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Chapitre 4 - Les crocs de la mer




Le palmé ne me quittait pas des yeux, la colère et la grande méfiance que j'y lisais me rendait mal à l'aise. Je ne savais pas grand chose sur les sirènes. Était-il seulement assez intelligent pour comprendre que je cherchais à l'aider si je lui montrais ? Comment faire pour lui montrer d'ailleurs ?

Si je m'approchais trop, il chercherait clairement à me découper en rondelles. De plus, le seul moyen que je voyais de l'aider était de couper le filet qui le retenait captif. L'homme-poisson était trop entortillé dans celui-ci et trop hostile pour que j'espère simplement le démêler. En revanche, cela m'obligerait à sortir mon couteau et à me tenir proche de lui. Ce monstre était déjà bien assez agressif comme cela sans qu'il ne se mette à paniquer par la faute de mon arme.

- Bon ... au moins tu as cessé de te débattre, marmonnais-je à son intention, bien qu'il ne comprenne probablement pas un traître mot de ce que je disais. Par contre, je n'aime pas trop le bruit que tu fais ... et ton regard est dangereux. Tes crocs sont très jolis, je sais que je les ais déjà complimenter et que tu en es fier, mais tu peux les ranger maintenant. La fierté est un vilain défaut lorsqu'elle est mal placée. 

Ma peur faisait graduellement place à l'agacement tandis que je m'habituais au langage corporel de la créature. Son attitude agressive commençait à me faire questionner mon choix de vouloir l'aider. Simplement, aussi horripilant et effrayant soit-il, je ne pouvais pas le laisser se dessécher au soleil. Je poussai un gros soupir et attrapai un de mes sceaux vides.

- Bon première étape, chuchotais-je entre mes dents avant de continuer un peu plus fort à l'intention de l'être devant moi, Tu sais que n'importe quel autre humain sain d'esprit t'aurait laissé à tes malheurs ?

Je contournai prudemment la grande carcasse de la créature en faisant un large détour. Elle émit une sorte de feulement très bas et je l'ignorai. Je remplis le seau dans la mer. Il était très lourd maintenant, mais je réussis tout de même à le soulever. C'était maintenant la partie délicate de mon plan.

Je me mis lentement à approcher le palmé, celui-ci se mit à pousser des cris horribles qui écorchaient mes oreilles à mon approche. Il se cambrait violement en tirant sur les mailles du filet. Je cherchai à lui parler en espérant l'apaiser un peu, mais ses plaintes stridentes couvraient ma voix. C'était à se demander comment une voix que l'on disait si enchanteresse pouvait sortir de la même bouche qui produisait des sons aussi peu harmonieux.

Je me trouvai maintenant à quelques mètres de la sirène. Je redressai précautionneusement mon seau et le vidai directement sur son visage d'un geste rapide. Le palmé émit une sorte de hoquet de surprise étouffé. Je ressentis un début de rire naître au creux de ma gorge face au ridicule de la chose, mais je le ravalai. Je ne croyais pas que rire devant lui soit une bonne idée au vu de la situation. Ce serait un coup pour que j'heurte sa fierté, en supposant que ce soit un sentiment qui ne soit pas trop complexe pour lui, et qu'il devienne encore plus violent à mon encontre.

Il s'était tu et il ne se battait plus contre son filet. Je devinai qu'il me fixait, mais je mis un point d'honneur à ne pas lui jeter un seul coup d'œil. Je retournai à la mer et vidai encore de nombreux seaux d'eau sur son corps. Il était beaucoup plus grand que je ne l'avais d'abord pensé, sa queue de poisson ressemblait presque plus à celle d'un serpent au vu de sa longueur. Il me dépasserait probablement d'un bon mètre si je m'étendais à ses côtés.

