Chapitre 9
ROSE
« On ne sait pas de quoi la vie est faite. Un jour tout semble paisible et aller pour le mieux tandis que le lendemain votre vie bascule sans que vous ne puissiez rien faire.
Un accident vous prend par surprise alors que vous vous rendez tranquillement chez votre copine, pour lui faire une surprise.
Votre frère se rompt le cou à ski, ou se casse la jambe en roller, alors qu'il ne voulait que s'amuser.
Mais le plus dur à vivre, c'est quand une maladie quelconque vous assaille. Quand elle réduit votre vie à néant, d'un coup de baguette magique. »
Je relisais ces mots dans mon carnet. Ces mots que j'avais écris l'année dernière, après la découverte de mon Alzheimer très précoce.
Je pris une nouvelle page de mon carnet et commençai à rédiger :
«Mon cher Journy,
Je viens de relire ces quelques phrases datant de l'année précédente. Et tu sais quoi ? Je me pose pleins de questions auxquelles je n'ai pas de réponses. Ces questions sont même stupides je dirais...
Alors je ne vais pas les rédiger, pour une fois je vais les garder, et te les donner une fois que les choses auront évolué.
Les tests et scanners s'accélèrent pour moi, ce qui fait que je suis de plus en plus fatiguée et je passe mes journées à dormir ou à l'hôpital. Je ne vais plus à l'université et je ne vois que très rarement Amber. Et Sean je le croise seulement à l'hôpital quand il a ses visites aux mêmes heures que les miennes. Sinon je suis comme "coupée du monde".
En ce moment, je rêverai juste de partir loin, sans le dire à personne. Partir avec mon père, Amber et Sean. Sans oublier Charlotte et les jumeaux. Ce serait génial et j'en oublierai tous mes problèmes.
Mais le malheur des choses fait que c'est impossible. Mais pour moi, si ça continue comme cela, je vais péter les plombs.
Il faut que je change d'air.
Si tu veux tout savoir mon journal adoré, je veux juste laisser une pensée, une trace de moi. Car quand je ne serais plus là, quand j'aurais disparue et oublié toute ma vie dans son ensemble, qui sera la pour me rappeler les bons souvenirs à part toi ?
C'est ce que je redoute de plus en plus en ce moment ... À force de ne rien faire, j'ai peur que mon Alzheimer s'accélère et que je n'oublie les vrais choses de la vie, les vrais valeurs ...
J'ai une idée !
Ce soir je sors en douce, je vais sur la plage et faire du surf, comme me l'avait enseigné Sean !
Et bien sûr, je l'appelle pour qu'il me rejoigne.
Journy je te salue, j'ai à faire.
Rose. »
Je pris mon téléphone, envoyai un message à Sean lui demandant de me rejoindre à la plage à dix-neuf heures trente.
Il le répondit par l'affirmatif et je lui précisai de prendre sa planche de surf.
Maintenant, je devais faire semblant de dormir pour que mon père ne se doute de rien et me laisse tranquille ce soir.
Oh je sais ! Je vais lui dire que je fais un Skype avec Amber ! Il nous connaît tellement qu'il sait qu'il ne vaut mieux pas nous déranger dans ces moments là.
-Papa ?
-Oui ?
-Je vais faire un Skype avec Amber ce soir !
-D'accord, je ne viendrais pas vous déranger alors ! répondit-il à travers l'escalier.
Quand je vous disais que mon père nous connaît trop bien elle et moi ?
***
19h20.
C'était l'heure d'y aller. Je passai par la fenêtre et me glissai à l'extérieur.
Le soleil était en train de se coucher donc nous allions sûrement faire du surf sous les étoiles, quoi de mieux ?
19h29.
J'arrivais enfin après une course contre la montre à vélo, histoire d'arriver à l'heure.
Je saluai mon amoureux de loin après l'avoir repéré au bord de l'eau.
Je m'approchai, lui sautai dans les bras et l'embrassai. Il me rendit mon baiser avec passion et rit face à mon enthousiasme.
C'était une belle soirée qui débutait !
***
SEAN
Je feuilletai tranquillement un journal que ma mère avait laissé trainer ici, étant donné que je n'avais strictement rien à faire ici.
C'était un magazine de médecine. Étant donné que ma mère était infirmière, elle se tenait au courant de toutes les nouveautés de son monde.
Je regardais la couverture une seconde fois quand mon œil fut attiré par un gros titre. «Alzheimer» était noté en rouge, de façon à ce que ce soit bien voyant. Je pensai immédiatement à Rose et me précipitai vers la page 15 où l'article débutait.
«Aujourd'hui, des chercheurs à Stockholm dévoilent enfin au public leur programme contre l'Alzheimer. En effet, après de nombreuses semaines d'attente, le gouvernement a accepté la mise en place de leurs recherches. Les premiers essais ont débuté il y a quatre mois et les résultats sont déjà concluants.»
