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Silver 1 : 43 et 44

Gold est mort.

Je n'arrive pas à comprendre ces quelques mots.

Gold est mort.

Pourtant, je sais très bien ce qu'ils veulent dire. Normalement. Je les connais, chacun de ces mots. Mais ma tête n'arrive pas à les assembler. Foutue tête. Elle bourdonne comme si un essaim de frelons y avait élu domicile.

Gold est mort.

La phrase revient au milieu de la nuée de mes pensées. Elle s'y enfonce comme une bille de plomb. Elle me reste pourtant étrangère. Incompréhensible. Elle est trop dense. Je ne peux rien en tirer, impossible.

Gold est mort.


« Silver ?" demande quelqu'un à coté de moi. "Silver, est-ce que ça va ?

— Non.

— Tu es tout pâle... Tu veux que je prévienne un médecin ? Un psychologue ? »

Je focalise mon attention sur lui. Visage rond et boucles châtain, l'air inquiet, c'est Copper, bien sûr, Copper le gentil, Copper l'éternel défenseur, veillant sur chacun de nous même si on ne le mérite pas. Ou surtout si on ne le mérite pas, peut-être. J'ai toujours soupçonné Copper d'être maso. Sinon, pourquoi est-ce qu'il se mêlerait ainsi sans arrêt de ce qui ne le regarde pas ?

Avec un geste d'énervement je me dégage de sa main inquiète posée sur mon épaule. Évidemment que je ne veux pas de médecin. Je n'ai besoin de rien ni de personne, jamais, c'est ma marque de fabrique, et ils feraient bien de s'en souvenir, eux tous. Je suis en rage. Et je ne peux pas la décharger sur ce pauvre Copper. Je ne peux rien dire, rien montrer à personne. Alors je prends congé et je vais dans ma chambre avant de m'écrouler devant eux. Je leur ai déjà montré bien trop d'émotions.

Je ferme la porte à clé. Je m'assois sur mon lit. J'ai vraiment, vraiment besoin de faire quelque chose contre cette sensation que la pièce tourne autour de moi. Je ne me suis jamais évanoui avant, mais je crois reconnaître les symptômes et je me gifle violemment. Ce qui semble me remettre les idées en place, au moins un minimum.

Bon. Il est temps de me remettre à penser. Je ne peux pas passer ma vie à éviter la question. Il suffit d'admettre les choses. Chrome a annoncé la nouvelle comme étant fiable. Ce type est la rigueur incarnée, je peux donc considérer ses dires comme vrais. Pas besoin de vérifier. Pas comme si je voulais voir le corps de Gold. Son corps. Mort.

Je n'y arrive pas, je n'arrive pas à réaliser ça, à comprendre ça. Gold ne peut pas être mort. Être mort, c'est pour les autres. Pour les Soleils Noirs. Pour les victimes qu'on n'a pas pu sauver à temps. Pour les autres pilotes. Gold était au centre de la formation. Il n'aurait pas dû mourir. Je protégeais son angle mort. Comme toujours. Je sais qu'on se moque de moi, qu'on dit que je ne suis que son ombre, l'ombre du soleil. Ils peuvent bien rire. Lorsque j'attaque, personne ne m'a vu auparavant. Je sais ce que je fais. Et je l'avais tué, ce kaiju. Cette saleté mutante, avec ses grosses écailles formant des plaques osseuses épaisses sur sa tête. Je l'avais poignardé, transpercé jusqu'au cœur, et il était mort en hurlant. Une victoire évidente, un point de plus pour moi dans le petit concours qu'on se livre depuis toujours Gold et moi, un concours que je mène de très loin — sur les kaijus tués en un coup du moins.

Pourquoi cet imbécile est allé se mettre sous le kaiju en train de chuter ?

