Chapitre 3
«19 juin 2017.
Hier a été une journée des plus banales. Je suis allée en cours, et à quinze heures, j'ai été au centre commercial pour développer mes dernières photos. Certaines étaient magnifiques, notamment celles d'Amber. Malheureusement je ne lui ai toujours pas reparlé, ce qui fait que nous sommes encore en froid... J'ai vraiment été blessé par ses propos. Beaucoup de personnes m'avaient dis des choses blessantes par le passé, mais seules les paroles de ceux qui comptaient à mes yeux me faisaient réellement mal.
Pour changer de sujet, papa a été voir maman ce matin et je suis venue directement ici, me réfugier, ne voulant pas être là quand il m'annoncerait que ce serait un "non" comme réponse. Mais étant donné que je suis là depuis près de trois heures, je devrais peut-être songer à rentrer, que mon père ne s'inquiète pas trop.
Je te laisse journal. Ta Rose"
De retour à la maison, un silence de glace régnait. Je passai la porte du salon et soudain j'entendis un bruit de verre se brisant au sol. Je me stoppai net.
Et si c'était un voleur ? Je commençai à paniquer, alors je m'emparai d'une petite bûche traînant à côté de la cheminée.
Oui nous avions une cheminée, mon père disait que ça donnait un charme à la pièce de vie, même si ça ne nous était d'aucune utilité vu la chaleur qu'il faisait toute l'année. Parfois je ne le comprenais pas, mais malgré ça je l'aimais énormément.
Je repris ma marche. Au fur et à mesure que je me rapprochai, je pus distinguer deux voix : celle de mon père et de ma... mère.
Un milliard de questions me vinrent à l'esprit. Que faisait-elle ici ? Et dans la cuisine de son ancien chez elle qui plus est ?! Pourquoi ces éclats de voix et bruits de verres brisés ? Et si elle était ici pour mon exercice de photographie ? Papa aurait-il réussi à la convaincre ?
Je n'avais pas bien entendu mais ces bouts de phrases de leur conversation parvinrent à mes oreilles :
-Tu sais très bien que je surveille son dossier à l'hôpital ! Même si je ne suis pas présente...
-Tu ne l'approches plus, tu sors de nos vies à tous les deux ! lança mon père.
-Mais tu sais bien ce que ça veut dire ce scanner !! contre-attaqua ma mère.
Je décidai de faire mon apparition, comme si de rien était, voulant couper court à leurs chuchotements qui allaient foirent imploser mon père. De toute façon je savais bien que mon père ne me cacherait jamais rien sur mon état de santé. Ni sur rien d'autre d'ailleurs.
- Pap..., commençais-je avant de m'arrêter dans mon élan et en faisant semblant de ne rien avoir entendu.
- Ma chérie ! fit ma mère en se jetant dans mes bras.
Je regardai alors mon père avec insistance. Je pus lire de l'incompréhension totale sur son visage mais aussi une grande colère.
- Oui oui c'est ça, dis-je en me décollant d'elle. Les accolades ça va aller pour le moment. Tu es là pour des photos non ?
- Euh... oui, en effet, me répondit-elle en jetant un coup d'œil à mon père, qui lui, ne changea pas d'expression, se contentant juste de hausser les épaules.
J'avais compris qu'elle n'était nullement au courant que je devais faire des photos avec elle.
- Super ! m'exclamai-je, peut-être un peu plus que je n'aurai voulu. On va au café sur la rive le temps que je vous explique le programme ?
Mon père me sourit et empoigna ses clefs de maison. Ma mère me fit un sourire forcé.
Tous trois, nous nous dirigeâmes au café de Matthieu, un ami de la famille.
À notre entrée, la clochette fit son petit tintement habituel comme à chaque fois qu'un client passait la porte. Cela me fit sourire, me rappelant toutes les fois où j'étais venue prendre un smoothie après l'école, avec mes parents.
Les tables disposées sur la droite et la gauche laissaient face à nous, le comptoir et au fond à droite, la terrasse qui était face à l'océan. Je souris de plus belle.
Mais ça c'était avant malheureusement, quand nous n'étions pas une famille recomposée.
Je secouai ma tête pour chasser ces pensées et m'installai à côté de mon père sur la terrasse, ma mère en face.
Quelques minutes après, Matthieu ne tarda pas à arriver pour nous saluer et pendre nos commandes. Même s'il était le patron de cet endroit, il faisait le même travail que ses employés. C'était pour cela que tout le monde l'adorait, également pour ses délicieuses pâtisseries.
