire preuve de courage. Assurer la dignité de sa famille te suffit amplement. Alors si tu veux un conseil d'un homme déjà fatigué et usé par le temps et le combat, peu importe ce que tu fais, mais fais-le bien. "
Il passa son bras autour de sa tête et le serra contre lui.
" Tu représente l'avenir de ce monde. Et je ne pouvais pas en être plus rassurer et voyant que des petits comme toi existent. "
Il lui tapota une dernière fois la tête avant de lui ordonner:
" Maintenant vas, jeune homme. Rentre chez toi et ne te retourne pas. Ne te retourne jamais. "
Il ne pu s'en rendre compte mais le jeune garçon sourit à pleine dents en écoutant ses paroles. Il monta sur le cheval, laissant le soldat qu'il idolâtrait sur ce qui pourrait être, non seulement sa dernière quête, mais également sa tombe.
Il leva son visage vers le cieux et chuchota:
" Ne me lâchez pas maintenant, par pitié. "
Guillaume tapota le sol avec son épée, sentant le gravier qui menait à l'entrée de la grotte. Au fut et à mesure qu'il se rapprochait, il sentait la température baisser et l'air se rafraîchir. Une odeur d'humidité se manifesta également. Cette grotte n'était donc pas sec... il y avait probablement un site d'eau à l'intérieur ou alors peut être un simple ruisseau.
Il posa le premier pied dans l'entre de l'endroit froid et renfermé. Cette sensation peu accueillante lui disait déjà que ça n'allait pas être une partie de plaisir. Mais bon, pas question de rebrousser chemin. Il devait aller jusqu'au bout désormais.
Il s'enfonça de plus en plus dans les entrailles de la cavité en utilisant toujours son épée pour se guider à travers les tunnels étroits. Il tapait légèrement sur les parois des murs en terre sèche et sur le sol qui semblait parsemé de petits cailloux et d'autres obstacles pas trop obstruant mais à éviter pour ne pas trébucher.
Il continua sa marche pendant de longues minutes avant de légèrement se coincé son épée dans quelque chose de solide. Il la retira sans trop effort mais il se décida quand même à toucher avec ses doigts ce qu'il venait de planter. Curieux de savoir ce de quoi il pourrait s'agir.
...la surface était rugueuse, sec et dure. Il glissa sa main sur toute la longueur de cette chose avant de comprendre qu'il s'agissait d'une statue d'un homme.
....une statue... ? Qu'est-ce que ça faisait ici ?
Il resta quelques secondes, la main toujours sur cette sculpture, l'admirant et se posant pleins de questions en même temps. Mais il avait autre chose à faire.
" Aller... ne t'attarde pas sur ces détails. Ce n'est pas le plus urgent. "
C'est ce qu'il s'était dit au début. Mais ces détails se multipliaient: il se rendit compte, toujours à l'aide de son touché et de son épée, que le nombre de statues se comptaient déjà sur les doigts d'une main.
" Qu'est-ce que c'est que cet endroit... ? "
Soudain, alors qu'il était complètement distrait par l'ambiance pesante et peu rassurante qui l'entourait, il glissa sur une partie visqueuse du sol et tomba en arrière dans le vide.
Son dos heurta un sol encore plus dure que celui qu'il avait exploré jusqu'à maintenant. Il grogna sous la douleur, mais heureusement la chute ne semblait pas avoir été plus haute que 3 mètres.
Il se redressa péniblement et chercha son épée. Ce n'était pas le moment de la perdre.
" QUI VA LÀ ?! "
Guillaume sursauta, pile au moment où sa main avait saisi son épée.
Il ne répondit pas. Il essaya juste de savoir d'où venait cette voix. C'était celle d'un homme. Sa question avait résonné tout au tour de lui à cause de l'écho.
Il resta le plus immobile possible, se concentrant sur le moindre bruit. Ce n'était pas facile... il pouvait entendre les goûtes des parois humides glissez le long des murs et tomber dans les flaques d'eau et également le crépitement des roches mi-fragilisées par le temps.
Lorsqu'il s'y attendait le moins quelque chose lui mis une balayette et il tomba sur le dos à nouveau. Cette même chose le démuni de son arme et de son bouclier en lui fouettant ses mains.
Il alla pour se redresser mais quelque chose entoura ses jambes, le maintenant au sol. Un serpent géant ?
Il donna plusieurs coups sur la queue reptilienne qui l'immobilisait mais ses poignets furent saisis à leurs tour. Il était maintenant bloqué contre le sol.
Il essaya de se débattre en gigotant mais la créature était étonnement forte. Plus que lui...
Il pu sentir sa respiration contre son visage et... Qu'est-ce que c'était que ces sifflements ? D'autres serpents ? Combien il y en avait enfin ?!
Il sentait comme des dizaines de petites couleuvres lui chatouiller la peau avec leurs langues.
" Quand est-ce que vous allez vous décider à me laisser tranquille ?! " - lui cria la créature.
Guillaume se préparait à son attaque. Qu'allait-elle lui faire ? Lui broyer les os avec son corps serpentiforme ? Lui dévorer le visage ? L'écorcher vif ?
...rien ne se passa. A part le garder planter au sol rien.
Que faisait-elle ?
" ...par Athéna... vous êtes aveugle ? "
Guillaume le sentit lui lâcher les poignets et desserrer ses jambes.
Il se redressa, confus par le changement de ton de la créature.
" ...que faites-vous ici ? " - lui demanda-elle.
Guillaume ne savait quoi dire. Voilà que pour la première fois de sa vie il ne sentait pas l'envie de reprendre son arme. Mais ce n'est pas pour autant qu'il ne restait pas sur ces gardes. En tout cas, maintenant il le savait: cette chose se tenait en face de lui.
" Je vous ai posé une question. Vous êtes muet aussi ? Ou sourd ? "
" ...non. Juste aveugle... "
" Ah... alors... dites-moi pourquoi vous êtes là. "
" ...je... on m'a envoyé ici pour... explorer... "
" ...explorer ? Ceux qui vous ont envoyé ne sont pas très malins dites-moi... envoyer un homme démuni de sa vision pour explorer une cave souterraine. Quelle idiotie. "
Eh ben... si le guerrier ne pouvait pas être encore plus confus... voilà qu'il se retrouvait à tenir une conversation avec le monstre qu'il était sensé assassiné. Enfin... si c'était vraiment lui, le monstre... peut-être être que celle-ci s'agissait d'une autre créature pacifique qui protégeait son nid...
" Je suis navré de vous le dire mais je pense que les hommes qui vous ont envoyé ont juste voulu vous tuer. Cet endroit n'est pas sûr. Ne vous ont-ils pas parlé de moi ? Et de ce que je suis ? Et de ce que j'ai fais ? "
...bon bah finalement c'était bien lui, le monstre.
" Et... qu'avez-vous fait ? "
" ... je suis venu au monde. "
" Quoi ? "
" Je suis une erreur de la nature. Je n'ai pas de mère ni de père... je suis juste apparu comme ça sur terre... "
" ... nous sommes tous des créatures forgées par les Dieux. "
La créature ria bruyamment.
" Si vous pouviez me voir vous ne diriez pas ça... de toute manière je ne suis même pas l'une de leurs créations. Ils ignorent d'où je viens. "
" Comment le saviez-vous ? Vous leurs avez posé la question ? " - demanda-t-il sarcastiquement.
