L'établissement est sale, mal tenu, et il empeste la charogne et l'alcool. L'homme au guichet tente de draguer ma mère. De l'entrée, je peux déjà deviner son haleine d'ivrogne, avec une pointe de cannabis. Un arnaqueur, manipulateur. Le genre de type qui se tape un plan-cul pour le détrousser pendant son sommeil. Ce qu'il veut faire avec ma mère. Je rentre et lâche un sourire froid. Je le fusille du regard. Il s'éloigne d'un mètre, comme si il cherchait une clé.

Il y a beaucoup de monde au bar. Les pensées de ces hommes se mélangent à la peur générale. Je ne sais pas ce qu'ils craignent, mais je n'ai aucune peur. Donc, ça ne m'inquiète pas. J'aurais peut-être du y faire attention. Ça m'aurai éviter plus d'une mauvaise surprise...

" Chambre 25 m'dame. " dit-il dans sa barbe.

L'étage est composé des chambre. Il n'y a rien d'autre. On entre dans une salle sombre avec une odeur déplaisante.  Sur la porte, à l'extérieur, il y a une petite plaque en bois  avec écrit 25 dessus. Notre chambre, donc. Il y a deux lits, un simple et un double.

Je pose Alexy sur le lit simple et traîne Mélissa dans la salle de bain. En entrant, une odeur répugnante de produits chimiques mélangés à une forte odeur corporelle nous prend la gorge. Je relâche un instant la main de ma sœur, qui en profite pour s'enfuir. Je me tourne vers elle, lui jette un regard noir, et elle s'immobilise.

Elle revient vers moi, pas trop près, et me suis dans la petite salle. La propreté laisse à désirer, et je me doute que la gamine ne voudra jamais se laver la-dedans. Je regarde par la fenêtre et remarque un autre hôtel au bout de la rue. Visiblement, un hôtel de luxe. Je sens le regard insistant de ma soeur passer de moi à ce bâtiment, plein d'envie. Je lâche un soupire et sors de la pièce, suivie de Mélissa.

J'observe ma mère, qui couche Alexy. Il croise mon regard, je sens qu'il sait ce qu'on veut faire, et ce qu'il va se passer. Ce regard, je le connais. Il est inquiet. En général, je fais attention à ce genre de regard. Mais se soir, j'ignore sa mise en garde.  On se place à l'entré, et on discute, comme si de rien n'était. Ma mère va se coucher, épuisée, énervée et sans se douter de rien.

Une petite demi-heure plus tard, ma sœur et moi sortons dans la rue. Mélissa est fatiguée, mais me suis, sans protester. Elle sait que je fais ça pour elle, et que si ça se passe mal, c'est moi qui en subirais les conséquences. Elle sait aussi que quoi qu'il arrive, elle n'aura aucune blessure physique.

En arrivant devant l'hôtel, ma petite sœur serre ma main plus fort. Il est évident que nous n'avons pas l'argent pour payer ne serait-ce qu'une douche, et que nous allons donc devoir tricher. Si moi j'ai l'habitude, Méli n'a jamais eu a le faire...

On entre, et j'observe. Je dois trouver une faille, un endroit sans surveillance, quelque chose comme ça. Je regarde chaque mur, chaque porte et chaque fenêtre. Mais rien. La surveillance dans cet hôtel est parfaite. Soudain, Mélissa sursaute, et je me tourne brusquement vers la source de sa surprise. C'est une fille de mon age, plutôt mignonne, qui s'est amusée à faire peur à ma sœur en lui sautant sur l'épaule.  Ses yeux bleus on une lueur malicieuse, des mèches rousses tombent sur ses épaules, couvertes par une veste jaune-orangée.

Je la regarde froidement. Elle me regarde et m'offre un grand sourire.

" Vous allez pas bien les filles ? Vous êtes sur les nerfs, on dirait que vous avez braqué une banque ! Venez, j'ai une chambre à moi dans cet hôtel on va boire un verre ! "

J'accepte l'offre, avec un peu de chance, on aura accès à une douche...

On suit la fille. En marchant, elle nous dit qu'elle s'appelle Minndie, que son père est le gérant de l'hôtel et que du coup, elle a la chance d'avoir une chambre à elle. On monte des escaliers. Ma petite sœur se détend. Moi,  j'ai plus de mal. Je ne connais pas cette fille, et je ne sais pas si je peux lui faire confiance.

Nous arrivons dans une pièce spacieuse, très éclairée. Un petit salon qui donne sur une cuisine et sur une chambre. Cette dernière pièce est violette, avec une ombre de chat dessinée en énorme sur un des murs. Les autres sont couverts de dessins sans queue-ni-tête... Un violon est posé dans un coin, et des dizaines de livres sont éparpillés un peu partout.