Le seul fait de lire les premières lignes me fis comprendre que Rose avait peut-être une chance de survivre. Et le plus tôt serait le mieux. Car elle commençait déjà à oublier certaines choses, des choses assez essentielles à mon goût.
L'autre fois nous étions chez elle avec son père et ses grands parents et elle ne se rappelait déjà plus des prénoms de Jacques et Nicole, ses grands-parents. Ils avaient été très attristés de cette situation. Selon eux, et je cite, leur "petite fille adorée ne pouvait pas perdre la mémoire ainsi, c'était une erreur de la nature".
Ensuite, nous étions avec Amber et Roméo en soirée, histoire de lui changer les idées, et elle était la seule à être restée sobre car elle devait conduire au retour. Bien entendu, je n'avais vu qu'un ou deux verres, au cas où. Sauf qu'en milieu de chemin, elle ne se souvenait plus s'il fallait tourner à droite ou à gauche, alors qu'il fallait continuer tout droit sur à peine cent mètres.
La dernière fois que j'étais chez elle à attendre qu'elle rentre de sa journée shopping avec sa meilleure amie, son père m'avait confié qu'elle commençait à relire les pages de son journal, pour essayer de se rappeler de toutes les choses importantes qui étaient arrivées ces deux dernières années.
La semaine dernière nous étions à la plage à faire du surf, et elle avait complètement oublié comment faire pour tenir debout et surfer les vagues. Je m'en étais inquiété à force de la voir perdre la mémoire à toute allure et avais pris rendez-vous avec son docteur le lendemain.
Ce dernier nous avait dit que la maladie s'aggravait plus vite que pour n'importe lequel des patients qu'il avait eu jusqu'à présent et qui étaient atteints d'un Alzheimer précoce.
En fait, elle s'en voulait de tout oublier, de faire de la peine à ceux qui étaient ses proches sans s'en rendre tellement compte et sans faire réellement exprès.
Alors si je venais chez elle demain et annonçais à son père qu'il y avait peut-être une chance qu'elle s'en sorte, vu les résultats énoncés et inscrits dans cet article, il accepterai sûrement. Du moins je l'espérais.
***
J'étais devant la porte après avoir sonné, à attendre que l'on vienne m'ouvrir.
C'était John, le père de Rose qui m'apparu. Je le saluai gentiment mais lui me donna une accolade avant de me faire entrer.
Il me proposa un café que je refusai poliment.
-Mon garçon, pourquoi es-tu ici si tôt ce matin ? me questionna-t-il.
-Je voulais vous parler de quelque chose que j'ai découvert.
-Ah oui ? Et sur quel sujet ?
-Sur la maladie de Rose.
-Je t'écoute, fit-il en posant ses coudes sous son menton, faisant en sorte de me montrer que j'avais toute son attention.
-Ma mère avait laissé traîner un magasine de médecine sur la table du salon et je l'ai feuilleté sans savoir ce qu'il y avait dedans. Il y avait un article qui parlait de l'Alzheimer et du fait qu'un traitement avait été mis en place il y a quelques mois après de longues années de recherches et que les résultats étaient déjà concluant pour certains patients.
Je le vis retenir son souffle tandis que je continuai :
-J'ai donc pensé que Rose pourrait participer à ce programme et peut-être guérir...
Je m'attendais à ce que ce soit lui qui me réponde, mais il eut à peine le temps d'entrouvrir la bouche tandis qu'une autre voix intervînt à la place :
-C'est hors de question qu'on me donne ce traitement, lança Rose.
-Ma chérie, commença son père, c'est une chance qu'il faut saisir ! Avec ce traitement tu pourrais peut-être guérir.
-C'est bien cela le problème. Vous ne parlez que de "peut-être" et de chose approximatives. Mais où sont les résultats concrets ? Ceux qui réussissent et font le bonheur de tout le monde ? Nulle part. Pour l'instant que n'est qu'un coup de chance pour ceux à qui le traitement réussi. Les autres ne sont qu'un échec. Alors non, je ne participerai pas à cela si c'est pour finir par être un échec moi aussi.
Ça avait le don d'être clair et net.
Mais je ne voulais pas qu'elle refuse cette chance qui s'offrait à elle.
Plus les mois passaient et plus le temps avançait rapidement, la rapprochant de ce moment où elle sera emporté par la maladie, quand elle ne se souviendra plus de RIEN.
-Rose, je t'envois les documents et à vous aussi John, dis-je en m'adressant à son père. Et après que tu les aies lus, tu auras le droit de refuser, mais pas avant. Et aussi, va lire les témoignages de ces personnes guéries.
Elle me regarda, le visage dur et creusé par la fatigue.
Où était passée cette Rose rayonnante de bonheur dont j'étais tombé amoureux ?
Certes c'était toujours la même, mais cette étincelle de bonheur semblait avoir disparue. Et cela me faisait mal de ne plus la voir aussi épanouie qu'avant.
-S'il te plait, la suppliai-je.
-Bon très bien. Mais je suis sûre que je ne changerai pas d'avis après cela.
C'est ce qu'on verra...
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