" Oui. "
" ...donc... vous avez déjà côtoyé les Dieux ? Qui êtes vous ? "
" Personne d'important. Juste un être surgit de nul part que même les Dieux n'ont pas su gérer. Et oui, je les ai côtoyé. Pendant assez longtemps... "
" ...combien de temps ? "
" La moitié de ma vie. "
" Et... vous... vous avez quel... ? "
" J'ai cessé de compter depuis des années. Mais actuellement je dois avoir environ 300 ans. "
Guillaume n'en croyait pas ses oreilles. Il se surpris lui même a se gifler le visage et essayant de se ressaisir.
Arrête de te distraire et fini ce qu'on t'a ordonné ! Si ils t'ont envoyé la tuer c'est pour une raison !
Il sorti de ses pensées en entendant le bruit métallique de son épée à sa droite. Quelqu'un venait de la ramasser. Probablement la créature.
" Vous ramenez toujours vos équipements de combats quand vous explorez ? "
" ...oui. On ne sait jamais sur quoi on peut tomber... "
Il entendit un petit ricanement en retour.
" Vous savez, soldat, je ne suis pas stupide. Je sais que vous êtes ici pour moi. Pour me ôter la vie. Vous n'êtes pas le premier à avoir essayé. D'autres sont venus avant vous et ont échoué. Il y a des chances pour que vous les aillez croisé en chemin mais... eheh... il est possible que vous ne vous en êtes pas rendu compte... "
" Que voulez vous dire ? "
La créature ne lui répondit pas tout de suite. Elle lui jeta son arme à ses pieds ainsi que son bouclier avant de reprendre la parole.
" Les statues que vous avez très probablement touché sans le vouloir dans les couloirs ? Vous croyez que c'était pour de la décoration ? "
Il ne comprenait pas où il voulait en venir. Qu'est-ce que ces statues avaient à voir là ded... attends...
" C'est eux ? Les autres hommes qui sont venus avant moi ? "
" Dans le mille. "
" Et... c'est vous qui les avaient condamnés ? "
" Oui. "
Il était choqué de la simplicité de sa réponse. Il n'avait même pas bégayer ou trembler en lui avouant qu'il était responsable du malheur de ces hommes.
Il attrapa son épée et son bouclier, furieux.
" Pourquoi ? "
" Pourquoi quoi ? "
" Les avoir transformé ? Pourquoi avoir fait ça ? "
" ...je croyais que vous n'étiez pas sourd. Je répète: ils sont venus pour moi. Pour me tuer. Vous croyez vraiment que j'allais me laisser faire ? Dans vos rêves. "
Guillaume entendit le bruit rampant de sa queue de serpent se rapprocher de lui.
" Tout ce que je veux C'EST QU'ON ME FOUTE LA PAIX ! ALORS SORTEZ D'ICI AVANT QUE JE VOUS FASSE SUBIR LE MÊME SORT ! OU PIRE ! Je pourrais faire de ce sous-sol votre tombeau. "
" Alors pourquoi ne l'avez-vous pas fait ?! "
" Parce que vous me faites pitié ! Non mais... quelle idée de ramené un aveugle dans cet endroit. Ces hommes n'ont vraiment aucune considération pour vous. Ils vous ont juste jeté dans la gueule du loup. Alors si vous souhaitez profiter encore de la vie partez ! Partez tant que vous pouvez, avant que je ne change d'avis... "
Guillaume resta immobile. Incapable de savoir quoi faire. Il s'était préparé à tout type de scénario mais pas celui-ci.
" Quoi ? Pourquoi êtes-vous encore ici ? Vous voulez de l'aide pour retrouver votre chemin ? Évidement... quel abruti je fais... tournez sur votre droite, et avancez de 8 pas. Vous n'aurez plus qu'à remonter le tunnel jusqu'à à la surface. "
" Attendez... "
" Quoi ? "
" ...pourquoi vous m'aidez ? "
" Je vous l'ai déjà dit. Vous me faites pitié. Et puis je ne me bat pas contre plus faible que moi. "
Plus faible... il ne manque pas de culot.
" Qu'est-ce qu'il vous fait dire que vous êtes plus fort que moi ? "
" ...pardon ? C'est une question sérieuse ça ? "
" Très sérieuse. " - Il redressa son arme vers la créature - " On met ça au teste ? "
" ...vous êtes complètement fou. "
" On me le dit souvent. "
Soudain, en un battement de cil, la créature senti une douleur aiguë dans sa joue. Il passa ses doigts dessus et compris qu'il saignait.
L'homme en face de lui avait réussi à le toucher. Son geste avait été si rapide qu'il ne pu l'esquiver.
Il se disait que ce n'était finalement pas si anodin qu'on lui envoie cet homme.
" Alors ? Qu'est-ce que vous décider ? "
La créature soupira.
" Comme si vous alliez me laisser le choix. Vous êtes tous les mêmes... "
Guillaume manqua de trébucher à nouveau en sentant le courant d'air brusque qui l'avait poussez à quelques millimètres de sa position actuelle.
C'était à son tour de sentir une légère égratignure sur sa joue.
" Maintenant on est quittes. "
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La créature et Guillaume se battait depuis maintenant 20 bonnes minutes. A chaque coups qu'ils se donnaient, le soldat avait pu déterminer plusieurs choses sur son adversaire:
- il avait un corps très long et écailleux;
- sa peau était difficilement pénétrable (sauf celle de son visage);
- suite à un coup mal placé, il avait réussi à sentir à nouveau une des couleuvres qui lui avait chatouiller le visage. Il semblerait que la créature en avait plusieurs sur sa tête...
Il commençait à comprendre la manière dont elle se battait. Elle utilisait principalement sa queue pour le fouetter et le balancer en arrière et se servait de ses griffes pour attaquer.
Fatigué par le poid de son matériel et de tout cet exercice physique, il laissa tomber au sol son épée et son bouclier. Il tourna son visage vers les cieux et sembla chuchoter des mots que l'autre ne comprenait pas.
" ...que faites-vous ? Vous implorer les Dieux pour qu'ils vous viennent en aide ? "
" Non. C'était juste pour vous distraire... "
Avant qu'elle ne puisse dire "Quoi?", Guillaume asséna d'un grand coup de pied le fourreau de son épée et il entendit son ennemi crier de douleur.
Il ne pu voir où il l'avait touché mais il l'entendit tomber au sol, en agonisant. Il ne l'avait donc pas tuer sur le coup.
Il se rapprocha de cette chose et s'accroupit à son niveau.
Il posa sa main sur son corps et la glissa tout le long à la recherche de son arme.
Il comprit qu'il avait réussi à percer la peau de sa queue, au niveau de se qui pourrait être ses jambes (si il en avait).
" ...On dirait que je serait le dernier soldat à rentrer dans cette grotte. "
Il attrapa le fourreau de son épée dans le but de la retirer mais la créature lui saisit le bras en implorant.
" Non ! Non, ne faites pas ça... pitié... "
" Pitié ? Vous avez eu de la pitié pour tous les hommes qui sont venus avant moi ? Pourquoi devrais-je vous écouter ? "
" ...je...je n'ai jamais voulu ça... "
" Oui... bien sûr... "
" Non ! Écoutez moi ! Je vous en prie... "
Guillaume grogna bruyamment, agacé par ce moment qui durait déjà depuis bien longtemps à son goût. Il voulait juste en finir et rentrer chez lui comme l'homme libre qu'il méritait d'être.
