Chapitre 24 : Sorties nocturnes
Je dédie ce chapitre à @glacia57 et la remercie pour sa lecture fidèle
Catarina travaillait depuis un mois dans un hôpital de Barcelone, la ville se développait, de plus en plus de gens venaient s'y installer. Et cela impliquait de plus en plus de malades, blessés... C'est un hôpital était dirigé par des bonnes sœurs qui par âme charitable recueillait les plus pauvres. Bien évidemment la morale est toujours différente des actes, si les pauvres malades étaient accueillis, ils ne l'étaient jamais avec la même bienveillance que les riches qui donneraient un don conséquent aux soins procurés. Catarina n'avait pas le goût de l'argent, sa mère lui avait enseigné à être charitable et juste. Il était juste que tout homme soit soigné, il était juste qu'elle aide par ses dons à guérir ces malades. Magnus disait souvent que quiconque ayant la chance de l'avoir en infirmière avait deux fois plus de chance de s'en sortir.
Magnus et elle vivaient dans une petit immeuble, le balcon donnait sur une cour intérieure bruyante qui sentait toujours les épices. Cela faisait deux mois que les deux sorciers n'étaient plus nomade, c'est Magnus qui avait choisi cette ville et Catarina n'avait eu aucune explication. Elle n'en avait pas demandé plus. Elle voulait accomplir sa mission et rester auprès de son seul ami. Barcelone semblait parfaite pour cela. Magnus lui apprenait toujours quelques sorts, parfois il s'entraînait ensemble, d'autres fois il jouait à l'apothicaire et créait des potions dont le parfum était masqué par l'odeur des épices. En dehors de cela Catarina voyait peu Magnus, le sorcier passait son temps à la magie. Oh il travaillait pour un tailleur aussi, tous les matins presque, il arrivait à Magnus de lui raconter les ragots qui s'y disaient et cela la faisait souvent rire.
Mais Catarina savait que Magnus cachait quelque chose, dans sa manière d'être, il était toujours plus fatigué, elle l'entendait sortir la nuit et revenir à l'aube pour quitter quelques heures plus tard leur antre. Catarina travaillait le soir souvent, alors elle n'avait pas forcément remarqué au début, puis elle avait songé que Magnus pouvait avoir une amante, elle avait déjà vu Magnus séduit et séduire. Mais la fatigue récurrente et cette implication dans la magie remettait ses pensées en question. Catarina espéra pendant un moment que Magnus lui dirait de lui-même. Elle ne voulait pas s'imposer mais étant sa seule famille, elle commençait à s'inquiéter. Alors un soir alors qu'elle rentrait plus tard de son travail elle vit Magnus sortir sans un bruit de leur immeuble, elle l'observa tourner dans une petite ruelle avant le port et sur un coup de tête le suivit. Habillée comme une nurse elle ne passait pas inaperçu mais l'obscurité étant tombé elle espérait ne pas attirer le regard sur elle. Elle marcha un bon moment derrière Magnus, d'autres hommes et soldats qui la saluèrent avec plus ou moins de respect. Ils débouchèrent sur une cours remplie d'individus et elle remercia le ciel que Magnus soit si grand, il était plus facile de le suivre. Il semblait que les individus jouaient à des jeux d'argent, qu'ils échangeaient des marchandises interdites. Magnus disparut tout simplement dans cette foule.
Catarina le chercha plusieurs fois du regard, elle écouta les conversations pour savoir si un de ces mortels avaient connaissance de la magie. Ce lieu bouillonnait de magie, Magnus lui avait appris à reconnaître les auras et de nombreux sorciers avaient semblé laisser leur marque sur cette place. Elle s'asseya au bord de la fontaine, l'eau était sale. Elle avait beau cherché elle ne comprenait pas comment Magnus avait pu tout simplement disparaitre.
« Sorcière ? »
L'homme qui s'approcha d'elle n'avait rien d'impressionnant, il était plus petit qu'elle, assez maigrelet et une bosse prédominante l'obligeait à être pliée vers l'avant.
