Chapitre 6
Rose.
J'étais réveillée depuis peu quand je me rendis compte que j'étais dans un lit d'hôpital. Amber et Charlotte, qui étaient à mes côtés, m'expliquèrent ce qui était arrivé. Ma meilleure amie me raconta aussi qu'elle avait engueulé Sean car c'était de sa faute -d'après elle- si j'étais ici, à l'hôpital.
Tandis qu'elle me racontait certaines choses comme le fait que mon père allait venir vers vingt heures, j'aperçus Sean depuis la fenêtre de la chambre qui donnait sur le couloir aux murs plus blancs que du linge.
Je demandai aux filles de me laisser pour que je puisse lui parler. Ce dernier entra et je vis bien qu'il était gêné par la situation. Je lui expliquai donc que s'il voulait des explications, il y avait certaines conditions, que je lui énumérai avant de commencer mon récit.
-Avant tout, tu dois me promettre de ne pas me couper dans mon récit, de ne pas t'en aller en plein milieu, de ne pas pleurer, me prendre en pitié, de ne pas crier, hurler ou autre, mais de rester calme et zen, gentiment assit sur ta chaise. Tu penses en être capable ?
-Oui bien sûr. Mais il se passe quoi exactement ? Je ne comprends rien du tout, expliqua-t-il.
-Alors, j'y arrive...
Je me rehaussai légèrement de ma chaise et me lançai :
-Je ... En fait il y a quelques années les médecins m'ont diagnostiquée une maladie rare.
Je jetai un coup d'œil vers Sean et il m'encouragea à poursuivre.
-J'ai une sorte d'Halzeimer précoce, très précoce...
Il me regarda avec un regard que je n'arrivai pas à déceler. Mais je vis une lueur de tristesse passer dans sa pupille. Il continua :
-Mais qu'est-ce que tu as, maintenant ?
-Le choc que j'ai reçu à la tête y est pour quelque chose. En fait mon Halzeimer est très spécial. Il est présent en moi depuis toujours mais arrivé à un certain âge, il peut se déclencher. Et en l'occurrence avec un coup à la tête, dans la zone où est localisée la maladie.
-Alors quand tu as reçu ce coup c'était le déclenchement de ta maladie ?
-Oui c'est ça... Et je ne veux pas t'entendre dire que c'est de ta faute parce que ça ne l'est pas. En aucun cas. Tu n'étais pas au courant alors ça ne fait pas de toi le responsable.
-Mais t'aurais du me le dire ! se défendit-il.
-Quoi ? Comment ? Tu voulais que je te dise "Hey moi c'est Rose alors j'ai un Halzeimer précoce et au moindre coup à la tête je peux crever, sinon toi tu t'appelles comment ?".
-Mais non, bien sûr que non ! Tu aurais pu me le dire avant de monter dans l'attraction !
-Bah j'ai pas eu le temps figures-toi ! Alors maintenant le sujet est clos et on en reparle plus. Je vais reprendre ma vie normalement et on verra par la suite.
J'étais énervée.
Cet idiot m'avait mis hors de moi à tenter de se rentre responsable. Sauf que la seule responsable, c'est cette maladie qui m'a assaillie à ma naissance.
Elle seule et personne d'autre.
***
Nous étions dimanche, le lendemain. Papa était venu me chercher et nous étions rentrés à la maison.
Au début, il m'avait chouchouté comme pas possible, ayant peur que je subisse un choc une seconde fois. Il avait joué au papa poule toute la journée et franchement, même si ça peut paraître trop, j'ai bien apprécié. Ça montre qu'il tient à moi. De plus, ça nous a permis de passer du temps ensemble. On a pas mal parlé de tout et n'importe quoi et franchement ça m'a fait du bien. Je lui ai parlé de Sean et du fait qu'Amber ne l'aimait vraiment pas, et aussi du fait que le "retour" de maman -si on peut appeler cela comme ça- me paraissait trop faux. Il m'a beaucoup conseillée.
Comme je l'aime mon papa !
Mais après, il m'avait engueulé et c'était parti en dispute qui avait plutôt dégénérée...