Je m'assis aussi proche de lui que je l'osais en frottant mes bras aux muscles douloureux. Ma peur s'était calmée maintenant, mais je restais prudente. J'avais versé au moins une dizaine de seau d'eau sur lui. Malgré ma proximité, le palmé ne se débattait pas et il avait même cessé de me montrer les crocs. C'était un progrès qui me plaisait. Il me scrutait toujours aussi fixement, mais ses yeux reflétaient la méfiance plutôt que la rage.

- Tu comprends un peu maintenant ? Je cherche à t'aider ... t'a-i-d-e-r, articulais-je distinctement comme si je parlais à un jeune enfant. Bon, tu sembles avoir repris un peu de couleur.

Effectivement, sa peau semblait moins grise qu'auparavant, des reflets bleutés commençaient à apparaître sur sa surface, mais ses écailles restaient ternes. Cela m'interpelai, car l'on décrivait normalement les palmés comme des êtres aux écailles chatoyantes et colorées. Était-ce un signe de faiblesse ou de maladie ? 

Je me redressai sur les genoux, face à lui. J'étais maintenant si proche qu'il me suffirait de me pencher légèrement et de tendre le bras pour le toucher. La créature se raidit, une lueur de panique menaçait d'incendier ses yeux.

- Bon garçon, soufflais-je doucement tandis que les rouages de mon cerveau tournaient à pleine vitesse. Je n'ai pas le choix, il va falloir que je coupe le filet. On se fait confiance maintenant toi et moi, n'est-ce pas ? Si je  sors mon couteau, tu n'essayeras pas de m'arracher la main ... pas vrai ?

Je me tus, attendant stupidement une réponse. Je tentais de repousser le moment fatidique le plus possible. Il cligna des yeux lentement, une membrane transparente glissa sur ses prunelles méfiantes. Je pris cela pour un acquiescement et porta la main à ma ceinture. Il baissa les yeux pour suivre mes mouvements et un grondement guttural s'échappa de sa poitrine.

Le palmé semblait savoir ce qu'un couteau était, ses mains s'ouvraient et se refermaient nerveusement sur les mailles du filet. Je pris une grande bouffée d'air et tira ma lame. Il devint comme fou à sa vue, grognant comme un animal sauvage et luttant violement contre les fils qui l'enserraient pour m'atteindre. Ses griffes se tendaient vers ma gorge et elles auraient atteintes leur cibles si j'avais été un tout petit peu plus proche. Ses pupilles étaient entièrement dilatées tels les yeux d'une proie acculée par un prédateur.

Manifestement, le peu de confiance que j'avais réussis à établir entre nous deux venaient de se volatiliser.

J'entendais les battements rapides de mon cœur dans mes oreilles, mes mains étaient moites sur le manche de mon couteau que je tenait avec la lame dirigée vers le bas, d'une façon que j'espérais moins menaçante pour la sirène.

- Doucement, tu ne crois tout de même pas que je me suis échiner à transporter des seaux lourds et à gagner lentement ta confiance pour ensuite te tuer ! Rat des mers à la cervelle encrassée, grommelais-je contre lui.

Ses yeux quittèrent l'arme pour se poser sur moi, farouches et défiants. C'était le moment dangereux, je tendis la main vers un morceau de filet qui gisait proche de sa nageoire caudale en retenant mon souffle. Ses yeux sombres suivirent ma main, il émit alors une série de sons curieusement mélodieux malgré sa voix grondante. Je me figeai alors, j'étais juste hors de sa portée. Je ne pourrai absolument rien faire s'il décidait de chanter. Je déglutis, un noyau dur se forma dans ma gorge.

Il poussa à nouveau les mêmes sons dans le même ordre en me montrant les dents, son regard insoumis planté dans le mien. J'eus un choc en comprenant qu'il venait de parler. Peut-être n'était-ce pas en langue commune, mais il avait parlé. Les rats des eaux avaient donc un langage, ils étaient assez intelligent pour cela. Eux que l'on me répétait être barbare, idiot, à peine plus perspicaces qu'un autre animal. Un animal.

