Lorsque souvenirs et avenir ne font pas bon ménage
Lorsque souvenirs et avenir de font pas bon ménage.
[Hello chers lecteurs! Voilà un loooong moment que je vous fais patienter pour la suite des aventures de Sarna! Alors vous ne rêvez pas, c'est bel et bien un nouveau chapitre! J'ai mis du temps à l'écrire, du fait de mon voyage et j'hésitais à vous le poster parce que la suite n'est pas écrite alors il vous faudra encore attendre. Mais tout à l'heure, j'ai vu que l'Héritière Oubliée avait dépassé les 40k vues! C'est assez dingue alors pour fêter ça, je vous laisse lire le chapitre qui suit! N'hésitez pas assez me dire ce que vous en pensez! Et désolée pour l'attente! Des bisous]
Les souvenirs de Sarna affluèrent en force. Ils la firent chanceler sur le dos de Linéa et la jeune fille se maintint sur la selle en s’agrippant au pommeau. Comme une vague, les réminiscences de son passé revinrent en même temps.
Ma chérie, je t’aime. Ne l’oublie jamais. Tes choix importent plus que tout.
Des visages se succédèrent dans l’esprit de Sarna pendant un temps qui lui parut infini.
Une femme aux traits familiers qui l’embrassait sur le front, un homme à ses côtés, ses grandes mains caressant son visage, un jeune garçon qui la regardait avec admiration. Des hommes en noir, leur visage boursouflé et en sang.
Des images de courses-poursuites lui revinrent en mémoire, des images de terreur et de cauchemar. Un monde qui s’effondre. Le sien.
Cache-toi ma chérie. Là, dans ton coffre. Reste-là et ne bouge pas. Je viendrai te chercher. Ne t’inquiète pas ma belle, tout va bien se passer. Je t’aime tellement mon amour…
Ses parents avant leur mort. Un dernier regard, un adieu que le temps n’effacera jamais et plus rien. Le vide et le néant s’accroche à la fillette qu’elle était. Pourtant, elle était là. Elle n’était pas vraiment là. Entre deux, oubliée de tous. Perdue.
Et puis, un souvenir arriva, plus fort, plus intense que les autres. Un vieux souvenir, caché, oublié dans sa conscience. Important et primordial. Il prit de l’ampleur et s’imposa à la jeune fille, bousculant ses pensées et sa tristesse. Elle en eut le souffle coupé et ne put entendre les questions inquiètes de ses compagnons de route.
Le visage de sa mère, les traits tirés par la douleur de ne pouvoir protéger son enfant. Les yeux de son père, noyés de larmes d’impuissance. Puis, le regard qu’ils échangèrent. Un long regard d’une force et d’une puissance inégalables. D’un amour et d’une confiance inébranlables. Un léger hochement de tête. Un dernier sourire. La pièce sombre dans laquelle ils se trouvaient avec les gardes, s’éclaira lentement. Une étrange lumière brillait autour de ses parents. De minuscules particules dorées semblèrent se détacher d’eux.
Comme dans un cauchemar, la Sarna adulte revit l’explosion. Tout son être en fut submergé. Ses parents venaient de mourir une deuxième fois devant ses yeux. Des larmes roulèrent sur ses joues sans qu’elle n’y prête attention. Elle ne voulait pas voir ça. Elle aurait préféré ne pas se souvenir. Ne pas savoir. Sarna cligna des yeux, chassant les perles salées aux coins de ses yeux. Elle luttait pour se détacher de son souvenir. Il fut plus fort qu’elle et l’emprisonna dans ses tentacules sombres. La jeune fille se retrouve face à son jeune reflet.
Sarna fut touchée par la déflagration et disparut. Elle n’avait pas eu le temps de hurler, ni d’avoir une quelconque réaction. Tout s’était passé tellement vite. Elle regarda autour d’elle et constata avec frayeur qu’elle ne touchait plus le sol, qu’il n’y avait rien autour d’elle. Excepté trois étincelles qui s’approchait rapidement et grandissait pour prendre la forme de magnifiques femmes.
Trois Déesses. Trois Lumières dans l’obscurité. Trois Étoiles dans la nuit noire. Trois voix dans son esprit. Chants et murmures joyeux se bousculent dans sa tête. Danse lente et éternelle autour d’elle.
Jolie fille
Belle enfant
Te voilà
Bienvenue
Ton dernier voyage
Tu es bien jeune
Quel dommage
C’est la fin
Poussière de rêves
Tu n’es plus
Sarna se rapprochait, observant la fillette qu’elle était, faire face aux Déesses, amantes des Dieux. Son souvenir était de plus en plus fort, presque réel. Elle ne luttait plus, se contentant de recevoir ce qu’elle avait oublié pendant toutes ces années. Et petit à petit, elle reprenait sa place dans son corps de fillette, ne faisant qu’un avec son passé.
