Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 7 : Bienvenue à Ilvermorny



« J'ai eu l'impression qu'un invisible levier avait été actionné et que, par une trappe qui se dérobait d'un coup sous mes pieds, je sombrais dans une réalité parallèle »

- Thomas H. Cook -  


// 3 septembre 1979 //

La première chose qui accueillit Julian à sa descente du train fut le vent frais du Massachussetts. Si l'air estival avait été étouffant à New York, l'atmosphère était plus respirable ici, loin de la capitale. Au loin, le soleil descendait tout juste derrière les montagnes qui encadraient la gare à droite et à gauche. Le village où ils étaient devait se trouver dans une vallée.

Julian inspira profondément et aida Charlotte à porter sa valise pour descendre du train. Aileen et Liam étaient déjà sur le quai.

- On est où ? S'interrogea Charlotte à voix haute.

- Greylock Village, dit Aileen en se battant contre ses cheveux roux qui lui revenaient dans la figure. C'est la montagne qui lui a donné son nom, mais on l'appelle juste Le Village la plupart du temps. Là, on est dans la vallée aux Pixies.

Elle désigna les deux montagnes en écartant les bras en croix.

- Celle-là, c'est le mont Greylock. Le château est en haut. Et celle-là, c'est le Mont des Errants. On dit qu'il est hanté, personne n'a jamais réussir à construire quelque chose de durable dessus.

- Trop bien, souffla Charlotte.

Une lueur aventureuse s'était déjà allumée dans ses yeux et Julian remercia intérieurement Aileen lorsqu'elle ajouta d'une voix ferme :

- Les élèves ont interdiction d'y aller.

- En principe, nuança Liam, goguenard.

- Interdiction, martela Aileen. Arrête toute de suite.

Au bout du quai, les élèves commençaient à se masser et ils se dirigèrent vers eux, Liam et Aileen en tête pour les guider. Julian n'était pas très grand et il dût se mettre sur la pointe des pieds pour voir ce qui se passait. Devant le groupe d'élèves se tenait Otis Clavis. Il avait troqué son uniforme de portier rouge pour une salopette en jean et des bottes qui lui montaient jusqu'aux genoux. Sous l'éclairage des boules de feu enchantées, son visage rond et rubicond ressortait comme un soleil miniature.

- Bonsoir à tous, bonsoir à tous ! S'exclama-t-il de sa voix grave chaleureuse. Alors, bon voyage ?

- Oui Otis ! Répondirent plusieurs élèves en cœur.

- Eh Otis ! L'apostropha un garçon au premier rang. Regardez ! Je vous ai ramené des tracts pour réclamer la protection des licornes, comme promis !

- Oh merci, Enjolras, merci. Mais range ça, il ne faut pas que la directrice les voie, tu viendras plus tard me voir à la chaumière.

Aileen se pencha vers lui. Julian s'abaissa pour être à sa hauteur et l'entendre malgré le bruit ambiant.

- Otis est le gardien de l'école, il habite dans une chaumière dans le parc, expliqua-t-elle.

- Et il a des licornes ? S'étonna-t-il. Elles se laissent approcher ?

- Il les soigne quand elles se blessent dans la forêt. C'est le seul homme à pouvoir les approcher un minimum pour les aider !

Ils marchaient côte à côte pour suivre la foule. Julian se retourna pour voir si Charlotte suivait bien et son bras frôla celui d'Aileen qui s'écarta aussitôt. Il allait s'excuser mais elle le regarda avec compréhension.

- Arrête de t'inquiéter, dit-elle. Tu stress depuis qu'on s'est rentrés dedans dans le train, je le vois. Ta sœur va bien et tout va bien se passer. Viens.

Et elle accéléra le pas. Par réflexe, Julian imita son rythme et ils se retrouvèrent dans le premier tier du groupe, laissant Charlotte et Liam en arrière. La vue désormais plus dégagée, Julian voulut détailler du regard les alentours, mais Otis les guida le long d'un chemin hors de la gare et les fit sortir du village avant qu'il ne puisse mieux le voir. Ils remontèrent un petit chemin de terre entouré de champs à droite et d'une vaste forêt de pins à gauche. L'air frais était parfumé par les arbres et les fleurs sauvages. Après quelques minutes de marche, ils s'engagèrent dans un virage pour faire face à la montagne et Julian renversa la tête en arrière pour voir le château qui s'élevait soudain au-dessus de sa tête, majestueux et dominant la vallée. Depuis le sol, il ne voyait qu'une façade en pierre grise et de hautes tours qui perçaient le ciel.

