Chapitre 18
SEAN
C'était un jour de beau temps, le doux chant des oiseaux rendait l'instant magique. Le beau ciel bleu et le bruit des voitures, étaient présents pour me rappeler où je me trouvais, non pas dans un rêve mais bien dans la réalité.
C'était un jour de beau temps mais d'un tristesse hors norme. C'était le jour de l'enterrement de Rose, j'étais arrivé dix minutes à l'avance pour préparer les dernières choses.
Il y avait tout le monde, beaucoup trop de monde. Je passai saluer ceux que je connaissais comme sa cousine Charlotte et les jumeaux, sa mère, son père et je terminai par Amber à côté de qui je m'asseyai pour la durée de la cérémonie.
Le prêtre commença à parler mais je ne l'écoutai que d'une seule oreille. Puis quand vint le tour d'Amber de se lever, je la pris dans mes bras pour lui donner de la force.
-Aujourd'hui nous sommes réunis pour parler d'une personne incroyable, ma meilleure amie, commença-t-elle. Elle a sacrifié sa vie pour l'homme qu'elle aime et pour cela nous devrions tous être fiers d'elle. Elle m'a laissée quelque chose que je dois lire. Je tiens à préciser que je vais le découvrir en même temps que vous.
« Bonjour à tous, vous êtes sûrement réunis pour mon enterrement si ma meilleure amie est en train de lire ceci.
Je tenais à dire quelques mots en ce jour, même si je ne suis pas avec vous pour vous les dire.
Tout d'abord je vous aime tous. Et puis ne soyez pas triste. J'allai bien mourrir un jour alors que ce soit il y a trois jours ou dans cinquante ans ça revient bien à la même chose, non ?»
Je vis Amber esquisser un sourire face à ces derniers mots. Rose aura été la même jusqu'au bout.
Est la même.
Elle poursuivit.
«Papa, maman je resterai à jamais votre petite fille. Celle à qui papa faisait des couettes ratées le weekend pour sortir au parc. Charlotte et les jumeaux, n'oubliez pas de vivre votre vie pleinement heureux. Amber, ma sœur de cœur, pourquoi te dire au revoir alors que je ne suis que partie en voyage. Et Sean, l'amour de ma vie, je t'aimerai pour toujours et à jamais, c'était écrit dans mon destin. Alors ne perds jamais de vue ton but, réalise ton rêve, je t'en prie.
Et puis tout le monde, tous ceux dont je ne peux pas citer le nom et ceux dont j'ai cité le nom au dessus, je vous demanderai une dernière chose. Quand vous penserez à moi, ne pleurer pas à l'évocation de mon nom, mais souriez comme vous n'avez jamais sourit de toute votre vie.
Maintenant, laissez moi filer loin de cette planète où nous vivons. Laissez-moi rejoindre les étoiles, je vous surveillerai depuis là-bas et je serai votre ange gardien.
Avec tout mon amour,
Rose. »
En regardant l'assemblée, je pus voir toutes les têtes tournées vers elle puis elle fondit en larmes. Elle jeta un coup d'oeil vers le ciel comme si de là où elle était, Rose aurait pu la voir.
-Repose en paix ma sœur, chuchota-t-elle à travers le silence, la gorge nouée.
Puis ce fut le tour du père de Rose de venir faire un discours. Il se leva, des cernes présentes sous les yeux. J'avais de la peine pour lui. Ça faisait des jours qu'il ne dormait plus. Il passait ses journées à regarder de vieux albums de familles, ceux où Rose était encore une enfant. Ou alors il s'asseyait sur une chaise et fixait un point dans le vide, au loin sans rien dire. Il ne mangeait ni ne buvait, si bien que sa santé devenait préoccupante. J'espérait qu'il n'allait pas tomber en dépression. Sa fille ne l'aurait jamais voulu.