" Ce que je suis... ce que vous touchez... ce corps qui enveloppe mes formes... n'est qu'une malédiction. "
" ...une malédiction ? "
" Oui... c'est Poséidon. "
" ...attendez. Poséidon vous a jeté une malédiction ? "
" ...ce n'était pas lui exactement. C'est plutôt sa femme... c'est une punition de sa part pour avoir couché avec son mari. "
" Vous avez... ?! " - Il ne fini pas sa phrase. Pourquoi perdait-il son temps à écouter ces histoires ? Il n'avait pas que ça à faire.
" J'ignorais qu'il était marié... pour se venger, sa femme m'a transformé en gorgone. "
Gorgone ?
Il en avait vaguement entendu parler. Mais pas assez pour les connaître par cœur. Il avait même arrivé à oublier quels traits correspondaient exactement au physique de cette chose. C'était donc ça ce qui terrorisait le peuple ?
Une gorgone...
" ...vous avez dit que vous ne vouliez pas changer ces hommes en statues de pierres... pourquoi l'avoir fait alors ? "
" Je ne contrôle pas ça ! Chaque individus qui a le malheur de croiser mon regard se transforme directement... ils arrivaient toujours quand je m'y attendais le moins. Ils font toujours le moins de bruit possible pour m'atteindre. Et quand je tourne la tête, à peine dans leur direction, même si c'est malgré moi... mon regard est fatal... personne n'y échappe... sauf vous bien sûr. Vous ne pouvez pas le voir... Votre handicap est un avantage... "
Guillaume réfléchi en entendant ce discours. Mais alors... si son regard suffisait à éteindre les intrus qui trépassaient... ça veut dire...
" ...vous ne vous êtes jamais battu... pourquoi avoir accepté ce duel ? "
" Parce que si je dois mourir dignement, je veux le faire dignement. Pas en fuyant... "
Guillaume était perplexe... quand il y pensait, il avait passé plus de temps à parler avec cette chose que de se battre avec. Cet être solitaire était en fait un humain maudit par la colère d'une déesse. Il se rappelait de ce qu'il avait dit aux sénateurs plus tôt: "Les Dieux n'ont pas toujours fait les bons choix". Et cette gorgone en était la preuve.
" ...je n'ai pas vraiment été courtois. Quand on commence un duel on demande le nom de naissance de son opposant. Comment vous appelez vous ? "
" ... Aurélien. "
" Aurélien. Bien. Permettez-moi... "
Ledit Aurélien lâcha un petit cri de surprise mélanger à de la douleur en le sentant le soulever dans ses bras.
" Qu'est-ce que vous faites ? "
" Quand on s'est battu j'ai senti un trou avec de l'eau dans le sol. Je crois comprendre qu'il s'agit d'un bassin. Indiquez-moi où il se trouve. J'ai un peu perdu mon orientation. "
" ...euh... derrière vous... environ 7 pas. "
Guillaume se dirigea vers les coordonnées qu'il lui indiqua. Il sentit une faille dans le sol au bout du 7ème pas. Il s'y accroupi et déposa la créature dans le bassin avant de le joindre dans l'eau.
" Vous n'avez pas répondu à ma question. Qu'est-ce que vous faites ? "
" Je cherche à me faire pardonner pour ce que je viens de faire. Détendez-vous... "
Les yeux d'Aurélien s'écarquillèrent en le voyant attraper le fourreau de son épée toujours planter dans son corps.
" Ça va faire mal... mais il faut que je la retire. Je vais compter jusqu'à 3. 1..."
" A...Attendez ! "
" 2... "
" Mais ! Attends ! "
" 3 ! "
Aurélien cria à plein poumons sous la douleur.
" ESPÈCE DE... DE... FILS D'HADÈS ! JE T'AI DIT D'ATTENDRE ! "
" On se tutoie maintenant ? " - esquiva-t-il encore la conversation - " Bon aller... respire à fond. L'eau devrait te faire du bien. Je vais recouvrir ta plaie. "
Il déchira un bout de sa tenue en linge et s'en servit pour lui faire un bandage. Encore heureux que la plaie ne semblait pas extrêmement fatale.
" Voilà. Si tu n'y touche pas ça devrait aller. Encore désolé pour ça... "
Il savait que parler ainsi avec tellement de pitié n'était pas habituel de sa part. Ceci était vraiment une exception unique. Il comprenait bien qu'Aurélien n'était pas comme les autres créatures qu'il avait affronter jusqu'à maintenant. Contrairement à elles, il n'attaquait pas les civils de manière instinctif, ne dévorait pas les enfants, ne kidnappait personne... rien. C'était juste un homme à qui la vie ne lui avait offert aucune tendresse. Ne pouvant rien faire pour le délivrer de son triste sort, le minimum qu'il pouvait faire était de le soigner et de le laisser tranquille à présent.
" Je vais te laisser désormais. Je leurs dirais que je t'ai tué, comme ça ils ne chercheront plus dans cet endroit. Ça sera paisible pour toi, tu ne risqueras plus rien. Ni toi, ni personne. Tu seras libre. "
Guillaume se leva lentement avant de tenter de retrouver son orientation dans la pièce.
" Tu sais que je ne serais jamais vraiment libre... " - chuchota-t-il.
" ...je sais. Mais malheureusement je ne peux pas faire de miracles... "
Et il s'en alla. Laissant derrière lui le seul geste d'empathie qu'il aurait fait de toute sa vie.
" Attends ! "
Guillaume s'arrêta confus.
" Quoi ? "
" Tu vas avoir besoin d'une preuve... "
" ...une preuve ? "
" Oui... pour qu'ils puissent croire que tu m'as vraiment vaincu... "
" Mes paroles suffiront. Ils me font confiance. "
" Non, je ne crois pas. Prête-moi ton épée. "
" ...quoi ? Qu'est-ce que tu comptes faire ? "
" T'aider... "
Soudain, avant que Guillaume ne puisse refuser son offre, il sentit sa queue de serpent lui voler son arme accrochée à sa ceinture.
" EH ! ATTENDS NE... ! "
Un bruit métallique se fit entendre. La lame avait touché le sol. Qu'est-ce que...
" Qu'as-tu fait ?
" Tiens. C'est la pointe de ma queue. "
" ...tu...tu t'es mutilé pour... "
" Ne t'en fais pas. Je n'ai pas de nerfs sur cette partie de mon corps, ça ne me fait pas de mal. Et puis ça va repousser... comme un lézard. "
Il sentit prendre sa main et y déposer le bout de chaire. Il sentit également son épée être remise dans son étui.
" Voilà. Maintenant tu as ce qu'il faut... "
" ... Aurélien ? Pourquoi tu m'aides ? "
" C'est ma façon de te remercier... "
" Me remercier de quoi ? De t'avoir presque tué ? "
" Non. De m'avoir parlé. Et de m'avoir écouté. Je ne me rappelle plus la dernière fois où j'ai réellement pu dialoguer avec quelqu'un d'autre que moi-même... Même la prière ne m'aide pas. Athéna semble m'avoir abandonné aussi. "
" Athéna n'abandonne personne... c'est juste une déesse très occupée... "
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-3 jours plus tard-
Guillaume était rentré chez lui. Il y a 2 jours on l'avait officiellement annoncé comme homme libre. Il s'allongea sur son lit, profitant finalement d'un bon repos après toutes ses années de batailles.
Aurélien ne quittait pas son esprit... et dire qu'il avait fini sa carrière en montrant de l'empathie pour cette dernière cible...