- Ilvermorny, souffla-t-il.

- Lui-même !

- Et comment on monte là-haut ?

- Avec ça, dit Aileen en tendant le bras.

Julian suivit la direction qu'elle lui indiquait et écarquilla les yeux. C'était encore plus incroyable que la calèche des Grims. Juste devant lui se tenait une rangée d'énormes montgolfières colorées, prêtes à s'envoler.

- Pas possible ! Sérieusement ?

- Quoi ? Comment tu veux monter sinon ?

- Mais les moldus ? Ils ne voient rien ? S'étonna-t-il.

Aileen fronça les sourcils.

- Les quoi ?

- Les moldus ! Pardon, les Non Maj' !

- Oh eux ! Non. Ils pensent que c'est une attraction pour touristes riches et il y a des sorts repousse-Non Maj' tout autour de la vallée. Le village non sorcier le plus proche est à des dizaines de kilomètres, la ville d'Adams. Mais on n'a pas le droit d'y aller.

- Je vois... Et on va tous monter dedans ?

- Par petits groupes, oui. Ça va plus vite que ça en a l'air, tu vas voir.

Elle sourit, amusée devant son incrédulité et il essaya de paraître moins émerveillé, sans grand succès.

- D'habitude, ce sont les Juniors qui sont surpris, j'oublie que ça peut sembler impressionnant la première fois, admit-elle. Vous n'avez pas ça à Poudlard ?

- Non, on a des calèches qui avancent toutes seules.

Pour Aileen, les calèches devaient être aussi folkloriques que les montgolfières l'étaient pour lui car elle se tourna vers lui, surprise.

- Va falloir que tu me racontes tout, c'est génial Poudlard !

- Hum... oui, vraiment génial.

Il avait conscience de sa réponse lacunaire, mais évoquer Poudlard lui faisait toujours mal. Il n'arrivait pas vraiment à se faire à l'idée qu'il n'était pas juste en visite, mais que son année se déroulerait ici plutôt qu'au château. Enfin, son château. Pour lui, il n'y en avait qu'un. A nouveau, Aileen dût lire la mélancolie sur son visage car elle posa une main réconfortante sur son épaule.

- Eh, murmura-t-elle d'une voix douce. Je comprends, ce n'est pas facile. Mais tu vas voir, c'est bien ici. Tu vas aimer.

- Je ne sais pas... dit-il honnêtement.

- Y'a qu'un seul moyen de le savoir, non ?

D'un mouvement de menton, elle désigna le château là-haut, comme si elle le mettait au défi de monter le découvrir. Un sourire mutin jouait sur ses lèvres et ses yeux marrons pétillaient. Sans lui laisser le choix, elle attrapa sa main pour le faire avancer et les autres s'écartèrent sur son passage. Sûrement le pouvoir de Représentante. Parmi les premiers dans la file pour les montgolfières, ils n'eurent pas à attendre longtemps avant d'embarquer.

Otis Clavis leur fit signe d'avancer et ils retrouvèrent Liam et Charlotte dans le panier.

- Je croyais qu'on vous avait perdu... s'étonna Aileen.

- T'as voulu nous semer oui ! S'exclama Liam en riant. Mais j'ai joué des coudes pour vous rattraper, il était hors de question que je loupe leur premier vol en montgolfière !

Au-dessus de leur tête, plusieurs boules de feu magiques – bien plus puissantes que celles qu'on pouvait acheter à la caisse des commerçants du Chemin de Traverse pour éclairer un intérieur – s'élevèrent sous le ballon. La toile rouge et bleue se mit à se tendre et à se gonfler jusqu'à former une sphère colorée. Une seconde plus tard, le panier quittait le sol. Chancelant, Julian s'accrocha à la rambarde et s'interdit de regarder en bas. La diligence volante était une chose, la montgolfière en était une autre... Une chose bien moins stable et à flanc de falaise. S'il tendait la main, il pouvait presque toucher la pierre. La trajectoire de la montgolfière devait être altérée par la magie : il était impossible qu'un tel engin, même d'une taille relativement modeste par rapport à d'autres modèle, puisse s'élever en ligne droite si près d'une montagne.