Les trois magnifiques femmes, faites de Lumière et de Bonheur, ne cessaient de la toucher, voletant autour d’elle. Caresses du vent dans ses cheveux, brise du matin sur son visage, rayons de soleil sur ses mains. La fillette tournoyait dans les airs, tentant de repousser les mains divines qui s’emparaient petit à petit de son âme.
Tu n’es plus
Cette phrase traversa ses pensées, creusa un immense sillon dans son cœur et Sarna se sentit partir. Ses yeux papillonnèrent tandis que la Lumière qui émanait des magnifiques Déesses s’amenuisait.
Le visage de sa mère vint se superposer à celui d’une des Déesses.
- Tu me chantes ma chanson, maman ?
La douce voix de l’enfant arrêta le temps. Les trois Déesses suspendirent leur joyeuse danse et leur chant divin se tut. Elles s’observèrent un instant, étonnées que l’enfant ait pu parler à ce stade de sa dissolution.
- Ma chanson pour dormir, maman…
Les trois Lumières s’approchèrent et l’une d’elles vint ôter une mèche de cheveux qui cachait une partie du visage de l’enfant. Ce faisant, la petite attrapa sa main et la tint serrée contre elle.
Sarna recevait ce souvenir depuis le dos de Linéa, mi-consciente, mi-assoupie avec une flèche de tristesse plantée dans l’âme. Sa chanson. Celle qu’elle réclamait tous les soirs à sa mère. Celle que son père lui fredonnait parfois lorsqu’ils n’étaient que tous les deux.
- Maman… Juste ma chanson. Celle de la fleur…
Les Déesses se regardèrent, une étincelle au fond des yeux. Elles sourirent et leur danse infinie reprit. Plus rapide et plus sauvage.
Danse petite Fleur
Il n’est pas l’heure
Un long songe t’attend
Oublie tout de ce moment
Les amantes des Dieux tournoyèrent au-dessus de l’enfant, la caressant, la touchant, la palpant, redonnant ainsi consistance à son corps.
Sois sage petite Gardienne
Trompe le temps
Notre danse sera tienne
A partir de cet instant
Sarna ouvrit les yeux et se redressa sur le dos de Linéa. Elle se sentit vibrer, tout son être était comme électrifié.
Sois sage petite Gardienne
Le pouvoir afflua en Sarna, ses cheveux bruns s’envolèrent et ses traits se durcirent. La jeune fille leva ses mains et hurla à s’en déchirer les poumons. Un hurlement de désespoir et de terreur. Un hurlement libérateur qui pourrait lui permettre d’avancer. De se reconstruire.
En réponse à son cri, le vent se tut et sur ses avant-bras, deux immenses spirales noires vinrent remplacer ses veines bleutées devant les yeux stupéfaits des cavaliers. Les trois marques sur sa poitrine se mirent à luire et à pulser, entraînées dans un rythme sans fin. Moscan et Zelin avaient laissé la jeune fille faire face à l’impact des réponses qu’elle avait obtenues, sans se douter de la puissance de son dernier souvenir. Pourtant, en voyant les spirales sombres sur la peau de Sarna, ils furent parcourus d’un frisson. Zelin comprit que la fin de la route allait être compliquée : les pouvoirs de la dernière Gardienne étaient libres et nul doute que les démons d’Ezedior, ainsi qu’Ezedior lui-même étaient déjà au courant. Moscan se rappela l’immense spirale dans la forêt après le combat contre le Maître des Titans. Était-ce la marque de Sarna ? La démonstration de sa puissance ?
La jeune brune ne ressemblait plus à celle qu’elle était quelques instants auparavant. La douleur et la tristesse brûlaient dans ses yeux devenus noirs. Tout son corps était entouré d’un halo doré constitué de minuscules gouttes d’or. Elle rayonnait dans le soleil levant et pourtant, quelque chose s’était fissuré en elle. Une part de son innocence disparut en même temps que son espoir de revoir ses parents et son frère. Elle n’avait plus rien. Rien qu’un monde dont elle ne voulait pas. Un monde qui attendait d’elle qu’elle protège et veille sur les habitants des anciennes Terres de Grâce. Mais elle ne voulait pas. Ce n’était pas son destin. Sarna ne souhaitait pas que sa route soit écrite, elle désirait vivre selon ses propres choix et non selon les envies d’un peuple déchu.