Ce n'était même pas pour sauver héroïquement des civils. Ou protéger un bâtiment, quoique ce soit de précieux. Non, juste un instant de distraction. Ou d'insolence. Il voulait peut-être passer sous le kaiju et ensuite se vanter de son courage. Ou quoi que ce soit d'autre qui puisse être assez stupide pour passer dans cette tête de bois. Dieux et démons, j'ai toujours tellement eu envie d'éclater cette tête. S'il savait le nombre de fois où on s'est battus en douce, Gold et moi, Chrome en ferait une attaque. Et pourtant, je n'ai jamais réussi à vraiment avoir le dessus. Lui non plus d'ailleurs. Il ne peut pas être mort. Je ne l'ai encore jamais vaincu. Comment quelqu'un d'autre que moi pourrait le vaincre ? C'est absurde. Tout ça n'a aucun sens.

Et moi, maintenant ? C'était le quarante-troisième Gold et je suis le quarante-troisième Silver. Les pilotes de nos deux appareils vont toujours par paires depuis leurs créations. Jamais on n'a vu un Silver sans son Gold. Chaque paire est choisie ensemble, pour être parfaitement complémentaire, avec tout ce qu'il faut pour lancer une puissante rivalité. Nos cadres comptent sur cette émulation pour nous faire faire des miracles. Et ça marche. Gold et moi, nous avons fait des miracles. La quarante-troisième paire. Terminée. Place aux quarante-quatre.

Je ne sais pas comment ça va se passer. Dans les archives, les pilotes de Silver et Gold ont toujours fini ensemble. Soit en mourant ensemble au combat. Soit en étant renvoyés tous les deux pour une bêtise ou une autre dans laquelle ils s'étaient lancés l'un l'autre. Soit en s'entretuant. Aucun Gold n'est jamais mort stupidement, laissant son Silver seul. Qu'est-ce que je vais faire sans lui ? Qu'est-ce que je peux faire sans lui ? Mes stratégies de combat, mon utilité sur le champ de bataille... Moi qui était si sûr d'être celui qui n'a besoin de personne... Celui qui n'a pas peur de mourir... Je me découvre dépendant d'un Gold que j'ai haï de toutes mes forces. Et que je hais encore plus maintenant qu'il m'a abandonné.

Enfoiré, comment as-tu osé mourir ?


Tous les pilotes sont prêts pour la passation de mecha. Il a fallu un peu de temps pour réparer le Gold et le préparer pour la cérémonie. Peu importe. Tout le monde m'a demandé si j'allais bien, si je tenais le coup. Ils m'énervent, tous. Parce que j'ai eu le malheur de montrer quelques instants de faiblesse, ils sont déjà prêts à m'enterrer auprès de Gold. De Gold 43, je devrais dire. Car aujourd'hui, nous accueillons parmi nous le nouveau Gold. Le quarante-quatrième Gold. Sans le quarante-quatrième Silver. Et quelque part, je me sens comme un usurpateur, un fantôme, un mort qui refuse de partir alors que son heure est venue et qui s'accroche au monde des vivants avec désespoir.

La passation est une cérémonie formelle et pleine de symboles, mais pas grandiose. On n'aurait jamais le temps de se battre sinon. Peut-être que pour le changement de pilote de Chrome les cadres feront les choses en grand — après tout, il est vissé à son poste depuis dix ans et semble éternel. Dire que cet imbécile de Gold pensait le remplacer... Une preuve de plus de la stupidité affligeante du type qui me servait de partenaire. J'espère que le suivant sera mieux. Même si je n'y crois pas. Tous les Gold sont choisis sur ce modèle horripilant de l'imbécile extraverti qui séduit les foules par son charisme.

Le corps de Gold 43 est présenté, dans son cercueil de verre, devant son mecha. Gold 44 va venir devant lui, s'incliner et entrer dans le cockpit à sa place. Pour les passations avec un pilote vivant, c'est toujours un moment embarrassant : celui qui est rejeté est blessé et envieux du nouveau, qui tout excité de devenir enfin pilote le regarde à peine. Les passations avec un pilote mort sont plus dignes. Le nouveau pilote prend au moins quelques secondes pour avoir un peu de considération envers son prédécesseur.

