«Yeah, heh, rumors

Yeah, we the word up on the streets

They talk, talk, talk 'bout you and me

Let's start some rumors, rumors

And no, I don't know where they came from »

Les premières paroles de la chanson « Rumors » de Jake Miller passaient à la radio. Je chantai en cœur avec Sean tandis que mon père était au volant de la voiture de location que nous avions loué à la sortie de l'aéroport. Amber était bien sûr avec nous, je n'allais tout de même pas partir sans elle !

Le paysage était splendide et changeait beaucoup de celui que j'avais l'habitude de voir à la maison. Ici la plage n'était pas à seulement un kilomètre de la maison, non elle était beaucoup plus loin. C'était perturbant mais j'étais à la fois émerveillée ; j'étais heureuse.

Sean me prit la main et me fit un grand sourire réconfortant. Je posai ma tête sur son épaule et me laissai emporter par les secousses de la voiture qui filait sur la route et par ses caresses dans mes cheveux.

« Mademoiselle ? Le traitement n'a pas marché, nous sommes désolés de vous l'apprendre. Mais il n'y a plus rien à faire, c'en est fini... »

Je me fis réveiller par mon copain qui me secouait sous les regards paniqués de mon père et de ma meilleure amie.

-Chutttt... chut ma belle, ça va aller, ce n'était qu'un cauchemar, dit-il d'une voix rassurante.

-Mais tout... les médecins, ce qu'ils disaient... Tout paraissait si réel !

-Je sais bien mon coeur mais ça va aller tu verras, demain tout sera fini, je te le promets.

-Et si le traitement ne marche pas ? lâchai-je d'une traite.

Ils me regardèrent tous trois comme si j'avais parlé d'un sujet tabou ou autre. Comme si on venait de leur lâcher une bombe en pleine figure.

-Ma chérie ne dis pas ça comme ça, le traitement va fonctionner je te le promets, me dit mon père qui était maintenant arrêté sur le parking de l'hôtel.

Je ne répondis rien à cela sachant très bien que sa promesse pouvait se rompre à n'importe quel instant, et un blanc s'installa rapidement entre nous quatre. Pour le briser, ma meilleure amie demanda si on comptait rester ici toute la nuit et aller prendre les deux chambres que l'on avait réservé.

Une fois que la dame de l'accueil nous ait donnés les clefs, on partit dans l'ascenseur. Personnellement, une fois la porte ouverte, je m'écroulai sur un des lits de la chambre que je partagerai avec Amber.

Mon père passa dans le couloir et comme la porte de notre chambre était encore ouverte, il en profita pour faire une photo de moi assez compromettante : j'étais allongée en mode « patrick l'étoile de mer » et il en rit de bon coeur.

J'espère qu'il rira aussi demain quand on nous aura annoncé que le traitement n'a pas fonctionné, pensai-je.

Pourquoi est-ce que j'étais aussi négative tout à coup ? Parce que je me disais que si les choses tournaient mal, ça me ferai moins de mal que si je m'attendais à un miracle.

C'est ainsi que je m'endormis, allongée sur mon lit, sous les rires de mon père et de ma meilleure amie. Sans oublier le matelas qui s'affaissa avant que je ne sombre dans un profond sommeil : c'était Sean qui s'était -je suppose- allongé à mes côtés. Je ne pouvais rêver mieux pour m'endormir...

***

-Debout mon cœur ! fit Sean doucement.

-Coucou, dis-je d'une voix encore endormie.

-Allez on se lève, c'est le grand jour.

Le.Grand.Jour.

Oui c'est cela. Comme j'avais envie que ça passe vite...

On prit le petit déjeuner à l'hôtel, enfin, ILs prirent tous les trois le petit déjeuner à l'hôtel mais pas moi car je devais être à jeun pour tout à l'heure.

Tout à l'heure. C'était si proche. Tout était arrivé bien plus vite que je ne le pensais. Il y avait encore deux semaines j'étais chez moi à hésiter à prendre le traitement ou non...

Bref, une fois finit de petit déjeuner, on se rendit à la voiture. Papa prit le volant et ce fut Amber qui s'assit à côté de moi cette fois-ci. Je l'en remerciai d'un sourire tandis qu'elle m'attrapa la main. Mon père mit le contact, le GPS et nous étions partis en direction du laboratoire.

Durant le trajet, mon merveilleux copain mit une playlist avec toutes mes musiques préférées ce qui me fit oublier pour un court moment, l'heure suivante. J'étais en train de chanter et rigoler avec ma meilleur amie à l'arrière de la voiture quand cette dernière se stoppa lentement et lança dans un bruit sourd :

-On est arrivés.

Je sursautai et mon coeur se mit à s'accélérer.

À travers le rétroviseur je pus voir tous les regards tournés vers moi, ce qui ne me rassura pas du tout.

À contrecœur, je sortis de la voiture et me dirigeai vers l'intérieur du bâtiment.

Après nous être adressés à l'accueil, on nous amena dans une salle d'attente avant que le docteur Stemitson ne vienne nous voir. Le Dr. Stemitson est le docteur qui me prendra en charge pendant le traitement et après.

-Bonjour monsieur et mademoiselle Heart ! fit le médecin en nous donnant une poignée de mains. Qui sont ces jeunes gens qui vous accompagnent ?

-Il y a ma meilleure amie et mon copain, répondis-je souriante.

-Très bien ! De la compagnie en plus ne fera pas de mal ! s'exclama-t-il joyeusement.

Ce docteur avait l'air très gentil, non seulement il était chaleureux mais il avait aussi l'air d'être comique. Heureusement que je n'étais pas tombée avec un vieux grincheux comme ceux que je connaissais si bien.

-Bon nous allons commencer, entrez je vous prie, nous montra-t-il de la main une pièce aux murs blancs.

Je m'asseyai sur une chaise tout comme les autres personnes présentes dans la pièce. Je détaillai enfin l'endroit : nous étions face au docteur qui était derrière un bureau, derrière nous se trouvait une salle fermée par une porte à double battant et à l'intérieur se trouvait une table d'opération.

Je déglutis. J'avais clairement la trouille de ma vie.

-Bon Rose, ton médecin, le Docteur Martins m'a transmit ton dossier et j'ai donc pu étudier les derniers scans que l'on t'a fait.

-Comment allez-vous procéder exactement ? demanda mon père, curieux.

-Tout d'abord je vais endormir votre fille, puis elle va être plongée dans un coma artificiel assez spécial afin que son cerveau stoppe toute activité cérébrale. Ensuite je vais injecter le traitement à l'aide de seringues dans différentes parties de son cerveau et une toute petite partie dans sa clavicule. Nous allons, à partir de cet instant, déclencher un chronomètre pendant vingt-sept minutes pour ensuite la réveiller et voir si tout a fonctionné. Pour cela, je lui poserai différentes questions auxquelles elle devra me répondre le plus sincèrement possible. C'est donc pour cela que je vous avais demandé de me dire ce qu'elle commençait à oublier.

-Très bien, tout me semble en ordre, lança mon père.

-Une dernière petite chose : vous avez été mis au courant des risques et effets secondaires ?

Bien sûr que j'avais été mise au courant : l'amnésie, le coma, la perte de la vue ou de l'ouïe ou même... la mort.

Je ne pouvais pas faire marche arrière, mais pourtant j'avais comme un mauvais pressentiment. Comme si pendant l'opération, quelque chose allait mal fonctionner, ou tout simplement, comme si le traitement n'allait pas me réussir. À moi.

-Rose, je te pose cette dernière question et nous passerons dans la salle d'en face : es-tu sûre que tu veux le faire ?