- Bonjour la compagnie ! nous salua-t-il. Je vous sers comme d'habitude ?
- Oui s'il te plait, fit mon père avec un sourire.
Une dizaine de minute après, nos boissons étaient là et je pus commencer à expliquer mes idées photos :
- Alors, pour commencer, je dois faire des photos de ma famille proche, soit mes parents. Ensuite les grands-parents et cousins-cousines. Donc pour commencer. J'avais pensé à des photos de vous deux qui faites comme si vous étiez toujours ensemble, personne n'est obligé de savoir que c'est pour de faux.
Mon père et ma mère se regardèrent et hochèrent la tête d'un air sérieux, comme s'ils avaient compris que ça allait être un jeu de rôle.
- Ensuite, il m'en faut avec papa et maman. Mais du coup papa, on les fera demain ou ce soir les nôtres, et je les fais avec maman en priorité aujourd'hui.
- Très bien ! C'est plutôt clair comme projet ! On s'y met ? lança mon père, très enthousiaste.
On finît nos boissons et on sortit de l'établissement pour aller sur le front de mer ; les photos seront plus belles avec le soleil derrière.
Après plusieurs heures passées à mon exercice, ma mère du nous quitter et à mon plus grand regret, elle s'en alla sans accolade pour moi. Ça me fit un gros pincement au cœur.
Elle était partie depuis déjà une heure et pendant tout ce temps, mon père et moi avions marché le long de l'océan, bras dessus, bras dessous; parlant de tout et n'importe quoi.
Il m'avait aussi informé que mes cousins arrivaient demain après-midi et qu'il faudrait que j'aille les chercher car lui travaillerait et rentrerait assez tard.
Alors que nos pieds rencontraient le sable à chaque fois qu'ils touchaient le sol, je fus interpellée par une personne dont je commençais à connaître la voix par cœur : celle de Sean.
- C'est qui ? me questionna mon père.
- Un ami.
- Tu le connais d'où ?
- De la plage. Il est venu me voir quand j'écrivais l'autre jour et depuis on se voir assez souvent, souris-je à mon père.
- Hmm je vois, fit-il suspicieux.
Malgré sa réponse vague, il me fit signe d'y aller en me lançant tout de même un regard qui voulait dire "on en reparlera".
-Bref je vais rentrer à la maison. Tu veux que je passe au studio pour développer tes photos ?
- Non non c'est bon, j'irai demain matin avant d'aller chercher Charlotte, Lucie et Arthur.
- Très bien ! Mais ne rentre pas trop tard, je veux que tu sois de retour avant dix-neuf heures tapante. Pas une minute de plus ni une minute de moins ! dit-il en essayant de paraître le plus sérieux possible. Chose qu'il n'arriva pas à faire puisque l'on se lança dans un fou rire à vous en faire mal aux abdominaux.
***
Ce matin je m'étais levée de bonne humeur. Mes cousins arrivaient et je sentais que ça allait être une journée bien remplie, exactement comme je les aimais !
J'étais actuellement en chemin pour les chercher à la gare mais il fallait avant tout que je passe au studio pour developer mes dernières photos, que j'avais trié à l'avance bien entendu.
Dans le magasin, au fond plus exactement, je m'installai et sortis tout le matériel nécessaire au développement de mes photos.
La porte d'entrée ne tarda pas à retentir, signalant la présence d'une nouvelle personne et me faisant me retourner. J'aperçus une tête que je ne connaissais que trop bien : celle d'Amber, ma meilleure amie, avec qui j'étais en froid depuis le début de la semaine.
- Hey, lâcha-t-elle doucement.
- Salut, fis-je.
- C'est ton père qui m'a dit que je te trouverais ici. Je euh... je voulais te parler. Je peux ?
Je haussai les épaules, signe que je m'en fichais. Elle prit ma réponse pour un oui puisqu'elle ajouta :
- Surtout laisse moi parler du début à la fin et ne me coupe pas s'il te plait.
Je la regardais intensément, lui faisant comprendre qu'elle pouvait commencer.
- Alors tout d'abord je tiens à m'excuser... Je n'aurais pas du dire ça l'autre fois à propos de ta mère. C'était complément stupide de ma part et je m'en veux tellement tu ne peux même pas savoir à quel point. Et ensuite je venais te prévenir que Sean m'avait parlée un peu durant la semaine, s'inquiétant de ne pas te voir et autre... Je crois qu'il t'apprécie beaucoup et je pense aussi que j'ai mal réagit par rapport à lui. Il est très gentil et ne te veut rien de mal. Mais par contre, s'il ose te faire pleurer ou du mal, je m'occuperai personnellement de lui, sans même te demander ton avis.