Le nouveau entre dans la pièce. Il a été briefé sur ce qu'il devait faire, bien sûr. Tous les pilotes sont installés sur l'épaule de leur mecha respectif, cockpit ouvert, et nous le voyons s'avancer, minuscule entre nos deux rangées de géants de métal. Il salue chacun d'entre nous d'un poing sur le cœur et d'une brève inclinaison du buste. Chaque pilote lui rend ce geste mécaniquement. L'habitude. Il se dépêche, on voit qu'il est impatient. Normal. Il ne peut pas partager notre deuil. Il ne connaissait pas Gold. Moi-même, qui ne le connaissait que trop, je ne l'ai pas pleuré. C'était un imbécile arrogant et provocant. Agressif. Borné. Bref, bon débarras — le nouveau ne pourra pas être pire.

Les deux mecha qui encadrent le Gold sont bien sûr le Silver et le Chrome. Nous sommes donc les derniers à être salués. Il s'incline un peu plus profondément devant Chrome, notre chef d'escadron. Un bon point. Peut-être sera-t-il un peu plus respectueux de la hiérarchie que son prédécesseur — ce ne sera pas dur. Puis il se tourne vers moi. Il est grand, il est fort, large d'épaules et très musclé, comme tous les Gold - masculins comme féminins, ce sont des pilotes qui ont du coffre, de la présence. Sa peau est noire, ses cheveux crépus sont noués en longues dread locks, il n'arbore aucun signe extravagant comme un tatouage, et brièvement je me demande d'où il vient — il ne semble pas métis, ce qui est rare de nos jours pour les citadins. Son visage large aux traits réguliers, quoiqu'encore juvéniles, inspire facilement confiance.

Il me regarde droit dans les yeux et, avant de baisser la tête, me fait un sourire immense, comme s'il était heureux de me voir ici. Je lui rends son salut, un peu troublé. Il doit pourtant bien savoir que nos rapports risquent d'être compliqués dans les jours à venir...

Il se tourne vers le corps de Gold 43 et s'incline, marquant un temps un plus solennel. Chrome lit l'acte de passation. Il énumère les états de service de Gold 43 en tant que pilote, le remercie au nom de l'UFIT et le libère officiellement de son rôle dans l'escadron. Gold 43 redevient Zackary Ostrovski, nommé à titre posthume Major pour ses bons et loyaux services, et sera enterré et honoré comme tel.

Jamais je n'aurais imaginé qu'il s'appelait Zackary. J'avais plus ou moins compris que sa famille avait des origines russes, mais le mélange des deux ne fait que rendre le prénom plus bizarre. J'essaye de me rappeler son visage et d'y coller ce nom. Zackary ? Il n'avait pas du tout une tête de Zackary. Il avait une tête à les harceler jusqu'à les faire pleurer, les Zackary. C'est un prénom beaucoup trop mignon pour cet espèce d'ogre.

Pris dans mes pensées stupides, j'ai raté la présentation du nouveau. Bah, aucune importance. Son parcours, ses résultats à l'académie, sélectionné comme étant le meilleur pilote possible pour Gold, bla bla bla... Chrome déclare qu'il est à présent le quarante-quatrième pilote de Gold. Gold 44 prête serment. Puis grimpe dans son nouveau mecha. Nous en faisons tous autant. Au-dessus de nous le toit du hangar s'ouvre et nous filons dans le ciel, accompagnant notre nouveau compagnon dans sa toute première sortie.

Il se débrouille bien. L'entrainement sur simulateur a été efficace. Et il se tient tranquille. Lors de notre première sortie, Gold — mon Gold — avait tout fait pour me barrer la route et arriver avant moi, comme si c'était une course. Au final, j'avais gagné, mais là n'est pas la question. Celui-ci semble moins fauteur de troubles. C'est déjà ça.


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