Je fronçai les sourcils. La créature me dévisageait, prête à frapper si je commentais la moindre maladresse qui m'approcherait suffisamment de ses griffes. Pas un animal. C'était un être sauvage peut-être, mais également réfléchit comme les humains, les elfes, les métamorphes et les dragons l'étaient. Alors, il devait bien avoir une raison à cette guerre. Un peuples intelligent ne décidait pas d'attaquer ainsi pour rien.

Je secouai la tête, je m'emballai. Ce n'était pas parce que je l'avais entendu émettre des sons que son peuple devenait brillant. Les oiseaux chantaient bien dans la forêt ... sauf que je n'avais encore jamais vu un piaf affûter une lance en os pour tuer un humain. 

Je tirai un bout de filet vers moi avec des gestes précautionneux. Le palmé siffla d'autres mots inconnus en se débattant. Je cessai de tirer lorsque je vis le filet se tendre entre mes doigts, son côté opposé reposant sous le bas du corps écailleux de l'homme-poisson. Je me décalai sur la gauche pour rester hors de sa portée et levai le morceau de filet jusqu'à la hauteur de mes yeux. 

Le regard de l'être des eaux me fixait toujours avec une rage froide et on devinait ses muscles tendus sous sa peau. Je mis alors mon couteau entre les mailles et en coupai une avec un petit pincement au cœur. Je savais toutes les heures de travail et la patience que prenait la conception d'un filet. Les fils étaient solides et il me fallut effectuer plusieurs aller-retour avec ma lame pour qu'ils cèdent enfin. Les yeux du palmé semblèrent soudainement beaucoup plus attentifs et je crus voir une lueur de compréhension les parcourir. Je pris une autre partie du filet et fit la même chose. L'homme-poisson sembla alors se calmer petit à petit. Je refis une dernière fois le même geste en lui parlant :

- Tu vois ? Enfin, oui je sais que tu vois, mais tu comprends aussi, n'est-ce pas ? Si tu me laisses approcher sans essayer de me crever les yeux, je peux te libérer de ce vilain filet...

J'hésitai et fit mine d'avancer un pas avant de reculer brusquement. La créature ne fit pas le moindre geste vers moi, je sentais encore une grande méfiance provenant d'elle, mais la colère semblait partie. 

Un long frisson parcouru mon dos. Je ne lui faisais pas confiance le moins du monde. Je savais pertinemment qu'il redeviendrait dangereux à la minute où je ne m'en douterait le moins. L'instinct primitif que je percevait dans ses yeux me confortait dans cette idée. Les sens en alerte, je me penchai vers lui et sectionnai une nouvelle série de maille proche de sa taille. 

Je me mis alors au travail en évitant le moindre geste brusque. Je soulevais délicatement une partie de filet pour l'écarter de sa peau et en coupais ensuite les mailles pour m'assurer de ne pas avoir à le toucher. Il semblait suffisamment amoché sans que je ne rajoute une nouvelle entaille sur sa peau parce que ma lame avait glissé.

Le palmé restait d'une tranquillité suspecte, il me dévisageait, mais je n'y faisais plus attention, j'étais trop concentrée sur ma tâche. Mes nerfs étaient mis à rudes épreuves, le moindre de ses mouvements me faisaient sursauter durant les premières minutes, convaincue qu'il s'apprêtait à s'en prendre à moi, mais j'étais têtue et je continuai à le défaire de son filet. 

Il gronda à quelques reprises lorsque je devais soulever des mailles qui étaient collées à ses blessures par une croûte de sang coagulée, mais il ne fit pas le moindre geste agressif à mon encontre. Parfois il commençait à s'agiter et je m'écartais de lui le temps qu'il s'apaise.

Le travail avançait lentement. Le soleil tapait durement et j'avais chaud. Les grains de sable griffaient douloureusement mes genoux et je sentais de la sueur coulée le long de ma colonne vertébrale. Seul le bruit du ressac des vagues et la respiration sifflante de l'homme-poisson se faisaient entendre. J'avais l'impression d'avoir basculé dans un autre univers et j'avais hâte de terminer de découper les mailles solides pour pouvoir rentrer chez moi. 