D'un côté il s'en fichait. Il se serait voulu de l'avoir tué maintenant qu'il savait qu'il était pacifique.
Il n'arrivait pas à dormir. Maintenant que c'était un homme libre, il était devenu un peu parano: des esclaves et d'autres hommes considérés comme "non-citoyens" s'étaient déjà faits assassinés dans leurs sommeils une fois leurs liberté accordée.
Cependant, lui n'avait aucune raison de réellement s'en faire. Le sénat et l'assemblée ne le détestait pas et il ne représentait pas un fardeau pour la société. C'était juste un homme qui n'était pas né sur ces terres mais qui avait prouvé sa vraie valeur entant qu'homme. Mais... on est jamais à l'abri d'une morte accidentelle... et puis... on a toujours quelqu'un qui nous hait. Même sans raison particulière.
Il se redressa brusquement en entendant un bruit rampant sur le sol de sa chambre et attrapa le couteau qu'il gardait caché sous son oreiller.
Il resta attentif au moindre souffle dans la pièce, immobile.
" N'aies pas peur... c'est moi. "
Même si ils ne voyaient rien, ses yeux s'écarquillèrent.
" Au...Aurélien ?! "
" Oui, c'est moi... "
" Que...Qu'est-ce... Ne reste pas là, enfin ! Nom de Zeus ! Tu veux te faire tuer ?! "
" Chuuuut... tout le monde dort dans la ville. Ne t'inquiète pas. Et puis, je me suis déguisé. Regarde... enfin... touche, plutôt. "
Il pris sa main et la posa sur sa tête. Il sentit un bout de linge qui la recouvrait.
" Ça reste quand même complètement insensé de ta part. Si je t'aies épargné ce jour là ce n'était pas pour que tu risque ta vie en venant ici ensuite ! Retournes d'où tu viens ! "
" Je ne vais pas tarder, mais je tenais à te voir une dernière fois... et te remercier. "
" Tu m'as déjà remercier en me laissant sortir de ta cachette saint et sauf. Pas la peine de le répéter. "
" Non, je veux te remercier comme on m'a appris à le faire, là où j'ai grandi. "
" ...c'est à dire...? "
Il sentit la créature poser sa main sur sa joue et tressailli quand le souffle de sa respiration toucha son nez. Qu'est-ce qu'il... ?
Il sentit ses lèvres sur les siennes.
Ah...
" Je tenais vraiment à le faire. Je ne te dérangerai plus. Passe une bonne nuit. "
Le bruit de sa queue rampant sur le sol le sorti de son état d'ivresse.
" Attends ! "
" Mh ? "
" ...tu sais que...entant qu'homme libre, on dit que j'ai désormais plus de chance de me faire entendre par les Dieux en priant... "
" ...oui ? Et ? "
" Si je prie pour toi ? Tu crois qu'ils m'écouteront ? "
" ...pourquoi tu me demande ça à moi ? "
" Parce que tu les as côtoyé auparavant. Tu dois mieux les connaître que n'importe qui. "
" ...j'en sais rien du tout. Mais très sincèrement je ne crois pas. Ce sont eux qui m'ont condamné. Même si ils t'écoutent ils n'y prêteront pas attention. Voir même ils t'en voudrons de prier pour quelqu'un comme moi. Alors ne le fais pas. Ne fais rien. Je ne voudrais pas être la raison pour laquelle tu ne pourras pas profiter pleinement de ta liberté. "
" ...ne t'en fais pas pour moi. Je suis un grand garçon. "
" Tu es complètement fou, oui. Tu risquerais ta liberté pour une abomination ? "
" J'ai déjà risqué ma vie pour des gens qui valaient moins que ça... "
" Ne dis pas ça. "
" Je suis un homme libre. Je dis ce que je veux, sur qui je veux... "
" ...comme tu voudras. J'espère qu'aucun mal ne te tombera dessus. Tu est la meilleure personne qui m'ai arrivé de croiser depuis un bon moment. Qu'Athéna te bénisse et te protège. "
La créature s'en alla, laissant seul celui qui devait être son bourreau.
Ce dernier se mis à genoux sans plus tarder, les mains ouvertes et paumes contre le sol et la tête levée vers les cieux.
Il pria pour cette créature. Lui souhaitait de s'en sortir et de ne rien lui arriver de mal. Il pria surtout Athéna car cette dernière semblait revenir pas mal de fois dans les paroles d'Aurélien. Ce devait être la seule déesse en laquelle il avait confiance.
Déesse de la guerre, certes. Mais de la sagesse également.
" ...il vous a demandé de me bénir. Je vous demande d'en faire de même pour lui... "
Bizarrement en disant ces mots il sentit une présence dans la pièce. Pas menaçante. Mais pas vraiment attendue non plus.
Ce n'était pas la présence d'une déesse guerrière qui envahissait la chambre.
C'était une ambiance... chaleureuse.
" ...Aphrodite ? "
" Enchantée, bel homme. "
" ...puis-je savoir la raison de votre présence ? "
" Oh et bien... Athéna ne cesse de me dire que je suis nécessaire, là, maintenant... je n'ai pas plus de détails cependant. "
" Navré de vous dire que j'en aurais pas plus que vous. C'est Athéna que je prie. Je ne cherche pas l'amour. "
" Mmmmmh... certain ? "
" Oui. Je demande juste que cet être soit protégé. C'est une protection que je demande. "
" Vous parlez de la Gorgone ? " - elle soupira en souriant - " Ça fait longtemps que je ne lui ai pas parlé. Autrefois, quand il était enfant, l'amour et la tendresse émanait de lui. Maintenant on le prive de tout ça... simplement parce que Poséidon n'a pas su respecter son mariage. "
" Il m'en a parlé. Il m'a dit qu'il vous côtoyait beaucoup à une époque. Pourquoi ne pas l'avoir défendu ? "
" Certains Dieux sont plus convaincants que d'autres... et puis je n'étais pas concernée par cette histoire. Athéna n'avait pas vraiment son mot à dire non plus. "
" ...est-ce qu'elle peut au moins répondre à ma demande ? "
" Bien sûr. Mais... il semblerait qu'à ses yeux votre demande de protection est une preuve d'affection. Elle en a donc déduit que j'étais la mieux placée pour intervenir. "
" ...bon, si il le faut... vous pouvez donc y remédier ? "
" Bien sûr. Tant que votre affection envers lui prospère il restera intouchable. "
Guillaume sourit légèrement.
" Merci Aphrodite. Merci de tout cœur. "
Elle ricana.
Elle déposa un petit baiser sur sa joue, ce qui surpris Guillaume.
" Désolée. J'ai toujours rêvé faire ça. "
Et elle disparue.
" ... je fais tant effet que ça ? "
- 2 mois plus tard -
Les 2 hommes continuaient de se voir. Guillaume avait insisté pour être celui qui se déplacerai pour venir à sa rencontre. Il était hors de question qu'il s'aventure à nouveau seul dans la ville avec le risque de se faire prendre.
Ils commençaient à tisser des liens et leurs relations devenait de plus en plus solide. Un jour, Guillaume se rendit compte qu'il n'avait toujours pas su à quoi Aurélien pouvait ressembler. Il le lui demanda la permission de poser ses mains sur son visage afin de connaître au moins les traits de sa face.
