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Chapitre 24 : Promesse nouée, promesse brisée

*Débarque avec un grand sourire* Hello, hello, hello ! Guess who's back ? 

Ca y est, l'été est terminé et ça veut donc dire beaucoup de choses : rentrée scolaire, fin des vacances pour certain.es, mais aussi retour de LHDI. Je vous remercie vraiment chaque année pour votre patience et compréhension pour la pause estivale, ça m'a fait un grand bien de souffler et de reprendre de l'avance. Vraiment, j'ai presque pas avancé sur ATDM mais alors sur LHDI je suis parée pour tenir jusqu'à noël ! Et grâce à la visite de Perri tout un week-end chez moi, j'ai même le plan de la fin du tome assez bien fixé donc j'ai bon espoir de ne pas avoir de blocage. Que demander de plus ?

Des vacances pour commencer ? En vrai, j'ai eu que dix jours cette année parce que j'avais pris deux semaines en mai pour aller voir mon frère au Canada donc j'ai travaillé tout l'été. Mais bon, le rythme est plus sympa et j'aime bien la bibliothèque au mois d'août, on a le temps pour plein de projets ! Et vous ? Racontez moi un peu. Vos résultats d'examen, vos vacances, votre rentrée ? Des news ? Des emplois du temps horribles ? Des amis retrouvés ? ^^ 

Bon sinon, en ce qui concerne l'histoire en elle-même. On repart là où on s'était arrêté... Le Nolian est enfin en couple ! Damn, ça fait bizarre hein ? Vous aussi vous avez du mal à y croire ? Hésitez pas à aller relire le dernier chapitre si vous en avez besoin haha ! 

Je ne vous saoule de toute façon pas plus longtemps et vous laisse découvrir cette reprise... Je vous préviens, on repart sur des bonnes bases : du dramaaaa *sourire d'autrice sadique*. Allez hop, haut les coeurs. On se retrouve en bas. 

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Chapitre 24 : Promesse nouée, promesse brisée


« Une promesse donnée est une entrave à celui qui l'a faite »
- Elizabeth Gaskell -


// 9 décembre 1980 //

Depuis qu'il était entré à Poudlard, Matthew avait toujours trouvé fascinant « la rumeur du matin » au petit-déjeuner. C'était une constance aussi sûre que l'arrivée des journaux et les deux allaient souvent de pair. Parfois, la rumeur était une nouvelle étalée en une de la Gazette et retenait l'attention des élèves une heure à peine avant que l'école ne passe à autre chose ; d'autre fois la rumeur courrait dans le dos d'une personne pendant presque une semaine. Ça dépendait des évènements et des personnes concernées, mais c'était une règle à peu près invariable : Poudlard se nourrissait de rumeur de toutes sortes, graves ou légères, mais toujours de vive voix dans un concert de chuchotements mal réveillés entre deux toasts et un thé.

Et le matin du 9 décembre 1980, une rumeur agitait une partie de la Grande Salle : John Lennon avait été assassiné.

- ... devant chez lui... tiré dessus quatre fois...

- C'est horrible...

- ... ma mère aimait bien, je crois.

- C'est peut-être le gouvernement américain qui l'a tué !

- Qui c'est John Lennon ?

- ... comprend pas...

L'esprit à moitié embrumé, Matthew tendit soudain l'oreille, son bol de café à moitié porté à ses lèvres. A côté de lui, un petit groupe de troisième année était penché ensemble au-dessus d'un journal et il loucha pour mieux voir. Ce n'était pas la Gazette ; les images ne bougeaient pas. Un quotidien moldu donc. Ce n'était pas rare que certains élèves né-moldus se fassent livrer leur journal par leur famille, histoire de ne pas se couper entièrement de leur monde. En ce moment cependant, la pratique était devenue de plus en plus rare par peur d'être une cible trop visible et ceux qui le faisaient encore tentaient d'être discrets. Matthew n'aurait même surement pas fait attention si le nom de John Lennon n'avait pas surgi dans la conversation et il se pencha vers le groupe avant d'avoir vraiment réfléchi.

- Eh, qu'est-ce qui se passe ? interrogea-t-il, son bol de café oublié.

Une des filles du groupe tourna la tête vers lui, surprise. Avec son bras, elle tenta de cacher le journal étalé sur la table et son teint se colora en prenant conscience qu'un septième année s'adressait à elle.

- Quoi ? fit-elle innocemment.

- C'est un journal moldu, j'ai vu, je m'en fiche, rassura-t-il avec impatience. Vous parliez de quoi ? Un truc avec John Lennon ?

Le garçon à côté de la fille roula des yeux.

- Merlin, je suis le seul à pas connaître ce type ? C'est qui ?

- C'était un chanteur, répondit une de ses camarades blonde en face de lui. Mais les sorciers connaissent pas, comme d'habitude. Il était connu il y a plusieurs années, il était dans un groupe, je te dis ma mère aimait bien.

- Les Beatles, lança Matthew.

La jeune fille blonde lui renvoya un regard surpris et il ne put s'empêcher de ressentir une certaine fierté. Il n'avait pas beaucoup de crédit pourtant, le nom franchissait les lèvres de Charity au moins une fois par jour et il se trouvait qu'il s'intéressait beaucoup aux lèvres de Charity. Lennon n'était pourtant pas le membre dont il se rappelait le mieux, sa mémoire avait surtout retenu Ringo pour son drôle de prénom et McCartney puisqu'il avait nommé son hibou en son honneur. Le nom du dernier membre du groupe lui échappait même.

- Oui, c'est ça, acquiesça la fille. Il a été assassiné cette nuit à New York. Un gars lui a tiré dessus... (elle marqua une pause, puis explicita comme si elle avait peur d'être mal comprise). Avec un pistolet, c'est une arme moldu, on peut tuer des gens avec...

- Ah oui ! C'est le truc de vos Aurors, non ? s'exclama le même garçon que tout à l'heure.

- Hum...

Elle hocha la tête, la nuque raide, et Matthew grimaça. Le « vos Aurors » ne lui avait pas échappé non plus : à croire qu'elle appartenait totalement à un autre monde, qu'elle était assise à cette table par accident, qu'elle n'était pas elle aussi une sorcière... Le pouvoir du langage dans toute sa splendeur.

Le garçon n'eut même pas l'air de réaliser sa maladresse et se tournait déjà vers un autre de ses amis.

- Eh, tu crois que les moldus pensent que c'est ça, mais en fait c'est un mangemort qui l'a tué ?

- Oh ! Tu crois ?

- Bah pourquoi pas ?

Matthew tressaillit. Pourquoi pas en effet ? La question aurait pu paraître risible – il aurait aimé qu'elle le soit – mais la triste réalité était que ça ne serait pas la première fois que les autorités sorcières déguiseraient une mort suspecte pour ne pas mettre en péril le Code du Secret Magique.

- N'importe quoi ! protesta la fille blonde. Il n'y a même pas de mangemort à New York et en plus tu ne peux pas faire croire qu'un sort a causé des blessures par balles.

- On n'en sait rien, ça !

- Même, c'est absurde. C'était juste un chanteur qui parlait de paix, pourquoi les mangemorts en auraient eu après lui ?

- Parce qu'ils aiment la guerre ! énonça le garçon sur le ton de l'évidence.