Le cœur battant, Julian se rendit à peine compte de Liam qui le prenait en photo. Il avait surtout hâte de se poser à nouveau sur la terre ferme. Charlotte, toujours à l'aise dans les airs, ne semblait pas partager son avis car elle se mit à poser en riant pour l'appareil photo. Ses cheveux blonds lui revenaient dans la figure à cause du vent et elle les repoussa, tout sourire.

- C'est trop bien ! S'écria-t-elle. Bien mieux que les calèches !

- Ça a son charme, reconnut Liam. Alors, prête pour la cérémonie de répartition ?

- On l'a déjà fait à Poudlard. Rien de bien terrible, c'est juste un Choixpeau.

Si Julian n'avait pas eu envie de vomir, il aurait rappelé à sa sœur que la directrice Hicks leur avait pourtant dit qu'Ilvermorny n'utilisait pas un Choixpeau pour la répartition, mais il préféra ne pas prendre le risque. Liam, lui, abaissa son appareil photo, perplexe.

- Un quoi ?

- Un Choixpeau, répéta-t-elle. Tu sais, le chapeau qui te dit dans quelle maison tu dois aller.

- Ah on n'a pas de chapeau, nous. (Il se tourna vers son amie, un rictus aux lèvres). Ils sont drôles ces anglais, pas vrai Aileen ?

Elle haussa les épaules.

- C'est un moyen comme un autre pour répartir...

- Mais un chapeau !

Charlotte, loin d'être vexée, se contenta de continuer à poser sa série de question. Julian en était presque reconnaissant : ça lui évitait de songer au vide sous ses pieds.

- Et les maisons ? Comment elles s'appellent déjà ?

- Ilvermorny possède quatre maisons, expliqua Aileen d'un air docte. Les Serpents Cornus, les Puckwoodgenie, les Oiseaux Tonnerre et les Womatou.

- Le Gros Matous ?

- Les Womatou, articula-t-elle distinctement. C'est un félin, une sorte de puma... Toutes nos maisons sont des animaux magiques qui vivent aux Etats-Unis. Nos fondateurs trouvaient que leurs noms famille ne rendraient pas bien en nom de maison. Mais ne t'inquiète pas, la directrice explique toujours tout dans son discours de rentrée. Tu vas tout comprendre !

- Et nous on va mourir d'ennui parce qu'on l'a entendu quatre fois déjà, renchérit Liam.

Appuyé contre le bord du panier, il agitait les photos qu'il venait de prendre avec son polaroïd pour les faire apparaître. Il fit une grimace grotesque à Aileen qui lui renvoyait un regard agacé.

- Liam, tu ne me sers à rien, dit-elle avec fatalisme.

- C'est faux ! Je suis ton meilleur photographe...

- Mon seul photographe.

- ... et c'est toi qui a été élu Représentante des Puck. Pas moi. C'est ta responsabilité les discours barbants.

Julian écoutait à moitié. Il venait de risquer un coup d'œil derrière lui, par-dessus la barrière en osier, et sa tête tourna violemment. Le vide qui s'étendait sous lui devint flou. Il retint un haut le cœur et la panique qui l'envahissait, puis se tourna à nouveau vers les autres, bien décidé à ignorer le gouffre sous ses pieds. Aileen dû toutefois remarquer sa pâleur car elle fronça les sourcils.

- Julian ? Tu te sens bien ?

- Hum... Je crois...

- Me dis pas que t'as le vertige ! S'écria Liam.

- Pas vraiment, juste un peu...

- Il a peur de l'altitude depuis qu'il est tombé de son balai pendant la leçon d'initiation au vol en première année, dénonça Charlotte. La seule matière où il était nul : on ne peut pas apprendre à voler grâce à un livre, il n'avait aucune chance.

- Lottie, protesta-t-il. N'importe quoi, arrête...

- Oh ! Ton frangin est une tête ? Dit Liam. Pas étonnant qu'Aileen l'ait repéré. C'est un truc de bons élèves ça !