Il était fin. Un nez légèrement pencher avec une petite bosse (comme la plupart des grecques), une bouche bien dessinée de ces lèvres charnues et de grands yeux. Ses mains glissèrent inconsciemment sur une partie de son crâne et il y sentit la même zone écailleuse que sur son corps. Par réflexe, il rétracta son bras mais Aurélien le rassura.
" Ne t'en fais pas. Elles ne mordent pas... "
" ...ce sont vraiment des serpents ? "
" Des couleuvres, oui. Elles n'ont pas de crocs, ne t'en fais pas. "
Il pris sa main et la posa sur sa tête. La sensation était... particulière. C'était comme plonger sa main dans un panier à cobras mais sans le danger qui allait avec.
Il pu sentir le corps de ces dernières s'enrouler autour de ses doigts et leurs langues lui chatouiller le poignet.
" Je crois qu'elles t'aiment bien. "
Guillaume rigola tout bas. C'était plutôt adorable comme situation.
" Mais si elles n'ont pas de crocs à quoi servent-elles ? Elles ne peuvent pas te défendre... "
" Non. Mais je crois que c'est pour faire fuir les autres animaux. Mon pouvoir ne marche que sur les humains. Du coup, pour me protéger d'autres espèces, elles se manifestent pour les faire fuir. Par exemple... "
Soudain, il sentit les couleuvres se redresser toutes en cercle sur son crâne comme un éventail et entendit leur sifflements qui servaient d'avertissement.
" Ça doit être pratique, effectivement. J'aimerais tellement pouvoir les voir. Ce doit être exceptionnel. "
" Non, pas vraiment. Tu me fuirais. Enfin... tu n'aurais même pas le temps de t'enfuir... "
Leurs conversations n'évoluèrent pas trop. Mais ils s'en fichaient. Ils voulaient juste se parler de tout et de rien. Chaque jour, ils apprenaient de nouveaux détails l'un sur l'autre. Et plus ils se connaissaient, plus ils s'aimaient.
Ce n'était pas de l'amour charnel. Juste affectueux. De toute manière, c'est n'est pas comme si ils pouvaient aller loin dans leurs sentiments amoureux. Leurs anatomie ne leurs permettaient rien à part des baisers délicats.
Un soir, en rentrant chez lui, Guillaume fut surpris par le vent qui semblait tournoyer autour de lui de plus en plus fort. Que ce passait-il ? Ils étaient en été.
Soudain, le souffle de la nature fut tel qu'il sentit ses pieds lâcher le sol.
" Qu'est-ce que...?! EH ! C'EST QUOI ÇA ?! "
En premier lieu il chercha à se débattre. Mais comment ? Et contre quoi ? Le vent ? L'air ? Sérieusement ?
Il resta donc immobile, en attendant de voir ce qui allait lui arriver.
" AÏE ! " - Il retomba au sol, sur son dos.
Il se redressa brusquement, attentif au moins bruit maintenant que tout semblait calme.
Comme si ce n'était pas déjà suffisant, une douleur intense vient atteindre son crâne.
Il attrapa se dernier entre ses mains et tomba à genoux sous la forte pression qui venait de se loger dans sa tête.
Il cria de douleur, toujours accroupi au sol, pendant plusieurs secondes.
Il souffla, soulagé en sentant la douleur partir petit à petit. Mais toujours confus par ce qu'il venait de se passer.
" Ce... c'était quoi ça... ? "
Il était encore trop secouer par la douleur pour se rendre compte qu'un mouvement se manifestait à sa droite.
......un mouvement ?....
Le bruit de la poussière....
La poussière....
Le crépitement des arbres...
Les arbres....
Il...
" Je... je peux voir... " - chuchota-t-il en regardant ses mains et ses doigts se plier sous sa demande.
" Oui. Tu peux voir. "
Il sursauta.
" Qui êtes vous ?! "
Il ne pu rien voir derrière le nuage de poussière qui cachait le propriétaire de cette voix. Mais un coup d'éclair révéla une silhouette imposante et...familière avec ce qu'on lui avait raconté dans son adolescence.
" ...Poséidon ? "
" Exactement, guerrier. "
" Que... pourquoi ? "
" Pourquoi quoi ? "
" Mes yeux ! C'est vous qui m'avez rendu la vue ? "
" Oui. Mais ne te réjouis pas trop tôt. "
Guillaume qui était parti pour le remercier se tût immédiatement.
" Guillaume, je te propose un marché. "
" ... "
" Ta vision contre la vie d'Aurélien. "
" ...quoi ?! "
" Cette abomination était sensée disparaître le jour où tu es rentré dans sa grotte. Ce n'est toujours pas chose faite. Mais je te donne une nouvelle chance pour y remédier. Tue-le et je t'accorde le sens de la vue pour toute la vie. "
" ...et si je refuse ? "
" Tu ne refuseras pas. Je te connais trop bien, Guillaume. Je le sens en toi. Ça été ton seul souhait durant toute ta vie. Et maintenant je te donne l'opportunité de l'exaucer. Accepte juste ma requête. Débarrasse-toi de cette chose. Et tu auras ce que tu as toujours souhaité. "
Guillaume baissa son regard.
C'était une opportunité en or. Mais...
Aurélien...
Soudain, un bruit surpris Poséidon: le rire de Guillaume. Il avait une intonation plutôt... moqueuse.
" Pourquoi rigoles-tu ? "
" Pour un Dieu vous êtes extrêmement mal informé. "
" ... "
Guillaume se releva, fixant du regard le Dieu de la mer.
" En quoi ma vision me manquerait ? Toute ma vie je me suis battu pour ne plus en avoir besoin. Pour pouvoir vivre normalement sans elle. Je suis l'homme le plus vigilant que la Grèce ai connu malgré mes yeux inutiles. Quel plaisir pourrais-je en tirer ? Quel avantage aurais-je à pouvoir voir le monde en couleur. Je le connais déjà assez bien. Et cette Gorgone que vous m'ordonnez d'assassiner, la seule personne que j'aurais pu souhaitez voir au moins une fois dans ma vie est la seule qui m'interdit de le faire. Je connais son pouvoir. Cette malédiction que vous lui avez jeté. "
Il ferma les yeux.
" Votre proposition est vide de sens. Non seulement je perds la seule personne qui compte pour moi, mais en plus je perds ma dignité en acceptant votre requête. Reprenez mes yeux. Ils ne me serviront à rien. "
Une longue pause se présenta après ce monologue. Poséidon fit rugir la tempête avant de répondre d'un ton ferme.
" Bien... "
D'un mouvement brutal, il griffa son visage, lui retirant la vue à nouveau.
" Je le ferais moi-même... "
Il n'eut pas le temps de se calmer sous la douleur du coup qu'il venait de recevoir sur le visage.
Il se redressa en un éclair.
" TU NE LE TOUCHERAS PAS ! "
Il retomba au sol aussitôt. Un fort courant d'air contre ses jambes.
" Tu as peut être été efficace contre les monstres mythiques. Mais contre les Dieux tu ne restes qu'un humain parmi tant d'autres. Médiocre et aveugle. "
Une nouvelle onde de choque s'abat sur Guillaume et l'écrase contre un arbre l'assommant sur le coup.
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Il se réveilla ne sachant pas combien de temps était passé. Mais il ne perdit pas de temps : il se releva, encore un peu secoué par le choc et essaya de s'orienter avec l'arbre qu'il avait percuté.
" OK...ok, ok, ok... si l'arbre est là...si la branche sort de ce côté... ça veut dire que... ok ! A droite ! Faut partir à droite ! "
Et il couru à toute allure dans la direction où il avait parlé avec Aurélien la dernière fois.
