Première partie : Nila, l'œuf qui devient chenille
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Il fait noir dans ce petit endroit mais je perçois de la lumière. Elle me semble étroite cette petite place mais je m'y sens bien. La lumière part et revient. Elle aussi, s'éveille et se rendort ? Elle suit un rythme. Des fois, elle se couche plus tôt. Des fois plus tard... La température aussi varie, il fait froid puis il fait chaud.
Ma coquille commence vraiment à être petite, et je semble avoir trop chaud. Devrais-je la casser maintenant ? Non, ce n'est pas encore le moment...
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La lumière se réveille et est plus chaude. Sans même que je ne comprenne, mon corps s'étend et brise cette coquille. Mes yeux sont inondés de cette fascinante lumière. Cependant, j'ai un petit creux.
Quelle est cette chose sur laquelle je me trouve ? Son odeur est tellement alléchante. Quoi que soit son nom, je m'empresse de manger cet endroit où je suis née, plus vite que mes frères et sœurs qui se régalent aussi. J'en entendis certains tomber, d'autre se faire bousculer. Moi bien accrochée avec mes petites pattes à la feuille, je pus la manger goulûment...
Le sol est bien dur, j'ai complètement mangé mon nid. Une de mes sœurs aussi a survécu comme moi. Je la vois, comme la plupart de mes frères et sœurs jadis tombés, partir vers on ne sait où. Je me mets à marcher. Mon corps rampant qui semblait plus petit dans ma coquille à vraiment grandit. J'étais tellement concentrée sur la lutte de mon tout premier repas que je n'ai pas remarqué cet air frais qui faisait frissonner mes poils.
Oh ! J'aperçois une autre semblable de mon nid. Sera-t-elle tout aussi esquisse ? Je me hâte d'y aller. Hélas, je ne suis pas la seule sur cette feuille. Est-ce une amie, cette créature avec des crochets et des grands yeux qui s'ouvre et se ferme ? Elle m'a l'air vraiment hostile tous mes poils sont en alerte, mon instinct me dit de reculer et je m'exécute.
L'affreuse créature s'approche de moi et commence même à saliver...Que faire ? Je ne viens que de commencer mon voyage. Je recule. Oh ! Je me tombe, c'est ça qu'on ressentit mes frères et sœurs qui se sont fait expulsés de notre nid ? Moi, je viens de glisser de la feuille... Vite ! Il faut que je me mette à l'abri !
Quelque chose me préoccupe...Du temps de mon œuf, la lumière se couchait plus rapidement. Et pourtant, elle semble toujours haute dans le ciel. Elle est toujours réveillée...Comme j'aimerais y aller dans le ciel, surtout vers elle. Elle est tellement belle...
Je me suis cachée sous un tas de feuilles. Maintenant, Étant hors de portée de mon effrayante prédatrice, je me remets en route. Je commence à mieux m'habituer à mon corps rampant mais il fait froid... Suis-je vraiment sortie au bon moment ?
Je rampe et vois une plante semblable à mon nid. Espérant que cette fois il n'y aura personne, je l'escalade et arrive à son sommet. Elle est lisse, alléchante, mais pas vide. Une de mes sœurs a déjà commencé à manger. Mon ventre gargouille...N'attendons plus, à table ! Ma sœur me dit
- Hey ! Nila, ne me vole pas ma plante ! J'ai à peine pu rester sur celle où on est nées.
- S'il te plaît, Tila j'ai tellement faim. Je marche depuis plusieurs jours.
Ma sœur me reluque hésitante...
-Bon je veux bien te donner la moitié mais ne la dépasse pas !
-Merci Tila ! En plus on en a assez pour quelques jours !
La lumière ne s'est toujours pas couchée. Je m'endors et me réveille mais plus au rythme de la lumière, elle reste là, toujours aussi belle. Et Tila aussi dort et se réveille.
- Dit Tila, sais-tu pourquoi la lumière, ne se rendort pas ?
- Non mais c'est bizarre. Dans mon œuf, je m'endormais et me réveillais à son rythme, là, je suis complètement perdue et affamée.
- Moi aussi...
Décidément, ce monde qui ne me semblait pas inconnu à travers mon œuf, l'est complètement, pour Tila aussi. Et pourtant, mon instinct sait où il doit aller et ce que je dois faire.
Je sens que mon corps grandit bien, et supporte mieux le froid, j'ai encore un fois atterrit au sol avec Tila.