Julian grimaça. Même s'il avait des facilités en cours, il n'aimait pas être réduit à l'image du Serdaigle studieux et travailleur. Ce n'était pas comme s'il travaillait tant que ça en vérité... et c'est ce qui énervait sa sœur la plupart du temps. Il n'avait jamais eu besoin de passer des heures à la bibliothèque à apprendre et à relire ses cours, la magie lui venait naturellement depuis sa première année, surtout les sortilèges. Le professeur Flitwick lui avait dit que c'était une question de sensibilité : tous les sorciers ne ressentaient pas l'essence d'un sort ou les strates d'un enchantement de la même façon. Certains pouvaient avoir une approche plus sensible.

Pour faire diversion, il décida d'interroger Aileen sur un point qui le perturbait depuis le voyage en train :

- Comment ça se fait que tu sois déjà élue Représente des élèves ? La rentrée n'a même pas eu lieu.

- L'élection a eu lieu avant les vacances l'année dernière. Vous verrez, les élèves qui veulent se présenter mènent une campagne tout le dernier mois de cours jusqu'à l'élection fin juin. Et j'ai été élue par les élèves de sixièmes années !

- Elle tient le journal de l'école, c'était une arme électorale de choix, ajouta Liam, goguenard.

- Quand tu dis ça, on dirait que j'ai mené une propagande.

Liam et Aileen se remirent à se chamailler. Elle avait l'air si mince et petite face à lui. Julian les observa. Il mit une seconde à faire le lien dans son esprit, mais il comprit soudain pourquoi Aileen lui semblait familière : elle lui faisait penser à Lily Evans, la Préfète-en-Chef de Poudlard il y a deux ans. Physiquement, elles n'avaient en commun que leurs cheveux roux – et encore, ceux de Lily Evans étaient plus lisses et plus foncés – mais elles irradiaient la même énergie bienveillante.

Soudain, la montgolfière tangua légèrement et Julian se rendit compte avec soulagement qu'ils atterrissaient enfin.

- Terminus, tout le monde descend ! Lança Liam. Allez, les anglais, venez !

Il ouvrit la marche. Encore chancelant, Julian le suivit avec prudence. Ils se trouvaient désormais sur un plateau formé à flanc de montagne, comme si la roche avait accepté d'accueillir une extension plane pour que les sorciers puissent s'y installer. Sur leur droite, la forêt s'était densifiée en altitude et formait une masse sombre qui s'étendait à perte de vue. Et juste face à lui, Julian la vit enfin... Ilvermorny, école de sorcellerie.

De là où il se trouvait, il ne distinguait que vaguement la forme du château au loin grâce aux lumières qui perçaient la façade et l'obscurité naissante. Le parc était délimité par un mur d'enceinte en pierre agrémenté de petites tours et l'accès se trouvait être un immense portail en fer sur lequel se dessinait les armoiries de l'école ainsi qu'un nœud gordien.

- C'est le symbole d'Isolt Sayre, la fondatrice, expliqua Aileen. Tu verras, il y en a un peu partout.

Il voulait bien la croire. Avant de partir, Julian s'était renseigné sur l'école ou du moins il avait tenté de lire quelques articles à son sujet entre deux cartons à faire. Isolt Sayre, d'origine irlandaise, était venue aux Etats-Unis au début du XVIIe siècle. Elle et son mari avaient créé l'école en 1620 sur le mont Greylock en prenant exemple sur Poudlard. C'était sûrement pour cela que Julian avait l'impression de contempler un double de son ancienne école, un double plus récent à la fois familier mais si différent.

Le parc devait être aussi grand s'il en croyait le terrain qui se déployait sous ses yeux, mais il s'étendait devant le château, il ne l'entourait pas comme à Poudlard. Un long chemin partait de la grande grille jusqu'à l'école, coupant presque le parc en deux. Julian remontait justement ce chemin et avait réduit l'allure pour observer autour de lui. A sa droite, il distinguait la silhouette de quatre grandes serres de verre et de fer autour desquelles des plantes grimpantes s'enroulaient. Juste à côté, un vaste enclos était accolé à une longère en bois qui ressemblait fortement à des écuries. A l'intérieur, plusieurs chevaux regardaient d'ailleurs passer les élèves d'un œil vif. A sa gauche, une sorte de rivière – ou de ruisseau par endroit – serpentait doucement à travers le parc et s'enfonçait sous terre, sous un grand rocher caverneux. Tout en courbe, il emplissait l'atmosphère d'un bruit d'eau apaisant. Vers le milieu du parc, le cours d'eau était enjambé par un pont en bois sombre. Un vaste stade s'élevait de l'autre côté de la rive en un ovale parfait. Eclairé par les derniers rayons du soleil, le stade semblait rougeoyer.