Après une bonne heure, je réussit à découper tous les fils qui emprisonnaient la partie supérieur de son corps, le filet était particulièrement large et le palmé avait réussit à s'enrouler plus d'une fois dans celui-ci. Je me sentais détendue à ses côtés maintenant que j'y avait passée autant de temps, mais une petite pointe d'angoisse me saisit tandis que je retirais le filet qui recouvrait son torse et sa tête. Celui-ci m'avait protégé de plus d'une des sautes d'humeur de l'homme-poisson. Il émit un petit bruit et prononça quelques vocalises à la sonorité musicale. Je sentis un petit sourire naître sur mes lèvres en voyant son contentement évident.

- Gentil tas d'écailles, dis-je à son intention. La pire partie est terminée, tu vois que me faire confiance était une bonne idée !

Il agita les bras devant lui, semblant heureux de pouvoir bouger plus librement. Il me lançait de rapides petits regards du coin de l'œil pour me surveiller, mais il était visiblement beaucoup plus calme désormais. J'en oubliai la prudence dont j'avais fait preuve jusqu'à maintenant et effleurai involontairement les côtes de l'être avec mon genou en voulant changer la position de mes jambes ankylosée. 

Il poussa un cri de souffrance qui me fit violement sursauter. Je vis le coup de griffe venir dans ma vision périphérique, mais le palmé fut si rapide que je n'eut pas le temps de réagir. Sa main heurta durement la mienne et je poussai un cri de surprise mêlé de douleur en lâchant mon couteau. Je reculai précipitamment en tenant ma main qui élançait contre moi. Ce ne fut qu'en voyant de petites gouttes de sang sur le sable où je m'étais trouvée il y a quelques secondes que je m'aperçu que ma main saignait.

Deux entailles courtes, mais profondes décoraient désormais la base de mon pouce. Ses griffes avaient coupé si nettement dans ma chair que je ne les avait même pas sentit sur le moment, mais mes plaies commencèrent à brûler douloureusement dès que je les remarquèrent. Je posai ma bouche sur les griffures en foudroyant le coupable de celles-ci du regard. Je m'étais éloignée de plusieurs mètres de lui et il me dévisageait en appui sur ses coudes.

Ce traître n'avait même pas l'air contrit, il me montra même fugitivement les dents avec un air farouche ! Je bouillonnais de colère contenue. J'avais envi de lui balancer l'un de mes seaux derrière sa tête chevelue. Le goût ferreux de mon propre sang envahissait ma bouche tandis que je déchirais un morceau de ma robe pour servir de pansement.

Les insultes fleurissaient dans mon esprit, mais ma main contre ma bouche m'empêchait de les formuler à voix haute. Je finis finalement par obtenir un lambeau de vêtement suffisamment long de ma pauvre robe ruinée pour panser ma main. Ma voix fusa avec colère dès que j'eus terminer le bandage de fortune :

- Je t'ai fais confiance, je t'ai sauvé la vie, espèce de fils de chacal galeux ! Ton espèce est-elle vraiment si dégénérée qu'elle ne sait pas remercier quelqu'un ou est-ce que c'est juste toi qui à l'intelligence d'une chiure d'oiseau ?  Cervelle fondue ! Barbare des profondeurs ! Tas de déjections animales ! J'aurais du te laisser cuire au soleil, espèce de monstre ingrat.

Je finis par manquer de souffle et le reprit en continuant de fusiller le rat des eaux du regard. Il me défiait du regard en sifflant, ayant manifestement deviné que je l'invectivais au ton colérique de ma voix. Je continuai à proférer des malédictions à son propos en le voyant saisir mon couteau qui gisait à côté de lui et le faire tourner entre ses doigts.

