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Chapitre 2 - Calma

               Étalée sur le lit à côté de la lettre de l'Académie, une robe beige de belle facture déployait son tissu soyeux. Ellah caressa un instant le bustier du superbe cadeau, cousu main par Maril au prix de nombreuses heures d'un travail minutieux. Le seizième anniversaire de la jeune fille tombait quelques jours après son départ pour la capitale, la fête n'aurait donc pas lieu.

Ellah choisit de ne pas mettre la robe pour le voyage, car elle avait peur de l'abimer. Elle préférait la réserver pour les occasions, même si sa couleur beige faisait partie de celles imposées aux novices.

En effet, une fois l'année d'initiation au sein de l'Académie achevée et le diplôme du premier cercle obtenu, chaque ancien novice gagnait le statut d'élémental à part entière, ainsi que le droit de revêtir la tunique de la couleur associée à son élément.

Depuis toujours, Ellah ne portait donc que des teintes neutres. Elle ne s'en souciait guère, car son apparence n'était pas la première de ses préoccupations, mais elle vibrait de passion à l'idée qu'un jour elle revêtirait la couleur de son élément. Loin d'être un secret, chacun savait qu'il s'agissait du rouge-orangé si flamboyant des élémentals du feu. Ellah avait bien eu un penchant pour l'esprit, plus jeune, mais elle ne se sentait finalement pas l'étoffe d'une élémentale de cette branche si rare que, parfois, il n'y avait même plus de maître en vie pour transmettre son savoir. De plus, elle trouvait quelque chose de fascinant aux flammes, qui semblaient toujours vouloir lui transmettre un message. Elle aimait aussi la prestance des grands maîtres du feu et le respect qu'on leur vouait, comme pour Daerah Almeda, qu'elle brûlait de rencontrer.

Ellah termina de boutonner le décolleté de sa robe gris clair, assez ouverte pour ne pas mourir de chaud et assez sage pour ne pas paraître vulgaire. Elle natta ses cheveux avec soin, en une longue tresse collée qui descendait jusqu'au creux de ses reins.

Au moment de fermer la porte de sa chambre derrière elle, son sac sous le bras, elle eut une pensée pour ses livres. Ils étaient son trésor, ceux qui ne l'avaient jamais laissée seule. Pourtant, elle les abandonnait. Elle n'en emportait que deux, et elle n'était même pas sûre de pouvoir les garder lorsqu'elle serait entrée à l'Académie.

Avant de partir pour la ville, elle fit un détour par l'étable de son père, qui servait aussi d'écuries. Mirabelle, la vieille jument de la maison, l'attendait sagement dans son box. Ellah lui caressa les naseaux et lui souffla des mots doux dont elle avait le secret. Elle adorait les chevaux depuis toujours, mais une véritable histoire d'amour la liait à Mirabelle. Elle s'en occupait chaque jour. Savoir que c'était probablement la dernière fois qu'elle la voyait la faisait souffrir. La bête était à la fin de sa vie, bien longue déjà, et le départ de sa maîtresse serait sans doute pour elle le signe qu'il était temps...

Avec résignation, la jeune fille se détourna et partit pour la ville, ignorant la jument qui renâclait dans son box. Déjà derrière elle, les adieux à ses parents lui laissaient un goût étrange, comme une impression de solitude. Son père, prétextant avoir besoin d'aide aux champs, était parti bien plus tôt que d'habitude en emmenant Maril avec lui. Ellah soupçonnait quelque excuse pour ne pas être présents au moment où elle s'en irait vraiment. Mais elle trouvait cela mieux ainsi, car sinon elle n'aurait sans doute pas réussi à partir. Une larme solitaire s'échappa de sa paupière, mais elle la laissa s'évaporer dans la chaleur montante sans qu'aucune autre ne suive.

Sous ses pieds, les graviers cédèrent la place à un sol plus lisse. Le chemin de cailloux roses fut bientôt loin derrière elle et elle devinait que la maison qu'elle quittait, dans son dos, ne devait guère paraître plus grande qu'une tête d'épingle. Ellah ne se retourna pas pour vérifier. Plus elle avançait sur la route de terre battue, plus la rumeur de la ville enflait. Il fallait qu'elle continue, qu'elle aille jusqu'au cœur de Calma, où elle serait Appelée pour monter à bord du Convoi du Nord.

Quelque part, elle sentait que c'était son destin. Rejoindre l'Académie et y étudier était une étape indispensable de la vie d'élémental, mais Ellah voulait croire que ce passage obligé lui apporterait bien plus qu'un diplôme. La gloire, peut-être ? Ou l'aventure ? Dans tous les cas, elle comptait faire connaître le nom des Doblivia et honorer la mémoire de ses ancêtres.

Après presque un quart d'heure de marche, les portes de Calma furent en vue. Comme toutes les villes de taille moyenne, elle était ceinte de remparts modestes. Située au milieu des plaines, elle constituait une cible facile en cas d'attaque, mais le climat pacifique depuis des décennies excluait cette possibilité. Nul besoin de protections très développées, et lorsqu'il était question de bandits et de brigands, la Garde d'Amanthia faisait très bien l'affaire.