Enfin, ils arrivèrent au bout du chemin où plusieurs élèves étaient déjà réunis devant les lourdes portes encadrée de part et d'autre par deux grandes statues en marbre blanc : l'une représentait une jeune femme aux traits fins et à la cape nouée par un nœud gordien, et l'autre un homme au menton pointu et au visage anguleux.

- Isolt Sayre et son mari James Steward, dit Aileen, confirmant ce que Julian avait déjà deviné.

- Tu te transformes en guide touristique, se moqua Liam.

- Quoi ? Je leur fais visiter, c'est tout.

Mais Julian ne les écoutait plus. Il venait de lever la tête pour enfin découvrir le fameux château d'Ilvermorny. Tout en granit, il avait visiblement été agrandit au cours des siècles, et Julian distinguait encore la partie la plus ancienne de la demeure, celle qui n'avait dû qu'être une simple maison à l'époque. Percée par de grandes fenêtres en ogive, la façade était énorme et alambiquée, sertie de tours, de recoins et d'extensions. Une aile entière était greffée sur le flanc ouest du château et Julian crut distinguer des étagères pleines de livres à travers les fenêtres : certainement la bibliothèque.

- C'est grandiose, admit-il. Les enchantements en place pour l'agrandissement de la structure... C'est de la belle magie.

Du coin de l'œil, il vit Charlotte lever les mains, l'air de dire « vous voyez, un intello ! ». Liam éclata de rire.

Julian aurait pu rester longtemps à observer la façade si Théa n'était pas soudain sortie de la foule pour venir vers eux. Il avait presque oublié qu'elle était là aussi.

- Le retour de la reine des glaces ! Se moqua Liam.

- Cooper, la ferme.

- Bien sûr, Votre Altesse.

Il fit semblant de faire une révérence et Théa se crispa avant de l'ignorer.

- Julian, Charly, vous devez aller avec les Juniors pour la répartition, les informa-t-elle. Là-bas.

Elle indiqua un petit groupe d'enfants massés les uns contre les autres, l'air anxieux ou émerveillé. Exactement comme tous les premières années le jour de la rentrée.

- On va y aller, merci...

Théa les contempla une seconde, comme si elle voulait ajouter quelque chose, puis son regard tomba sur Aileen. Elle dut supposer qu'ils étaient entre de bonnes mains car elle se contenta de repartir en direction de son amie Othilia qui l'attendait plus loin.

- On se retrouve tout à l'heure, d'accord ? Dit Aileen.

- Bonne répartition, les Anglais !

Et leurs deux nouveaux amis se mêlèrent au reste des élèves qui commençaient à entrer dans le château maintenant que les lourdes portes étaient ouvertes. Nerveux, Julian attrapa sa sœur par la main pour ne pas la perdre et commença à la tirer vers le groupe des Juniors. Elle pesta dans son dos.

- Ju', j'ai plus quatre ans, lâche-moi.

- On reste ensemble Lottie.

- Je peux encore te suivre toute seule.

Mais il ne relâcha pas sa prise avant d'avoir rejoint les premières années. Ces derniers parurent effrayés de voir deux élèves plus âgés avec eux et leur jetèrent des coups d'œil interrogatifs. Plantés à côté des portes, ils durent attendre que tous les autres soient rentrés à l'intérieur du château pour que quelqu'un vienne enfin à leur rencontre. Julian reconnut sans mal Eulalie Hicks, la directrice. Elle portait toujours son chapeau aux larges bords et son visage à la peau sombre était toujours marqué par de petites rides. La personne qui l'accompagnait était une femme qui devait avoir dépassé la cinquantaine. Les traits sévères, elle n'en avait pas moins l'air bienveillante et elle posait un regard compréhensif sur les visages anxieux levés vers elle.

