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Chapitre 1: Recalé

Dans l'archipel de Yongdong, à l'est de la rivière Yong, se tenait une île formée par un grand volcan éteint depuis cinq millénaires, entourée par une mer agitée et sans récif. Cette île volcanique, baptisée Mont Zhu en référence à ses bosquets de bambous, abritait des milliers d'habitants de divers métiers et de tous âges qui vivaient surtout près du pied du volcan.

Le Mont Zhu était connu pour sa nature verdoyante, ses forêts, sa caldeira interdite à son sommet, formée par le volcan ancien, et de nombreuses cascades parsemées sur les flancs de l'île. Ce qui faisait la réputation du Mont Zhu toutefois, était surtout le fait que c'était la demeure d'une des sept sectes les plus puissantes en cultivation : le Bambou de Jade, du clan* Zhu.

Le clan Zhu était célèbre autant pour son prestige que pour son commerce de pièges et de talismans spirituels que s'arrachaient toutes les autres sectes aux quatre coins des Neufs Royaumes. Pour certaines personnes plus pieuses et croyantes, le Mont Zhu était connu pour son monastère situé sur le flanc ouest de l'île : le Lokapāla*.

Justement, au monastère Lokapāla, alors qu'il restait une heure de plus sur le terrain d'entraînement, car puni une fois encore, Yuan Sunjie, jeune orphelin élevé par les moines, entendait des pas rapides venir dans sa direction.

Une voix amusée suivit juste après, l'appelant par son surnom :
« P'tit Coq !... Le Grand Maître veut te voir immédiatement ! »

Yuan Sunjie reconnut le timbre s'insinuant à son oreille. Ying Luo rit en voyant la scène bien trop familière de Yuan Sunjie, tête en bas et pieds en l'air, subissant sa troisième punition de rédemption du jour. En ce moment, Yuan Sunjie était puni pour cinq écarts de conduite pendant quinze jours. En tout, il avait cinq punitions, les unes plus pénibles que les autres, à effectuer après ses tâches quotidiennes. Ying Luo pensa que c'était une amélioration, quand on considère le nombre de punitions que son ami était capable de cumuler en un temps record.

Yuan Sunjie se tenait debout sur la tête à même le sol, tel un pieu. Les mains jointes devant lui sur le torse, les jambes écartées et fléchies, il tenait des bols en porcelaine sur chaque pied. Yuan Sunjie était le garnement espiègle du monastère, ayant toujours un tour incroyable dans sa manche pour faire sortir les moines de leur zénitude.

Sans se faire prier, il baissa les jambes, ramena les bols sans les casser pour les poser par terre, ensuite il se redressa. Se relevant trop vite, il fut pris d'un vertige et tituba pour s'appuyer sur l'épaule du frère Luo qui l'aida à se reprendre en le tenant par le bras, puis ensemble ils rentrèrent à l'intérieur du monastère.

Le timbre agréable de Ying Luo gloussait avec une pointe d'amusement :
« Yuan-ge*, tu devrais faire plus attention. Tu te fais punir tous les jours. Tu finiras par avoir une tête plate à force ! »

Ils pouffèrent de rire en parcourant les couloirs sombres, animés de quelques passages feutrés par d'autres crânes chauves du monastère. Yuan Sunjie et Ying Luo étaient amis depuis le premier jour où ils s'étaient rencontrés alors qu'ils avaient encore du lait au bout du nez.

Le visage chaleureux de Yuan Sunjie prit un air sérieux. Il plongea ses grands yeux couleur miel dans ceux de son ami afin de tenter d'y déchiffrer un indice sur la raison de cette convocation inattendue.

Comme la différence est évidente entre la Rivière Jing et la Rivière Wei, Yuan Sunjie avait des traits uniques qui le faisaient ressortir du lot parmi les têtes chauves. Il avait deux grands yeux clairs qu'on assimilait aux couleurs des feuilles en automne, dorés comme le miel, et des taches de rousseurs plein le nez et les pommettes.

Il était un enfant curieux et portait constamment un regard émerveillé sur le monde étrange qui l'entourait. Il voyait aussi des choses que les autres ne pouvaient pas, et les poils sur son bras se hérissaient à chaque fois, tel un signal. Les moines disaient que c'étaient des esprits et qu'on les appelait les Yao*. Des créatures qui pouvaient porter chance... ou pas.

