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Chapitre 3

3 Mai 686 de la Réunification


Château de Tarasse



La nouvelle du retour d'Eremis se répandit comme une traînée de poudre dans la ville. Tout le monde s'empressa de finir les préparatifs pour le bal.

Les différentes délégations arrivées dans la capitale au cours des derniers jours profiteraient de cette occasion pour offrir à la princesse les cadeaux apportés à son attention pour son couronnement. Elles ne manqueraient pas de présenter leurs champions et potentiels prétendants à la future reine par la même occasion.

Eremis avait pu profiter d'une soirée de repos entourée de son père et de son frère, mais les obligations dues à son rang se rappelèrent rapidement à elle. Après avoir participé toute la matinée à une réunion du conseil où elle prit notamment connaissance des évènements survenus à Bertes, elle avait terminé la journée enfermée dans sa chambre, à être lavée, coiffée et habillée pour cette première soirée donnée en son honneur.

Après plusieurs heures de préparatifs, on la laissa enfin respirer et on l'autorisa à se regarder dans l'un des nombreux miroirs de la pièce. Elle ne se reconnut pas immédiatement, elle qui était habituée, depuis plusieurs semaines, à porter des pantalons épais en tissus, de hautes bottes en cuir et une simple chemise en lin blanche, parfois agrémentée d'un corset fait également de cuir. Le pas hésitant, Eremis s'avança et caressa du bout des doigts son reflet à la surface de l'imposant miroir.

L'image que la glace lui renvoyait à cet instant était toute autre.

Elle se retourna vers l'assemblée qui la regardait avec émotion, tout particulièrement sa nourrice. Les yeux embués de cette dernière ne l'empêchaient pourtant pas d'admirer la magnifique jeune femme qu'était devenue la princesse.

Une longue tresse retenait ses cheveux châtains dans lesquels de petites broches de pierres précieuses aux tons bleutés avaient été glissées. Elle portait une robe d'un bleu de minuit profond. Les manches mettaient en avant la finesse de ses bras et, grande particularité, un somptueux dos nu descendant jusqu'au creux de ses reins laissait apparaître sa peau hâlée par le soleil du sud. Les deux côtés du vêtement étaient maintenus entre eux par des chaînettes d'argent aux maillons en forme de minuscules dragons. Un corset intégré dans la conception de l'habit marquait la taille svelte de la princesse ainsi que sa poitrine.

Le bas, contrairement à la mode actuelle des robes bouffantes, tombait droit le long des jambes d'Eremis et était brodé de pierres et de fil en argent représentant le célèbre Ophumtus. Dernier élément pour parfaire la tenue : le maquillage réalisé. Ses grands yeux marron avaient été fardés d'un dégradé de couleurs sombres autour du même bleu que sa robe.

Alors qu'Eremis restait silencieuse, Bheya s'approcha d'elle et la fit asseoir face au miroir de la coiffeuse pour finir de la préparer. Elle attrapa dans un petit coffret, posé devant elles, le masque que le roi avait fait confectionner spécialement pour sa fille. Il couvrait toute la partie haute du visage, laissant seuls visible le bas, et ressemblait à une tête de dragon. Le maquillage de ses yeux allait parfaitement avec, donnant une réelle impression de femme-serpent.

— Tu es magnifique mon enfant, dit alors Bheya avec tendresse, ton père a également préparé autre chose pour toi.

Tout en parlant, elle s'était tournée pour saisir sur la coiffeuse, un petit écrin en velours rouge qu'elle ouvrit avec lenteur. À l'intérieur se trouvait une sublime rivière de diamants aux minuscules pierres taillées à la perfection, de façon à ce que la lumière les fasse briller de mille feux sous n'importe quel angle. Elle prit le collier et s'assit sur la banquette aux côtés d'Eremis pour le lui passer avant de délicatement le déposer une fois le fermoir attaché. Ce dernier allait à ravir à la princesse, habillant son cou avec élégance et terminant sa course à la naissance de sa poitrine.