- Au revoir ma sœur ! Nos chemins se séparent ici. Bonne chance pour la suite !
- Merci Tila d'avoir partagé ta plante avec moi.
Tila et moi titillons nos antennes, puis elle me sourit et rampe dans la direction opposée à la mienne. Je rampe vers la prochaine plante. Sera-t-elle tout aussi délicieuse et vide ?
J'aperçois un troupeau d'animaux devant une plante. Ces mystérieuses créatures marchent en une ligne le long de la tige et en redescendent tout aussi alignées. Elles ont l'air tellement organisées avec leurs antennes emplies d'une boule jaune. L'odeur en est attrayante, je me demande ce que c'est ? J'en intercepte une pour lui demander et elle sursaute
- Qui es-tu grande créature ? Tu veux me manger ? Sache que nous sommes nombreuses, solidaires et nous ne t'épargnerons pas !
- Je ne mange que les plantes. Je m'appelle Nila, et je voulais savoir ce qu'est cette boule jaune que tu tiens.
- Ah...Ça, c'est un pollen, nous l'avons trouvées les premières alors ne nous dérange pas, mais si tu en veux, tu peux attendre qu'on ait fini.
- Il en restera encore ?
- Je ne pense pas non.
- Et si tu partageais avec moi ?
- Je suis débordée, je dois me remettre en file où elles vont me tuer. De même, si je te donne un morceau.
- Je vois...
- Ne fais pas cette mine triste. Pour la peine, je peux te donner deux conseils. Le premier, les fleurs poussent beaucoup dans les alentours. Tu en trouveras une ne t'en fais pas. Et le second, vois-tu le soleil ?
- La grande lumière dans le ciel ?
- Oui, il ne s'est pas couché depuis plusieurs jours. Ce qui veut dire qu'il ira se coucher pendant plusieurs jours. Du coup, il fera plus sombre et les denrées alimentaires se feront plus rare. Alors fais-toi une réserve.
- D'accord ! Mais donc c'est normal qu'il brille encore dans le ciel depuis plusieurs jours d'affilés ?
- Oui et il dormira pendant longtemps, laissant place à la mélodie des aurores. Il s'agit de lumières dansantes dans le ciel étoilé de la nuit quand il est dégagé.
- Waah ! Cela semble surprenant !
- Ça l'est !
- J'ai hâte ! Merci beaucoup pour tes conseils.
- Il n'y a pas de quoi. Aller, faut que je me remette en selle ! Bonne chance à toi Nila la chenille !
- Merci...
- Fomi la fourmi.
- Merci Fomi la fourmi.
- Ah et évite mes semblables rouges, elles se feront une joie de te dévorer vivantes.
- D'ac...d'accord.
Fomi part se remettre en ligne. J'entends une de ses congénères, elle lui reproche de chambouler leur organisation et de glander. Je continue ma route en évitant les congénères de Fomi qui semblent vraiment pas vouloir m'accueillir parmi elles, ni partager un peu leur pollen.
Après avoir rampée quelques mètres plus loin, je trouve enfin une de ses fameuses fleurs. Je me hâte vers elle et la découvris vide. Vide d'animaux ! Super ! Je me précipite de m'en mettre plein la panse. Un vrai délice ! Meilleure que les feuilles qui ressemblent à mon nid mais pas aussi nourrissantes. Je me hâte vers une autre juste à côté. Sans m'en rendre compte, j'en ai mangé plus d'une dizaine. Complètement repus, je m'endors.
Le lendemain, je me réveille et me mets tout de suite en route. Je dus ramper pendant un bon moment vers un autre lieu. J'y trouve une plante près d'une grotte. Curieuse, j'y vais. À l'intérieur pleins d'autres plantes y sont. J'aperçois un de mes congénères. Ce n'est pas un de mes frères. Il m'aperçoit et à son regard...Je compris qu'il n'était pas content de me voir.
- Qui es-tu ?
- Je m'appelle Tila. Et toi ?
- Je m'appelle Lane.
- Est ce que ça te dérange que je me nourrisse de quelques plantes ?
- Bats les pattes ! Elles sont à moi. Si tu en touches une, je te fais la peau !