Se faire convoquer par l'abbé n'était pas chose commune, mais un événement rare, souvent réservé aux grands moines. Yuan Sunjie pensa que cela ne pouvait rien présager de bon pour lui.

« Je crois que les nuages s'amoncellent P'tit Paquet, chuchota Yuan Sunjie avec appréhension.
— Gare à tes fesses ! » compatit Ying Luo en levant une main avant de tourner les talons.

En vérité, frère Luo aussi était soucieux. Peut-être que cette fois, Yuan Sunjie avait vraiment dépassé les bornes. Au sein du monastère, Yuan Sunjie avait bien hérité de l'appellation 'Le mal de tête sur patte' après tout. Cette fois, il avait quand même poussé le vieux maître Wei à le pourchasser jusqu'en-dehors du monastère alors qu'il lui était interdit de quitter l'enceinte des murs.

Yuan Sunjie frappa et s'annonça quand on lui ouvrit la lourde porte en bois vernie d'une peinture ocre. Un moine plus âgé le salua et le guida silencieusement dans un couloir, puis ouvrit une porte menant dans une antichambre dégageant une forte odeur d'encens et décorée d'un simple banc. Le moine s'arrêta devant un rideau et courba le dos. Il leva légèrement un coin et glissa un oeil à l'intérieur, puis marmonna quelques phrases imperceptibles.

L'adolescent entendit la voix de l'abbé et le moine ouvrit grand le rideau, s'inclina et lui laissa la place pour qu'il puisse entrer. Le vieux moine se courba à nouveau et prit congé.

Quand Yuan Sunjie pénétra à l'intérieur de cette pièce pour la première fois de sa vie, il découvrit une petite chambre sombre. Seule une unique fenêtre laissait filtrer la lumière du jour, éclairant un bureau derrière lequel était assis un bonze corpulent. Collés sur une armoire, deux portraits du Grand Maître Suprême actuel et du Grand Maître Érudit exilé, souriaient au disciple de passage.

Le vieil abbé tenait un parchemin ouvert dans la main. Il l'enroula lentement, leva le menton et accueillit Yuan Sunjie avec un sourire. Il n'était pas seul dans la pièce. Il y avait un autre vieil homme portant une longue robe blanche qui se tenait debout près de la fenêtre.

Yuan Sunjie les salua en s'inclinant respectueusement. Le vieillard ne sembla pas remarquer sa présence.

L'abbé lui fit signe de s'approcher. Il n'était pas homme à tourner autour du pot. Il lui annonça sans détour :
« Yuan Sunjie, je te présente Shi* Chang. C'est lui qui s'occupera désormais de ton enseignement. »

Ce fut comme l'effet d'un coup de tonnerre dans un ciel serein. Yuan Sunjie sentit la terre trembler. Des gouttes de sueur perlèrent sur son front telle de la rosée et son coeur s'emballa follement. Le garçon s'efforça de se retourner vers l'aîné avec nervosité et le salua une nouvelle fois, sans dire un mot.

Le vieillard ne ressemblait pas à un moine, et ne portait sur lui que la couleur et les airs de la mort, gardant obstinément le silence. Shi Chang avait les cheveux relevés en un chignon, gris comme de la cendre et de longs sourcils blancs arrivant jusqu'à ses pommettes saillantes.

L'abbé reprit :
« Quand tu avais trois ans, nous avons vu que ta racine spirituelle était favorable à la cultivation. Dès que tu auras douze ans dans quelques mois, tu pourrais rejoindre la secte Bambou de Jade du clan Zhu. C'est l'une des sept sectes majeures de cultivation et nous avons de bonnes relations avec le clan du bambou, cependant... » l'abbé fit une pause et posa ses mains sur le bois.

« Cependant Yuan Sunjie, tu es indiscipliné ! Par ta faute, maître Meng a souffert d'une éruption cutanée sur la tête à cause de l'encre que tu as mise sur son rasoir ce matin et tu as déjà tellement de punitions qu'il n'y aura plus assez d'heures dans une journée pour que tu puisses toutes les faire ! Tu n'as pas montré les qualités nécessaires pour rejoindre la secte de cultivation et je ne peux me permettre de leur envoyer un disciple aussi irrespectueux que toi, quand bien même tu es doué dans les arts martiaux ! »

Le corps de Yuan Sunjie s'agita d'un sursaut, il sentit ses oreilles chauffer à feu vif, il ne pouvait que baisser la tête et fixer le sol des yeux comme si la dalle grise était la chose la plus curieuse qu'il voyait.