" Je ne te laisserai pas lui faire de mal ! "
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Pendant ce temps Aurélien, qui était toujours caché dans sa grotte, se fit tout petit en entendant la voix de celui qui lui avait jeter cette malédiction.
" Sort de ta cachette, Aurélien. C'est inutile. Tu sais pertinemment que tu ne peux m'échapper. "
" LAISSES-MOI TRANQUILLE ! TU M'AS DÉJÀ PRIS MA LIBERTÉ ! QUE VEUX-TU DE PLUS ?! COMMENT... Comment peux-tu encore plus m'humilier ? Tu m'as déjà tout pris ! "
" Tout ? Je ne crois pas, non... "
Soudain, un grand coup contre les murs fit trembler toute la cavité.
" J'ai rencontré ton petit ami. "
" ... "
" Oui, Aurélien. Je sais pour Guillaume. Et je sais où il se trouve. Ce serait dommage que quelque chose de grave lui arrive... tu ne crois pas ? "
" ...que me veux-tu ? "
" Je veux, dans un premier temps, que tu sorte de ta cachette. Laisse-moi te voir. Après toutes ces années... "
Sa respiration était saccadée. Il ne voulait pas se montrer. Il voulait rester immobile dans son coin. Mais... Guillaume... "
" Alors tu te décide ? "
" Je vais sortir, ça va ! Promets-moi juste que tu ne lui feras rien... "
" Tu as ma parole. "
Il rampa doucement hors de son coin, se montrant enfin à Poséidon.
" Je vois que ma femme n'a pas été tendre avec toi... "
C'était bien lui, ça. Il ne perdait jamais l'occasion de lâcher des commentaires insolents.
" C'est dommage... tu étais mon préféré, il fut un temps... "
" Cesse de parler du passé. Maintenant que je me tiens face à toi dis-moi ce que tu me veux. " - le coupa-t-il.
" Du calme, jeune homme. Du calme... "
" Ne t'approche pas ! "
" SILENCE ! On ne t'as jamais appris à respecter les Dieux ? "
" On m'a appris à respecter les bons. " - lui répondit-il froidement en lui montrant ses crocs.
" Insolent... " - malgré sa demande, Poséidon continua de s'avancer - " La raison pour laquelle je suis venu te voir c'est pour te proposer une offre ? "
" Non. Je ne veux rien de toi. "
" Tu ne m'a même pas laisser t'expliquer ce que je proposais. "
" J'en ai pas besoin. Je ne te rendrai jamais service même si ça me permettrait de retrouver forme humaine ! "
" ... " - Poséidon se tut.
" C'était ça, hein ? Tu voulais que je sacrifi une vie pour sauver la mienne ? Que je prenne les jambes de quelqu'un pour retrouver les miennes ? Non. Jamais je ne te laisserai maudire une autre personne comme tu l'as fait pour moi. Va-t-en, Poséidon ! Je ne veux plus te voir ! "
" Tu sais très bien que je ne vais pas te laisser le choix. "
D'un geste brusque, le Dieu propulsa la créature violemment contre le mur, le faisant presque perdre connaissance.
Maintenant qu'il était immobile et sans aucune issue, il se rapprocha d'un pas menaçant.
" Reste... reste loin de moi ! "
" Chuuuut... écoute ce que j'ai à te dire... "
" Je ne veux plus t'entendre ! Je ne veux plus VOUS entendre ! Toi et les autres de l'Olympe ! Vous n'êtes que des êtres égoïstes ! "
" SILENCE ! "
Il sentit maintenant un poid s'abattre sur son torse. Il étouffait...
" La raison pour laquelle on t'as privé de ta nature humaine est tout simplement parce que tu ne cessait de la rejeter ! Tu passais plus de temps à parler aux Dieux qu'aux humains, tu t'es même débrouiller pour monter À PIED sur l'Olympe, tu as mangé à notre table, bénéficié de nos soins, de nos pouvoirs, tout ! "
" Mensonges ! Tu m'as séduit jusqu'à ce que j'accepte de venir dans tes draps ! Tu m'as piègé parce que tu ne supportais pas le traitement de faveur que les Dieux pouvaient offrir à un humain ! Je n'en veux ni à Zeus, ni à Athéna, ni à TA FEMME pour ce qu'on m'a fait ! Tu es le seul responsable ! Tu as profité de ma naïveté pour obtenir ce que tu voulais de moi avant de t'en débarrasser comme si je n'étais que du linge sale ! "
Poséidon sentit sa rage augmenter. Tellement que le vent qui les entourait se transforma en ouragan. Le poid sur la cage thoracique d'Aurélien se fit de moins en moins supportable. Il savait qu'il risquait sa vie, mais il préférait mourir en gardant la tête haute plutôt que de céder à ces caprices indignes venant d'un Dieu.
" Très bien. Comme tu voudras... Hadès décidera de ton sort... "
Aurélien eut envie de crier sous la douleur, mais tout l'air de ses poumons semblait s'être échapper. Il ne pouvait rien faire. C'était la fin pour lui. Il eut une dernière pensée pour Guillaume. Il voulait que ce soit la dernière chose dans son esprit avant de le perdre à jamais.
" POSÉIDON ! LÂCHEZ-LE ! "
Cette voix...
" J'arrive pas à le croire... "
Il se retourna dans la direction de celui qui réclamait son attention, laissant Aurélien reprendre son souffle en touchant le sol.
" Vous êtes pathétiques. Tant l'un que l'autre. Qu'espérez-vous faire contre moi ? Un aveugle et une créature rejetée par les cieux. Pourquoi continuez-vous de croire que vous arriverez à vos fin ? "
" Et vous ? Même pas capable de régler le compte d'un simple humain démunie de sa vision ? Je crois que vous nous sous-estimer beaucoup trop... "
Poséidon grogna. Cet humain lui prenait littéralement la tête.
" Je vais commencer par toi... "
" Non ! Non, je t'en prie ! Laisse-le tranquille ! Il n'est pas concerné par cette histoire ! " - implora la créature.
" Il est devenu concerné à partir du moment où tu lui as parlé de toi et de ton passage chez les Dieux. Encore une fois, Aurélien: tout est de ta faute... "
Guillaume aggripa de toute ses forces son épée et son bouclier, tentant de s'orienter grâce à la voix du Dieu de la mer et la densité du vent qui les entourait.
" Guillaume ! Non ! Va-t-en ! Cours ! Tu ne peux rien contre lui ! "
" Tu te rappele de ce que tu m'as dit quand on s'est rencontré ? Je préfère mourir avec dignité qu'en fuyant comme un lâche... "
" On se fiche de ce que je t'ai dis ! Là c'est différ... "
Soudain, un gros coup de vent tut Aurélien, accompagnant le regard de Poséidon.
" Voilà qui est mieux... tu la fermes, vile créature. C'est entre nous moi et Guillaume, maintenant. "
Ledit se prépara. Même si il savait que ce serait futil. C'était un Dieu après tout. Que pouvait-il faire contre lui ? A part peut-être permettre à Aurélien de s'en sortir. Il devait juste tenir assez longtemps et le convaincre de se sauver.
" Je commence... "
Guillaume sentit une boufée d'air humide souffler dans sa direction. Il se protégea avec son bouclier et sentit toute la pression s'abattre dessus. Il concentra toute sa force dans ses jambes et ses pieds pour rester immobile.