Lane se met en position de combat montrant tous ses poils et ses dessins sur sa peau de chenille. Son corps est plus grand que le mien. Mon instinct me dit que je n'ai aucune chance de gagner un combat contre lui. Il se précipite vers moi, je l'esquive de justesse. Il enchaîne tout de suite avec un autre coup de tête. Je la sentis passer. Tout mon corps vibra de douleur. Il enchaîne ses coups. J'essaye tant bien que mal de m'échapper et réussi à arriver à la sortie de la grotte.
- Ne reviens plus ! Tu entends !?
Je me suis sentie complètement sonnée. Et j'ai mal, mes petites joues sont toutes mouillées...Par mes larmes. Je m'en vais vers je ne sais où...Un endroit où je serais à l'abri et où je mangerais à ma faim.
En marchant difficilement, je me mets à l'abri en m'enfonçant dans un petit tas de neige. Je m'imagine sur une de ses belles plantes mangeant avec Tila ou encore Fomi qui m'explique quelques astuces de survies. La douleur me semble vraiment moins atroce. Je me suis évadée en fixant la lumière. Je m'imagine voler, danser à côté d'elle avec mes frères et sœurs qui eux aussi sont quelque part dans cette vaste forêt. J'imagine les mystérieuses aurores dont parlait Fomi. D'ailleurs, depuis que je suis sortie de mon œuf, je n'ai jamais vu la nuit. À quoi ressemble-t-elle ? Comment sont les étoiles ?
Ayant perdu mon itinéraire, je marche depuis plusieurs jours. La douleur est certes passée mais pas la faim. J'ai peur...car je n'avais vu que des méchantes chenilles et si ce n'étaient pas des chenilles, c'était d'autres insectes qui voulaient me manger. Et comme si cela ne suffit pas, je sens un regard pesant sur moi depuis plusieurs heures. Si jamais, je m'arrêtais que m'arriverait-il ?
Je remarque un troupeau de chenilles qui gigotent dans la neige. Elles mangent des plantes mortes. Si je me dissimule parmi elles...Peut-être que ce regard pesant me lâchera...Je me dissimule alors parmi elles. Les plantes qu'elles mangent, étaient seches mais je sens mes forces me revenir. Et comme prévu un cri strident s'approche des chenilles. Elles se font attrapées sous mes yeux par d'énormes serres noires. Je ne peux pas rester là, alors je m'enfonce dans la neige espérant ne pas me faire repérer. Quand les cris se terminent, je sors timidement ma tête et ne vois personne. M'assurant que toutes les menaces sont parties, je sors complétement et entame le reste des feuilles mortes. Quelques chenilles survivantes se joignirent à moi. Les ayant données en pâture, culpabilisante, je ne chercherais pas à me battre.
Pour la première fois, depuis que je suis sortie de mon œuf, je vois la lumière descendre et faire place à un ciel tinté de rose. Pendant plus jours, j'ai survécu sous ce ciel rosé. Même les fleurs sont dangereuses. Si je n'avais pas vu cette pauvre coccinelle se faire dévorer, je me serais fait avoir. Décidément...Ce monde doux auquel j'aspirais du temps de mon œuf, était vraiment hostile.
Je me suis endormie sur une plante bercée par un doux rayon de soleil. Soudain je sens quelque chose me saisir. Le vent se fait violent puis redevient doux. J'ouvre mes yeux...Je vole !? Je vois la forêt ! Celle où j'ai grandi ! Et de haut...De très haut ! Je reconnais ces griffes noires dans lesquelles je suis. C'est ce fameux oiseau. Moi qui pensais l'avoir évité, le voilà qui m'emmène vers je ne sais où... Loin de chez moi à travers ce ciel rosé.
Entre ces grandes pattes aiguisées, mon corps de chenille est vraiment petit. On est vraiment petite...Au moins, j'ai un aperçu de ce qu'est le vol dans les airs. Même si mon cops est emprisonné entre ces serres, mon esprit reste libre. Et je m'imagine voler à travers la cime des arbres...Vers ma fin aussi mais restons positive...Je peux profiter de cette vue panoramique de la forêt, du vent qui effleure mon corps. J'observe alors tout autour de moi, pour mes dernières minutes. La lumière est plus grosse et plus frappante qu'au sol, mais semble toujours loin. Je me demande à combien de kilomètres elle se trouve ? J'entends des petits cris. Je cherche d'où ils proviennent et vois des oisillons tout roses, tout moches, qui crient :
- J'ai faim ! J'ai faim ! J'ai faim !