***
Depuis mon séjour à l'hôpital, une semaine s'était écoulée. Nous étions actuellement samedi et j'étais sortie le dimanche dans la matinée sans penser à prévenir mon cher paternel. Bien évidemment je m'étais fait engueuler par mon père qui avait dit, et je cite : « Je te croyais plus responsable que ça ». Résultat, on s'était fait la tête pendant plus de deux jours, ce qui avait été très long pour lui comme pour moi, puisque nous sommes très proches. Le jeudi, il avait insisté pour que je retourne en cours et bien sûr, avec tout ce qu'il s'était passé, je n'avais pas pu avoir toutes les photos qu'il me fallait, notamment celles avec mes grands-parents. Ma prof qui se fichait royalement de ce qu'il m'était arrivé, m'avait donc enlevée la moitié des points et j'avais été de mauvaise humeur toute la journée. Pour couronner le tout, je n'avais pas de nouvelles de Sean depuis la dernière fois qu'il était venu à l'hôpital. Je l'avais croisé dans les couloirs de l'université mais il ne m'avait pas adressée la parole. J'en avais parlé à Roméo mais ce dernier n'en savait pas plus.
Aujourd'hui j'étais bien décidée à aller lui parler, qu'il le veuille ou non, pour mettre les choses au clair. Je lui envoyai le message suivant :
« Rendez-vous à quatorze heures à la plage à l'endroit habituel. T'es obligé de venir, je veux te parler. »
Je ne reçus pas de réponse mais espérais qu'il irait quand même au point de rendez-vous.
Je mis un short blanc avec un tee-shirt noir puis mes converses couleur pêche et allai au garage prendre mon vélo pour rouler en direction de la plage.
Il était quatorze heures trois et toujours personne en vue. Je commençais à stresser à l'idée qu'il ne vienne pas... Je le considérais comme un super bon ami et l'idée qu'on ne se parle plus comme avant me faisait un peu de mal.
Soudain j'entendis des pas et du sable voler. Je me retournai et le vis.
-T'es venu finalement ? demandai-je doucement.
-Tu voulais me parler à priori, répondit-il d'un ton neutre.
-Euh oui, commençai-je déstabilisée par son attitude de je-m'en-foutiste. Je voulais te demander si le fait que tu aies appris pour mon... pour ma maladie, avait changé ta façon de me voir.
-Mais Rose ! Tu ne te rends pas bien compte ! s'exclama-t-il. Tu es malade, t'as une maladie qui te ronge de l'intérieur et tu voudrais que je fasse comme si je n'étais pas au courant ?
-Je ne te demande pas ça ! continuai-je. Juste de me reparler. Ton attitude de cette semaine me fait penser que j'ai la peste ou autre maladie mortelle !
-Mais ta maladie est mortelle ! Tu finiras bien par en mourir un jour ou l'autre !
-Sean, fis-je, arrête de me prendre pour une fragile. Ça fait plus de deux ans que je me bas et ce n'est certainement pas aujourd'hui que je vais arrêter. Alors j'aimerais que tu fasses comme si tout allait bien. S'il te plaît...
-Mais comment tu veux que je fasse comme si tout allait bien ? explosa-t-il.
-Sean... arrête de crier.
-Tu vois, quand je te regarde maintenant, je ne vois plus que cette fille fragile allongée sur un lit d'hôpital il y a une semaine, et ce, par ma faute.
-Je t'ai déjà répété que ce n'était pas ta faute. C'était un A-C-C-I-D-E-N-T ! criai-je à mon tour en accentuant bien ce dernier mot. Ça aurait pu arriver à n'importe qui. Mais par malchance, c'est tombé sur moi.
-Et tu vas me dire que ta maladie c'est un accident ?
-C'est pas la même chose, dis-je.
-Et si..., commença-t-il un peu plus calme.
-Non, je ne veux pas entendre de suppositions. Ni "si", si "mais", d'accord ? Je veux juste entendre parler d'espoir et de projets futurs.
-Comme tu veux.
Le silence s'installa rapidement, et seul le bruit des vagues était là pour rappeler que le temps n'était pas figé.
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