Six mois plus tard...

Jimin entra dans le café. Il desserra son nœud de cravate et inspira l'air frais que brassait la climatisation.

La chaleur de ce mois de juillet était suffocante.

- Pourquoi les gens se marient-ils en plein été sachant qu'il faut porter des costumes dans lesquels tu es sûr de crever de chaud ?

- Et pourquoi doivent-ils envahir mon espace vital ? Vous ne pouviez pas faire ça ailleurs ?

- Non, on ne pouvait pas, Monsieur ronchon, répondit-il. C'est ici que tout a commencé.

- Ce n'était pas une raison pour transformer cet endroit en annexe de Jardiland, répondit Potter en éternuant. Tout ce pollen n'est pas bon pour mes sinus.

- Moi, je trouve cela plutôt agréable, dit Spot en mâchouillant consciencieusement un bouquet de fleurs qui avait été accroché à la barrière de l'enclos.

Jimin se précipita pour retirer la friandise et la mettre hors de portée du lagomorphe qui protesta.

- Mais ça ne va pas de manger ça ? Tu sais combien ça a coûté ?

- Quoi, ce n'est pas l'apéritif ? demanda Max qui passait par là, un gerbera orangé dans la bouche.

Il avança vers Fleur et déposa son présent à ses pieds. La jeune lapine lui donna un coup de museau en guise de remerciements et commença à grignoter la tige.

- Merci mon lapinou.

- De rien ma lapinette.

- Ce que vous êtes devenu culs depuis que vous êtes en couple les deux là, commenta George en sortant la tête de sa cabane.

- Ah bah, vu ton caractère, c'est sûr que ce n'est pas à toi que ça arriverait, dit Paul en sautillant pour aller s'accrocher et monter le long du support où était perché Hubert, qui battait des ailes en guise de mécontentement.

- Le couple le plus improbable de l'année, dit Placide qui regardait tout ce petit monde du plafond où il était collé, la tête à l'envers.

- C'est sûr qu'avec son caractère bipolaire, ce n'était pas gagné, piailla Guindille.

- Tu es gentille en le traitant de bipolaire, je crois que le mal est plus grave, répondit Berthe.

- OH JE SUIS LÀ, JE VOUS ENTENDS !! hurla George.

- Laisse mon lapinou, va t'occuper des petits plutôt, susurra Fleur en désignant deux petits lapereaux qui se tenaient l'un contre l'autre dans un ballot de paille fraîche.

Jimin ne put s'empêcher d'enjamber la barrière et d'aller prendre dans ses mains les deux petites boules de poils pour les porter à son visage et les couvrir de bisous.

- EH LÂCHE MES GOSSES !!

- Laisse-le, George, tu sais qu'il ne leur fera jamais de mal, répondit Fleur.

George s'assit sur son séant, les oreilles en arrière et ne bougea plus.

- Mais comment elle te le mate !! s'exclama Spot. C'est jouissif.

- Et ta sœur ?

Ils continuèrent à se disputer, bientôt rejoints par Bam et Tannie, un nœud papillon autour du cou.

Le poméranien ne parlait pas encore vraiment, mais Jimin pouvait l'entendre chuchoter de temps en temps quelques paroles à son nouvel ami, qui l'avait pris en affection.

Tant de choses s'étaient passées depuis cette fameuse journée où ils s'étaient retrouvés coincés dans le café, pensa-t-il en regardant autour de lui, sa petite famille animale réunie en ce jour spécial.

Namjoon avait enfin, et au plus grand bonheur de la brigade, et certainement de la population de la ville, renoncé à son rêve de devenir pompier.

Même le curé de la paroisse avait loué le Seigneur de cette décision lors de la messe dominicale.

Depuis ce matin-là, où on l'avait retrouvé confortablement blotti contre Charly dans le plus simple appareil, provoquant des cris d'horreur de Potter qui pensait que ses prunelles avaient brûlé et qu'il ne retrouverait jamais la vue, son cousin n'avait plus quitté la belle boulangère.