On aurait dit moi, lors de mes débuts mais en plus moche, du moins je pense. J'étais une vraie gloutonne. Je ne vivais que pour la nourriture. Maintenant, je vivais et pensais surtout à ma survie. Quand on est bébé, on est tellement inconscient...
Je vais finir dans leur bec grand ouvert. L'oiseau me lâche enfin. C'est la fin pour moi. Soudain, le vent se fait plus violent et me propulse hors de leur portée. Les oisillons n'ayant rien remarqué continuent de crier :
- J'ai faim ! J'ai faim !
Des vrais capricieux. Pendant qu'ils se plaignent, moi, je me vois chuter de je ne sais de combien de mètres vers une autre mort certaine. Le vent caresse mon petit corps frêle de chenille face à ce grand arbre solide. Je crains de m'écraser et ne pas survivre...Non...Non Nila ! Je ne veux pas ! Je décide finalement de ne pas céder à mon tragique destin. Je me mets à gigoter durant ma chute. Le vent, mon nouvel allié, me pousse vers une feuille d'arbre. Je m'y accroche de toutes mes forces, puis tombe sur celle plus bas, puis un peu plus bas et...Ça y est, je ne glisse plus. Je vais survivre car je dois devenir un papillon ! Ressentir cette agréable sensation de voler ! Danser avec le soleil, les étoiles et les aurores boréales !
Imaginez, le bonheur que ça serait si je volais, moi aussi, les ailes déployées et pas emprisonnées. Juste cette pensée, me rappelle ce pourquoi je me bats, pour ma survie ! Je vais devenir un beau papillon ! Je vais voir les aurores ! Je vais fonder ma propre famille ! Tel était mon but ! Et pour y arriver, je dois manger. Alors, je mange la feuille sur laquelle j'ai atterri. J'userais de mes poils pour dissuader tous les autres petits insectes qui viendront me la voler. Je me battrai contre ces méchantes chenilles en les faisant tomber. Cet arbre, où j'ai failli mourir, mais qui m'a paradoxalement sauvé la vie, sera ma ration jusqu'à nouvel ordre ! Je ne vais plus me laisser faire ! Nila la chenille va survivre !
Je n'arrive pas à y croire ! En usant de mon intelligence et mon intimidation, j'ai réussi, au cours de ces derniers jours, à défendre mon arbre. Je sens que mon corps de chenille veut se métamorphoser. Il est suffisamment grand, beau et robuste et a mué plusieurs fois. Le moment de partir de mon arbre, à la recherche d'un endroit où je pourrais faire un beau cocon, est arrivé. J'aperçois un loup qui traîne une carcasse d'animaux vers une grotte...Sûrement son terrier. Cet endroit est si bien gardé. Et de ce que j'ai appris au cours de ces derniers jours, les loups aussi beaux et intimidants qu'ils soient ne nous mangent pas. Je m'en approche timidement.
- Excusez-moi monsieur le loup ?
- Madame Lilo, que veux-tu petite chenille ?
- J'aimerais séjourner dans votre terrier ?
- Ah bon. Tu n'as pas peur de te faire manger par d'autres insectes ?
- Non, votre terrier semble sécurisé.
Lilo m'examine.
- Très bien. Tu peux y séjourner...Mais je ne suis pas responsable si tu te fais manger.
- Merci beaucoup.
Je rampe vers le terrier. Lilo mit sa patte devant moi. Je trouve ce geste gentil de sa part. Peut-être ai-je enfin une alliée, qui plus est, de taille ? J'y grimpe.
- Merci, je m'appelle Nila !
- Ne va pas croire que nous sommes amies.
Lilo prend sa carcasse et rentra dans le terrier. Le trajet était plus rapide et plus efficace. Elle me dépose sur un mur qui par chance avait de la mousse. Je me souviens de celle de mon arbre, pas un de mes mets favoris mais très énergétique. Un petit rayon de lumière s'infiltrait dans la grotte, juste assez pour moi.
Après avoir mangé pratiquement toute la mousse, une énorme fatigue me saisit. Il est temps, je commence ma métamorphose en chrysalide devant le regard surpris de Lilo. D'abord, je durcis ma peau dans la même matière que le mur. Une fois terminé, le sommeil eut raison de moi et m'envahit...
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J'espère que ça vous a plu😄. Je posterais la partie 2 Dimanche dans la soirée (20h-23h). Donc à Dimanche.
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