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Chayan 2 : l'art de s'amuser

Je le traine jusqu'aux toilettes en priant pour que personne n'ait compris. Heureusement la petite pièce est vide et je peux nous y enfermer. Ce qui est parfaitement suspect, mais pour des raisons qui n'ont rien à voir avec les Forces, donc pour l'instant je m'en fous.

Je lui demande, en me retenant pour ne pas crier :

« Qu'est-ce que tu fiches ici tout seul ?

Son visage est parfaitement neutre. Il se tient très droit, les mains dans le dos. C'est un peu déstabilisant, jusqu'à ce que je me rappelle que c'est sans doute l'attitude qu'on attend d'un pilote qui va se faire passer un savon, un maintien plutôt militaire et impassible. J'imagine mal les pilotes en train de chouiner qu'ils ne l'ont pas fait exprès quand quelque chose se passe mal. Le fait qu'il ait gardé ses lunettes de soleil renforce d'ailleurs le coté perturbant de la scène.

Il me répond d'une voix aseptisée :

— Vous allez me dénoncer ?

— Je devrais," dis-je, énervé. "Je veux dire, c'est le protocole. Mais bon... je n'ai aucune envie de ruiner ma soirée, alors je pense que le mieux, ce serait que tu rentres à la Tour et qu'on n'en parle plus, d'accord ?

Je le vois serrer les poings et prendre sur lui. Il est en colère lui aussi. Ce que je peux comprendre. On ne se connait pas, il ne fait rien de mal et je suis en train de le renvoyer comme un malpropre.

Mais d'un autre coté, ce sont nos deux carrières qu'il met en danger pour quelque chose d'aussi stupide que d'aller dans un bar. En ne le dénonçant pas, je prends le risque que ça me retombe dessus, juste pour l'arranger. Il le sait, je le sais, il sait que je le sais, etc...

De mémoire, Copper a toujours été raisonnable. Il me semble. En fait je ne sais pas grand chose de lui, je n'ai jamais suivi sa carrière avec attention, étant plutôt fan de pilotes plus flamboyants, et, ironiquement, de l'acteur qui joue son rôle dans les films qui lui sont consacrés. Copper lui-même est quelqu'un d'assez terne, toujours neutre, toujours sage. Son visage ne sort pas de l'ordinaire, légèrement arrondi, une bouille un peu molle ornée de quelques grains de beauté. Il a les cheveux châtains qui bouclent bien qu'on les ait coupé courts et les yeux marrons. Physiquement, il est plutôt trapu, et même si son entrainement doit le garder dans une forme physique optimum, engoncé comme ça dans son anorak on ne dirait vraiment pas un sportif.

Rien, dans son apparence, ne trahit qu'il fait parti de l'élite, devenu pilote suite à une sélection drastique. Pas étonnant que personne ne l'ai reconnu jusqu'à présent. Même ses conférences de presse sont des modèles du genre tant elles sont calibrées et ennuyeuses. Je n'ai aucune idée de ce qui l'a poussé à venir ici seul. Et la parano me gagne. Si c'était un test des Forces ? Un moyen de voir si je suis assez fiable pour remplir enfin d'autres missions que...

Non. C'est stupide. Ils ne prendraient jamais de tels risques avec leurs pilotes adorés, surtout pour un simple opérateur.

D'ailleurs, il ne proteste pas, ne me reprend pas, ne s'impose pas. Je l'ai traité comme un gamin et l'ai tutoyé spontanément, parce qu'il a un coté très adolescent timide, la tête baissée, le visage neutre, les mains dans le dos. Mais il est majeur et vacciné, athlète et soldat d'élite, suffisamment intelligent et solide pour qu'on lui confie quotidiennement les milliers de tonnes d'un mecha capable de raser une capitale. Je ne comprends tout simplement pas pourquoi il me demande d'une si petite voix :

— Est-ce qu'on ne peut pas rester un peu ? Ça ne changerait pas grand-chose, maintenant.