- Bonsoir à tous, entonna Hicks. Je suis ravie de vous accueillir ce soir pour votre rentrée dans le plus noble établissement d'Amérique du Nord, l'école dans laquelle je l'espère vous vous épanouirez en tant que jeunes sorciers et sorcières. (Elle marqua une pause en souriant). Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis Eulalie Hicks, la directrice d'Ilvermorny. Je suis ici ce soir pour vous présenter l'école au sein de laquelle vous allez passer les sept prochaines années. Pour commencer, je pense que le système des maisons est la principale chose dont vous devriez entendre parler. Les élèves sont en effet divisés en quatre maisons : il s'agit de former des communautés, un esprit d'union, et un sentiment d'appartenance qui vous permettra de vivre au mieux l'expérience qu'offre l'école. Les maisons sont, comme je le disais, au nombre de quatre : Serpent Cornu qui représente l'esprit des érudits, Puckwoodgenie qui incarne le cœur des guérisseurs, Oiseau Tonnerre qui symbolise l'âme des aventuriers, et enfin Womatou qui accueille les corps des guerriers. Chacune des maisons évoque ainsi une valeur, un profil de personnalité. La répartition qui va suivre aura pour objectif de déterminer la maison dans laquelle vous vous épanouirez, celle qui vous correspond au mieux.

La directrice Hicks inspira, laissant le temps à tout le monde d'intégrer ses paroles, puis reprit :

- Une fois répartie dans votre maison, cette dernière deviendra votre famille. Il vous faudra défendre ses couleurs en gagnant des points en cours, en respectant le règlement pour éviter de lui en faire perdre, en prenant part à des activités sportives en son nom. L'entraide est toutefois encouragée pour créer un climat de cohésion au sein de l'école qui est, vous le comprendrez, essentiel pour tous. (Elle ponctua sa remarque d'un silence sévère). Bien. Je vais maintenant laisser la parole à ma collègue, le professeur Miranda Fleming, qui me seconde dans mes tâches administratives en plus d'être directrice des Serpents Cornus. Vous aurez le plaisir de suivre ses cours d'Enchantements dès lundi. Elle va vous expliquer plus en détails le fonctionnement de l'école. Quant à moi, je vous souhaite à nouveau une merveilleuse rentrée.

Une vague de « merci » timide lui répondit, mais la directrice Hicks ne parut pas s'en formaliser. Elle adressa un nouveau sourire à tout le monde, puis céda sa place à Miranda Fleming. Juste au moment où elle se retournait pour entrer dans le château, Julian accrocha son regard et elle hocha la tête, comme si elle lui souhaitait la bienvenue dans ce Nouveau Monde à nouveau.

- Merci, madame la directrice, dit le professeur Fleming. Bonsoir à tous également, je suis très contente de vous rencontrer. Je vais donc vous parler de la vie de l'école brièvement avant votre répartition, mais ne vous inquiétez pas, tout vous sera à nouveau expliqué par vos professeurs tout au long de la semaine. Comme le disait notre directrice à l'instant, Ilvermorny sera aussi bien votre collège que votre maison pendant les sept années à venir. A ce titre, vous serez des acteurs essentiels dans la vie de l'école et j'attends de vous un comportement exemplaire, mais aussi un investissement dans les activités proposées. Si vous ressentez le besoin d'être aidé dans votre découverte, n'hésitez pas à vous adresser au corps enseignant, aux Représentants des différentes maisons ou aux Présidents des élèves. Ce sont eux qui vous guideront dans le château cette semaine, notamment après le dîner pour que vous puissiez découvrir le Foyer et vos dortoirs. En parlant des dortoirs justement, vous le verrez, mais vous ne serez pas rassemblés par maison. Nous encourageons l'interaction entre tous les étudiants et pour cette raison que les dortoirs sont composés d'un élève par maison. Bien entendu, il peut y avoir des exceptions, il n'est pas toujours possible d'avoir quatre élèves de la même maison de quatre maisons différentes, mais nous essayons au mieux de mélanger. Les cours du cursus commun seront au contraire exclusivement réservés aux élèves d'une même maison.

