"Cours !" Cria Magnus à Catarina.

Ils avaient laissé leurs chevaux à l'extérieur du village afin d'être sûr qu'on ne leur volerait pas, sauf qu'au vue de la situation, ils en auraient bien besoin maintenant !

"Je t'avais dit de ne pas aller lui parler !" Ne put s'empêcher de critiquer Catarina alors qu'elle courait le plus vite possible. Son compagnon de voyage ne fit que lui rendre un clin d'œil et conserva son sourire amusé.

"Attrapez-les !" Hurla le chef derrière eux, c'était un homme petit et assez âgé, le temps ayant eu un effet décalvant sur lui, pourtant il courait vite et ne présentait aucun signe de fatigue.

"Je te jure Magnus que si on ne s'en sort pas..." Commença Catarina qui redevenait bleu à cause de l'effort et de la peur qui la prenait.

Sa phrase fut coupée par un cri de guerre et des pas lourds.

"Mauvaise nouvelle Catarina, je crois que j'ai agacé quelques loups-garous !" Annonça Magnus en faisant de son mieux pour effacer le sourire de son visage, cette aventure commençait à devenir quelque peu dangereuse.

"Je vais te tuer." Compléta Catarina à bout de souffle.

Ils avaient presque atteint la porte du village pour s'enfuir quand ils entendirent les dents de loups claquer bien trop près d'eux.

"Rejoins les chevaux !" Ordonna Magnus en la poussant loin des loups.

Elle hésita quelques instants en regardant Magnus resté sur ses positions. Il semblait attendre les loups.

"Chéri, ne fait pas attendre les chevaux." Dit Magnus, son sourire amusé fit son retour, d'ailleurs c'est sûrement ce qui décida Catarina à obéir. Elle allait réellement commencer à détester ce sourire. 

Les chevaux étaient attachés par la bride, ils buvaient tranquillement l'eau d'un seau abandonné, totalement inconscient des loups et de leurs griffes qui pourraient les déchiqueter. 

"Vous êtes bien les chevaux de Magnus..." Pesta Catarina en montant sur sa selle  

"Ya !" Cria-t'elle en partant au galop vers son compagnon, le cheval à la robe citrin, couleur originale et parfaitement harmonieuse pour un cheval qui devait appartenir à Magnus, suivit de près. 

Catarina n'avait que très peu pratiquer de magie dans sa vie, elle savait guérir et faire voler quelques objets, rien de plus. Sa nature de sorcière ne l'avait jamais réellement interrogé et elle ne connaissait pas l'étendue de ses pouvoirs. A l'inverse Magnus ne savait pas jusqu'où il pouvait aller. Contrairement à la plupart des sorciers, il s'épuisait moins rapidement. La magie faisait partie de lui et il l'utilisait constamment. Catarina l'appela de loin, voulant le prévenir qu'il faudrait sauter sur le cheval plus rapidement qu'il ne l'avait probablement jamais fait. Magnus se tourna et courut vers elle, puis esquivant la patte de la créature immense, il projeta sa main et un mur de flamme se leva entre eux et les loups.

Catarina pouvait sentir la chaleur de ce feu, elle pouvait voir les flammes brûler l'herbe verdoyante. Jamais elle n'aurait cru qu'un simple geste de la part de Magnus pouvait créer une telle chose, elle aperçut à peine les yeux dorés du sorcier quand il monta son cheval. 

Ils suivirent la cote en silence, les loups ne les avaient pas suivi pourtant ils maintenaient une bonne allure, par prévention supposa Catarina qui se demandait si elle était capable de jeter des flammes de sa main. 

"Nous sommes arrivés." 

Magnus sauta de son cheval avec sa grâce habituelle, il ressemblait à un chat. Catarina l'imita, ne sachant nullement où ils étaient arrivés.

"Et donc ? Nous avons pris tous ces risques en quel honneur ?" Demanda-t'elle, ce à quoi répondit Magnus en sortant de sa poche une grande clé en fer forgé.

"C'est ce que cette hétaïre t'as donné ?" S'exaspéra Catarina. Magnus avait joué de ses charmes avec cette fille dont la robe n'avait rien de convenable.

"Tout d'abord, ce n'était pas une prostituée mais la fille du chef de la meute" révéla Magnus alors que Catarina soupirait "Ensuite cette clé nous permet d'ouvrir cette porte" continua Magnus en désignant la porte "Et enfin, tout ceci n'était pas inutile, parce que derrière cette porte il y a un petit voilier."

Cette fois Catarina s'exaspéra à haute voix "Et qu'allons-nous faire d'un voilier ?!" 

Magnus haussa des épaules et ouvrit la grande porte avec cette précieuse clé, à l'aide de ses pouvoirs il mit le bateau à l'eau et tendit la main à Catarina pour l'aider à monter.

"Tu n'as jamais vu la mer, pas vrai ?" Demanda Magnus avec un fin sourire. Le soleil tombait et la lueur pâle qu'il émettait donnait à Magnus un air encore plus surnaturel.

"Dépêche-toi Catarina, nous allons rater le coucher de soleil !" Dit-il en observant lui aussi le ciel et son amie attrapa sa main pour le suivre. Elle l'observa claquer des doigts, faisant gonfler les voiles de vent afin qu'ils avancent, Magnus se plaça derrière la barre et entama une petite chanson. Honnêtement Magnus n'avait pas une voix juste, et Catarina lui avait dit à plusieurs reprise d'arrêter de lui casser les oreilles, mais cette fois elle ne dit rien. La litanie de mots qui sortait de la bouche de Magnus ressemblait à une berceuse, une berceuse d'un pays lointain. Il semblait ailleurs, comme s'il s'était enfuit pendant cette navigation. Catarina s'assit sur le bord du bateau et profita de ce moment de paix. 

 Ils observèrent le soleil se coucher sur la mer, le soleil presque rouge se reflétait dans la mer et elle semblait s'embraser. Catarina observa cet océan de flamme, elle fit disparaître le charme et le bleu de sa peau sembla repeindre entièrement son corps. 

Une fois que le soleil disparut, les laissant plonger dans une obscure clarté, Catarina observa Magnus tout sourire.

"Merci d'avoir fait ça pour moi." 

Catarina n'avait jamais eu d'ami, elle n'avait eu que sa mère, ce qui était déjà bien plus de Magnus mais elle l'ignorait. 

"Tout pour vous, belle dame." Répondit Magnus avec une voix flatteuse et un clin d'œil amusé.

"Tu connaissais ce lieu ?" 

Magnus hocha la tête, il était passé dans cette crique il y a des années. Son souvenir lui paraissait très ancien, il n'était à ce moment-là qu'un petit garçon qui avait vu la mer par l'ouverture d'une roulotte de gitan. 

"C'était il y a longtemps, quand je suis arrivé en Espagne." 

Elle était la première personne avec qui Magnus avait autant partagé de sa vie antérieure.

"Tu sais qu'il t'aurait suffit de claquer des doigts pour ouvrir cette porte de grange ?" 

"Bien sûr mais où serait l'amusement ?" Plaisanta Magnus alors que Catarina laissait un rire s'échapper.

" Ma générosité est aussiinfinie que la mer, mon amour aussi profond; Plus je te donne, plus je l'ai,car les deux sont infinies "