Ellah pénétra dans la ville, le nez pointé en direction du ciel d'un bleu limpide. Elle se forçait à respirer à fond, la cage thoracique écrasée par l'anxiété. Elle n'avait aucune idée de comment allait se dérouler l'Appel, malgré tout ce qu'elle avait pu lire.

Elle savait seulement qu'il existait deux Convois ralliant les différentes provinces d'Amanthia à la capitale, et que le sien faisait halte dans six grandes villes du Nord-Est. Cela entraînait un voyage de plusieurs semaines.

Les rues de Calma grouillaient de vie. Les marchands avaient sorti leurs plus beaux étals et hélaient la foule de passants à grands cris. L'aubergiste avait installé des tables et des chaises à l'extérieur, et ce malgré la chaleur croissante, tant il y avait de monde chez lui. Les balcons noirs de monde étaient ornés de guirlandes de fleurs colorées, et des bannières arborant les runes des cinq éléments flottaient dans l'air odorant.

Toute cette exaltation aidait à rendre le cœur d'Ellah un peu moins lourd. Les saluts encourageants, accompagnés de grands sourires, que lui adressaient les villageois, la faisait aussi se sentir un peu mieux. Une bande d'enfants chahuteurs se mit même à courir tout autour d'elle, la suivant jusqu'à la place. Les regards admiratifs qu'ils portaient sur elle achevèrent de la réconforter, et elle se dit qu'elle ne devait pas les décevoir en rendant le contenu de son estomac sur les pavés. Son angoisse, à peine dissipée, exerçait encore une légère pression au creux de son ventre.

La grand-place de Calma, circulaire, accueillait en son centre une luxueuse fontaine de marbre blanc dans laquelle les enfants entreprirent de grimper. Elle représentait une femme à la beauté presque divine, vêtue seulement de voiles aériens, qui tenait entre ses mains une sphère de cristal translucide. L'eau, qui jaillissait tout autour en corolles élégantes, prenait sa source dans chacun des cinq pétales du cercle des éléments, gravé sous les pieds de la statue.

Ellah trouvait la fontaine d'Agaraah particulièrement belle. La grâce et la puissance qui se dégageaient des traits pétrifiés de la femme la fascinaient. Plus de cinq siècles auparavant, quand Amanthia fut confrontée à un terrible ennemi, Agaraah défendit les siens avec une volonté farouche, mettant ses immenses pouvoirs au service du continent. Héroïne de tout un peuple, nombre des contes dévorés par Ellah reprenaient son histoire, et un morceau de la véritable Histoire s'était écrit dans ses exploits.

Toute à sa contemplation, Ellah ne vit pas arriver sur la place les gardes qui sollicitaient le passage. Lorsqu'ils parvinrent à son niveau, elle se fit écarter sans ménagement et trébucha, heurtant la personne qui se trouvait derrière elle.

— Pardon ! s'exclama-t-elle immédiatement. Je suis désolée je ne voulais pas vous...

Le reste de ses excuses mourut sur ses lèvres.

Son regard longea la silhouette séduisante du jeune homme qu'elle avait heurté. Grand, large d'épaules, le visage harmonieux éclairé de deux intenses yeux cobalt, il n'avait pas bougé d'un pouce, solidement campé sur ses pieds. Il lui renvoya un sourire éclatant.

— Ce n'est rien, l'excusa-t-il, ces brutes t'ont poussée en premier. Tu ne t'es pas fait mal ?

— Non, balbutia-t-elle d'une plus petite voix qu'elle l'aurait souhaité, je vais bien.

Ellah était impressionnée par la carrure et le charme de l'adolescent. À en juger par son encombrant sac de toile et de cuir, il faisait partie des élémentals qui monteraient dans le Convoi. Il paraissait malgré tout plus âgé ; elle lui aurait donné presque vingt ans.

— Tu te rends à l'Académie, toi aussi ? s'enquit-il.

Ellah hocha la tête, un timide sourire au coin des lèvres. Elle se maudit intérieurement de ne pas paraître plus assurée. "Réservée" ne faisait habituellement pas partie des adjectifs qui la qualifiaient.

— Je m'appelle Mikail, se présenta-t-il en lui tendant la main. Et tu es ?

— Ellah, répondit-elle en serrant fermement ses doigts entre les siens.

Surprise par ce geste inhabituel entre un homme et une femme, et encore plus surprise de sa propre réactivité, étant donné sa fébrilité, elle trouva le courage d'ajouter :

— Tu n'es pas d'ici, non ?

La jeune fille avait eu le temps de détailler les vêtements et le sac du jeune homme. Elle reconnaissait le style des habitants aisés, voire fortunés des grandes cités, ainsi que la qualité de matières premières onéreuses. De plus, l'insigne brodée de fil cuivré qui signait le pectoral de l'impeccable chemise, laissait entendre que Mikail appartenait à une famille riche, de celles qui n'habitaient pas la région. Et si elle avait bien reconnu le blason familial...

