Lorsque les policiers arrivèrent au cabinet d'architecture P&P, ils attisèrent définitivement la curiosité de la secrétaire et de tous les clients présents à ce moment. Même Jean Pimont, l'associé de Sébastien Pullin s'absenta de son bureau quelques instants pour voir ce qu'il se passait.

Devant le bureau de Sébastien, les policiers frappèrent poliment, l'arme au poing. Ils n'obtinrent aucune réponse. Alors, ils prévinrent qu'ils entraient, et ouvrirent la porte, prêts à tirer en cas d'assaut désespéré de la part du meurtrier.

Ils n'eurent pas besoin d'utiliser leur arme. Sébastien Pullin ne leur ferait aucun mal. Au bout de sa ceinture nouée autour d'une poutre en acier, Sébastien s'y balançait encore, sans vie. Sur le bureau, une longue lettre calligraphiée à la main.

L'enquête était terminée. La justice ne serait jamais rendue. Deux familles seraient brisées pour l'éternité.

Dans sa lettre, Sébastien avouait tout et demandait pardon à ses proches pour ce qu'il avait fait. Magali, convoquée au commissariat, la lut et relut. Une fois qu'elle en eut saisit le sens et qu'elle comprit qui était vraiment son mari qu'elle ne reverrait plus, elle s'effondra. De gros sanglots secouèrent ses épaules. Elle ne pleurait pas la perte de son mari qu'elle voyait à présent comme un monstre. Mais elle pleurait de l'héritage qu'elle laisserait à ses enfants.

Le corps d'Isabel Rodriguez fut rapatrié en Espagne, auprès de ses parents dont Maggie n'imagina pas la douleur qu'ils pouvaient ressentir à l'heure actuelle. Ou encore l'apaisement que cela pourrait leur apporter de savoir ce qu'est devenue leur fille, d'avoir des restes sur lesquels pleurer et se recueillir.

Felipe avait voulu entendre toute l'histoire. Lui aussi était détruit. Une chose était certaine, il aimait encore Isabel et l'aimerait jusqu'à la fin de sa vie. Heureusement pour lui, il ne l'avait pas attendue pour avancer et se construire. Au moins, une famille le chérissait et l'attendait quelque part en Espagne, pays qu'il regagna dès le lendemain du dénouement.

Sébastien Pullin eut un enterrement en très petit comité. Ses parents éplorés, sa veuve résignée, et ses enfants démolis. Si, au départ, Magali voulait qu'il soit enterré dans une fosse commune sans sépulture, elle accepta finalement les supplications de sa belle-mère et lui offrit une tombe. Elle n'irait pas et la fleurirait encore moins. Mais elle ne voulait pas priver ses enfants de cet espace de recueil.

Quelques semaines plus tard, elle déménageait à nouveau. Il était hors de question pour elle de rester dans cette maison de malheurs. Le temps de trouver un nouvel appartement en plein centre-ville, elle était retournée vivre chez sa mère avec ses enfants. Heureusement, elles avaient mis de l'eau dans leur vin le temps de la cohabitation et tout s'était bien passé.

La maison de la famille Pullin fut donc revendue. L'acheteur n'était autre que Catherine Laux, la sœur de Martial Pullin. Elle récupérait enfin son bien. Jalouse de n'avoir pas eu l'argent nécessaire à cet achat, Odette Germain s'était alors mise à faire la guerre à sa sœur, se réconciliant, de ce fait, avec son frère Martial.

Thierry s'était une nouvelle fois séparé de sa compagne. Il vivait toujours dans son luxueux appartement moderne. Vieux garçon, il ne changerait plus à son âge.

Marie-Agnès, quant à elle, s'était paisiblement éteinte dans son sommeil le lendemain de l'enterrement d'Isabel en Espagne. Les remords qui la maintenaient sur Terre avaient à présent disparus et, c'est le cœur léger qu'elle put aller rejoindre son mari, aux côtés du Tout Puissant qu'elle vénérait tant, selon ses croyances.

Du côté des détectives, la vie continua. Maggie reçut une nouvelle fois les félicitations de Patron, fier de sa dernière recrue. À présent, il était temps pour elle de passer à autre chose. Alex n'oublia pas de le lui rappeler, et ils se mirent à chercher un terrain pour faire construire leur nid d'amour. De beaux projets en perspective, loin du métier morbide qu'elle exerçait. Loin de tous ces meurtres. Jusqu'au prochain...

FIN.