Je soupire :

— Bien sûr que si. Dans la rue il fait trop sombre pour qu'on t'ai reconnu, mais dans le bar je t'ai repéré en moins d'une seconde. Les clients n'en mettront pas plus de trois. Tu es trop célèbre pour aller librement dans ce genre d'endroit, c'est tout.

— Brass dit que les gens s'en fichent de nos visages. Que, sans tout le décorum des Forces, ils ne nous reconnaissent pas.

— Et bien, je ne sais pas où Brass peut bien trainer quand il va en ville, mais dans le coin les gens ont encore un cerveau en état de marche et ils regardent la télé. Vous êtes des stars, il faut vous y faire. Et franchement, pourquoi tu veux passer du temps dans un petit bar miteux comme celui-là ? Vous avez accès à des super fêtes, là-haut, non ?

— C'est différent. C'est pour le travail. Vous savez. Le... relationnel.

Évidemment... Les pilotes sont invités par la jet-set et tout le gratin du show-business et de la politique, mais c'est pour l'image. Ils n'ont pas le droit de boire de l'alcool, d'avaler quoi que ce soit qui nuirait à leur forme physique, ni d'être lié de près ou de loin au moindre scandale. Ce qui doit sacrément limiter l'intérêt de ces fêtes.

Je lui dis, embarrassé :

— Écoute... Je comprends que tu ais envie de sortir. Vraiment. Mais ça n'en vaut pas la peine, d'accord ? Ce n'est pas forcément amusant en soi, d'aller dans un bar. Ça dépend surtout des gens qui t'accompagnent. Et tu ne peux pas boire d'alcool sans qu'on le voit à ton test de demain, et ça, c'est un renvoi direct. Crois-moi, laisse tomber.

— Et si je ne bois pas ? Je pourrais rester un peu ?

Arrête de prendre cette voix suppliante, tu es un adulte et techniquement mon supérieur hiérarchique, prends tes décisions et assume-les. Mais non, bien sûr, je ne peux pas lui dire ça. Je proteste maladroitement :

— On va te reconnaitre.

— Et si je mets un pansement ou quelque chose comme ça ?

— Mais pourquoi tu tiens tant à y aller ? Il a quelque chose de spécial, ce bar ?

— Je... je voulais juste sortir un peu de la Tour. Rencontrer des gens...

J'hésite de plus en plus. Tout cela est tellement stupide. Mettre fin à nos deux carrières pour une soirée aussi banale, c'est stupide.

Que l'UFIT puisse à virer deux employés, dont un pilote, pour une soirée aussi banale, c'est...

Je sais que le travail des Forces est essentiel. Sauver le monde demande beaucoup de sérieux. Mais il y a un stade où trop de sérieux devient tout simplement absurde.

Et puis merde, après tout on n'aura des ennuis que si on se fait prendre. Je lui demande de m'attendre et je vais au comptoir expliquer à Stan, le barman, que mon ami s'est visiblement fait une énorme crise d'allergie et qu'il aurait bien besoin d'un masque en papier. Celui-ci m'en offre un sans broncher — avec la hausse de la pollution, ce genre d'incident est assez fréquent — et je peux facilement retourner l'offrir à Copper en lui disant :

— Mets ça et enlève tes lunettes, ça fera moins bizarre.

Il me décoche alors un tel sourire... Ça me donne le frisson. A première vue, je l'ai classé comme assez banal, le genre de type à faire tapisserie quoi qu'il arrive. Mais il peut être vraiment beau quand il exprime ses émotions.

Bon, ce n'est pas le moment de lui montrer mon embarras. Je lui donne rapidement quelques règles :

— Ne l'enlève pas, tu boiras avec une paille, tant pis. Et pas d'alcool. Si on te pose la question, tu as une allergie massive. N'hésite pas à tousser de temps en temps. Tu peux dire que tu travailles à l'UFIT, mais choisis quelque chose de passe-partout. Tiens, tu n'as qu'à dire que tu es opérateur de suivi, comme moi, et que tu viens d'entrer dans la boite, comme ça si tu dis des bêtises je pourrais te corriger sans problème et ça expliquera qu'on se connaisse. Au fait, je m'appelle Chayan. Et on va se tutoyer, ça fera plus naturel. D'accord ?