Matthew recula légèrement, les laissant à leur discussion et à leurs théories du complot. Il était d'accord avec la fille blonde, ça n'avait pas de sens que cet assassinat soit l'œuvre des mangemorts et l'argument du garçon, simpliste et risible, lui prouvait surtout à quel point il était jeune. Jeune et inconscient de l'ampleur de ce t qui se passait dehors. De pourquoi ça se passait... Comme si les mangemorts avaient juste nourri une passion pour la guerre comme certains collectionnaient les bouchons de bièreaubeurre et avaient décidé du jour au lendemain de mettre le pays à feu à sang. Comme si un mage noir avec une idéologie et une stratégie si dure à combattre n'était pas derrière tout ça.

A force d'en avoir conscience, il supposait qu'il avait toutefois oublié que des drames pouvaient aussi se jouer au-delà de cette réalité et que la vie continuait ailleurs. Il continuait en tout cas pour les moldus, aux Etats-Unis, et même ici.

Et c'est alors que la réalisation le frappa.

- Charity...

Il manqua de se coincer la nuque en pivotant sur lui-même trop vite vers la table des Poufsouffle. Assise en bout de table à côté de deux filles de son cours d'Etudes des moldus, le visage de Charity était à moitié couvert par son long rideau de cheveux blonds alors qu'elle était en train de lire quelque chose. Il se rappela soudain qu'elle se faisait aussi livrer un journal moldu, juste par curiosité. Parce qu'elle était passionnée par leur culture. Et quelles étaient les chances pour qu'un journal moldu – n'importe lequel – n'évoque pas ce matin le meurtre d'un des chanteurs les plus populaires de l'histoire d'Angleterre ?

Aucune, voilà la réponse. Même de loin, il vit clairement l'expression choquée de Charity, il devina sans l'entendre le hoquet d'effroi qu'elle laissa échapper. Ses amies froncèrent les sourcils, perplexes, puis semblèrent lui demander ce qu'elle avait. Charity se contenta de secouer la tête et de montrer le papier journal qu'elle tenait entre ses mains tremblantes. Il n'arriva pas à comprendre ce qui se passa ensuite, ni les mots que les trois filles échangèrent, mais une minute plus tard Charity se leva brusquement et rangea ses affaires avec des gestes saccadés. Il n'eut pas le temps de réaliser ce qui se passait : elle avait déjà enjambée le banc et s'éloignait d'un pas pressé hors de la Grande Salle.

- Et merde, jura-t-il.

Il s'empressa d'abandonner son petit déjeuner pour se lancer à sa poursuite. Lorsqu'il passa devant la table de Poufsouffle, il entendit les deux filles du cours d'Etude des Moldus de Charity parler entre elles :

- ... est sérieuse ? Tout ça pour un mec moldu ?

- Un mec moldu qu'elle connait même pas ? renchérit l'autre. Laisse, c'est encore un de ces trucs bizarres.

- Ouais, mais elle dramatise franchement. Des gens morts, y'en tous les jours en ce moment. On va pas pleurer pour tout le monde.

- Arrête, je crois qu'elle était même pas aussi bouleversée pour l'attentat à Ste-Mangouste il y a deux ans.

Elles gloussèrent de concert, l'air incrédule. Ce fut plus fort que lui, Matthew s'arrêta alors, le corps si tendu qu'il dut se mordre l'intérieur de la joue pour ne pas sortir sa baguette et balancer un sort. McGonagall était pile dans son champ de vision à la table des professeurs. Les filles mirent une seconde à réaliser qu'il s'était planté devant elles et levèrent les yeux avec un temps de retard, surprises.

- Bones ? fit la première, la voix incertaine.

- Pour votre information, c'est pas juste « un mec moldu », c'est le « pilier musical du XXe siècle », cingla-t-il en faisant bien entendre les guillemets dans sa voix. Un peu de culture ne ferait pas de mal. Et deuxièmement, si vous passiez plus de temps à soutenir vos amies qu'à les critiquer, vous sauriez que la sœur de Charity était infirmière à Ste-Mangouste il y a deux ans et qu'elle est restée si traumatisée d'avoir été prise en otage par des mangemorts qu'elle a démissionné. Voilà. Mais surtout, bon petit déjeuner.

Il ne leur laissa pas le temps de répondre. Sur ces mots, il reprit sa course, laissant derrière lui le visage blême de l'une et la bouche entre-ouverte de l'autre avec une satisfaction mal dissimulée. Elles l'avaient mérité. Le cœur affolé, il déboucha dans le Hall dans un dérapage et fouilla l'espace du regard. Les quatre sabliers jetaient des reflets colorés sur les dalles de pierre, mais aucune trace de Charity. Serpentard est en tête, nota-t-il en s'élançant dans l'escalier principal. La marge des vert et argent n'était pas énorme avec Poufsouffle et il avait bon espoir que Gryffondor ne finisse pas dernier, même si la probabilité était basse. De mémoire, il n'avait jamais vu Serdaigle finir dernier, c'était contre leur nature même.

- C'est ça de plus avoir Julian pour faire gagner des points, haleta-t-il en veillant à éviter la marche escamotable bien connue de tous.

Au moins, il n'était pas le seul à souffrir de son absence. Il ironisait sur cette pensée – et sur l'agacement que Hanna devait ressentir face au sablier de sa maison – quand il repéra enfin une longue vague de cheveux blonds devant lui.

- Charity ! appela-t-il à plein poumon.

Elle sursauta et fit volte-face. Visiblement, elle ne l'avait pas entendu courir derrière elle et ses yeux s'écarquillèrent en le découvrant. Son cœur se serra. Depuis leur dispute le mois dernier, les choses avaient été différentes entre eux, mais pas au point où ils ne se parlaient pas non plus. Ils riaient, parlaient et s'embrassaient comme avant, même s'ils n'avaient jamais crever l'abcès de leur dispute. En conséquence, une sorte de mur se dressait désormais entre eux et il détesta soudain cette distance en avisant ses yeux rougis.

- Oh Carrie... souffla-t-il.

- Quoi ? attaqua-t-elle d'une voix enrouée. Toi aussi tu me trouves stupides ? Tu vas me dire que je dramatise ?

- Non... j'allais te demander si ça allait.

Question stupide maintenant qu'il y pensait : c'était évident que ça n'allait pas. Pourtant, le visage de Charity se contracta et les larmes lui montèrent aux yeux à nouveau.

- C'est gentil... murmura-t-elle. Et je sais que c'est un peu stupide en vrai, mais... je m'y attendais pas, je crois. Et je sais pas, c'est si violent, c'est horrible...

- Je sais...

- Et j'adorais ses chansons...

La dernière justification, si enfantine, lui arracha un sourire attendrie. Charity parut le réaliser car ses joues se teintèrent de rouge et elle finit par combler la distance entre eux. Il ouvrit les bras instinctivement. Il aurait été incapable de lui refuser.

- Là, ça va aller, souffla-t-il dans ses cheveux. Je suis désolé.

- Hum...

Elle ne dit rien et se contenta de resserrer ses bras un peu plus autour de son torse. Il pouvait sentir chaque courbe de son corps ainsi... Merlin, ce que ça lui avait manqué. Même s'ils avaient été en relativement bon terme, la proximité physique était ce qu'il aimait le plus avec Charity et il aimait juste la tenir dans ses bras comme ça, surtout en sachant qu'elle devait y trouver un peu de réconfort. Seulement, il entendait toujours au loin quelques voix, signes que les premiers élèves à avoir terminé leur petit déjeuner n'allaient pas tarder à réinvestir les couloirs. Il glissa sa main dans celle de Charity.

- Viens, restons pas là... dit-il en la tirant derrière lui.