-Mes mots seront bref mais ils viennent du cœur. Il y a trois jours j'ai perdu mon enfant, ma seule et unique enfant. La petite fille avec laquelle j'ai toujours adoré jouer la journée ou encore lui lire des histoires le soir avant de s'endormir. Et malgré tout ça, un père ne devrait pas voir son enfant s'en aller avant lui. Je lui ai donné la vie et elle fait don de la sienne à un jeune homme remarquable. Ma fille, repose en paix je t'aimerai pour toujours
Il salua l'assistance et me fit signe de le rejoindre. Il me prit dans ses bras et s'y accrocha comme si sa vie en dépendait. Il pensait sûrement en quelque sorte que s'il faisait ceci, peut-être se rapprocherait-il de Rose pour une dernière fois...
Je montai l'estrade avec son aide. Il me soutenait avec son bras, étant donné que je sortais d'une opération chirurgicale datant d'il y a trois jours à peine. Il me laissa pour aller se rasseoir et je pus débuter mon discours, le dernier discours avant que l'on enterre son corps six pieds sous terre.
-Je sais bien qu'elle est là, pas loin. Juste là. Je ne la vois pas et je ne la sens pas mais elle, elle me voit. Puis elle sera toujours là, dans ma tête. Et là, dans mon cœur, dis-je en pointant les deux du doigt. Car l'amour est une chose éternelle, et ne disparaît jamais, peu importe les difficultés que l'on rencontre dans la vie. Elle est seulement passée dans la pièce d'à côté. Ou encore partie pour un long voyage comme elle l'a écrit. «N'emploi pas un ton différent, ne prend pas un air triste, continue de rire à ce qui nous faisait rire ensemble. Souris, et penses à moi» me dirait-elle.
Je sais bien que vous pensez tous que c'est de ma faute à moi. Que c'est pour moi qu'elle a fait ça. Mais je n'étais même pas au courant. Alors maintenant il va falloir que j'apprenne à vivre ainsi. Sans elle, seul. Avec une partie d'elle encrée en moi. Expliquez-moi comment vous feriez si vous étiez à ma place, pour ne pas culpabiliser ? Expliquer-moi, donnez-moi cette force.
Comme elle l'a dit dans les mots que sa meilleure amie nous a lu quelques minutes plus tôt, elle veut que nous nous souvenions d'elle avec un joli sourire.
Alors pour elle, je continuerais à avancer parce que j'aurais aimé que les gens qui m'aiment, continuent à avancer. On ne peut pas s'arrêter de vivre parce qu'on a perdu quelqu'un même si on a l'impression que l'on va se noyer à cause de cette douleur qui nous submerge en quelques instants... On ne peut pas. Ce serait laisser la mort gagner un peu plus. Et la seule façon de gagner contre la mort c'est la vie.
Alors je m'adresse à toi Rose. Je vais vivre pour toi et moi, les deux à la fois. Le fil n'a pas été coupé, notre connexion existe toujours. Je te le promets.
Mon amour, toi aussi tu m'as sauvé la vie, et je ne saurais jamais comment te remercier. Je t'aime plus que tout au monde et mon amour pour toi ne faillira jamais.
De légers applaudissements se firent entendre. Ils avaient apprécié mon discours et c'était le but.
À présent, quatre hommes baraqués approchèrent du cercueil pour le soulever et l'amener dehors. À leur suite, se forma un cortège. Les parents de Rose, moi et Amber dont je pris la main, Charlotte et Arthur ainsi que leur parents et Lucie. Puis tous les autres convives suivirent jusqu'au cimetière.
La cérémonie se termina tranquillement et les derniers invités s'en allèrent. Ne restait plus que les plus proches parents et amis.
Sur la tombe, des milliers de bouquets de fleurs et autres plantes diverses étaient présents. Ça devait être la plus belle tombe de tout le cimetière.
Un avion passa, faisant un boucan infernal, mais comblant le silence qui s'était installé. Une fois le calme revenu, nous nous regardâmes tous et puis d'une seule et unique voix, déclarâmes :
« Vis ta vie, fais un bon voyage jusqu'aux étoiles, nous ne t'oublierons jamais et t'aimerons pour toujours. »
***
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