Il s'était installé avec elle dans le petit appartement qui se trouvait au-dessus de la boutique et avait décidé d'apprendre le métier.

Bien que quelques incidents aient été recensés, à savoir du sel dans les pâtisseries et des formes de baguettes improbables. (Je laisse votre imagination faire le reste), personne n'était mort d'une intoxication alimentaire, du moins pas officiellement.

Ils avaient, Dieu merci, renoncé à l'idée de se reproduire pour l'instant, préférant se consacrer à leur amour. Jimin avait brûlé un cierge pour l'occasion. Il n'était pas prêt à voir entrer dans sa vie la descendance de Kim Namjoon avec ses gènes dévastateurs, le monde d'ailleurs non plus.

Les jumeaux avaient été restitués à leurs parents, accompagnés d'une note de frais qui avait fait blanchir les cheveux de leur père avant l'heure.

Yoongi avait déclaré à sa sœur que plus jamais elle ne l'obligerait à garder sa progéniture diabolique, ce à quoi elle avait répondu par une grande claque sur la nuque de son cadet.

La violence était apparemment un problème récurrent dans la famille.

Jimin avait toujours pensé que les deux frères avaient un tempérament de feu, mais ça, c'était avant d'être confronté à Yuna, capable de les faire taire d'un claquement de talon aiguille sur le sol, malgré son mètre cinquante.

Les enfants avaient voulu adopter Placide à la fin de cette journée, et même si le principal intéressé avait disparu pendant une semaine à la suite de cette annonce, ayant peur de servir de cible vivante à ceux qu'il qualifiait d'enfants de Satan, il avait fini par se résoudre et vivait dorénavant sa meilleure vie auprès de ses petits maîtres qui le trimbalaient partout.

La maîtresse d'école n'avait d'ailleurs pas spécialement apprécié la blague, quand elle avait découvert le gecko allongé confortablement sur son bureau, se dorant la pilule dans un rayon de soleil.

L'alarme incendie avait été déclenchée et les pompiers, persuadés qu'un Tyrannosaurus rex était en liberté dans la cour tant l'appel était paniqué, avaient dû intervenir.

Jungkook avait dû user de toute sa diplomatie ainsi que d'une paire de claques pour calmer la maîtresse hystérique.(Cela vous étonne ?)

On avait fait promettre aux enfants de ne plus amener Placide à l'école. Ils avaient hoché la tête d'un même mouvement, projetant déjà de l'emmener avec eux au cours de gymnastique rythmique.

Après tout, seule la mention de l'école avait été faite.

Hoseok et Jin avaient été libérés, sans poursuite judiciaire.

Après un sermon du shérif qui avait failli tous les endormir, ils étaient partis bras dessus dessous en se suçant la poire comme s'ils ne s'étaient pas vus depuis six mois, provoquant des hauts le cœur aux enfants qui avaient déclaré en chœur que c'était dégueu.

Quelques jours plus tard, le docteur avait posé un congé sans solde et ils s'étaient envolés pour faire un tour du monde. Ils étaient rentrés un mois plus tôt, heureux, bronzés, mais toujours en désaccord concernant la perspective de fonder une famille.

Jimin voyait donc Hoseok arriver tous les deux jours, la mine renfrognée. Il lui préparait un chocolat viennois pendant que le jeune homme allait s'allonger dans l'enclos auprès de Fleur et de ses petits, faisant hurler de rage ce pauvre Max qui ne supportait pas les papouilles incessantes du blogueur sur sa famille.

Et Taehyung et Jungkook, me direz-vous ?

Ils avaient appris à s'apprivoiser à nouveau, les six années qui les avaient séparés avaient laissé des marques dans leurs cœurs.

Ils avaient décidé de réapprendre à se connaître.

Jungkook, qui avait compris les angoisses de Taehyung, avait démissionné de son poste de capitaine des pompiers. Il travaillait dorénavant au centre de régularisation des secours où il effectuait des horaires réguliers et surtout, où il ne partait plus en intervention.