Il profita de ce moment peu risqué pour crier.
" AURÉLIEN ! SAUVE-TOI ! RESTES PAS LÀ ! "
"GUILLAUME ! NON ! JE... "
" FAIS CE QUE JE TE DIS ! "
" JE REFUSE DE TE LAISSER À SA MERCI ! "
" T'OCCUPE PAS DE MOI ! FICHE LE CAMP ! "
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Un coup de tonnerre provoca un acouphène aiguë chez les deux êtres terrestres. En couvrant leurs oreilles, ils avaient l'impression que leurs tympans allaient éclater.
" Qu'est-ce que... par Athéna... "
Les nuages d'où provenaient les éclairs formèrent un aspect humanoïde.
Poséidon soupira. Il ne manquait plus que ça...
La forme nuageuse commença à prendre une surface plus solide. La peau, les cheveux et les cicatrices apparurent.
Athéna
" Ça suffit, Poséidon. Tu n'as aucune raison de venir ici sur terre pour régler des comptes qui se sont produient depuis plusieurs années. Ce n'est pas digne de ta réputation. "
" Il n'est pas digne d'une déesse de se mêler des affaires des autres. "
" Affaires des autres ? J'étais présente le jour de son jugement. "
" Jugement auquel tu n'avais pas ton mot à dire ! "
" J'ai dis ce que j'avais à dire. Mais il faut croire que les Dieux n'avaient pas la bonne version de l'histoire... surtout ta femme. "
" ... Amphitrite ? "
Athéna hocha la tête.
" Mais... ça peut vite s'arranger... "
" Que veux-tu dire ? "
" Et bien... je me demande ce qu'elle en penserait de toi si elle apprenait qu'au final c'est toi qui n'a pas pu résister aux charmes du petit humain qui se trouve derrière toi. Que c'est toi qui l'a charmé sans lui dire que tu étais déjà promis à une autre... "
" Tu ne ferais pas ça... "
" Tu veux vraiment me défier là dessus ? "
Les deux Dieux se fixaient droit dans les yeux. Le regard de la femme traduisait tout son sérieux. Bien sûre qu'elle le ferait. Pourquoi se gênerait-elle ?
" Pourquoi tu protège cette piètre créature ? "
" Cette piètre créature, comme tu dis, est avant tout un humain maudit par ta faute. Il est sous ma protection et celle d'Aphrodite. "
" Aphrodite ? Pourquoi elle... ? Oh. Oh je vois... " - Il posa son regard sur Guillaume avant de ricaner - " Bien sûr. Bien évidement que seul un aveugle pourais apprécier cette chose. "
" Il est peut être aveugle mais grâce à lui tu n'as plus aucun pouvoir sur Aurélien. Tant que son amour pour lui reste réel il sera sous notre protection. "
Poséidon roula des yeux en comprenant que son retour à l'olympe ne serait pas une partie de plaisir.
" Pars maintenant. Tu n'as plus rien à faire ici. "
Le Dieu jeta un dernier regard glançant à Aurélien avant de disparaître.
" Guillaume ! " - il rampa aussi vite que possible vers lui et le pris dans ses bras - " Tu vas bien ? "
Sa réponse l'étonna. Il rigolait. Mais un rire beaucoup trop hilare pour ce qui venait de se produire.
" Guillaume ? "
" Excuses-moi ! Mais... Eheh... c'est tes couleuvres... elles me lèchent le visage. "
Les petits vertébrés étaient donc tout aussi joyeux de voir que le guerrier n'était pas trop blessé.
" Petits ! Petits, arrêtez ! " - ordonna-t-il tellement embarrassé qu'il en devint rouge.
Bon, cela dit... il avait aussi envie de l'embrasser de toutes ses forces mais il se retint se disant que ce n'était pas le bon moment.
Il sentit la présence de sa déesse adulée derrière lui. Cette dernière lui souriait sincèrement. Comme si elle tentait d'exprimer une sorte de fierté envers lui. Comme une mère envers son fils.
" Tu n'as rien de casser, Aurélien ? "
" Non, je vais bien. Et Guillaume semble intacte aussi. "
Le sourire de Guillaume disparu.
" A...Athéna est ici ? C'est elle ? "
" Oui. Oui, c'est elle. "
" Nom de Zeus... " - Guillaume se pencha en avant, faisant sa révérence à la déesse.
" Guerrier ? Que faites-vous ? " - demanda-t-elle curieuse.
" Je vous implore une faveur... "
" Une faveur ? "
" Oui... une grande faveur... "
" ...de quoi s'ag... "
" Redonnez à Aurélien forme humaine ! " - demanda-t-il sans louper une syllabe.
" Guillaume... je ne... "
" Je vous en prie ! Il ne mérite pas tout ça ! Vous même vous le savez ! Je vous implore ! Par pitié " - il posa son front sur le sol - " Libérez-le de cette punition. "
Un court silence pesa entre les 3 êtres avant qu'Athéna ne lui réponde ce qu'il redoutait.
" Je n'ai pas ce pouvoir, Guillaume. Je ne peux rien faire pour lui... "
" Alors qui peut faire quelque chose pour contraindre ce sort ? Dites-le moi ! Je prierai ce Dieu tous les jours ! Toutes les heures si il le faut ! Je cesserai de manger et de dormir ! Tout ce que vous voulez mais faites quelque chose pour lui. Dites-moi ce qui doit etre fait ! "
" ... "
Encore un lourd silence encore plus long que le premier. Mais à nouveau la réponse ne fut pas au niveau de ses attentes.
" Je suis désolée. C'est irréversible. "
Guillaume soupira de désespoir. Il sentit une main se poser sur son dos. Celle d'Aurélien.
" Ce n'est rien, ne t'en fais pas. Je m'y suis habitué. "
" Il y a forcément un moyen... j'en suis sûr... dites-le-moi... "
" Guerrier, non. Aurélien est condamné à vivre avec ça. "
" Il devra exister sous cette forme éternellement... il est immortel... même la mort ne lui est pas permise. Il ne mérite pas ça... "
" Je suis de votre avis, Guillaume. Mais je suis navrée... "
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Pendant des années, les deux amants vécurent cachés aux yeux du monde.
Guillaume avait demandé qu'on l'octracise de la ville afin de justifier sa nouvelle vie d'ermite.
Il vécu loin de tout et de tous avec Aurélien. Bien que se dernier l'implorait de ne pas s'isoler du monde juste pour rester avec lui, ce dernier lui répondait:
" Tant que je serais en vie tu ne sentira plus le fardeau de cette solitude qui t'as accompagné pendant toutes ces années. "
Aurélien avait bien essayé de protester mais rien n'y fit. Cet homme était aussi têtu qu'aveugle.
Ils passèrent les années qui suivirent sans jamais se quitter. Leur amour était sincère et pure. Il se le prouvaient avec des paroles douces, des caresses, des baisers...
L'un et l'autre mourraient d'envie par moment d'aller plus loin aisément leurs anatomies ne pouvaient le leurs permettre. Ils se contentaient déjà de ce qui leurs était permis... c'était suffisant.
Les 46 années qui suivirent furent les plus belles de l'existence de la Gorgone. Au bout de tous ces ans, son amant rendit son dernier souffle, le quittant de la même manière qu'il l'avait rencontré : sans peur.