« Vénérable Zhenren,* je... » Yuan Sunjie tenta de se justifier, mais se tut immédiatement. Il venait de se faire traiter d'irrespectueux et dans la foulée, d'en faire la preuve.

Le Grand Maître lui jeta un regard réprobateur avant de continuer, l'air résolu :
« Sais-tu à quel point il est difficile pour le commun des mortels d'entrer dans une secte, surtout l'une des plus illustres ? Tu as du talent Yuan Sunjie, mais tu le gâches par ton manque d'humilité, de respect envers tes ainés et tu ne fais pas assez preuve de sincère pénitence ! »

Il marqua une pause et poursuivit :
« Le Lokapāla se doit de recommander des novices respectables au clan Zhu. Ce n'est que grâce à la relation entre notre monastère et la famille Zhu qui remonte à plus de mille ans que la secte accepte des disciples du Lokapāla. Or, ton comportement me pousse à refuser que tu commences ta formation de cultivateur et que tu intègres le clan dans l'immédiat. »

La dernière phrase eut l'effet d'un séisme pour le jeune moine. Nerveux, Yuan Sunjie crispa ses poings et la mâchoire, mais il ne pouvait que baisser la tête et accepter son sort. Impossible d'argumenter, pas avec le Grand Maître.

« Toutefois, continua le vieux moine, je ne fais que repousser ton entrée de quatre saisons. Tu commenceras ton éducation avec maître Chang dès demain et tu quitteras le monastère avec lui. »

Une information percuta enfin son cerveau. Son visage se décomposa comme s'il était assailli de milliers de questions qui se résumèrent en une seule, ''Quitter le monastère... ?''

Comme s'il lisait sur le visage effaré du jeune disciple, l'abbé se racla la gorge et changea de ton envers lui.

Sa voix se fit plus douce et agréable :
« Shi Chang est un ancien moine de notre monastère et il est aussi cultivateur. Il aura ta charge dorénavant et d'ici un an, tu pourras retourner au monastère pour redevenir petit moine* ou intégrer le clan Zhu. Tu veux devenir cultivateur n'est-ce pas ?
— Oui ! Plus que tout !
— Alors, si Shi Chang juge que tes efforts sont dignes, tu pourras entrer dans la cultivation. Maintenant laisse nous. Va ! » fit l'abbé en concluant ses paroles par un geste de la main.

Yuan Sunjie se résigna et s'inclina pour saluer l'abbé, puis se retourna vers son nouveau maître qui ne lui avait toujours pas adressé un seul regard :
« Merci vénérable Zhenren. Je vous ferai honneur et je ne vous décevrai pas. Shifu, je vous prie de m'initier. »

L'adolescent tourna les talons pour emprunter seul le chemin qu'il avait pris à l'aller. Son coeur tambourinait dans sa poitrine et il avait l'impression qu'un gong sonnait dans sa tête.

Apprendre la nouvelle qu'il était recalé auprès d'un autre maître, au lieu d'aller à la secte pour commencer sa vie de rêve, était la pire chose qui pouvait lui arriver.

''Non... La deuxième pire !'' , rectifia-t-il pour se rassurer. Car la pire serait de se faire interdire toute chance d'intégrer un clan de cultivation pour le restant de sa vie.

Se sentant misérable, il sillonna machinalement les couloirs encensés et silencieux du monastère, perdu dans ses pensées. ''Quatre saisons ne doivent pas être si terribles'', se disait-il en retournant à ses punitions.

Le lendemain à l'aube, Yuan Sunjie se réveilla et prit un baluchon comprenant du linge, un rasoir et quelques matériels. Les moines n'ayant pas pour coutume de posséder des biens personnels, son baluchon était ridiculement petit.

La veille, il avait à peine fermé l'oeil. Il avait tenu Ying Luo éveillé presque la nuit entière pour lui raconter ce qui lui était arrivé et pour parler du monde qui l'attendait. Ils se donnèrent rendez-vous dans un an à la secte Zhu, car Ying Luo rejoindrait lui aussi le clan Zhu dans trois mois.

Yuan Sunjie avait fait ses adieux et deux heures plus tard, il arrivait au pont qui se trouvait au pied du volcan qui reliait le Mont Zhu au continent. D'ordinaire, la descente du Monastère au Pont des Plumes prenait moins d'une heure, mais Yuan Sunjie s'était retrouvé en charge de porter toutes les affaires de son maître : quatre gros sacs à vrai dire, tel un pauvre âne des champs.