Elle suivit mécaniquement. Ils remontèrent le couloir et il tenta d'ouvrir plusieurs portes, mais elles résistèrent pour la plupart et d'autres donnaient sur de simple placard. Il voulait mieux pour Charity et il renonça à utiliser la magie de peur que Rusard ne les surprenne à en faire dans les couloirs. Au bout de quelques mères, une nouvelle porte céda sous sa main et il jeta un œil à l'intérieur de la pièce.

- Ça fera l'affaire, jugea-t-il.

Charity ne protesta pas, elle entra à sa suite. La salle devait être une salle de cours inutilisée comme il pouvait y en avoir des dizaines dans le château dont il avait appris avec le temps que la capacité était plus importante que ses résidents. L'implantation du Code du Secret Magique avait réduit la communauté sorcière entre aujourd'hui et le Moyen-Age, ce qui expliquait l'écart. Les elfes devaient passer nettoyer et entretenir la salle de façon assez aléatoire car une belle couche de poussière recouvrait un bureau à l'aspect branlant, un grand tableau à crai qui couvrait un pan de mur et – plus insolite – un vieux canapé vert qui avait vécu des jours meilleurs.

- Ca devient un garde-meuble ici, commenta-t-il, amusé. Je suis sûr que Dumbledore stocke son patrimoine immobilier dans les vieilles salles du château.

Charity gloussa, toujours accrochée à sa main.

- Ca sera plus confortable que le sol en tout cas, se réjouit-elle.

- Pas faux.

Il l'entraîna vers le canapé vert en priant pour qu'il ne soit pas infesté de doxy, puis se laissa tomber sur les coussins moelleux avant de l'attirer contre lui. Elle ramena ses jambes sous elle, la tête posée contre ses épaules, et il déposa un baiser spontanément sur sa tempe. Leur première heure de cours pouvait attendre : John Lennon était mort bon sang et la fille dont il était en train de tomber amoureux – il ne pouvait plus le nier – était effondrée.

- Tu sais ce qui me fait le plus étrange ? demanda-t-elle soudain, brisant le silence qui les enveloppait. Tu vas dire que je suis naïve mais...

- Vas-y, dis toujours.

Charity soupira. Distraitement, elle examina ses ongles dans une fausse nonchalance et il s'appuya un peu plus contre elle en soutien.

- C'est bête, mais dans ma tête les choses comme ça pouvaient pas arriver pour lui, pas dans le monde moldu. Les morts, la guerre, les assassinats... On en entend tous les jours parler dès que la Gazette arrive. C'est notre réalité de sorciers.

- Mais pas pour les moldus, comprit-il.

- Non, pas pour eux... En tout cas pas à New York.

Elle se mit cette fois à jouer avec une mèche de ses longs cheveux blonds, comme pour examiner la pointe fourchue même s'il savait pertinemment qu'elle n'en avait rien à faire.

- Je sais pas, c'était ma bulle d'air frais le monde moldu. Il pouvait rien arriver. Et puis... J'aurais adoré le voir en concert... avoua-t-elle, la voix tremblante. Je ne sais même pas s'il en faisait encore, ceci dit. Mais il aurait peut-être pu, tu vois !

- Ouais, je vois bien. Et j'aurais adoré te voir hurler toutes les paroles en chantant faux et te demander ce que sont toutes « coutumes » moldus d'un concert.

- En chantant faux ? Pourquoi je chanterai faux ? s'indigna Charity en lui donnant un coup de coude.

Il s'esclaffa.

- Parce que je t'ai déjà entendu chanter Celestina Moldubec et que c'était une horreur. Flitwick t'a pas refoulé à la chorale en deuxième année en plus ?

- Non, il ne sait simplement pas reconnaître le talent.

- Bien sûr, se moqua-t-il.

Elle lui redonna une tape sur le torse, désabusée, mais ne se dégagea pas. Il sourit un peu plus, la poitrine comprimée. C'était égoïste, mais il aimait être celui qui lui rendait le sourire, celui qui arrivait à la réconforter... D'un coup, il sentait le lien entre eux se renouer avec une facilité déconcertante face au malaise qui l'avait habité ces dernières semaines.

- Ça doit être une expérience incroyable, n'empêche, reprit Charity, rêveuse. Un concert moldu. Tu sais qu'ils arrivent à projeter la musique super fort sans magie ? Et que parfois les musiciens font comme un spectacle ? J'ai vu ça dans un magazine moldu sur Elton John. Je t'expliquerai qui c'est pendant les vacances. (Elle se redressa un peu, appuyée sur lui et animée d'une énergie communicatrice). J'aurais même adoré aller à Liverpool ! C'est la ville où ont commencé les Beatles, je suis sûre qu'il doit y avoir des concerts ou de la musique ou je sais pas... Un spectacle quoi !

- C'est sûr que si on reprend Celestina, elle fait pas grand-chose à part s'égosiller derrière son micro à pied. C'est moins terrible en comparaison.

- Mais oui ! Ça manque tellement de créativité ! Les moldus ont ça pour eux, vraiment. C'est comme le cinéma, ça a l'air incroyable.

- Le quoi ?

Il était à peu près sûr de l'avoir déjà entendu prononcer le mot, sans arriver à le remettre. Charity n'hésita pas et se lança alors dans une grande explication de grande toile blanche où les moldus projetaient du son et des images qui bougeaient – « mais pas comme nos photos, c'est en couleur » – pour raconter une histoire dans une grande salle plongée dans le noir. Matthew cilla.

- Tu te fous de moi, lança-t-il. C'est pas possible, t'inventes pour voir jusqu'où je vais te croire. Dans deux minutes, tu m'annonces que les moldus ont des licornes en animal de compagnie !

- Mais non ! affirma Charity dans un éclat de rire. Je te jure que c'est vrai ! Le cinéma, c'est une sorte de loisir. T'y vas avec tes amis, pour un rendez-vous. C'est fun !

- Fun...

Il devait toujours présenter une expression incrédule car Charity rit de plus belle. Ca offrait un contraste détonnant avec ses yeux rougis, preuve qu'elle était passée par toutes les émotions ce matin. Mais si le cinéma suffisait à lui rendre le sourire, il n'allait pas s'en plaindre. Elle avait retrouvée tout son côté solaire, ç'en était aveuglant et il était incapable de détourner les yeux.

C'est alors que la baguette s'alluma enfin dans son esprit et une idée germa soudain en lui. Il saisit la main de Charity pour la serrer entre ses doigts.

- Je t'emmènerai ! décréta-t-il, sûr de lui. Je t'emmènerai au cinéma un jour, tu verras.

Elle pencha la tête sur le côté, intriguée. Ses longues mèches blondes lui chatouillèrent le bras.

- Sérieux ? fit-elle avec enthousiasme. Toi, tu viendrais avec moi découvrir le monde moldu ?

- Evidemment, miss Burbage ! Pour toi, je peux tout faire !

Il espéra que son ton grandiloquent et théâtral ne cachait pas sa sincérité, mais heureusement Charity parut comprendre. Elle le regardait en face désormais et il distingua la petite tâche brune dans ses yeux bleus, celle qui la rendait encore plus unique qu'elle ne l'était déjà.

- Tu promets ? s'assura-t-elle, presque timide.

L'espoir dansait sur ses traits et il se décida alors à employer les grands moyens. D'un bras, il attira Charity un peu plus près de lui, puis se mit à planter des baisers sur tout son visage. Elle éclata de rire et tenta de lui échapper d'instinct en reculant, ce qui les fit basculer à moitié affalés contre le dossier du canapé.

- Miss Burbage, sur mon honneur, je promets de t'emmener au cinéma ! déclama-t-il entre chaque baiser, son rire lui perçant les oreilles alors qu'il tentait d'endiguer le sien. Je t'emmènerai à Liverpool aussi ! Je te promets un concert, un tour du Londres moldu, tout !

- Je note ! Tu ne peux plus te défiler, Bones !

Merlin, non. Il avait maintenant sa promesse gravée en lui en lettres de feu et il comptait bien s'y tenir. Charity Burbage valait toutes les promesses du monde : les rumeurs de demain matin n'avaient qu'à parler de ça.

**

*

Ce matin-là dans le Réfectoire d'Ilvermorny, les élèves chuchotaient entre eux à toute vitesse et Julian réussit à capter seulement quelques brides en slalomant entre les tables : la rupture entre Noah et Othilia, bien sûr, était encore sur quelques lèvres même si elle datait d'il y a une dizaine de jours ; la mort de John Lennon la veille pour les enfants nés Non-Maj' ; les vacances qui approchaient et les devoirs à rendre... Rien de bien nouveau par rapport à hier et il pressa le pas pour rejoindre Aileen et Théa, assises dans un coin de la salle. Liam et Noah étaient encore dans le dortoir, à moitié réveillés, quand il les avait laissés pour descendre. Quant à Othilia... Il n'était pas sûr, mais il fut soulagé de ne pas la voir.

Depuis dix jours, ils s'évitaient avec une efficacité qui frôlait l'absurde, mais ça l'arrangeait bien. Il sentait tout de même son regard brûlant poser tour à tour sur lui ou Noah et la boule dans son ventre ne voulait pas partir dès qu'elle était dans la même pièce que lui. En début de semaine, il en avait même tellement loupé tous ses sortilèges en cours d'Enchantements que Flemming – pourtant adepte aussi de la technique de l'évitement depuis la rentrée – l'avait pris à part pour lui demander s'il allait bien. Frustré et mal à l'aise, il s'était contenté d'inventer un mensonge en disant qu'il était un peu malade avec l'hiver qui était désormais bien arrivé à Ilvermorny et elle l'avait laissé repartir sans poser plus de questions.

- Salut, Ju', marmonna Théa dans son bol de café lorsqu'il prit place à côté d'elle. Tiens, j'ai gardé l'eau chaude pour ton thé. Enjolras voulait nous la prendre.

- Elle lui a plus grogné dessus qu'autre chose, commenta Aileen en riant, mais ça a fait le job.

- Merci...

D'un geste mécanique, il se servit sa tasse matinale et piocha un toast dans le plat en face de lui. La question redoutée s'échappa alors de ses lèvres :

- Othilia est pas descendue avec vous ? dit-il avec nervosité.

- Non, elle était encore dans la salle de bain, elle m'a dit de partir sans elle, répondit sa cousine. Elle met trois plombes à « se coiffer » maintenant, plus que moi alors que j'ai cette satané frange. (Elle désigna ses mèches plus courtes qui ondulaient plus ou moins bien selon les jours). Mais bon, je la laisse faire...

Aileen leur coula un regard ferme à tous les deux.

- Ce n'est pas facile pour elle en ce moment, défendit-elle. J'ai encore entendu la table d'â côté parler de sa rupture avec Noah tout à l'heure. A croire qu'ils ont rien de mieux à faire.

- Mais ils ont rien de mieux à faire ces abrutis, c'est ça le problème, cracha Théa, exaspérée. Ça finira par retomber quand un autre couple viendra prendre la place dans les ragots, mais en attendant...

- En attendant, les gens sont méchants.

L'affirmation d'Aileen était terriblement triste mais vraie. L'estomac noué pour la énième fois cette semaine, Julian repoussa son toast à moitié entamé, mais Théa n'y fit pas attention. Une lueur enflammée venait de crisper ses traits et elle haussa la voix, sa fourchette brandie :

- Ah ça ! Vous savez ce que Manfred a osé demander à Noah dans le couloir en début de semaine ? (Elle ne leur laissa même pas le temps de répondre et enchaîna). S'il avait plaqué Othilia parce qu'elle était frigide ! C'était de l'humour selon lui, rien de sérieux. Et tout le monde a rigolé !

- Quoi ? s'indigna-t-il, étranglé.

Théa en jeta sa fourchette de rage et Aileen la rattrapa avant qu'elle ne bascule par terre, l'air sidéré.

- Apparemment, ça les fait rire. Ils disent que ça serait drôle pour la meilleure amie de la « reine des glaces ». J'ai commencé à m'énerver et un des ami de Manfred – je sais plus lequel, vous savez le brun là qui ressemble à un chien de garde – a eu l'audace de me dire que j'avais aucune auto-dérision ! Moi ? Moi, j'ai aucune dérision ? Je traîne avec Liam Cooper, si ça montre pas mon grand sens de l'humour !

La dernière pique eut le mérite de leur arracher un sourire, mais Julian n'arriva pas à plus et baissa les yeux sur sa tasse, mal à l'aise. Peut-être que la blague avait paru amusante à tout le monde autour, le problème c'est qu'Othilia souffrait assez de la situation et que ce n'était pas neutre que ce genre de commentaire s'applique à elle. Manfred ne l'aurait jamais osé envers une fille comme Elicia Jauncey ou comme Clémence Laveau. Othilia en revanche ? C'était misogyne au possible.

- Enfin, ça en valait presque le coup pour la réaction de Noah, reprit Théa avec un rictus aux coins des lèvres.

Immédiatement, il releva la tête.

- Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il a dit ?

- Oh il n'a rien dit. Par contre, il portait son matériel de peinture pour sa fresque. Disons que Manfred a dû passer une bonne partie de la journée à s'enlever du bleu du visage après que le tube de Noah se soit « accidentellement » ouvert pour l'asperger.

- Oh Morgane, s'esclaffa Aileen.

Elle plaqua sa main contre sa bouche, réalisant sûrement que ce n'était pas digne d'une Représentante, mais Théa n'eut pas cette retenue.

- C'était du grand spectacle, se réjouit-elle.

Julian ne pouvait qu'imaginer et son sourire se fit d'un coup beaucoup plus naturel et le nœud dans son estomac se dénoua un peu. Pour une fois, il remercia l'impulsivité de Noah.

- Bref, arrêtons de parler de Manfred dès le matin, ça me donne des allergies, décréta Théa. Tiens Ju', ton courrier. Les hiboux sont venus tôt ce matin, Zéphyr est passé. Je crois que c'est de tante Aurélia.

Elle lui tendit une petite enveloppe, fermée par le sceau des Grims, trois corbeaux en plein vol. Sur le devant, son nom s'étalait de l'écriture penchée de sa mère et il délaissa sa tasse de thé pour l'ouvrir pendant que Théa et Aileen reprenaient leur conversation sur les cours de la journée. La dernière lettre de sa mère remontait à seulement quelques jours, c'était inhabituel qu'elle lui écrire à une intervalle aussi rapprochée.

Anxieux, il déplia le parchemin et se cacha derrière au cas où.

Julian,

J'espère que tout va bien à l'école, mon grand. Ne t'inquiète pas pour moi, il n'y a toujours pas d'avancée dans mon dossier auprès du MACUSA. Comme Fischer aime nous le rappeler, la justice est lente (et il blâme les bureaucrates à mots plus ou moins couverts). Tout le monde va bien à la maison également.

Je t'écris d'ailleurs conjointement avec Léonidas et Cordelia à mes côtés. Je pense que la nouvelle sera parvenue jusqu'à Ilvermorny avant ma lettre, mais il y a eu un incident près du manoir, vers Central Park. John Lennon a été assassiné. Alors évidemment, sa mort touche peu les sorciers mais nous avons vu quelques patrouilles d'Aurors faire des rondes... La foule est un peu plus dense à chaque heure qui passe et le secret magique pourrait être en jeu. Surtout, ça serait l'occasion parfaite pour Ronan de s'approcher de la maison sans être repéré. Il y a un monde fou qui vient déposer des fleurs ou juste chanter pour rendre hommage. Ça sera sûrement pire le week-end quand vous rentrerez pour les vacances.

L'Agent Fischer nous a conseillé de rester prudents et c'est pour ça qu'il va y avoir des aménagements pour votre transfert de Grand Central à la maison. Nous n'allons pas prendre la calèche, c'est trop risqué. Nous viendrons vous chercher directement pour transplaner. Grand-mère et papa lèveront les protections dans le jardin sur une courte période.

Il faudra donc faire vite à la descente du train. Fais bien passer l'information à Théa et Charly, ne traînez pas et rejoignez-nous tout a bout du Sous-Quai, près de l'ascenseur. Cordelia, Leonidas et moi vous y attendront. Ne vous chargez pas trop non plus, il y aura tout à la maison (plume, parchemin, vêtement...). Le but est de transplaner en une fois et de remettre les sortilèges anti-transplanage autour du manoir rapidement.

Nous avons préféré écrire tout ça en une seule lettre plutôt que trois pour éviter que Ronan n'en intercepte une. Continuez à faire bien attention, surtout pendant les sorties au Village ou à Salem.

Je t'aime fort. Embrasse ta sœur et ta cousine pour moi.

Maman

Attentivement, il relut les informations plusieurs fois. Le style était directif, droit au but, factuel. Il reconnaissait l'esprit compartimenté de sa mère. D'un coup, l'angoisse qui s'était apaisée revint lui serrer les entrailles, mais pour une tout autre raison. Depuis son retour à Ilvermorny, il en aurait presque écarté Ronan Graves de ses préoccupations : les adultes géraient l'avancé du dossier avec la justice à l'extérieur, Théa refusait de parler de son père, et même le procès d'Emilia était plus concentré sur sa responsabilité ou sur les émotions de Liam que sur le rôle de Ronan Graves pour le moment. Pourtant, cette lettre lui rappelait de façon brutale qu'il était toujours là à roder quelque part. Les mesures de transplanage que sa mère, sa tante et son parrain voulaient mettre en place en étaient la preuve et il se les imagina tous autour d'une table en train de débattre de la meilleure manière de les rapatrier à la maison en sécurité. Un meurtre à quelques kilomètres à peine du manoir n'avait pas dû apaiser leurs craintes. Si les informations rapportées par les journaux étaient correctes, le tueur avait tiré sur Lennon devant le Dakota Building, de l'autre côté de Central Park. Seulement dix minutes à pied. Rien d'étonnant à ce que tout le monde soit sur le qui-vive.

- Alors ? lui lança Théa. Tout va bien ?

- Hum ? Oh oui. Juste l'organisation pour le trajet des vacances. (Il lui tendit la lettre). Tiens, regarde, c'est pour nous trois. J'irai prévenir Lottie tout à l'heure.

- On ne prend pas la calèche ?

- Non, tu vas voir.

Aileen pouffa.

- Vraiment des problèmes de riche, se moqua-t-elle.

- T'es riche, lui rétorqua Théa sans quitter la lettre des yeux. Tes parents font partie des meilleurs entrepreneurs du Canada.

- Peut-être, mais on n'a pas de calèche.

Sa cousine balaya l'argument de la main avec toute la désinvolture de la vieille bourgeoisie et il échangea un regard amusé avec Aileen. Il devait avouer que le coup de la calèche le perturbait encore et pas seulement pour son vertige.

- Eh bah... siffla Théa après avoir terminé sa lecture. Ils sont tendus.

- Est-ce qu'on peut vraiment leur reprocher ?

- Non, mais ça semble presque excessif. Qu'est-ce que tu veux que Ronan fasse ? S'attaquer à toute la famille ? Et pour quoi faire ? Ce qu'il voulait c'est la baguette, il est devenu obsédé par ça en prison. Ce n'est pas avec nous qu'il va la trouver.

Julian haussa les épaules. Il doutait que les motivations de Ronan soient si simples désormais. Les deux échecs à trente ans d'intervalle marquaient forcément un homme comme lui et il n'avait plus de grande chance de récupérer la baguette de Serpentard désormais, sous bonne garde de Hicks.

- Est-ce qu'il veut même encore la baguette ? objecta-t-il, tendu. Ou est-ce que maintenant ce qui lui importe c'est de savoir pourquoi le Rituel n'a pas été brisé ? Et sur ça, ma mère peut lui apporter des réponses.

- Sans compter qu'il peut aussi vouloir renouer ou approcher sa famille, abonda Aileen, presque en retrait comme si elle avait peur de s'immiscer dans leurs affaires familiales. Je veux dire, ça ne serait pas étonnant qu'il veuille te parler à toi ou à ta mère...

- Ouais ? Bah qu'il essaye pour voir...

Le ton amer de Théa le fit tressaillir. Sous la table, il perçut le mouvement de sa main et sut qu'elle devait être crispée sur sa baguette à s'en faire blanchir les jointures, comme si elle pouvait envoyer un sort à son père d'une seconde à l'autre. Il posa un regard réconfortant sur elle, cherchant ses mots, et Théa consentit à sourire brièvement avant que ses yeux ne se focalisent sur un point derrière lui. Il se retourna instinctivement.

Entre les tables, Othilia s'avançait pour les rejoindre, ignorant les quelques commentaires qui semblaient la suivre sur son passage. Concentrée pour ne pas leur accorder d'attention et ne pas trébucher, elle ne releva la tête qu'à quelques mètres à peine de leur table et se figea soudain en le découvrant assis entre Aileen et Théa. Il déglutit. Ça allait faire dix jours qu'ils n'avaient même pas mangé ensemble. Ils s'arrangeaient mutuellement pour ne pas descendre à la même heure au petit déjeuner et pour être à différent service le midi et le soir. Noah restait avec lui la plupart du temps... L'espace et le silence qui les séparaient étaient donc plus criants que tous les mots qu'ils auraient pu échanger.

Les secondes semblèrent s'étaler, étouffantes, puis Othilia se remit en mouvement d'un coup. Pour faire volte-face.

- Mais... s'exclama Théa, surprise. Qu'est-ce qu'elle fait ? Elle nous a vu !

- Elle a peut-être oublié quelque chose dans le dortoir... suggéra Aileen.

Merlin, il sentait son cœur battre furieusement. Tête basse, il capta pourtant le regard qu'Aileen posa sur lui tandis que Théa se tordait le cou pour apercevoir sa meilleure amie. Un goût de cendre dans la bouche, il sursauta presque quand elle se leva d'un bond, décidée.

- Ca devient ridicule, jugea-t-elle. Elle a rompu avec Noah, elle ne peut pas avoir peur de toute l'école toute sa vie. Je vais la chercher et on va parler, même s'il faut que j'y passe la matinée !

- Théa, attend...

Mais sa cousine s'était déjà élancée à travers le Réfectoire. Il se mit à pianoter du bout des doigts sur sa jambe, anxieux. Il aurait voulu crier à Théa que ce n'était pas de l'école dont Othilia avait peur, du moins pas totalement. Elle avait peur de lui. Pourquoi exactement, il ne le savait pas. Peut-être qu'elle avait peur qu'il lui jette au visage qu'il avait gagné, peut-être qu'elle avait peur de sa propre réaction en se retrouvant face à lui. Tout était possible.

- Je reviens, s'entendit-il dire à Aileen d'une voix rauque. Je vais avec elle.

- Julian, attend, peut-être que tu devrais les laisser...

- Non, non. T'inquiète pas, les autres vont arriver.

- Mais...

Il attrapa son sac avant qu'elle ne puisse former une phrase et se lança à la poursuite de Théa. Les gens commençaient eux aussi à sortir du Réfectoire et il dû jouer des coudes pour ne pas la perdre de vue. Ses cheveux sombres devinrent son point d'ancrage alors qu'il avançait, la poitrine comprimée. Rationnellement, il savait qu'il ne risquait pas grand-chose : Othilia avait promis de ne rien dire. Mais il connaissait aussi Théa et sa capacité à ne rien lâcher. Surtout, elle était sa meilleure amie. Ça rendait la situation dangereuse et il était bien placer pour le savoir. La seule personne à qui il avait fini par avouer la vérité avait été Matthew, ce n'était pas neutre.

Dans le hall, il ne s'arrêta pas et continua sa course. Il avait perdu de vu sa cousine, mais il avait vu la direction vers laquelle elle était partie. L'aile ouest, du côté de la bibliothèque. L'endroit avait dû paraître moins risqué à Othilia pour se réfugier que les étages et le Foyer, noir de monde à cette heure-ci.

Le souffle court, il pressa le pas. Il était proche du couloir où Noah devait réaliser sa fresque quand il entendit enfin la voix des deux filles, trop entremêlées et lointaines pour qu'il capte chaque mot.

- ... te cacher ici... absurde...

- ... comprend pas... plus tard...

- Othilia !

- ... s'il te plaît...

- Mais explique-moi...

Il tourna enfin à l'angle pour découvrir les deux filles face à face, brune contre blonde. Théa se tenait les mains sur les hanches, l'air déterminé, et elle n'avait jamais autant ressemblé à sa mère qu'avec ses sourcils froncés ainsi. Othilia, elle, était plus sur la défensive et visiblement un peu agacée. Dès qu'elle le vit pourtant, une ombre tomba sur son visage pâle avant qu'elle ne jette ses mains au ciel.

- Sérieusement ? ragea-t-elle dans le vide. Qu'est-ce qu'il te faut de plus ? Me voir pleurer en prime ?

Julian s'immobilisa, percuté en plein ventre. De près, il pouvait voir les yeux clairs et humides d'Othilia, tout comme sa lèvre tremblante, mais c'était surtout la colère qui dominait. Elle s'échappait par vague, tout droit diriger vers lui, et Théa haussa un sourcil avant que son regard ne fasse des allers-retours entre eux.

- Quoi ? lâcha-t-elle, perplexe.

- Rien, rien, pardon, rétropédala Othilia en vitesse. Je suis juste fatiguée... Tu sais, avec tout ce qui se passe. J'ai juste besoin d'une minute et je vous rejoints après.

- Non, je ne te laisse pas toute seule à te morfondre. Je ne suis pas idiote, je vois bien que ça ne va pas. On peut aller dans le parc se promener si tu veux ? En parler ?

Othilia parut incrédule une seconde, puis un rire sans joie s'échappa de sa gorge. C'en était presque glaçant.

- Parler de quoi ? répliqua-t-elle, désabusée. De ce que tout le monde dit dans mon dos ? Je les ai entendu, tu sais. Manfred n'est pas le seul, on peut même lui reconnaître qu'il a osé le balancer en face, lui... (Elle battit des cils, chassant des larmes furieuses). Ils disent Noah a eu raison de me plaquer, ils prennent tous son parti ! Alors que c'est moi qui l'ai quitté autant que lui ! Mais ça, ils s'en fichent évidemment... Pour eux, je suis juste le clichée de la fille sage qui a tenté de sortir avec un mec trop bien pour elle. Ça, c'est ce que disent les autres filles. Les gars, eux, disent juste que je devais être ennuyante au lit ou que je voulais rien faire justement. J'ai envie de leur hurler qu'on peut savoir ouvrir un bouquin et vouloir coucher avec quelqu'un et que je le faisais très bien !

Le souffle court, Othilia parut réaliser ce qu'elle venait de déclarer et plaqua son poing contre ses lèvres tremblantes. Des plaques rouges germaient sur sa peau blême au niveau de sa clavicule et il resta figé, tout comme Théa, clairement prise au dépourvu par le sujet.

Pourtant, alors qu'il tentait d'ignorer la façon dont une main fantôme paraissait tordre son cœur dans sa poitrine, il vit l'éclat dans la prunelle d'Othilia quand elle releva le regard vers eux. Soudain, il comprit. La dernière phrase n'avait pas été choisie au hasard : elle voulait lui faire mal autant qu'il lui avait fait mal. Elle voulait qu'il sache que Noah avait été à elle aussi. Que s'il savait comment il embrassait, elle l'avait su avant lui. Et ça fonctionnait terriblement bien : il en était malade, même s'il n'avait aucun droit de lui en vouloir.

Inconsciente au double-jeu qui se jouait devant elle, Théa se râcla la gorge.

- C'est toujours comme ça quand un couple se forme ou se déforme, protesta-t-elle d'une voix apaisante. Ignore-les, ils sont horribles. Et s'il faut, on ira en parler aux profs. Pas à ton père, évidemment ! Mais Hicks. Je suis sûre qu'elle peut faire quelque chose.

Othilia secoua la tête avant même qu'elle ne termine sa phrase.

- Y'a rien à dire, Théa, vraiment. Laisse tomber.

- Pourquoi ? Tu l'as dit toi-même, ils le méritent !

- Mais ce n'est pas seulement eux...

- Alors qu'est-ce que c'est ? répéta Théa, irritée.

- Rien...

- Mais c'est plus un euphémisme là, c'est un mensonge pure et simple. Qu'est-ce qui se passe ? Tu me fais plus confiance ? C'est à cause de Noah ? Il t'a dit quelque chose lui aussi ?

Vu le ton de Théa, blâmer Noah était la solution la plus simple et elle n'attendait qu'un assentiment pour se lancer dans sa diatribe coutumière. Julian s'avança pour être à sa hauteur, tendu. Il n'avait qu'une envie : tirer sa cousine en arrière et laisser une Othilia qui paraissait vouloir être n'importe où sauf ici. Elle recula d'ailleurs d'un pas en le voyant s'approcher. Il eut l'impression de recevoir un nouveau coup.

Théa plissa les yeux.

- Bon, ça suffit ! s'exaspéra-t-elle. On me prend pour une idiote depuis une semaine et je déteste ça. (Elle pivota vers lui, implacable). Il y a un problème avec toi aussi, c'est ça ? Tu sais quelque chose sur le procès ? Noah a vraiment dit quelque chose et tu le couvres ? Parce que si c'est ça, je m'en fiche qu'il ait balancé de la peinture à Manfred, il redescend encore dans mon estime !

- Non... non, il n'a rien dit, Théa, arrête. Tu vois bien qu'elle ne veut pas parler...

A son bout de couloir, Othilia laissa échapper un nouveau rire étouffé, glaciale.

- Et ça t'arrange bien, évidemment... marmonna-t-elle.

- Othilia, prévint-il, tendu.

Il avait le cœur qui battait trop fort, drainant son sang si vite qu'il ressentait presque un étau autour de ses tempes. Elle secoua la tête, lasse, puis soupira :

- Juste va-t'en, Shelton...

Ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Seulement, ses pieds étaient soudés au sol, coulés dans un ciment imaginaire. Il avait la sensation que s'il lui tournait le dos, elle avait le pouvoir de tout faire exploser et il en voulut soudain à Noah de ne pas avoir pris la situation assez au sérieux. Dans un autre environnement, peut-être qu'Othilia n'aurait pas été un risque aussi grand, c'est vrai. Mais ici ? Dans le huit-clos d'Ilvermorny ? Avec la pression des rumeurs et de sa meilleure amie ? La balance penchait clairement en leur défaveur et il tenta de stabiliser le tremblement de ses mains.

A côté de lui, Théa resta muette, les épaules si tendues qu'elles en étaient rejetées en arrière. Puis, lentement, elle s'interposa entre eux, se décalant de quelques pas.

- Qu'est-ce que t'as fait, Ju' ?

Elle n'était pas accusatrice – pas totalement – juste perplexe. Pendant une horrible seconde, il vit le déchirement d'Othilia passer sur son visage : elle avait besoin de parler, elle le voulait... mais elle avait fait une promesse. Noah s'en était assuré. Pour le protéger. Le cœur au bord des lèvres, il détesta soudain être mis dans cette position, tout en sachant très bien qu'il en était en partie responsable. Il détesta être mis devant la détresse évidente d'Othilia et son besoin de s'isoler de peur de briser la promesse qu'elle avait faite et qu'elle voulait respecter... Comme si elle leur devait quelque chose alors que c'était tout l'inverse.

La poitrine comprimée, il glissa son regard vers Théa, toujours entre eux. Elle attendait une réponse, méfiante, et il se revit devant Matthew et Hanna il y a presque un an. Il ressentait la même panique, le même bouchon douloureux dans la gorge... C'était le problème avec ce qu'il était, non ? Ca ne s'arrêterait jamais : il faudrait toujours avouer, se confesser, jouer à un jeu de pile ou face impossible à prévoir. S'il décidait de libérer Othilia de sa promesse, il prenait le risque de perdre Théa. De perdre la famille qu'il venait à peine de retrouver. Il n'avait aucun moyen de prévoir : sa cousine avait été élevée dans un foyer traditionnel – si ce n'est aristocratique sur les bords – elle était loin de la liberté de pensée et de vivre d'une Heather Douzebranches. Et pourtant, Théa pouvait surprendre. Il l'avait découvert au fil des mois. Elle rejetait les injustices, la magie noire, les aprioris. Elle refusait de se laisser dicter sa façon de penser.

Insidieusement, il sentit sa peur rampante reculée face à ce qui n'avait pas rien de plus fort : l'espoir. Une boule chauffée à blanc coincée dans la gorge, il déglutit avant de se jeter dans le vide.

- J'ai rien fait, pas vraiment, se déroba-t-il d'une voix instable. C'est plus... ce que je suis, le problème. Enfin, ce qui a causé le problème...

Le mot lui écorcha la langue, mais il réussit à le sortir. Théa parut un peu plus perplexe et, derrière elle, il vit les yeux clairs d'Othilia s'écarquiller.

- Ce que tu es ? répéta sa cousine. Quoi ? Anglais ? On est revenu sur le débat de Manfred sur les réfugiés qui fuient la guerre ?

L'hypothèse était sortie avec évidence, seule réalité à laquelle elle avait pu penser, et il manqua d'éclater de rire sous le coup de la pression. C'en était tellement absurde que même Othilia eut un demi-sourire le temps d'une seconde avant de se tendre à nouveau.

- Non, pas anglais, détrompa-t-il en souriant à son tour avec mélancolie. Ça n'a rien à voir. Théa... je...

Il prit une grande inspiration pour se donner du courage.

- Théa, je suis gay, lâcha-t-il simplement.

Le temps se suspendit, à peine un battement de cœur... Et il eut l'impression de chuter de façon vertigineuse.

 La sonorité du mot qu'il n'avait jamais osé prononcé à voix haute le heurta plus vivement qu'il ne s'y était attendu et il le trouva presque étrange. C'était comme si le mot n'avait aucune réalité concrète ou qu'il avait été vidé de sa substance... Pourtant, il représentait aussi ce qu'il était, il représentait sa réalité. Les deux sensations le tiraillaient, inconfortables, et même si une note dissonante perçait le chaos de ses émotions en arrière-plan. La fierté.

Il l'avait fait. Il n'avait pas laissé Matthew ou Hanna prononcer l'inévitable cette fois, il l'avait fait lui-même. A cette prise de conscience, il ressentit soudain l'envie de pleurer sans bien savoir pourquoi, ni même y parvenir.

De toute façon, il ne voulait pas brouiller sa vision : chaque détail de l'expression de Théa comptait. Et Merlin, ce qu'une myriade d'expressions la traversa en l'espace d'une poignée de seconde. Il vit d'abord le choc se peindre sur ses traits, puis la surprise en une nuance plus douce, avant de laisser place à la compréhension. Elle sembla prendre le temps d'intégrer le terme et de le regarder en conséquence, ses yeux bleu cobalt le dévisageant ouvertement. Il se demanda si elle le voyait différemment d'un coup ou si elle repensait à des détails qui faisaient sens. Peut-être qu'il avait laissé des choses filtrer sans le vouloir : des mots, des attitudes, des sous-entendus...

- Gay ? répéta-t-elle comme si elle parlait une langue étrangère. Tu veux dire... que les garçons... ? Pas les filles... ?

Définition sommaire mais juste, supposa-t-il avec une certaine ironie.

- C'est l'idée, oui... confirma-t-il d'un ton plat alors que ses émotions explosaient à l'intérieur de lui.

- Oh...

Théa eut l'air d'appréhender chaque détail de ce que son aveu impliquait avant qu'une nouvelle expression se pose alors sur son visage. La colère. D'une volée de cheveux bruns, elle fit volte-face vers sa meilleure amie.

- Attend donc ça n'a rien à voir avec la rupture ou les rumeurs, là, c'est ça ? s'exclama-t-elle, tranchante. Tu savais ? Et c'est pour ça que tu ne veux pas le voir ?

Othilia recula d'un pas, prise au dépourvu.

- Quoi ? Non ! C'est plus compliqué que ça ! protesta-t-elle. Tu penses vraiment ça de moi ?

- T'as jamais été à l'aise avec Zack Ledwell, Lia, reconnais-le.

- J'ai dû échanger quatre phrases avec Zack ! Arrête !

- Et donc ? Ça allait tant que c'était un peu lointain, mais en avoir un dans nos amis, ça te met trop mal à l'aise ?

Défensive, Théa se positionna presque devant lui, l'épaule appuyée contre la sienne. A travers ce simple toucher, il se sentit soutenu dans tous les sens possibles et il fut traversé par un élan de reconnaissance envers elle. Elle n'était pas complètement à l'aise pourtant, il le voyait bien, mais elle le défendait. D'instinct, sans rien demander de plus. Elle le défendait !

Il ouvrit la bouche – incapable de décider ce qu'il voulait dire en premier entre des remerciements et dédouaner Othilia – mais cette dernière le prit de vitesse. Visiblement à bout d'être mis en porte-à-faux, elle feula :

- Si ça me mettait seulement mal à l'aise qu'il veuille se taper des mecs, ça irait très bien, Théa ! Ce qui me dérange plus, c'est quand il veut se taper le mien !

Elle se tapa la poitrine dans un geste possesseur, furieuse, et il vit précisément l'instant où elle le regretta quand son bras retomba le long de son corps, engourdi. Contre lui, Théa se raidit.

- Le tien ? articula-t-elle en levant les yeux vers lui, incrédule. Noah ?

Non, Merlin, aurait-il presque voulu répondre pour alléger l'atmosphère. Mais son humour fut soufflé en lui en même temps que sa respiration.

- Non, non... fit Théa en secouant la tête. Pas Noah, pas toi aussi ! Bon sang, me dis pas que... Ju', tu vaux mieux que lui ! Me fais pas ce coup-là !

Elle avait l'air sincèrement catastrophé par ses goûts amoureux et, une fois de plus, il faillit en rire. Le fait même qu'elle relève un détail aussi trivial lui donna envie de la prendre dans ses bras.

- Et toi, franchement... reprit sa cousine en reportant son attention sur sa meilleure amie avant qu'il n'ait pu le faire. Tout ça pour ça ? D'accord, j'admets, ce n'est pas simple... Mais vous avez rompu, tu as dit toi-même que tu n'aimais plus vraiment Noah. Ce n'est pas comme si Julian l'avait embrassé ou avait eu une chance, arrête.

Elle leva même les mains, apaisante, comme si elle venait d'énoncer une évidence parfaitement logique qui leur aurait échappé. Il se figea. Une pierre glacée lui tomba dans l'estomac alors qu'Othilia se passait une main dans les cheveux, l'air de ne pas y croire. Un rire méprisant s'échappa alors de sa gorge, instinctif.

- Je veux bien être conciliante mais là... Mais oui, c'est ça, bien sûr. Dis-lui, Julian, tiens. Dis-lui comme il ne s'est rien passé avec Noah !

- Othilia...

- Dis-lui que vous ne m'avez pas prise pour une idiote depuis que t'es arrivé à Ilvermorny ! s'emporta-t-elle. Ça a dû être drôle, non ? De voir jusqu'à quel point je pouvais me voiler la face ? De venir me demander de l'aide pour le Rituel de ton ami ! Et que pendant que je passais des heures sur les potions, Noah et toi vous... vous...

Elle s'étrangla, incapable de vocaliser à voix haute ce que Noah et lui avaient fait. Son cœur fut englouti par la culpabilité et, malgré tout, il se sentit horrible d'une chose : il n'arrivait pas à regretter. Pas totalement. Il aurait voulu lui épargner la douleur de l'apprendre si tard, si violemment, c'était une certitude. Mais il ne pouvait pas regretter Noah. C'était au-dessus de ses forces.

- Othilia, je suis désolé, s'excusa-t-il sincèrement. Je n'ai jamais voulu ça et je te jure qu'on ne s'est pas moqué de toi... Noah tient à toi, vraiment. C'est pour ça que ça a pris autant de temps, il était terrifié...

- Comme d'habitude ! C'est son excuse à tout ! J'en ai ma claque de lui pardonner, encore et encore !

- Je sais, je sais. Othilia, crois-moi, je comprends. Je sais que Noah est compliqué mais je te jure qu'il s'en veut et qu'il a changé depuis un an. Et personne ne te demande de lui pardonner maintenant... Ni à lui ni à moi d'ailleurs.

Othilia battit des cils, blême.

- Non, reconnut-elle, acerbe. Seulement de garder votre secret... Pas vrai ?

- Oh Morgane...

A ses côtés, Théa sortit enfin de sa léthargie. Elle s'écarta de lui, un masque choqué accroché à ses traits, puis lui jeta un regard brûlant.

- Théa... tenta-t-il, le cage thoracique écrasée par l'appréhension.

- Non ! Non, pas maintenant ou je vais dire quelque chose que je regrette ou pire te jeter un sort. On sait très bien tous les deux que j'en suis capable et mieux que toi. Pour l'instant, t'es la dernière de mes priorités, tu m'entends ?

Elle se détourna soudain vivement pour se diriger vers Othilia, comblant la distance comme si elle choisissait un camp sur un champ de bataille. Il supposa que c'était en quelque sorte le cas. Impuissant, il la regarda prendre sa meilleure amie dans ses bras et lui souffler des mots trop bas pour qu'il les distingue. Des excuses ? Des insultes envers lui ? Des paroles de réconfort ? Il se sentait vidé de toutes ses forces, incapable de se battre. Il savait aussi que ce n'était pas le moment. Quand Théa était en colère, ça ne servait à rien d'argumenter. Il fallait qu'il lui laisse le temps de lui en vouloir, même si ça lui faisait horriblement mal.

- Allez viens, je te ramène dans le dortoir, dit-elle soudain à Othilia d'une voix claire. Ça va aller.

Julian avala difficilement sa salive. Bras dessus bras dessous, les deux filles s'avancèrent jusqu'à le dépasser et il s'écarta pour ne pas les gêner. Il n'avait plus rien à dire, ni même aucun droit pour le moment. Il crut une seconde qu'elles n'allaient rien ajouter non plus et l'ignorer jusqu'au bout, mais Othilia se retourna une dernière fois avant de tourner à l'angle. Son apparence de petite fille parfaite était presque à nouveau en place si on ne regardait pas de trop près ses yeux rougis. Pourtant, lorsqu'elle posa le regard sur lui, il revit l'éclat qu'il avait déjà perçu tout à l'heure : tu vois, semblait-elle dire, tu vois comme ça fait mal quand on te prend quelqu'un.

- Merci de lui avoir dit... murmura-t-elle contre toute attente. Je sais que ce n'est pas facile...

- Non... admit-il.

Ça ne servait à rien de le nier. Ils étaient tous conscients des risques qu'il venait de prendre et même la colère de Théa sembla vaciller un instant face à cette vérité. Il en fut rassuré : elle aurait beau prendre le partie de sa meilleure amie, elle garderait son secret.

- Julian ? fit Othilia une dernière fois.

Il détacha ses yeux de sa cousine pour les reposer sur elle.

- Oui ?

- J'espère que tu sais dans quoi tu t'engages, souffla-t-elle. Vraiment. Parce que Noah Douzebranches est le genre de personne qui peut te mettre à terre sans que tu comprennes que t'étais en train de tomber.

Et sur ces mots, elles le laissèrent seul. 

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J'avais dit du drama, j'ai pas menti haha ! Verdict ?

Bon déjà, pour l'évènement historique du chapitre, à savoir l'assassinat de John Lennon. JE POUVAIS PAS PASSER A COTE ! Genre en fait marquant quand même c'était pas mal pour cette année 1980 et ça collait parfaitement au personnage de Charity, mais aussi à l'ambiance lourde de New York pour les sorciers. 

Concernant la 2e partie du chapitre... On avance toujours un peu plus dans l'intrigue. J'avais pensé à laisser encore un peu avant que Théa ne l'apprenne mais je me suis dis que c'était le genre de secret littéralement intenable entre deux meilleures amies. La personnalité de Théa faisait qu'elle était incapable de voir Othilia souffrir et esquiver les choses sans venir la pousser à dire la vérité. Le fait que le secret ait tenu dix jours est déjà pas mal haha ! 

Dans l'idée, je ne voulais pas que Théa réagisse "mal" au coming-out de Julian. Théa est une fille de son temps et de sa classe sociale, mais elle est particulière au vue de son histoire familiale : elle déteste les jugements - ceux portés par la magie noire et la suprématie du sang du moins - et ce n'est pas étonnant que ça se traduise aussi pour une certaine tolérance dans d'autres sphères. 

Voilà voilà pour cette reprise ! Et avant de se quitter, je vous livre ces sublimes aes réalisés par Aylinn37 ! Encore merci à elle ! On se retrouve dans deux semaines ^^ 

(J'avoue je me rappelais presque plus de cette citation, mais damn je l'aime bien ^^)

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