— Ce collier appartenait à ta mère, cadeau de ton père lors de leur première rencontre, elle le portait à chaque occasion. À sa mort, il l'a gardé précieusement jusqu'à ce que tu sois en âge de l'arborer à ton tour. Aujourd'hui, quand je te regarde, je revois la reine Mira. Tu lui ressembles comme deux gouttes d'eau, expliqua Bheya dont la voix se cassa à la mention de l'ancienne souveraine.

Eremis prit son ancienne nourrice dans ses bras, elle paraissait si frêle. Les années étaient passées pour tout le monde et elle se rendit soudain compte que ce petit bout de femme, qui l'avait élevée comme une mère, gardait en elle tant d'épreuves depuis tant d'années. Elle essuya d'un mouchoir les larmes qui perlaient au coin de ses yeux.

— Bhe, ne pleure pas, elle nous manque, et j'aurais tant voulu qu'elle soit là ce soir... la consola Eremis, nous devons sourire et rire pour elle, qui nous regarde aux côtés des dieux. Sèche tes larmes et sois heureuse, ma Bheya, je suis de retour désormais. Maintenant que tu m'as rendue si belle, va, toi aussi te préparer pour la fête, allez-y toutes, lança-t-elle aux quelques domestiques présents.

S'inclinant respectueusement, les servantes quittèrent toutes de la chambre en emmenant avec elles la vieille nourrice encore un peu bouleversée. Eremis sourit et une fois la porte fermée, soupira. Elle s'approcha de la fenêtre, se revoyant dix ans en arrière, un fameux matin de début d'été. Ce jour-là, elle n'imaginait pas à quel point sa vie allait changer, s'accélérer et basculer.

À l'extérieur, les carrosses défilaient dans la grande cour du château, les courtisans, nobles et diverses personnalités invitées pour le bal en sortaient tous vêtus de costumes plus élégants les uns que les autres, rivalisant d'originalité dans les formes et les couleurs des habits choisis.

Elle fut soudain prise d'un doute, serait-elle à la hauteur de ce pour quoi on la préparait depuis maintenant une décennie ? Serait-elle une reine sage et juste comme sa mère ? Arriverait-elle à s'imposer et à faire prospérer son royaume ? Elle se ressaisit, elle devait l'être et elle le serait, il ne pouvait en être autrement. Le soleil déclinait à l'horizon et nimbait de ses rayons les toits de la ville et les murs du château. Eremis, qui devait normalement attendre que l'on vienne la chercher, attrapa un morceau de papier et griffonna quelques mots à l'attention de sa nourrice.

— Vous ne bougez pas d'ici tant que Bheya n'est pas revenue, ordonna-t-elle à Athos et Pathos.

Les deux chiens regardèrent leur maîtresse quitter ses appartements avec la plus grande discrétion. Elle se dirigea vers le bout opposé du couloir, où se trouvait l'accès à l'escalier de service des domestiques et surtout à la sortie arrière qui donnait sur la cour d'entraînement. Elle devait faire attention à ne pas être repérée alors que le château bourdonnait de vie. Elle traversa l'esplanade à toute vitesse, se faufilant dans la salle d'armes afin de rejoindre les jardins par le bâtiment, pour ne pas être vue.

Déambulant dans les allées boisées, s'éloignant des rires et des exclamations de joie, elle finit par déboucher sur une des terrasses surplombant le parc ainsi que la ville. Un pavillon y avait été construit afin d'admirer le coucher du soleil, on l'avait d'ailleurs nommé Pavillon du Couchant pour cette raison. C'était l'un des rares lieux à bénéficier des tout derniers rayons de lumière. De forme carrée, il était fermé sur trois côtés, le quatrième restant ouvert pour permettre de contempler la vue depuis un petit banc de pierre installé là et recouvert de coussins pour confortablement profiter du spectacle. Ce lieu était caché au fond du parc du château et les quelques personnes à connaître la magie qu'il offrait à cette heure de la journée, se gardaient bien de le dire.

L'endroit était vide, comme prévu, et Eremis sourit à cette idée de solitude. Elle prit place sur la banquette pour admirer la fin du jour et les dernières lueurs du crépuscule. Il n'y avait que le silence autour d'elle et la douce chaleur du soleil sur son visage.