La jeune brune laissa ses mains retomber et les spirales sur ses avant-bras s’atténuèrent jusqu’à disparaître. Ses traits s’adoucirent, mais quelque part en elle, une ombre était tapie. Sarna observa Zelin et Moscan qui attendaient qu’elle ait fini. Une certaine anxiété se lisait sur le visage de ce dernier.
- Sarna…, commença l’aveugle.
- Non, Zelin. Non. Je ne serais pas ce que vous voulez que je sois. Je ne pourrais pas respecter les engagements des Gardiens.
- Tu t’en souviens ? questionna Zelin avec espoir.
- Oui, je m’en souviens maintenant. Je me rappelle de tout… ou presque. Ma… Ma mère me contait les histoires des Gardiens et les légendes oubliées des amantes des Dieux. Les Déesses choisissent une personne digne et honorable pour un rôle qu’elle n’aura pas d’autre choix que d’exécuter toute sa vie. Une danse éternelle. Jusqu’à sa mort. Jusqu’à ce que les Sentinelles la rappellent. Et ce n’est pas ça que je veux.
Sarna ne voulait pas partager son dernier souvenir. Elle sentait inconsciemment que personne ne devait être au courant. Les Déesses. Elle avait vu les Déesses. Elle aurait dû mourir. Pourtant les amantes des Dieux avaient choisi de la laisser vivre. Avec un poids écrasant comme destin. Gardienne. Elle n’avait rien demandé. La Mort aurait-elle été préférable ? Après tout, elle n’avait plus de famille, plus de proches… Personne.
Zelin resta un instant songeur et regarda la jeune fille qui s’était éloignée sur le dos de Linéa. Il la rattrapa, suivi par Moscan.
- Sarna, écoute-moi. Je comprends ta réaction, mais tu ne sais rien du rôle des Gardiens, ni de leur mode de vie. Ils peuvent faire ce que bon leur semble, ils sont au-dessus de nous et en-dessous des Dieux. Tu ne peux pas imaginer ce que tu représentes pour nous tous.
- Justement Zelin, justement. Je ne veux pas être un objet de convoitise, ni être manipulable. Je veux être ce que je souhaite, pas ce que vous désirez.
La jeune fille jeta un regard sombre à l’aveugle pour le dissuader de continuer. Elle ne voulait pas qu’il tente de la convaincre, elle voulait pouvoir choisir et surtout réfléchir.
Maintenant que son passé et son présent s’étaient recollés, son avenir lui tendait les bras et elle était bien décidée à rester maître d’elle-même. Elle se fit la promesse de ne pas se laisser manipuler. Elle sentait son pouvoir palpiter en elle. Il bondissait joyeusement dans son corps, se répercutant dans son cœur, ses poumons, ses veines... Il avait attendu patiemment qu’elle le reconnaisse et maintenant, il manifestait sa présence de toutes les façons possibles. Parfois, des particules dorées s’échappaient du bout de ses doigts, tandis que d’autres faisaient crépiter ses cheveux. Comme des étincelles, la jeune fille ressentait de très légères piqûres électriques. Ça n’était pas douloureux, mais pas franchement agréable non plus.
Sarna fit passer Linéa au trot, soulevant derrière elles une fine poussière de terre. Le vent sur son visage lui fit du bien et la rassura sur son envie de décider par elle-même, pour elle-même.
Moscan et Zelin suivirent la jeune fille qui semblait déterminée à rejoindre la capitale rapidement. Sarna voulait retrouver Zoa, elle devait bien ça à Zelin. Ensuite, elle chercherait un moyen de ne plus être Gardienne. Elle rejetterait son pouvoir et tout ce qu’il incluait. Dans la bibliothèque de Canyan, il y avait sûrement des livres traitant du sujet. Ezedior n’avait pas réussi à soutirer le pouvoir des Gardiens. Peut-être que cela venait du fait que les Gardiens ne voulait pas s’en séparer. Mais elle, elle souhaitait s’en débarrasser. Elle trouverait une solution. Puis, elle s’en irait. Elle ne savait pas où, mais une chose était sûre, elle ne resterait pas avec Zelin. Linéa lui avait dit de se méfier de lui et peut-être avait-elle raison…
Cela ne lui plaisait pas de quitter Moscan, mais c’était nécessaire. Il était trop proche de Zelin et elle ne savait plus à qui faire confiance.
Au bout d’un temps relativement long, les trois cavaliers distinguèrent enfin les contours de Canyan. Personne n’avait parlé durant le reste du voyage. Ruminants leurs pensées et les paroles de Sarna, le jeune homme et l’aveugle avaient laissé leur monture suivre Linéa. L’ambiance était tendue et rien ne semblait en mesure de faire évoluer la situation.
A part peut-être la longue ligne noire aux portes de la capitale.
Les démons d’Ezedior.
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