Il avait pensé que cela lui pèserait, mais il avait été agréablement surpris en constatant qu'il trouvait dans son nouveau job un sens du challenge et un épanouissement certain.

Taehyung avait fait sa rentrée scolaire, accompagné de Tannie qu'il avait décidé d'adopter.

Le petit chien le suivait comme son ombre et il avait eu l'autorisation de l'emmener avec lui quand il faisait la classe.

Le poméranien se couchait, le museau sur ses pattes, à ses pieds et ne bougeait pas.

Au début, cela avait distrait la classe, puis l'effet bienfaisant d'avoir un animal auprès d'eux s'était fait sentir.

Enfin, Taehyung avait eu la surprise d'avoir les jumeaux dans sa classe, qui ne cessaient de l'appeler tonton Taetae à tout bout de champ, lui tapant des hontes dantesques. Surtout quand ils se mettaient en tête de raconter aux autres enfants qu'ils avaient surpris leur professeur avec la langue dans la bouche de leur tonton kookie.

Cependant, il était heureux, même si sa tension artérielle avoisinait parfois des records.

Les jours se déroulaient sereinement et vint enfin la demande de Jungkook devant tous leurs amis réunis. Il y eut des pleurs et des rires, des embrassades et des taquineries.

Jimin se souviendrait toujours de ce jour, car si Taehyung avait reçu une demande en mariage, lui, avait donné son cœur.

Il se remémorait parfaitement l'émotion qu'il avait ressentie dans l'euphorie générale de cette annonce quand il avait croisé le regard de Min Yoongi.

Il avait mis ses peurs et ses doutes derrière lui et s'était noyé dans son regard.

Yoongi avait penché la tête légèrement sur le côté avec ce sourire qui l'appelait.

Il n'avait pas réfléchi et avait traversé la distance qui les séparait en un éclair pour se jeter dans ses bras.

À ce moment-là, il avait laissé tomber ses barrières et avait ouvert le mur de sa bulle pour l'accueillir de tout son cœur.

Il avait reçu son baiser comme une bénédiction sous les hourras des autres qui désespéraient de les voir se tourner autour sans s'accorder le bonheur de vivre leurs amours.

- Bébé ?

Jimin sortit de sa rêverie et leva un regard amoureux vers Yoongi qui lui souriait dans son costume noir.

- Tu sais qu'il n'y a pas que Taehyung et Jungkook qui se marient aujourd'hui ? Aurais-tu changé d'avis ?

Le futur marié reposa délicatement les lapereaux dans la neige duveteuse du pelage de leur mère et attrapa la main qui lui était tendue pour se relever.

Il enjamba la barrière et se retrouva collé contre le torse de celui qui était devenu son tout.

Il restait encore des silences et des non-dits, des peurs parfois, du bonheur souvent, mais pour rien au monde, il n'aurait fait marche arrière.

- Jamais ! dit-il en se mettant sur la pointe des pieds pour poser ses lèvres sur celle du shérif.

Il ne put retenir un sourire quand il entendit les animaux s'agiter dans son dos.

- Eh ben, ce n'est pas trop tôt, dit Max. J'ai cru qu'on n'y arriverait jamais.

- M'en parle pas, j'en ai vomi des boules de poils de stress et j'ai l'estomac tout irrité.

- Pauvre minou, se moqua Placide.

- Oh ça va le lézard, ne me cherche pas sinon je te bouffe.

- GECKO, pas lézard.

- Rien à foutre de ton pedigree.

Les échos de la dispute s'atténuèrent au fil des pas qui les éloignaient du café et les menaient vers l'autel, où Jungkook et Taehyung les attendaient déjà, le regard flouté d'émotions.

- N'empêche, dit Berthe, j'aurais bien fait mon nid dans leurs tignasses.

- Qui sait, on y arrivera un jour, l'histoire n'est peut-être pas finie, répondit Guindille.

Fin

PS: Encore un grand merci à l'accueil que vous avez fait à ma petite troupe déjantée, j'espère qu'elle vous avoir fait rire et sourire et à très bientôt pour de nouvelles aventures !!

Lina