Alors qu'elle savourait cet instant de bonheur hors du temps, le son du gravier sous des pas la ramena à la réalité. Se demandant qui cela pouvait bien être, elle se leva et attendit dans la semi-pénombre. Ahrman apparut soudain à l'angle du pavillon baignant dans les derniers rayons de lumière orangée.

— Tu m'as fait peur à arriver ainsi sans prévenir, soupira Eremis de soulagement, comment m'as-tu trouvée ?

— Je t'ai suivie, voyons ! C'est mon devoir, j'ai juré de veiller sur toi et, à quelques minutes de ton moment de gloire, je n'allais pas te laisser gambader toute seule et prendre des risques inutiles. Même au sein de sa propre demeure, on ne sait jamais ce qu'il peut se produire, rétorqua Ahrman d'un ton très sérieux.

— Hum, tu as peut-être raison, mais je te rappelle que c'est toi qui m'as formée, je saurais donc tout à fait me défendre même dans cette tenue, lui répondit-elle en tournoyant sur elle-même.

Ahrman la regarda un instant. La petite fille qu'il avait rencontrée il y a bientôt quatorze ans avait bien grandi et était devenue une magnifique jeune femme. Il en était sûr, elle ferait chavirer de nombreux cœurs ce soir. Ils s'assirent sur le banc de pierre blanche et restèrent un moment silencieux, admirant le jour déclinant à l'horizon.

— Et si... hésita-t-elle soudainement.

— Si quoi ? demanda-t-il tout en savourant les derniers rayons de soleil, les yeux clos.

— Et si je n'étais pas faite pour être reine ?

Ahrman posa un regard surprit sur la jeune femme, mais ne répondit pas immédiatement. Eremis triturait la bague passée à son index qu'elle ne lâchait pas des yeux depuis plusieurs minutes.

— Eremis... commença-t-il en posant tendrement sa large paume sur ses mains tremblantes, tu l'es. Et quand bien même tu ne serais pas encore totalement prête, tu ne seras reine à proprement parler que dans plusieurs années. Tu vas apprendre ton rôle aux côtés de ton père, comme consort, et quand le moment viendra, tu seras prête.

— Et si... balbutia-t-elle.

— Eremis, tu n'es pas seule, tu ne seras jamais seule. Arrête de toujours vouloir tout faire sans le soutien de quelqu'un. Un jour, tu seras bien obligé de faire confiance aux autres pour avancer, coupa-t-il avec douceur.

— Mais comment être certaine que la personne en face de moi est réellement présente pour m'aider ? Qu'elle n'est pas simplement là par... intérêt ? Qu'elle ne cherche pas à m'amadouer pour mieux me frapper par-derrière ?

Le doute et l'incertitude se lisait dans les yeux de la jeune femme. D'un geste tendre, Ahrman caressa la joue de sa protégée. Comment lui dire qu'il y aurait toujours dans ce monde des gens qui l'approcherait pour ce qu'elle représentait et non pas qui elle était ? Il se relava, tendant son bras vers elle et d'une révérence l'invita à le saisir.

— Seule toi seras capable de savoir au fond de ton cœur si tu peux faire confiance ou non, déclara Ahrman un sourire rassurant aux lèvres, mais avant toute chose, Votre Altesse, il est temps de rejoindre vos invités. Vous êtes attendue avec impatience.

— Bien, allons-y, soupira Eremis, mais je te demande une faveur, ne me fais pas annoncer tout de suite, j'aimerais pouvoir admirer les gens et la fête avant d'en être le centre d'attention.

Elle marqua une pause, admirant les toits aux briques rougeoyantes de la cité royale, et reprit.

— Je ne serai bientôt plus maîtresse de mon temps, alors laisse-moi juste dix minutes de liberté de plus...

D'un hochement de tête, l'immense gaillard acquiesça et ils se mirent silencieusement en route en direction du château alors que le soleil disparaissait au loin, emportant avec lui ses derniers rayons orangés et laissant la place à une nuit dégagée où scintilleraient bientôt des milliers d'étoiles.  

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