— Non, en effet. Ma famille et moi vivons à la capitale, je suis né là-bas. Nous sommes venus dans l'Est pour prendre un bol d'air frais, profiter de la campagne. Ma lettre pour l'Académie est arrivée avant que nous repartions, et j'ai décidé de rester.

Ellah se félicita de le découvrir si loquace, ravie de ne pas avoir à l'ensevelir des questions que sa curiosité naturelle la poussait à lui poser.

— Tu n'as pas souhaité rentrer directement à Amanthia ? s'étonna-t-elle, maintenant certaine de son ascendance. Cela t'aurait épargné le Convoi...

— Quitte à faire un long voyage, je me suis dit qu'emprunter le Convoi était bien plus intéressant. J'avais envie de rencontrer du monde, apprendre à connaître mes futurs camarades, et quand je te vois, je me dis que j'ai bien fait !

Mikail adressa un clin d'œil pétillant de malice à Ellah, qui éclata de rire. Si elle avait vu juste, sa famille était si puissante que, du monde, il devait en être entouré en permanence ! Elle songea aussi à l'injustice de la société, qui permettait à certains de prendre des moments de repos lorsqu'ils le souhaitaient, alors qu'à d'autres, elle imposait le labeur en permanence. Mikail avait-il conscience qu'ici, pour certaines familles, on ne pouvait pas se permettre de perdre une seule journée de travail sous peine de se voir sans sous et sans subsistance ?

Soucieuse de ne pas briser ses chances de s'en faire un ami, Ellah garda ses pensées enfouies tout au fond d'elle. Elle ne le connaissait pas, elle ne pouvait donc pas présumer de ses valeurs ou de ses croyances, sur la simple base de la fortune de ses parents. La cause des petits paysans lui tenait cependant à cœur et, s'ils devenaient un jour assez proches, elle lui en toucherait deux mots. La considération était, selon elle, le premier pas vers l'équilibre.

Il lui parut donc logique de faire un premier pas vers l'amitié :

— Le fils du général manquerait donc d'attention ? plaisanta-t-elle en désignant du bout des doigts le blason cuivré sur la poitrine de Mikail. Je n'y crois pas !

— Me voilà démasqué ! s'esclaffa-t-il, une main sur le cœur. On ne peut rien te cacher. Mon père est un homme très occupé, bien qu'aussi très entouré, et les occasions de nouer de vrais liens m'ont manquées, je dois l'avouer...

— Et bien, saisissons celle qui se présente devant nous à cet instant ! proposa Ellah, poussée par quelque chose de plus fort que la raison.

— C'est d'accord !

Les yeux brillants, un grand sourire épanoui sur les lèvres, ils se tournèrent vers les gardes, qui dressaient sur la place comme une petite estrade. Ils s'avancèrent côte à côte pour être au plus près de l'action à venir. Cet échange, d'une étrange complicité pour deux inconnus, scellait le début d'une relation qui promettait de devenir solide.

La place, déjà bondée, continua de se remplir. Beaucoup d'enfants et de jeunes adolescents se tenaient dressés sur les rebords de la fontaine, et regardaient par-dessus la foule qui ne cessait de se densifier.

Près du centre, non loin des gardes, patientaient les novices qui attendaient le début de l'Appel avec fébrilité. Leurs familles, venues en soutien, se pressaient autour d'eux. Ensuite, l'anarchie régnait. L'Appel attirait chaque année plusieurs centaines de personnes, des curieux pour la majorité. Le reste y trouvait en général un intérêt financier, mais tous souhaitaient assister à l'événement.

Dans le dos d'Ellah et Mikail, la tension de la marée humaine croissait irrésistiblement. Tout le monde voulait être aux premières loges. La jeune fille commençait à se sentir ballottée d'un côté puis de l'autre, emportée par le mouvement. Mikail, pareil à un roc, n'eut aucune peine à ménager un espace raisonnable autour de lui, et saisit fermement Ellah par le bras alors qu'elle basculait en avant.

— Reste-là, veux-tu, lui souffla-t-il, tandis qu'un nouvel élan de la foule la poussait contre lui.

Agrippée à son sac, qu'elle redoutait de perdre, les joues écarlates et l'épaule pressée contre celle de Mikail, Ellah vit un homme à l'allure aristocratique s'avancer vers les gardes. Il monta sur l'estrade avec grâce, prenant soin de ne pas piétiner l'ourlée de sa robe de soie gris perle.

Ses cheveux, d'un noir si profond qu'ils en paraissaient presque bleus, battaient son dos en une longue natte. Les discrètes épaulettes et les manches de sa robe, ainsi que les boutons de nacre qui la parcouraient du cou aux chevilles, mettaient en avant son port de tête altier et la tonicité de son corps. Un émissaire de l'Académie dans toute sa splendeur.

Il se tourna vers l'extérieur de la place, face à la foule, dévoilant des yeux bridés aussi sombres qu'une nuit sans lune, incroyablement pénétrants. Un silence immédiat s'établit.

— Je vous présente mes salutations, habitants de Calma. Je suis Adong Kaolin et je vais maintenant procéder à l'Appel.

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