Julian commençait à être déstabilisé. S'il comprenait bien, il ne serait pas avec ses camarades de maison en dortoir, mais simplement en classe. Même si l'idée lui paraissait étrange après quatre ans passés à Poudlard, il devait reconnaître que ce n'était peut-être si incongru. La rivalité entre Serpentard et Gryffondor avait atteint des sommets l'année dernière à cause du Tournoi et Ilvermorny semblait vouloir éviter cet entre-soi étouffant.

- Mais je ne veux pas vous assommer de détails, continua le professeur Fleming. Passons à l'intérieur, la répartition vous attend.

D'un geste de la main, elle les invita à les suivre et tout le monde se remit en mouvement. Julian dépassait les petits premières années d'au moins deux têtes et il n'eut aucun mal à avancer, ni à voir le hall en y entrant. Au-delà des portes, il découvrit un grand hall circulaire surmonté d'une coupole en verre en guise de plafond. Cette pièce d'entrée n'était agrémentée que de quatre statues : moins imposantes que celles des Fondateurs à l'extérieur, elles représentaient chacune les quatre emblèmes des maisons, à savoir un Serpent cornu, un Womatou, un Oiseau-tonnerre et un Puckwoodgenie. Le sol, en mosaïque, dessinait un nœud gordien en son centre. En haut, un balcon en bois courrait tout le long des murs et les autres élèves les regardaient depuis l'étage, impatients que la répartition commence. Une véritable vague rouge et bleue, les couleurs des uniformes.

Julian sentit son cœur s'accélérer. Il repéra Aileen qui se détachait au milieu de la foule grâce à ses boucles rousses et Liam juste derrière elle. En tournant la tête, il aperçut son cousin Archer qui avait l'air de s'ennuyer et encore un peu à sa droite Théa. Elle disait quelque chose à son amie Othilia Fontaine. Juste à côté des deux filles, Noah Douzebranches était accoudé à la balustrade et braquait son regard bleu sur lui. Il supposait qu'il devait détoner au milieu de tous les enfants de onze ans et qu'il devait donc attirer l'attention.

- S'il vous plait, rassemblez-vous ! Ordonna le professeur Fleming. Nous allons commencer la répartition. Le principe est simple : vous devrez vous avancez au milieu du hall et vous prendrez place sur le nœud gordien au sol. Si une statue désire voir l'élève rejoindre sa maison, elle s'animera. Vous n'aurez qu'à vous placer alors derrière la statue de votre nouvelle maison. Il arrive que plusieurs statut s'anime car certains présentent des qualités diverses. La décision vous appartiendra donc, le choix sera vôtre.

Elle déplia un parchemin et Julian devina que les noms des élèves étaient inscrits dessus. Il eut une vision de McGonagall dans la même position et son ancienne professeure de métamorphose lui manqua brusquement. Il avait l'impression de regarder à travers un miroir déformant une réalité si proche et si lointaine à la fois.

- Avant d'appeler les Juniors, deux élèves plus âgés vont d'abord passer la cérémonie de répartition. Ils nous viennent d'Angleterre et j'espère que vous saurez leur réserver l'accueil qu'ils méritent.

Julian aurait voulu s'enfoncer sous terre. Les rares élèves qui ne l'avaient pas repéré ne pouvaient désormais plus le manquer. En haut, il ne manqua pas le rictus ironique de Noah Douzebranches qui semblait amusé devant son embarras évident.

- Shelton Julian ! Appela le professeur Fleming.

Cette fois, il se maudit d'être l'aîné. D'un même mouvement, tous les yeux le suivirent et il avança, les yeux résolument fixés sur le mur d'en face. Le stress l'avait envahi plus violemment qu'il ne l'avait anticipé. Le ventre noué, il se figea pile au milieu du nœud gordien et attendit. En vérité, il mentirait en disant qu'il n'avait pas déjà une idée de la maison qui allait être la sienne à Ilvermorny. Les yeux rivés sur la statue la plus à gauche face à lui, il ne ressentit aucune surprise en la voyant s'animer...

Le serpent au front serti de deux cornes et d'un cristal se redressa. La pierre précieuse au centre de sa tête s'illumina alors, projetant le reflet d'un éclat bleuté sur le sol. La maison de l'esprit et des érudits : ça lui correspondait bien, pas de doute. Les Serpents Cornus se mirent à applaudir à tout rompre et Julian crut entendre Liam se plaindre qu'ils ne soient pas dans la même maison.