« Je vous demande pardon ? »
Il s'assit auprès d'elle et la regarda avec un air mauvais, Catarina répéta des sorts de défense dans sa tête.
« Une guérisseuse en plus. Tu vas faire ma richesse. »
Et avant que Catarina ne comprenne ou puisse fuir, il la poussa dans l'eau de la fontaine.
La chute sembla durer trop longtemps, lorsqu'elle toucha le fond elle n'était ni mouillée ni sale. Sa peau avait repris sa teinte bleue, le sol était parcouru de reflets bleus et verts mouvants. Catarina leva les yeux au ciel, elle avait le tournis et regarda bouche-bée l'eau de la fontaine qui servait de plafond. Reprenant le contrôle sur ses sens, elle vit l'homme qui l'avait poussé debout près d'elle, sa bosse s'était déployée en des branches de cerfs qui le rendaient bien plus intimidants.
« Bienvenue à la cour des eaux. »
Comme si les mots étaient une formule magique, Catarina se sentit tomber encore et cette fois elle se retrouva debout, les mains menottées dans une foule de sorcier. Les lumières vacillaient et des clapotis d'eau résonnaient en permanence. Elle était au côté de femmes et d'hommes aux peaux de couleurs différentes, avec des cornes ou des branchies... Un brouhaha continue se faisait et Catarina avançait à cause des multiples gens qui la poussaient et lui rentraient dedans. Elle ne put s'empêcher de paniquer et sa respiration devint plus rapide alors qu'elle comprit qu'elle était sur un marché d'esclave.
On les fit monter sur une esplanade et Catarina put voir la foule. Elle se remercia pour avoir des nerfs d'acier, sinon elle aurait défailli devant cette foule bruyante et inhumaine. Des fées et des djinns sous vitrine, des sirènes dans des baignoires, des loups-garous en cage et des sorciers menottés, et des esclavagistes un peu partout qui criaient leur prix. Catarina tenta de respirer plus doucement, elle chercha du regard l'homme qui l'avait enlevé, il n'était pas loin d'elle au pied de l'esplanade, il écrivait sur un tableau en ardoise le prix des différentes races. Catarina savait qu'une discrimination faisait rage entre les créatures obscures et les enfants angéliques, néanmoins elle n'imaginait pas que le peuple obscur se trahissait de l'intérieur.
« Messieurs, mesdames, humains, monstres ou anges, je vous présente ma gamme de sorcier ! »
Sa voix était trop aigue et Catarina pensa sincèrement que sa phrase de vente était des plus nulles, elle tenta de parler pour contester sa vente mais remarqua bien vite que personne ne faisait réellement attention à ses mots. Sa magie ne réagissait pas, les menottes semblaient l'empêcher d'utiliser son pouvoir.
« Une guérisseuse, jeune, vigoureuse et soyons honnêtes très séduisante... »
Il eut des rires gras à son sujet et Catarina paniquait en silence. Son visage restait impavide mais ses pensées fusaient et elle se demanda si Magnus avait été aussi kidnappé et vendu.
« Messieurs, pour 200 pièces d'or, elle vous sauvera de la vieillesse ! »
Catarina ouvrit la bouche pour démentir, elle n'était pas capable d'une telle prouesse et elle ne voulait pas être vendue à un de ces dégoutants qui s'approchaient de l'acheteur, des bourses à la main.
« Je vais la prendre. »
Une voix résonna, elle était enjôleuse et détonnait avec cet univers sombre. L'homme qui avait parlé portait un grand chapeau rouge et ses habits de velours le rendaient princier. Sa cape noire lui donnait une carrure bien plus imposante et Catarina respira enfin. Tel un roi dans sa cour, Magnus s'approchait, son aura plus puissante que les autres.
« Pour combien mon cher monsieur ? »
Magnus lança un regard de côté à Catarina et elle leva les sourcils comme pour lui demander ce qu'il attendait.