Le monstre entreprit alors de se mettre en position assise avec des gémissements de douleur. Je me tus alors et fronçai les sourcils en remarquant une entaille trop profonde pour avoir été causée par le filet sur son flanc droit.  La blessure était incrustée de sable et de saletés, les lèvres de la plaies avaient une vilaine teinte violacée. Cela ne ressemblait pas un coup de griffes puisqu'il n'y avait qu'une seule lacération. Cela m'évoquait plutôt une blessure à l'arme blanche. Un couteau ou une lance peut-être.

Je grimaçai en comprenant que j'avais effleuré sa blessure en remuant et que c'était cela qui l'avait poussé à m'attaquer. Je jetai un coup d'œil à ma main droite et au tissu sous lequel une ombre rouge grandissait. Elle me faisait un mal de chien, je ne réussissais pas à le pardonner aussi facilement.

Maintenant que le filet n'ombrageait plus sa peau, je devinais aussi de nombreuses taches plus sombres sur son épiderme, des hématomes compris-je avec un train de retard. Manifestement, ce palmé ne s'était pas emmêlé accidentellement dans un filet pour ensuite s'échouer sur la plage. Il s'était battu contre quelqu'un ou quelque chose et il avait perdu. 

Soudainement plus attentive, je regardai en direction de la mer. La marée était à son niveau le plus haut et elle demeurait à plusieurs dizaines de mètres de l'homme-poisson. Il était impossible que ce soit les vagues qui l'ait déposé où il se trouvait. Je ne réussissais pas à apercevoir de trace de pas, mais ce n'était guère étonnant vu tout le sable que la créature avait projetée un peu partout en se débattant.

Je jetai un coup d'œil en direction de celle-ci et vit qu'elle avait entrepris de couper les derniers pans de filet qui retenaient sa queue squameuse avec ma lame. Je fronçai les sourcils, dérangée par la vue de mon couteau entre les griffes du rat des eaux. Il s'interrompait régulièrement pour me jeter un regard furtif pour vérifier si j'avais bouger. Je devinai que sa posture assise le faisait souffrir à sa mâchoire serrée et ses mouvements mous. Sa fatigue se voyait également dans ses yeux, ils étaient beaucoup moins brillants que lorsque je l'avais trouvé. 

Assise dans le sable, ma main blessée tout contre la poitrine, je n'eus d'autre choix que d'attendre qu'il termine sa tâche. Je n'allais certainement pas partir maintenant et abandonner le cadeau que je tenais de Khyr à ce monstre. 

Malgré ses mouvement qui lui semblaient pénibles, le palmé termina rapidement d'utiliser mon couteau et je me sentis soulagé en le voyant le planter dans le sable à ses côtés. Il gigota pour sortir la fin de sa partie inférieure inhumaine du filet puisqu'elle était bien trop longue pour qu'il l'atteigne avec ses griffes. Je me délectai un moment de la douleur que cela provoquait chez la sirène en pensant acerbement qu'il n'aurait pas à se tortiller ainsi puisque je serais en train de l'aider s'il ne m'avait pas agresser, mais j'eus rapidement honte. Où était passé la Taka qui avait accepté de prendre des risques pour aider le palmé et qui avait décidé d'aller jusqu'au bout de la chose sans se soucier des conséquences ? 

Je pris une grande inspiration et je me redressai. La créature se figea aussitôt et un bruit grondant qui m'était désormais familier s'échappa de sa gorge. Je levai les yeux vers le ciel devant sa tentative d'intimidation. Couvert de blessures, des petites ridules de douleur aux creux des yeux et la nageoire caudale encore emmêlée dans les fils tenaces, il n'était guère crédible dans le rôle du grand méchant palmé. 

- Tu devrais garder tes forces pour la nage qu'il va te rester à faire une fois dans l'eau. Je ne te laisserais certainement pas gaspiller la chance que je t'ai donné de survivre. Tout ça parce que monsieur le goujat marin a décidé qu'il voulait, encore une fois, tenter de m'effrayer et a, du même coup, usé toute sa précieuse énergie dans cette stupide tâche, m'exclamais-je en m'avançant vers lui.