Ils circulaient à pied. Le petit moine dut aller négocier une traversée auprès d'un pêcheur qui accepta de les amener sur le continent avec leurs bagages.

Le maître et son jeune disciple voyageaient sans avoir échangé un seul mot depuis leur rencontre, si bien que Yuan Sunjie commençait à se demander si Shi Chang n'était pas muet. N'y tenant plus, il tenta une approche tandis qu'ils s'éloignaient de l'archipel dans un bateau qui traçait sa voie contre les clapotis des vagues.

« Shifu, nous avons passé l'heure de la prière du matin. Ne devrions-nous pas nous arrêter pour prier et méditer ?
— Tu n'es plus au Lokapāla. Tu méditeras pendant tes heures de repos ou quand je te le dirai. »

''Il parle. Je le savais !'', s'exclama-t-il en pensée, un tic de sourire se releva en coin de bouche.

Par la suite, il eut encore droit à un silence dédaigneux jusqu'à l'heure du déjeuner. Yuan Sunjie profita de la traversée en mer pour admirer le paysage. Il avait quitté le monastère et avait pris le bateau qu'une seule fois dans sa vie pour assister des moines lors d'un rituel sur le continent. Or, à cause de ses incessantes punitions, il n'eut plus jamais cette chance.

L'océan. La mer.

Il la sentait et l'admirait toujours de loin. Cette fois, il voguait sur les eaux et glissa la main dans l'eau fraîche agréable. Curieux, il porta les doigts à la bouche et goûta. ''Ah ! Trop salée !'', se souvint-il.

Arrivés sur le Port des Deux Astres dans le comté de Yin, ils passèrent par le village animé de pêcheurs et prirent la direction d'une forêt. Ils quittèrent le village sans s'arrêter et en évitèrent deux autres. Ils finirent par arpenter les chemins sinueux de terre rouge d'une colline qui avait subi plusieurs incendies pendant l'été.

Faisant une pause sous un arbre centenaire, Yuan Sunjie chauffa une casserole de vermicelles gluants en guise de déjeuner tandis que son maître sortit une gourde d'alcool de riz fermenté qu'il entama aussi sec. L'odeur poignante du vin piqua le nez de Yuan Sunjie.

« Shifu, qu'est-ce que vous buvez ? Cela sent fort, ce ne serait pas là de l'alcool ? »

Le vieillard acquiesça en éclatant de rire.

Shi Chang prit une autre goulée et s'essuya la bouche et son menton avec un « ah ! » satisfait. Puis, lui dit en pointant sur lui le goulot, la langue comme déliée après avoir pris son breuvage :
« Bien sûr que c'est de l'alcool, que crois-tu d'autre que ce soit ? »

Le visage de Yuan Sunjie se teinta et ses sourcils s'aplanirent. Sa mâchoire inférieure faillit se détacher, ''Je n'y crois pas ! morigéna-t-il. L'abbé m'a refilé à un xiaoren* !''

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Notes et Références :
Clan *: Une famille élargie liée par le sang, partageant un nom de famille. Ils pratiquent souvent des méthodes de cultivation secrètes et des styles d'arts martiaux qui ont été développés par les anciens et les patriarches du clan. Les clans dirigent parfois une secte ou une école de cultivation où ils enseignent leurs techniques/secrets à des disciples initiés.
* Lokapāla : du loka « monde » et pāla « gardiens ; protecteurs » désignent les Gardiens du monde, divinités protectrices associées aux quatre points cardinaux dans le bouddhisme.
* Yuan-ge : Le suffixe '-ge' signifie "grand frère/frère', peut être utilisé entre de vrais frères, de bons amis/connaissances, ou dans certains cas pour s'adresser poliment aux hommes du même âge ou plus âgés.
* Yao : Ce sont des esprits du monde astral qui s'ancrent et s'enracinent dans le monde des mortels.
* Shi : terme qui remplace le nom de famille. Signifie "ancien moine ».
* Zhenren : Formule de politesse signifiant maître spirituel.
* Shifu : signifie maître. Un peu l'équivalent de 'sensei'
* petit moine : enfant moine, novice
* xiaoren : Le contraire du « Junzi » (gentilhomme) est « l'homme de peu » (xiaoren).

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