« Je vais seulement la prendre. »
Il eut des rires sur le côté et le marchand lui-même eut un rictus.
« Il vous faut payer ou ...
- Ou quoi ? »
Les yeux jaunes de Magnus firent baisser la voix du marchand et il sembla à Catarina que l'air se chargea d'électricité.
« Vous oseriez me défier ? Moi ? »
Catarina connaissait Magnus, elle connaissait sa gentillesse, son originalité, ses rires. Elle n'avait jamais vu cette expression terrifiante sur son visage.
« Savez-vous qui je suis ? »
La voix de Magnus siffla alors que sa magie se réunissait en des flammes de destruction dans le creux de ses paumes, la foule recula d'un pas et les jambes du marchand tremblèrent.
« C'est seulement monsieur Bane que...
- Savez-vous que la jeune femme ici est une amie à moi ? Savez-vous ce que je ferais si vous ne lui accordiez pas sa liberté ? »
Le sol trembla et des cris s'échappèrent de la gorge de certaines créatures.
« Je suis le fils d'Asmodée, l'ange tombé du ciel, un connaisseur de la destruction... » Sa voix trainait et Catarina finit elle aussi par trembler, elle ne savait plus si son ami mentait ou non.
« Je vais vous la remettre, je vous en prie... »
La supplication du marchand fit sourire Magnus et le sol cessa de trembler, les flammes disparurent. Seuls ses yeux de chat illustraient encore sa magie. Le marchand vint jusqu'à Catarina et détacha à une vitesse spectaculaire ses menottes, elle se précipita vers Magnus et à peine elle le toucha, elle eut le tournis.
Catarina ouvrit les yeux, elle vit le ciel sombre et des étoiles trônées dans l'obscurité calme de la nuit. La place était vide, elle était de nouveau dans le monde des mortels, le sien. Elle se releva soudainement et se retint de vomir. Magnus était assis près d'elle, il avait enlevé son chapeau et une besace remplie de potions et de manuscrits trainait sur les pavés gris de la place.
« Te sens-tu bien ? »
Il la regarda avec souci et elle reconnut cet air doux qu'il portait seulement avec elle.
« J'ai envie de vomir. »
Magnus claqua des doigts et fit apparaitre une serviette mouillée, il l'appuya lentement sur son front et cela aida.
« La première fois dans un passage fait toujours cet effet. »
Catarina l'observa sans rien dire, elle avait des questions, des milliers de question.
« Magnus, qu'est-ce qu'il s'est passé là-bas ? »
Son ami sorcier soupira et sa fatigue sauta aux yeux de Catarina.
« Je cherche des réponses depuis des semaines. »
Catarina n'était pas une adepte de l'empathie, si elle faisait un bon travail en tant qu'infirmière c'était aussi parce qu'elle savait prendre un certain recul. Pas avec Magnus, pas cette fois. Il avait l'air épuisé et Catarina se souvint que rien n'avait été pareil parès le tremblement de terre cette nuit dans l'auberge.
Avant qu'elle ne puisse parler, une voix remplit le vide sur la place :
« Magnus Bane, fils d'Asmodée, conseiller de Cléopâtre, sorcier de Rome... »
Un homme à la peau verte avec des cornes sur le front apparut, il avait un accent anglais prononcé et était habillé avec élégance.
« Je suis impressionné par votre comédie Monsieur Bane. »
Il leur fit un sourire amusant et les yeux de Magnus rayonnèrent en le regardant. Le sorcier posa ses yeux sur Catarina et s'inclina.
« Ragnor Fell, sorcier de la cour de Londres, n'est-ce-pas ? »
L'homme avait un air bougon suite à cette appellation mais finit par laisser un petit rire résonner dans l'air.
« Il semble que deux célébrités se rencontrent enfin ! »
Magnus lui adressa un sourire joueur et Catarina pensa alors que les aventures ne faisaient que commencer.
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