Je m'arrêtai juste devant sa queue de poisson grisâtre et plantai mon regard dans le sien en ignorant les crocs qu'il exhibait.

- Je vais t'aider, mais je t'avertis, essaye de me faire encore un coup fourré et je t'abandonne à ton sort ! Je ... hum, je suis désolé d'avoir accroché ta blessure, je ne l'avais pas vu. Alors, on repart sur de nouvelles bases et on oublie le reste. D'accord, l'écailleux ?

Je terminai mon petit discours d'un hochement de tête décidé tandis que le palmé me dévisageait d'une drôle de façon. Il avait la main enroulée autour du manche de mon couteau et semblait se demander ce que je racontais. Il prononça quelques mots chantants, l'air dubitatif devant mon soudain changement de comportement et l'air un peu effarouché par ma proximité.

J'hochai à nouveau la tête et m'accroupis devant sa nageoire caudale toujours emprisonnée et hors de sa portée.  Je posai la main sur celle-ci pour pouvoir la dégager des mailles serrées que ses tortillements avaient encore plus emmaillotés autour d'elle et il tressaillit violement. Il me montra à nouveau les crocs en sifflant et je répliquai en retroussant moi aussi les lèvres. Mes dents étaient loin d'être aussi impressionnantes que les siennes, mais il fut suffisamment déconcerté par mon geste pour cesser de grogner. On pouvait être deux à jouer à ce jeu là.

Je touchai à nouveau à sa nageoire et le palmé me laissa faire, l'œil morne et la mine épuisée. Il avait décidé d'abandonner le combat pour l'instant. Son contact était tiède et lisse sous mes doigts. Je sentis un infime mouvement le parcourir comme un frisson à mon toucher. 

À force de tirer, remuer et tourner sa nageoire caudale dans toutes les directions avec son aide, je réussis finalement à le débarrasser du dernier morceau de filet qui le retenait. Je reculai prudemment, m'attendant à une réaction énergique face à sa liberté, mais la créature était désormais trop éreintée pour cela. Elle se contenta d'un murmure diffus et se mit difficilement à ramper vers la mer. Je grimaçai, c'était assez pénible à regarder, mais je ne pouvais plus rien faire pour l'aider.

J'allai récupérer mon couteau toujours planté dans le sable sans la quitter des yeux. Sa lente progression arriva finalement à son terme quelques longues minutes plus tard tandis que le palmé finissait par atteindre les vagues. Il entra dans l'eau avec un soulagement évident inscrit sur son visage à l'allure si humaine. Ses yeux se fermèrent un bref instant comme s'il savouraient le contact de l'élément liquide contre sa peau ou s'il saluait une vieille amie qu'il avait cru ne plus jamais pouvoir revoir. 

Je m'attendais à ce qu'il parte sans un seul regard derrière lui, mais il se retourna vers moi alors que seule sa tête était encore émergée et me montra les crocs comme pour me narguer une dernière fois avant de partir.

Son ombre noire fila ensuite dans l'eau et je pu la suivre quelques secondes avant qu'elle ne se fonde parmi les vagues. Seul le filet morcelé abandonné sur le sable, le sillon profond qui menait jusqu'à la mer et mon pansement ensanglanté témoignait encore de notre rencontre houleuse. 

***

Salut !

Désolé pour le temps qu'il y a eut entre le troisième et le quatrième chapitre, la longueur de celui-ci devrait me faire un peu pardonner (presque le double de mes précédents chapitres). Je vais être plutôt occupée ce mois-ci, mais j'essayerai d'écrire lorsque je le pourrai !

Comme d'habitude, n'hésitez à me faire remarquer les fautes ou une tournure de phrase étrange.

Prenez soin de vous ;)

Shary




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