Heureux d'échapper aux regards inquisiteurs de la foule, il se mit sur le côté et laissa la place à sa sœur qui s'avançait déjà avant même que le professeur Fleming ne crie son nom.

- Shelton Charlotte !

Avec assurance, elle se plaça à l'endroit indiqué et tourna sur elle-même, comme pour évaluer chaque statue. Julian retint un sourire en voyant la curiosité et l'impatience dans ses gestes. Contrairement à lui, les statues ne se manifestèrent pourtant pas immédiatement. Plusieurs secondes s'étirèrent avant que les ailes imposantes de l'Oiseau Tonnerre se déploient et se mettent à battre. Les autres s'apprêtaient à applaudir lorsque soudain le Puckwoodgenie s'anima également. Sa flèche levée vers le plafond, il la brandit fièrement dans les airs comme s'il tentait de battre l'Oiseau Tonnerre dont les battements d'ailes redoublèrent d'intensité. Déboussolée, Charlotte regarda tour à tour les deux statues.

- Il vous faut faire un choix, indiqua Fleming, près du groupe des premières années. La décision vous revient entièrement : le cœur ou l'âme ? Les guérisseurs ou les aventuriers ?

Julian se mordit la lèvre. S'il y réfléchissait, les Puckwoodgenie seraient les plus proches des Poufsouffle, la maison de Lottie à Poudlard. Leurs valeurs étaient l'entraide, être tourner vers les autres, travailler pour réussir et aider son prochain. Et malgré tout, Julian se prit à douter. Sa sœur n'était plus la même, elle n'était plus cette petite fille de onze ans qui était restée collée à lui pendant tout le trajet en train. Il n'y avait qu'à voir sa réaction tout à l'heure lorsqu'elle avait voulu s'éloigner de lui et enlever la main de la sienne. Il paniqua brusquement. Charlotte n'avait pas besoin d'être encouragée sur la voie de l'aventurisme, elle était assez casse-cou comme ça.

Pendant une brève seconde, Julia tenta d'accrocher le regard de sa sœur, mais elle ne se tourna à aucun moment vers lui, comme si elle l'évitait. Puis, elle déclara d'une voix forte :

- Oiseau Tonnerre ! Je... je choisis les Oiseaux Tonnerre.

Le professeur Fleming hocha la tête. Expirant fort, l'air soulagé, Charlotte le rejoignit en vitesse tandis qu'un petit garçon de onze ans prenait sa place. Il l'agrippa par le poignet dès qu'elle fut à sa hauteur.

- Pourquoi t'as fait ça ? Demanda-t-il dans un souffle. Puckwoodgenie était comme Poufsouffle !

- Parce qu'on n'est pas à Poudlard, Ju' ! Et j'avais le choix !

D'un geste ferme, elle se dégagea. Julian resta sans voix, déstabilisé, et il se contenta de regarder la cérémonie se dérouler sans un mot de plus.

Ilvermorny et Poudlard, songea-t-il. Deux faces d'une même pièce, deux faces d'une même réalité. A l'image du monde sorcier et du monde moldu, Julian espéra qu'il arriverait à faire partit des deux. Il n'y avait pas une seule réalité, mais plusieurs, parallèles les uns des autres. Tout comme il n'y avait pas un seul monde, il y avait plusieurs écoles. Il n'y gagnerait rien à s'accrocher à Poudlard. Ilvermorny était son pendant, son égal et son contraire. Et il avait intérêt à marcher sur les deux lignes parallèles s'il ne voulait pas perdre l'équilibre. 

***********************************

Eléments tirés du canon/Pottermore

- Le mont Greylock est bien la montagne sur laquelle se situe Ilvermorny. Greylock village, le mont des Errats et vallée des Pixies sont en revanche de mon invention. La ville d'Adams existe belle et bien (oui j'ai été faire un tour sur google maps).

- Les maisons ont évidemment été inventées par Rowling. J'ai aussi repris sa description du hall d'entrée et de certains éléments extérieurs (la grille, le mur d'enceinte et les statues). Le système de répartition vient d'elle également, mais j'ai pris des libertés pour les dortoirs et le mélange des maisons. 

***************

Prochain poste : Chapitre 8 - 9 décembre 

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro