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Chapitre 1 : Vers le Nouveau Monde

Note de l'auteur aka moi : Contrairement à ce que j'avais annoncé dans mon Rantbook et l'interview réalisée par le compte des 10 Spameuses, l'action de ce tome se situe à partir de la rentrée 1979 et non 1978 car cela me permettra de couvrir plus de choses. Si vous notez une incohérence par rapport à cela, faites-moi signe j'ai peut être oublié de changer quelque chose et je corrigerai haha!

Bonne lecture ;)

*****

« Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres »

- Antonio Gramsci -

// 26 Août 1979 //

De l'autre côté du battant, Julian n'entendit que des sanglots. Aucune réponse. Il soupira et ferma les yeux en posant le front contre le bois, fatigué. Il aurait lui aussi voulu aller se coucher, s'enfermer dans sa chambre, mais il ne pouvait pas ignorer les pleurs de Charlotte qui n'avaient pas cessé depuis une heure. Le couloir en pente de la maison de leur grand-mère Jeanne était plongé dans la pénombre, seulement éclairé par le ray de lumière qui filtrait de sa propre chambre dont il avait laissé la porte entre-ouverte. Il n'avait pas voulu allumer la lumière pour éviter de réveiller son père qui dormait juste à côté sur le canapé du bureau et, encore mineur, il ne pouvait pas utiliser sa baguette pendant les vacances.

L'été touchait presque à son terme et l'Angleterre suffoquait depuis une dizaine de jours. L'air chaud s'était infiltré dans la maison toute la journée, imprégnant l'atmosphère moite. Julian sentait son t-shirt lui coller à la peau et songea avec nostalgie au vent frais d'Ecosse qu'il avait quitté à la fin du mois de juin en même temps que le château. Château où il ne remettrait apparemment plus les pieds.

A cette idée qui avait en fait hanté son esprit toute la journée - voire toute la semaine depuis que son père leur avait annoncé la nouvelle - son cœur se contracta douloureusement.

- Lottie, s'il te plait... murmura-t-il, las.

- Laisse-moi tranquille, répondit-elle d'une voix étouffée.

- Si tu arrêtes de pleurer et que tu ouvres la porte.

- Va-t'en, Ju'. Je veux être toute seule.

Julian colla un peu plus son oreille contre le battant, persuadé que la voix de sa sœur s'était rapprochée.

- Charlotte. Ouvre.

- Je veux être toute seule... martela-t-elle.

- J'ai des dragées surprises ? Tenta-t-il.

Les bruits de pas derrière la porte s'interrompirent quelques secondes et un élan d'espoir le traversa avant qu'elle ne s'ouvre doucement pour révéler le visage pâle de Charlotte.

- C'est un coup bas, marmonna-t-elle en fronçant le nez. Entre. Et j'espère que t'as pas mangé toutes celles au caramel.

D'un mouvement souple, elle s'effaça pour le laisser se glisser dans sa chambre sans faire grincer le parquet. Réveiller son père était la dernière chose qu'il voulait. Sans un mot, il lui lança le paquet immédiatement et elle le rattrapa avec agilité malgré l'heure tardive grâce à ses réflexes acquis après des années de Quidditch.

Julian la laissa piocher une dragée sans la brusquer et attendit même qu'elle vienne s'asseoir avec lui sur le lit. Sa lampe de chevet éclairait les reflets blonds de ses longs cheveux cendrés qui pendaient misérablement sur ses épaules. Il ressentit un coup au cœur en voyant son teint blême et ses yeux rougis.

Il n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche que Charlotte le devança :

- N'essaye même pas de me dire que ce n'est pas si terrible ou que ça va aller, prévint-elle. Je n'ai vraiment pas envie d'entendre ça ce soir...

- Lottie...

- Et arrête avec ce surnom. J'ai plus quatre ans.

- Et comment tu veux que je t'appelles ? Charly ? Comme tout le monde ? Je trouve ça stupide.

- Tu trouves tous mes amis stupides de toute façon, protesta-t-elle, les yeux baissés sur son paquet de dragées surprises. Juste parce qu'on n'a pas des Optimales partout comme toi.

Julian faillit rouler les yeux et lui faire remarquer qu'il n'avait pas que des Optimales, loin de là ; mais il se retint. Sa sœur n'était manifestement pas d'humeur et il ne pouvait pas lui en vouloir. Lui aussi avait presque envie de pleurer depuis la visite de cette femme ce matin. Presque. A vrai dire, il ne savait pas très bien lui-même s'il était soulagé de fuir l'Angleterre ou dévasté d'en partir.

L'Angleterre représentait trop de souvenirs. C'était le pays qui lui avait enlevé sa mère.

La gorge soudain nouée, il détourna la tête et son regard tomba sur la photographie que Lottie gardait sur sa table de nuit, à portée de main, comme si leur mère pouvait être près d'elle d'une certaine façon. Sur la photo, Aurélia Shelton souriait, ses longs cheveux blond cendré balayés par le vent. Elle tenait Charlotte dans ses bras, à peine âgée de deux ans, et la faisait rebondir doucement en lui montrant l'objectif.

Julian ne se souvenait pas de ce jour-là, mais ça n'avait pas d'importance. Il se rappelait tous les autres jours avec sa mère et de toutes les fois où elle l'avait tenu contre elle, où elle l'avait embrassé ou lui avait souri. Enfant, c'était surtout elle qui s'occupait d'eux, malgré son travail à plein temps au département d'Histoire des Archives du Monde Magique du Ministère. Si leur père était plus présent à la maison, il ne l'était que physiquement. Ethan Shelton était chercheur en sortilèges, un chercheur reconnu par ses pairs et passionné... peut-être trop. Parfois, il pouvait passer des jours entiers dans son bureau, son « laboratoire » comme leur mère l'avait surnommé, pour étudier le fonctionnement d'un sortilège ou les couches de magie qui le composaient. Il n'avait juste pas le même rapport au monde que les autres.

La mort de sa femme, fin juin, l'avait plongé dans une torpeur douloureuse et Julian comprenait son besoin de partir, de s'éloigner de la guerre qui menaçait tous les jours un peu plus. En tant que né-moldu, Ethan Shelton avait eu toutes les raisons de craindre Voldemort et la folie de ses mangemorts. Mais il n'avait pris conscience de la gravité de cette menace qu'il y a deux mois lorsque le bâtiment des Archives qui se trouvait à quelques centaines de mètres du Ministère avait explosé, tuant dix-sept employés sur le coup. Aurélia faisait partie des victimes. Les journaux moldus avaient parlé d'une fuite de gaz, mais le monde magique n'était pas dupe et la marque des ténèbres qui avait flotté dans le ciel était une signature que tous les sorciers avaient appris à reconnaître ces dernières années.

Deux mois après cet incident, et alors que la liste des disparus et des morts ne cessait de s'allonger, Julian avait soudain vu son père sortir de sa torpeur, comme s'il avait réalisé que ce n'était pas en s'enfermant dans son bureau que la guerre allait disparaitre. Qu'elle avait déjà fait éclater leur famille, mais qu'elle pouvait encore davantage le faire. Ethan avait décidé de déménager, de partir pour protéger ses enfants et de tout laisser derrière eux. De laisser le souvenir d'Aurélia derrière eux.

Charlotte remarqua ce qu'il regardait et se pencha pour attraper la photo, les yeux humides.

- Elle me manque... murmura-t-elle.

Sa voix se brisa et Julian sentit son cœur se briser en écho. Il aurait aimé pouvoir prendre toute la peine de Lottie, même si ça voulait dire rendre la sienne deux fois plus douloureuse.

- A moi aussi... souffla-t-il. A moi aussi...

En reniflant, Charlotte plongea à nouveau la main dans le paquet de dragée surprise et contempla la poignée colorée qu'elle venait de prendre, pensive.

- Elle n'aurait pas voulu qu'on parte, déclara-t-elle brusquement. Elle détestait l'Amérique, elle disait que venir en Angleterre avait été la meilleure décision de sa vie parce qu'elle...

- ... avait rencontré papa ici et nous avait eu, compléta-t-il sans pouvoir s'en empêcher. (Comme Charlotte, il avait entendu leur mère prononcer cette phrase des dizaines de fois). Je sais. Mais on ne peut pas rester, pas avec tout ce qui passe.

- Mais il ne nous arrivera rien à Poudlard. Tu-Sais-Qui a trop peur de Dumbledore...

- Et papa ? Il ne peut pas venir à Poudlard. C'est peut-être pour le mieux, Lottie. Recommencer là-bas, se faire de nouveaux amis, apprendre une autre culture.

Agacé contre lui-même, il se rendit compte qu'il parlait comme son père ; mais il était à court d'argument. Il ne savait pas comment réconforter sa sœur quand lui-même ne croyait pas à ce qu'il disait. Et c'était pire pour elle. Charlotte avait toujours été plus sociable que lui, elle allait devoir quitter toutes ses amies et son équipe de Quidditch alors qu'elle avait enfin réussi à intégrer la sélection de Poufsouffle en milieu d'année dernière quand l'un des poursuiveurs en titre avait abandonné après s'être pris trois cognards en même temps à l'entraînement.

- Je sais, reconnut-elle à voix basse. Mais...

Le silence suspendu qui suivit son « mais » était plus parlant que tout ce qu'elle aurait pu dire.

- J'ai même pas pu gagner un titre de Quidditch... déplora-t-elle. J'aurais pu faire partie de l'équipe plus tôt en plus si Diggory m'avait laissé une chance au lieu de garder les mêmes joueurs d'année en année.

- Gryffondor aurait quand même gagné, remarqua Julian. Même moi qui n'allait pas aux matchs je le sais.

- C'est parce qu'ils avaient Potter en capitaine.

Malgré le ton de sa sœur, il perçu la note d'admiration dans sa voix. Il savait qu'elle avait toujours eu le béguin pour James Potter, comme à peu près la moitié des filles de Poudlard, même s'il devait avouer qu'à choisir entre les quatre garçons de Gryffondor il préférait Sirius Black, un autre septième année qui avait quitté l'école il y a un an. Perturbé par sa propre pensée, il secoua la tête.

- Tu pourras toujours jouer à Ilvermorny, dit-il d'une voix étrange, mais Charlotte ne parut pas le remarquer.

- Les américains jouent pas au Quidditch, Ju'. Ils sont nuls.

- Justement, tu leur apprendras. Et tu seras forcément la meilleure.

Son raisonnement lui arracha un faible sourire et Julian ressentit une chaleur à la poitrine. Il aimait voir sa sœur sourire, surtout ces derniers temps.

- Ju' ?

- Oui Lottie ?

Charlotte fronça le nez mais ne commenta pas le surnom. Au lieu de ça, elle leva l'élastique entouré à son poignet.

- Tu me fais une tresse ?

Il soupira. Depuis toute petite, Charlotte n'avait jamais appris à faire une tresse et, en tant que grand frère, il avait alors voulu apprendre lui-même vers dix ans pour pouvoir l'aider. Avec une patience infinie, sa mère lui avait elle-même appris, amusée par sa dévotion envers sa cadette et son application. Charlotte aimait bien en profiter.

Mais comme il l'avait dit, il faisait tout pour la voir sourire en ce moment.

- Tourne-toi, accepta-t-il. Tresse collée ?

- S'il te plait... Et Ju' ?

- Hum ? Marmonna-t-il en séparant ses cheveux en trois, l'élastique entre les dents.

- Merci d'être venu ce soir...

Julian réprima un sourire.

Silencieusement, il s'appliqua dans la pénombre ; et à mesure qu'il tressait, il repensa à la femme de ce matin. Elle s'était présentée comme la directrice d'Ilvermorny, l'école de sorciers en Amérique. Il avait déjà vaguement entendu sa mère mentionner ce nom quand elle parlait de sa jeunesse et de sa scolarité, mais elle n'était jamais entrée dans les détails. Elle n'aimait pas parler de l'Amérique et de sa famille.

***

- Les enfants ! Appela leur grand-mère depuis le rez-de-chaussée. Venez ! C'est pour... Vous savez, c'est pour votre nouvelle école !

La tête enfouie dans son oreiller, Charlotte grogna et Julian se contenta de lui tapoter le dos.

- Allez, encouragea-t-il. C'est juste pour avoir les infos.

Ils s'étaient réfugiés tous les deux depuis le déjeuner dans la « chambre à jouet », celle de leur enfance où ils avaient passé toutes leurs après-midis d'hiver à jouer à même le sol. La maison de leur grand-mère, située dans un petit village près de Canterburry, comptait quatre chambres : la sienne, une pour chacun de ses petits-enfants, et une qu'elle avait aménagé en pièce dédiée aux jeux. Julian ne se rappelait pas de vacances où il n'avait pas passé des heures ici, enfermé dans son propre monde.

A vrai dire, il avait toujours grandi entre deux mondes : celui des sorciers et celui des moldus. Sa mère était une sang-pur américaine et son père un sorcier né-moldu anglais. De la culture américaine, Aurélia ne lui avait jamais rien transmis. Seul son accent (et son aversion pour le thé) trahissait sa nationalité. Mais elle avait mis un point d'honneur à ramener la magie dans leur petit appartement en banlieue londonienne. Julian avait le souvenir de grimoires entassés sur la table basse, de carte d'astronomie épinglée au mur, et fioles de potions rangées avec les épices dans les placards de la cuisine. L'univers moldu de son père, il l'avait expérimenté dans cette chambre à jouet justement, quand il rendait visite à sa grand-mère Jeanne qui s'effrayait dès qu'elle voyait une petite voiture voler mais qui se reprenait immédiatement pour lui faire des scones à la confiture.

- Les enfants... ?

- On arrive, mamie ! Cria-t-il. Bouge, Lottie.

De mauvaise grâce, sa sœur roula sur elle-même et ils descendirent tous les deux. Les marches craquèrent sous leurs pas. Au pied de l'escalier, grand-mère Jeanne leur adressa un sourire avant de s'éclipser dans le jardin, son arrosoir à la main. Elle n'aimait pas se mêler à « ces histoires de magiciens ».

Sans même se concerter, ils se placèrent côté à côté, plantés au milieu du salon. Alors que la voix de son père lui parvenait depuis la porte d'entrée, il sentit la main de Lottie frôler la sienne et il serra brièvement ses doigts pour la rassurer, comme un soutien silencieux.

- Entrez, entrez. Je vous présente mes enfants, Julian et Charlotte. Ce sont eux.

D'un pas élégant, une femme qui devait avoir la soixantaine entra dans le salon avec un léger sourire aux lèvres. Elle portait un tailleur et une cape de voyage dont l'attache dorée en forme de nœud gordien, qui contrastait avec sa peau sombre marquée de rides, accrochait l'œil. Ses cheveux bruns striés de mèches grises, coupés au niveau de la nuque, formaient des boucles parfaites sous son chapeau bleu à large bord qu'elle déposa sur la table.

- Enchantée, Eulalie Hicks, se présenta-t-elle d'un air avenant. Directrice d'Ilvermorny.

Julian la salua d'un hochement de tête et du coin de l'œil il remarqua Charlotte la jauger du regard.

- Vous ne ressemblez pas à Dumbledore... marmonna-t-elle.

- Charly ! Réprimanda leur père.

La directrice Hicks balaya la remarque d'un rire cristallin.

- Personne ne ressemble à Albus, et encore moins moi, convint-elle. Je n'ai peut-être pas une barbe aussi belle que la sienne, mais j'espère que vous aimerez autant l'éducation qu'Ilvermorny va vous offrir que celle que vous avez reçu à Poudlard.

Julian garda le silence, le visage neutre. C'était sans doute un patriotisme inconscient, mais il n'arrivait pas à s'imaginer une école aussi bien que Poudlard. Et même si Eulalie Hicks projetait une sorte d'aura autour d'elle, elle ne lui faisait pas l'effet de fascination qu'exerçait Dumbledore dès qu'il entrait dans une salle ou se levait pour prononcer ses discours loufoques aux banquets. Mais peut-être qu'il était trop exigeant. Comme elle l'avait elle-même fait remarquer, personne ne ressemblait à Dumbledore.

Alors qu'un léger silence qui commençait à devenir gênant s'étirait, Ethan reprit la parole, une main enfoncée dans la poche de son pantalon à pince, hésitant :

- On pourrait... je veux dire... on pourrait peut-être s'installer ? Pour discuter ?

- Avec plaisir.

- Bien. Magnifique. Hum... Vous voulez du thé ? Proposa-t-il.

La directrice Hicks eut l'air amusé, comme si elle trouvait l'idée pittoresque, et accepta d'un hochement de tête gracieux. Ils prirent tous place dans les canapés et les fauteuils à motifs floraux de grand-mère Jeanne, disposés autour de la table basse, et les quatre cuillères se mirent à tourner toutes seules dans les tasses en porcelaine.

Julian hésita à lancer la conversation en voyant que Lottie gardait la bouche fermée en dévisageant ouvertement Hicks ; mais, vicieusement sans doute, il ressentit un certain plaisir à voir son père rendu mal à l'aise par cette soudaine interaction sociale. Ça devait lui changer de ses livres et de son « laboratoire ».

- Vous... C'est la première que... que vous venez en Grande-Bretagne ? Articula-t-il maladroitement.

- Non, répondit-elle après avoir bu une gorgée. Je suis déjà venue à quelques reprises et j'étais justement en voyage cette semaine avant que les cours ne reprennent. Je me suis dit que compte-tenu du caractère... particulier, allons-nous dire, du transfert de vos enfants ; je pouvais venir vous expliquer moi-même. Cela fait longtemps qu'Ilvermorny n'a pas accueilli d'élèves étrangers, surtout en cours de cursus.

- A ce propos... J'espérais que... Enfin, vous pourriez leur expliquer un peu le fonctionnement de l'école ? Je n'ai pas eu le temps de me renseigner...

- C'est compréhensible, le déménagement et les préparatifs du départ doivent vous occuper, sans compter tout ce qui passe. Les attaques qui touchent la Grande-Bretagne sont vraiment tragiques, déplora-t-elle, des rides anxieuses creusant son front. Encore toutes mes condoléances d'ailleurs pour votre femme, monsieur Shelton. Je me souviens d'Aurélia quand elle était élève, c'était une jeune fille remarquable.

Malgré les bons sentiments évidents de la directrice Hicks, Julian vit le visage de son père perdre de ses couleurs, comme à chaque fois que sa femme décédée était mentionnée dans une conversation, et il enfonça ses ongles dans la paume de sa main pour éviter d'avoir la même réaction.

- Merci, dit-il d'une voix étranglée. Pour Ilvermorny... ?

- Oui, bien sûr. Comme je le disais, votre cas sera un peu particulier puisque vous arriverez en cours de cursus scolaire et notre programme présente quelques différences avec Poudlard. Néanmoins, j'ai vu vos bulletins et les appréciations de vos professeurs, il n'y a aucune raison que vous ayez des difficultés. En quelle année devez-vous rentrer déjà, pardonnez-moi ?

- Cinquième, répondit Charlotte en se mordant la lèvre.

- Et moi en Sixième année, ajouta-t-il.

- Oui c'est bien ce que j'avais noté, approuva Hicks. Tenez, j'ai pris soin de vous apporter la liste des fournitures et des matières que vous suivrez cette année.

Elle sortit de son sac des rouleaux de parchemin et les leur remis avec cérémonie. Julian déroula le sien sur lequel s'étalait une fine écriture penchée.

Curriculum d'Ilvermorny, école de sorcellerie

Dès le début de sa scolarité, l'élève devra obligatoirement suivre tous les cours du tronc commun ainsi que deux options à partir de la troisième année. Lors de la cinquième année, l'élève pourra se spécialiser dans l'une des deux options.

En parallèle, l'élève devra s'inscrire à au moins un club proposé par le comité des activités parascolaires dès son année junior. Ce club, bien que n'étant pas évalué, sera inscrit dans le livret scolaire de l'élève. Si ce dernier souhaite participer à plusieurs clubs, il ou elle devra en informer son directeur de maison qui approuvera ou refusera son choix en fonction de ses résultats scolaires.

La liste des matières et des clubs est la suivante :

· Tronc commun

- Enchantements

- Métamorphose

- Défense contre les Arts Magiques Obscurs (DAMO)

- Potions et Elixirs

- Histoire de la Magie Américaine

- Arts Occultes

- Herbologie

· Options et Spécialisation

- Etude des runes

- Culture des Non-Maj'

- Magizoologie

- Initiation à l'arithmancie

- Histoire de la magie des sorciers natifs amérindiens

- Droit magique américain et internationale

· Clubs

- Course sur balai

- Balais acrobatiques

- Duel

- Astronomie

- Échec

- Quidditch

- Quodpot

- Journal de l'école

Pour tout changement en cours d'année, l'élève devra s'adresser au professeur ou au référent concerné ainsi qu'à son directeur de maison.

Eulalie Hicks, directrice d'Ilvermorny

Julian relu la liste deux fois pour être sûr de bien tout mémoriser. Si les matières communes avaient parfois un intitulé différent, il reconnaissait quand même celles de Poudlard derrière. Les clubs étaient quelque chose de nouveau. Aucun d'entre eux ne lui sautait aux yeux comme passionnant, sûrement au contraire de Charlotte qui idolâtrait tout ce qui touchait de près ou de loin à un sport avec balai. Si Julian devait se trouver un talent, il aurait sûrement dit les sortilèges. Ou les enchantements dans leur version américaine visiblement. Héritage d'un père chercheur et d'un directeur de maison spécialiste dans cette discipline sans aucun doute.

- « Culture des Non-Maj' »... Qu'est-ce que c'est ? Demanda Charlotte.

- Un cours où les étudiants peuvent apprendre les coutumes et le fonctionnement du monde des Non-Maj', répondit la directrice simplement.

- Les moldus, ajouta Ethan, mal à l'aise. C'est le terme américain. L'équivalent d'Etude des moldus. Vous ne l'aviez pas pris à Poudlard, mais rien ne vous en empêche après tout...

- Mais maman ne disait jamais ça...

Un nouveau tic nerveux agita la bouche de son père et il remonta ses lunettes à fine monture en fer sur son nez.

- Elle a abandonné l'expression après quelques années ici, expliqua-t-il. Elle disait que ça faisait plus « authentique ».

Julian sentit une boule chauffée à blanc se former dans sa gorge. Il pouvait presque entendre la voix riante de sa mère répéter le mot « moldu » avec son faux accent anglais, les yeux pétillants. Merlin ce qu'il aurait voulu réentendre sa voix, rien qu'une seule fois. Il avait déjà l'impression qu'elle s'évadait de sa mémoire, comme de la fumée s'envolant dans le ciel jusqu'à disparaître.

- Oui désolée, parfois j'oublie que certains termes sont différents entre nos pays, s'excusa la directrice Hicks. N'hésitez pas à me demander si vous ne comprenez pas quelque chose. Ou si vous avez des questions.

- Il y a des maisons aussi à Ilvermorny ? On va être répartie ?

- Bien sûr. Notre fondatrice, Ilsolt Sayre, était originaire d'Irlande. Bien qu'elle n'ait jamais pu aller à Poudlard, elle s'en est inspirée en créant l'école. Nous avons quatre maisons : Oiseau Tonnerre, Puckwoodgenie, Serpent Cornu, et Womatou. Elles représentent respectivement les valeurs que nous souhaitons incarner : l'âme, le cœur, l'esprit et le corps. D'ordinaire, nos élèves sont répartis le premier jour de leur année junior - c'est comme ça que nous appelons la première année -, mais dans votre cas vous participerez à notre cérémonie de répartition avec eux. (Elle marqua une pause, un léger sourire amusé accroché aux lèvres). Je vous laisse la surprise de découvrir comment elle se déroule.

- Vous n'avez pas de Choixpeau ?

- Non, Charlotte. Mais notre répartition est tout aussi efficace, vous verrez.

Julian retint un haussement de sourcil. Il n'avait jamais entendu un professeur s'adresser à un élève par son prénom. Il essaya d'imaginer Minerva McGonagall, la très stricte directrice des Gryffondor, faire de même et en fut incapable. Même son propre directeur de maison, le professeur Flitwick, qui était moins sévère et plus souple, ne se le permettait pas.

- Si j'ai bien compris, vous déménagerez mercredi ? Reprit Hicks.

- C'est ça, confirma son père. A New York. La... la famille de ma femme va nous héberger le temps que je trouve un logement.

- Les Grims ? S'étonna-t-elle, une drôle d'expression sur le visage.

- Oui... oui. Je ne les ai jamais rencontrés, mais j'ai échangé des lettres avec Isadora, la mère d'Aurélia. Elle a tenu à ce qu'on vienne à New York.

Encore une inconnue de taille dans ce déménagement. Sa famille maternelle : les Grims. Julian n'en avait même pas vraiment entendu parler jusqu'à maintenant. Sa mère détestait en parler et il avait compris, au fil de remarques ou de conversations surprises à la volée, qu'elle s'était brouillée avec eux il y a des années quand elle avait quitté les Etats-Unis en 1954, soit neuf ans avant sa naissance.

Quand son père avait commencé à chercher où vivre outre Atlantique, il s'était vite heurté aux lois drastiques de la communauté américaine. Il était extrêmement compliqué de s'installer aux Etats-Unis, même dans le monde magique. Entre la cicatrice qu'avait laissé le souvenir de Grindelwald il n'y a pas si longtemps et la phobie des moldus tout au long de leur histoire, le pays s'était refermé sur lui-même. Grâce aux dossiers d'archives historiques que sa mère laissait traîner à la maison, Julian avait d'ailleurs lu pas mal d'articles sur le procès des sorcières de Salem et sur la loi Rappaport, abrogée seulement en 1965, qui avait établi une véritable ségrégation entre sorciers et moldus pendant des siècles. Mais finalement, leur situation et problèmes d'immigration s'étaient débloqués grâce à l'aide de leur grand-mère Isadora. Elle était apparemment allée elle-même faire les démarches au MACUSA, le congrès américain s'il avait bien compris, et ils avaient reçu leurs visas aussi bien moldus que sorciers hier grâce aux liens de sang du côté maternelle.

L'étonnement de la directrice à la mention de cette famille le surpris pourtant. Charlotte se chargea de poser la question pour lui.

- Vous les connaissez ? La famille de notre mère ? Demanda-t-elle de but en blanc.

- Charly, ce n'est pas...

- Non laissez, rassura-t-elle. C'est normal. Oui je les connais, répondit-elle après un court silence où elle parut rassembler ses pensées. Le Grims sont une des plus vieilles familles de notre communauté. Gerbert Grims, le défunt mari d'Isadora, était le Président des élèves quand nous étions à Ilvermorny. Avant d'être directrice, j'ai également été le professeur d'enchantements de leurs trois enfants, dont votre mère. Cependant, je ne les connais pas personnellement. Mais je suis sûre que vous apprécierez New York le temps de votre séjour.

Cette fois-ci, son sourire se fit moins franc et Julian eut la sensation qu'elle ne disait pas tout ce qu'elle pensait des Grims. Mais avant qu'il puisse lui demander d'avantage de détails, Charlotte lui coupa à nouveau le feu sous le chaudron.

- Qu'est-ce que c'est Président des élèves ?

- Je pense que c'est l'équivalent de ce que vous appelez des Préfets en Chefs, les éclaira Hicks d'un ton patient. Nous en avons deux pour l'ensemble de l'école, un garçon et une fille choisis par le corps professoral, peu importe la maison. Nous avons aussi des Référents élus par les élèves eux-mêmes lors d'élections. Il y a en a un par niveau, soit 7 en tout. Si vous avez un problème ou une question, votre Référent est là pour y répondre ou en informer les professeurs.

Elle ponctua son explication d'un mouvement de menton ferme, comme pour affermir ses propos, et Julian fut rassuré par la familiarité du système d'Ilvermorny. Encore une fois, les noms étaient peut-être différents, mais rien ne changeait radicalement.

- Je ne veux pas vous surcharger d'informations ; mais dans tous les cas, tout sera plus clair pour vous en arrivant au château. Et je le répète, si vous avez des interrogations, tout le personnel d'Ilvermorny pourra vous aider au mieux. On vous a indiqué comment vous rendre au train le 3 septembre ?

- Oui brièvement, répondit Ethan. La gare de Grand Central, c'est cela ?

- Tout à fait. Il vous faudra trouver la barrière en fer qui délimite l'entrée. Un sortilège repousse Non-Maj' a été jeté autour et notre contrôleur se charge de faire passer les élèves. Mais je pense que les Grims vous montrerons, après tout votre nièce et votre neveu doivent également s'y rendre.

Son père hocha la tête, mal à l'aise. Julian savait très bien pourquoi. Jusqu'il y a encore quelques semaines, aucun d'eux n'avait vraiment eu connaissance de ces membres étendus de la famille. Peut-être qu'Aurélia avait appris que son frère et sa sœur avaient eu eux-mêmes des enfants, mais elle ne l'avait pas partagé outre-mesure. Julian ne connaissait même pas leur nom.

- Bien, si vous n'avez pas d'autres questions, je vais devoir y aller. J'ai rendez-vous avec Dumbledore, il m'a promis de me faire goûter des bonbons au citron et des dragées surprises de Bertie quelque chose.

- Bertie Crochue, s'empressa de compléter Charlotte, les yeux soudain brillants. C'est délicieux !

L'enthousiasme de sa sœur parut amuser Hicks et Julian se promit mentalement de lui en ramener un paquet ce soir, juste pour la voir sourire comme ça.

- Vraiment ? S'enquit-elle en se levant. J'ai hâte de les découvrir dans ce cas !

- Vous... vous n'en avez pas en Amérique ? S'horrifia Charlotte.

La directrice Hicks fit une moue gênée et secoua la tête, l'air contrite.

- Je suis désolée... Mais nous avons plein d'autres spécialités, vous verrez. (Elle replaça son large chapeau sur sa tête et reprit son sac). Ah, j'allais oublier. Vos uniformes devraient arriver d'ici demain, ne les oubliez surtout pas.

- Merci encore de vous être déplacée, remercia Ethan. Nous apprécions réellement.

- C'est normal, assura-t-elle avant d'hésiter quelques secondes, comme si elle voulait ajouter quelque chose. (Les sourcils froncés, elle pinça les lèvres avant d'expirer, défaite). Encore une fois, dit-elle finalement, je regrette que cela soit en pareilles circonstances. Je... Je gardais un bon souvenir d'Aurélia Grims. De sa famille, elle était sans doute la moins... Enfin je veux dire, c'était quelqu'un de bien. Une jeune femme charmante et une grande historienne.

Après cet écart émotionnel, son masque de directrice se remit en place tandis que celui d'Ethan s'effritait et il ne put qu'hocher la tête poliment.

Aussitôt, Julian s'avança pour occulter la vue de sa sœur et entreprit de la raccompagner vers l'entrée d'un geste de la main. Heureusement, elle le suivit sans un mot. Arrivé dans le hall, il ouvrit la porte et lui adressa un sourire qu'il savait crispé.

- Au revoir, madame, dit-il d'une voix étonnamment stable. Merci pour votre temps.

- C'était avec plaisir, Julian. A bientôt à Ilvermorny.

Son sac à main fermement accroché au bras, elle posa le pied sur la première marche du perron. Juste avant de transplaner, elle se retourna une dernière fois en faisant rebondir ses boucles grises.

- Oh Julian ? Appela-t-elle.

- Oui ?

Il releva la tête et leur regard s'accrochèrent. Dans les yeux de la vieille femme, il remarqua une lueur espiègle étrangement familière et, au moment où elle commençait à disparaitre, il réalisa que c'était celle qui faisait briller l'œil de Dumbledore lorsqu'il s'adressait chaleureusement à ses élèves.

- Bon voyage vers le Nouveau Monde, dit-elle alors que sa voix résonnait en écho, déjà lointaine.

**********

Eléments tirés du canon/de Pottermore : 

       - Eulalie Hicks était professeure dans les années 20 dans Les Animaux Fantastiques. J'ai pris la liberté de la nommer directrice des années plus tard, mais ce n'est pas un personnage de mon invention. Nous ne savons pratiquement rien d'elle en revanche donc je suis assez libre pour écrire sa personnalité. 

     - Ilvermorny est bien le nom de l'école de magie américaine. J.K Rowling l'a inventée. Les quatre maisons mentionnées et leurs valeurs associées sont également canon, tout comme le nom de la fondatrice, Isolt Sayre. 

    - Le terme de Non-Maj' est bien l'équivalent américain des Nés-Moldus. Il est apparu dans Les Animaux Fantastiques

    - Le MACUSA est l'équivalent du Ministère de la Magie. Il est aussi apparu dans les AF

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Prochain post : mercredi 30 septembre

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