— D'accord, Chayan. Et moi, on peut dire que je m'appelle Dan ?

— Ça marche. Bon, on ne reste pas très longtemps, d'ici une heure grand maximum on est parti et je ne veux pas entendre de protestation, c'est clair ?

— Affirmatif. Je veux dire, c'est clair.

Il me sourit encore. Heureusement le masque camoufle l'essentiel, il va finir par me faire rougir cet imbécile.

— Et bien sûr, quand on est rentré, pas un mot à qui que ce soit !

— Promis. Merci, Chayan. »

Je grommelle quelque chose et le traine jusqu'au bar, où il commande une boisson sans doute bien plus sucrée que ce qu'on lui accorde d'ordinaire, mais comme promis, sans alcool. Stan fait quelque remarques passe-partout sur la difficulté de supporter les allergies, Copper acquiesce vigoureusement, un autre type accoudé au bar enchaine sur une anecdote qui lui est arrivée dans les mêmes circonstances, la discussion se lance.

Petit à petit, la soirée avance. Les gens vont et viennent, parfois partagent un moment avec nous, parfois non. Copper se fait même draguer par une jeune femme qui le fait assez rougir pour que je le vois malgré le masque. Il est vraiment timide et c'est souvent moi qui doit briser la glace avec les gens, mais je vois qu'il est content d'être là. L'heure que je lui ai allouée est dépassée depuis longtemps. Tant pis. On n'est pas mal, ici...



Mais il finit par être vraiment tard et on rentre à la Tour. Sur le chemin, Copper m'avoue que ce n'est pas la première fois qu'il se balade en ville, seul, quand la nuit tombée dissimule ses traits. Dans la ville basse, il n'y a pas d'éclairage public et on avance de flaque de lumière en flaque de lumière, en passant d'une devanture à l'autre. Certains prennent leurs propres lumières, d'autres aux buts moins avouables se fondent dans la nuit, discrets comme des ombres. Copper me raconte qu'il aime se mêler à la foule, se donner l'illusion qu'il est comme tout le monde. Mais que c'est la première fois qu'il tente d'entrer dans un bar et qu'il parle à des personnes extérieures. Et à nouveau, il me remercie.

Je ne sais pas trop comment réagir à ça. Il semble si innocent...

Je fini par lui rappeler qu'il a prit beaucoup de risques, et qu'il vaudrait mieux pour lui d'éviter de le refaire.

Je regrette ces mots presque immédiatement, mais c'est trop tard. Il se renferme immédiatement sur lui-même et ne dit plus rien jusqu'à ce qu'on soit presque arrivés.

Au pied de la Tour, encore hors de portée des caméras de sécurité, je lui demande :

« Comment tu vas faire pour rentrer ?

— Par les hangars. Je connais un passage...

— Ah. Très bien, alors... moi, je prends la porte. Hum... Écoute, je ne pense pas que ce soit une bonne idée de refaire de genre de soirée, mais... moi aussi, je me suis bien amusé. Et si tu veux qu'on se revoit, je vis sur place, dans le dortoir C. C'est sans doute moins excitant qu'une sortie clandestine, mais je pense qu'on peut passer un bon moment, non ?

— Ah, heu, oui, oui, bien sûr, je viendrai !

— Ça marche. Bonne nuit, alors. Rentre bien et fait très attention, ce serait bête de se faire prendre maintenant !

— Bonne nuit Chayan, » me répond-il avec un nouveau grand sourire, avant de tourner les talons et de courir jusqu'aux hangars. Avant que j'ai le temps de comprendre ce qu'il comptait faire, il saute, s'agrippe du bout des doigts à une aspérité du mur et s'en sert pour l'escalader sur un étage, avant de se faufiler entre deux blocs de béton. J'ai beau savoir que tous les pilotes sont des athlètes, c'est impressionnant.

Bon, il ne me reste plus qu'à rentrer chez moi... Au moins, tout s'est bien fini.


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