" Je serais toujours près de toi. Je veillerai sur toi depuis les cieux... "
Quelques larmes s'échappèrent de ses yeux en sentant la force de sa main qui tenait la sienne disparaître petit à petit. Il semblait endormi... allongé sur le lit paisiblement.
Il resta à ses côtés pendant de longues minutes, pas encore décidé à accepter son départ.
Une de ses larmes atterri sur son visage, puis une autre, et une troisième, suivi d'un serpent....
....attends...
Un serpent ? Une couleuvre ?! Qu'est-ce que ?!
Il leva la tête vers le plafond, croyant que le reptile provenait d'ici mais rien. Pas de troux, pas de fissures, ni d'endroits ou rester accrocher...
Soudain, un autre couleuvre tomba au sol, derrière lui.
Que se passait-il ?!
Sous la panique soudaine, il se cogna la tête contre une plaque fixée au mur et la tint entre ses mains par réflexe.
Il sentit une sensation bizarre sur son crâne... il manquait quelque chose...plusieurs choses...
" ...les petits ! "
C'était ses couleuvres... celles qui avaient occupés sa tête durant toutes ses années... elles tombaient au sol.
" Qu'est-ce que... "
Il semblerait que les surprises ne s'arrêtaient pas là: une chose de nouveaux pris forme sur son cuire...chevelu ? Des cheveux...? ..... DES CHEVEUX ?!
Il avait complètement oublié la sensation d'en avoir... c'était doux... c'était...
" WOAW ! " - Il tomba au sol perdant l'équilibre. Comme si sa queue de serpent avait perdu la force de le tenir debout. Et c'était le cas...
Elle commençait à noircir presque instantanément. Comme si elle pourrissait...
D'abord effrayé, il rempa sur le sol comme pour essayer d'échapper à quelque chose... mais quoi, enfin ? C'était sur lui ! Comment pouvait-il fuir à ça ? "
Une nouvelle sensation bizarre envahit son corps.
Cette fois, il semblait qu'il pouvait bouger... à l'intérieur de sa queue ? Il se sentit gigoter à l'intérieur de son corps comme si sa queue n'était qu'une couverture moisie.
Il ne ressentait pas de douleur...juste... des mouvements provoqués par lui... des mouvements qu'il avait oublié depuis plusieurs années.
Il bougeait... ses jambes.
Il se calma un peu et se remis à ramper sur le sol et remarquant que son corps reptilien se détachait de lui. Comme un serpent change de peau. Lui il changeait d'anatomie.
" ...je suis... humain... "
Il tenta de se redresser. Admirant ses jambes... SES JAMBES, NOM DE ZEUS !
Mais il ne pouvait pas se réjouir. Guillaume n'était plus là...
Dans une tentative désespérée, il secoua son corps allongé lui implorant de se réveiller. Il était enfin comme lui ! Ils n'auraient plus à se cacher ! Ils pouvaient... ils auraient pu...
" Pourquoi maintenant ? Pourquoi m'accorder la liberté et la mortalité maintenant ? Je n'ai plus de raisons de l'être... "
Il se questionna sur pleins de choses. Surtout le pourquoi de sa transformation.
Et ce n'est qu'au bout de quelques heures, en tenant le corps inanimé de son amant dans les bras qu'il compris.
C'était le prix de sa liberté.
Il se rappela de ce jour où Athéna s'était présentée à eux après leurs encontre tumultueuse avec Poséidon:
Quand Guillaume implorait l'aide de la déesse, lui demandant des solutions pour sa malédiction, Aurélien avait secoué la tête en la regardant.
Bien sûr, Guillaume ne pouvait pas s'en apercevoir, mais la Gorgone ne voulait pas qu'Athéna lui révèle la seule solution contre son sort:
La mort de la personne qu'il aimait.
C'était la seule condition pour lui accorder à nouveau ses jambes. Mais Aurélien avait refusé de le dévoiler à son amant, sous risque qu'il décide de donner sa vie pour la sienne.
C'était perdant-perdant.
Soit vivre une vie humaine sans son amant, soit vivre comme une vile créature à ses côtés.
Son choix était vite fait...
Aurélien sentit ses yeux larmoyer à nouveau. D'un côté il s'en voulait de n'avoir pas accorder la vérité à Guillaume, mais d'un autre il était fier d'avoir tenu jusqu'au bout dans son secret pour le protéger.
Juste... il compris que jamais son amant n'aurait su au combien il l'aimait. De ce dont il était capable pour le protéger aussi.
Jamais il n'aurait su ce qu'il avait fait pour lui... et ça, ça lui faisait mal...
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~Quelques jours plus tard~
Aurélien remplissait une gourde d'eau, près d'une rivière de l'autre côté de la ville. Bien que ça lui faisait un peu bizarre de côtoyer d'autres personnes, il s'y habituait plutôt vite. Il était agréablement surpris en se rendant compte que les hommes étaient gentils avec lui. Ça changeait des lancés et des épées qu'on lui avait pointé dans son visage.
Un frisson parcouru son corps le faisant lâcher sa gourde. Il lâcha un petit juron en s'accroupissant pour la rattraper.
Un courant d'air fit rouler l'objet dans la rivière, l'obligeant à se mouiller les jambes.
" Reviens ici ! "
Il avança difficilement avec le courant contre ses jambes mais fini par poser sa main dessus et l'aggriper par la anse.
Il la relâcha brusquement en sentant une pression sur sa main.
En relevant le regard, il vit un homme de son âge qui avait tenter de faire de même, en aggripant la deuxième anse.
" Oh désolé ! Je ne voulais pas vous la voler. Je voulais vous aider à l'attraper. Le courant n'est pas calme ces derniers temps. "
" ... "
" ...vous allez bien ? "
" ... "
" Eh ? Vous aller bien ? "
" ...Guillaume ? "
" Euh... oui. C'est mon prénom. On se connaît ? "
" On... je... " - Il ne pu former une phrase correctement.
Guillaume se tenait là en face de lui mais ne sembler par le connaître. C'était lui, mais jeune. Comme le premier jour où il s'étaient rencontré...
" Vous tremblez. Vous avez froid ? Ne restez pas dans l'eau, vous allez tomber malade. "
" Oh...euh... non, je... " - Il repris ses esprits (enfin, autant qu'il pouvait) et arracha des mains du jeune homme sa gourde - " Me...Merci ! C'est très gentil ! Désolé de vous avoir déranger ! Au revoir ! "
Et il se retourna presque brusquement pour rentrer chez lui.
" Bonne journée ! " - ajouta le jeune garçon.
Il s'arrêta sur le champ, les yeux rivés sur le sol sec qui contrastait avec ses pieds mouillés.
Était-ce l'ultime bonté des Dieux ? Pour lui ? Une nouvelle opportunité de vieillir heureux avec quelqu'un. Lui qui avait vécu seul toute sa vie ?
Qu'une façon de le savoir...
Il se retourna dans la direction du garçon.
" Attendez ! "
" ...oui ? "
" Je... J'ai pleins d'autres gourdes à remplir. Vous voulez bien m'aider ? "
Guillaume lui sourit. Ravi de voir qu'il allait pouvoir parler un peu plus à ce jeune homme.
Ravi de ce qu'il voyait.
~ Fin ~
Eeeet c'est la fin !
J'espère que vous avez apprécié !
Oui, j'ai écris le texte en format colonne pour être plus en accord avec l'ambiance Grèce Antique 😅
Merci pour tous les commentaires que vous m'avez laissé jusqu'à maintenant !
Gros bisous ! ❤
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