À la fin de son discours, je me rappelai pourquoi elle était ma meilleure amie et je la pris dans mes bras. Car même si ses paroles restaient dans ma mémoire, je ne pouvais pas faire la tête indéfiniment à celle que je considérais comme ma sœur jumelle.
On termina de sortir les photos et au bout de vingt minutes on avait fini, car bien sûr ça allait plus vite à deux.
Elle m'accompagna finalement à la gare chercher tout le monde car elle connaissait bien Charlotte -avec qui elle s'entendait bien- et elle voulait venir pour rencontrer les jumeaux.
Un peu d'attente après, les voilà qui descendaient tous les trois du train en riant à gorge déployée. Comme ils m'avaient manquée ! Je ne les avais pas revus depuis... l'été dernier, soit un bon bout de temps déjà.
Quand elle m'aperçut, Lucie me courut dans les bras et me fit un très gros câlin. On fut bien vite rejoint par son frère et leur grande sœur.
Après ces accolades, je fis les présentations à ma meilleure amie.
- Alors Amber je te présente Lucie et Arthur, respectivement petite sœur et petit frère de Charlotte, que tu connais déjà.
Lucie était une petite fille de treize ans. Elle était la jumelle d'Arthur. Les yeux bleus-verts, elle était de taille moyenne pour son âge et ses cheveux bruns lui arrivaient un peu plus bas que les épaules.
Arthur, le frère jumeaux de Lucie lui ressemblait en tous points sauf un : il avait quelques petites tâches de rousseurs sur les pommettes, ce qui ne le rendait que plus mignon et attrayant.
Et Charlotte, la plus grande avait mon âge ainsi que celui d'Amber. Elle était grande et ses cheveux étaient châtains, coupés assez courts sans vraiment trop l'être. Elle avait la peau bronzé et des yeux bleus turquoise à en couper le souffle.
- Cha ! Comment tu vas ? Et vous les jumeaux ?
- On va bien, me sourit Charlotte. Mais et toi ? Tu deviens de plus en plus belle au fur et à mesure du temps ! Je veux tout savoir !
- Hé Rose regarde ! On a grandit avec Lulu et maintenant je suis plus grand qu'elle ! fit malicieusement Arthur.
Comme ils m'ont manquée ces trois là...
- Aller ! On va chez moi ! Mais avant je vous propose un petit saut au Mcdo pour qu'on se prenne à manger !
- Ouiiiii ! sautèrent de joie Lucie et son frère.
Deux heures après, nous avions mangés et même eu le temps d'aller nous promener sur le bord de mer avant de rentrer à la maison.
Actuellement, on faisait une partie de guilis, les grandes contre les petits ! Mais bien vite ça se transforma en chacun pour soit et je me retrouvai au sol en moins de deux, une masse m'écrasant de tout son long : c'était Arthur.
Tout le monde s'arrêta subitement pour s'assurer que j'allais bien. Enfin "tout le monde" ne comptais seulement pour Amber et Charlotte. Elles seules étaient au courant pour ma santé, je n'avais pas voulu alarmer ma famille avant d'être sûre et certaine que c'était grave. À ce moment là, j'en parlerais. C'était aussi pour ne pas inquiéter les jumeaux qui risqueraient de s'inquiéter et de ne plus agir pareil avec moi s'ils étaient au courant.
En attendant confirmation, j'assurai à mes deux amies que tout allait pour le mieux en leur souriant à pleines dents.
Vers dix-neuf heures, ma meilleure amie dût rentrer chez elle mais je lui promis que l'on se reverrait le lendemain.
Tandis que nous parlions Cha et moi, mon père décida de rentrer, non sans discrétion : il fit sursauter les plus jeunes qui jouaient à la Wii dans le salon en leur faisant croire à un voleur.
Je dois avouer que j'ai eu peur mais qu'en arrivant en bas suivie de ma cousine, je n'avais pu m'empêcher de rire. Mon père se faisait menacer par une manette de Wii que tenait Lucie et par le cactus de la table basse, lui dans la main d'Arthur. Ces enfants vont me tuer un jour ! Ils sont là depuis à peine une journée et ils se prennent pour des policiers avec de vrais armes ou des superhéros, à vous de voir.
Papa a prit ça sur le ton de la rigolade et on se le remémora toute la soirée, se moquant d'eux deux avec gentillesse.
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