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Un refuge inattendu 2/3

Avant même que les fuyards ne passent la barrière entourant le modeste logis, une personne au dos voûté appuyée sur une canne d'ébène sculptée de runes, en sortait. 

Lothéo, sans cesser d'avancer l'examinait. 

Son extrême vieillesse et son évidente appartenance au peuple des fées se devinaient. Son visage bleu pâle était strié de rides profondes et de scarifications. Ses lèvres paraissaient noires et craquelées. Pas un cheveu ne dépassait de la coiffe bariolée enroulant son crâne. Sa vêture se résumait à une simple robe de toile grise flottant autour d'un corps décharné. Une profusion de sautoirs, ornés de breloques, amulettes insolites, cliquetait entre ses seins étiques. 

Quand il fut plus près d'elle il croisa son regard ou plutôt son absence de regard. 

Ses yeux ? 

Énucléés sans doute depuis longtemps. 

À la place ? 

Le vide à peine masqué de paupières déchirées.

Un long frémissement d'horreur s'empara de Lothéo. Les abominations ressenties et rencontrées, au fil des siècles s'accrochaient, lui-même avouait en avoir infligées. Pourtant l'affliction face à elles, au hasard de ses errances, demeurait. 

Cette contradiction allait-elle de pair avec ses origines métissées ? Tels les elfes, il pouvait sans hésiter, torturer et tuer sans remords.

Pareilles aux humains, ses exactions et celles des autres lui donnaient parfois la nausée, ou bien le révoltaient. D'un autre côté, ceux-ci savaient faire preuve d'insensibilité quand il s'agissait de servir leurs intérêts et l'empathie chez eux n'allait pas de soi. 

Il domina la vague de compassion qui l'envahissait, lorsque la voix étonnamment forte de l'aveugle retentit :

— Quéréo, fils prodigue, qui m'amènes-tu là ? 

— Bonjour Mère, je suis heureux de te revoir aussi.

Ainsi l'interpellé répondit-il à la vieille fée. 

Celle-ci, qui ne semblait guère incommodée par sa cécité, s'approcha du trio. Elle toisa tout d'abord Lothéo, renifla bruyamment et sourit.

— Comme c'est intéressant, un demi-elfe, mais particulier... Il émane de toi comme un parfum... d'éternité, curieux...

Lothéo dut prendre beaucoup sur lui pour ne pas trahir son trouble, mais il ne doutait plus à présent  qu'Ibusire soit une magicienne d'exception. Fort heureusement elle ne s'attarda pas sur lui, son attention se porta sur Féloé. Là aussi, elle n'eut pas besoin qu'on lui révèle son identité. 

Elle se figea instantanément, une brusque dureté conféra à son visage, un aspect minéral, ses lèvres se serrèrent brièvement, sa voix claqua.

— Un membre de la lignée royale ici ? Comment as-tu pu la mener jusqu'à ma demeure, fils indigne !

— Mère, écoute-moi avant de t'emporter. 

— J'espère que tu as une bonne explication ! 

Féloé, malgré son état peu reluisant se redressa. Retrouvant son arrogance, elle persifla :

— Soyez satisfaite que je veuille bien honorer de ma présence votre taudis !

Un rictus de colère s'imprima sur la face d'Ibusire.

— Je reconnais sans mal la suffisance de la lignée régnante de Haute-Brume. 

Elle considéra Féloé avec mépris, se détourna et déclara encore : 

— Rentre seul Quéréo, tu m'expliqueras et je déciderai si vous méritez mon aide, car je présume que c'est ce que vous êtes venu chercher ? 

— Oui, Mère.

Ibusire hocha la tête et rentra chez elle. Sans un mot Quéréo lui emboîta le pas. 

Lothéo fusilla la fugitive du regard.

— Personne n'a pris la peine de t'enseigner la diplomatie dans ton palais ? 

Elle cilla, haussa les épaules et se laissa tomber sur une pierre blanche, l'air visiblement épuisé.  Le demi elfe n'insista pas, tout au plus espéra-t-il que le dédain de la fée ne leur avait pas fait perdre toute chance qu'Ibusire les aide. 

Il étouffa un soupir, fixa la maisonnette, patienta...

*

Quéréo referma la porte. Il focalisa son attention sur ce qui l'entourait, en l'occurrence, une grande pièce à l'ameublement hétéroclite et une décoration ésotérique. Ses yeux s'arrêtèrent sur un rideau bleu foncé. Il savait qu'il masquait une espèce d'alcôve. C'est là qu'il dormait quand il vivait chez la magicienne. 

Il passa rapidement sur l'âtre, éteint à cet instant-là, le tas de bois coupé niché, empilé sous une voute de pierres, diverses étagères, armoires écornées, sièges bancals, bric-à-brac entassé depuis des années.

Sa curiosité se porta sur le côté nord de la salle. Sans surprise, il avisa la présence d'une table où s'empilaient des livres anciens. Ils lui semblaient plus nombreux que dans son souvenir. Il repéra aussi des objets étranges inconnus de lui :  miroirs cerclés de matière précieuse or, argent ou nacre, fioles de cristal, au contenu énigmatique, colorées d'outremer, de blanc laiteux, de noir profond, de lumière mouvante. Ses prunelles dorées accrochèrent des alambics où bouillonnaient des liquides. D'eux émanaient des effluves pestilentiels qui empuantissaient l'atmosphère.

Quéréo fronça le nez, il avait perdu l'habitude de ses odeurs coutumières chez la magicienne. Il abandonna sa redécouverte de l'habitation. 

— Ça n'a pas beaucoup changé ici, se permit-il de dire. 

— Assieds-toi ! 

Le ton employé par Ibusire sonnait cassant, elle désignait au guerrier féérique, une vieille marquise en velours élimé, déchirée par endroit. 

Il obtempéra sans attendre. Comme autrefois, l'autorité de sa mère adoptive l'impressionnait, le rendait mutique. 

Elle le rejoignit.

"Je t'écoute.", dit-elle sur un ton moins sec. 

Il obéit et narra les péripéties dramatiques survenues au royaume de Haute-Brume. Quand il eut terminé, elle soupira.

— Tu es un idiot !

Il sursauta, elle poursuivit. 

— Tu as compromis ton avenir pour une petite princesse arrogante. 

— C'est elle l'héritière légitime et tout me laisse à penser qu'elle n'a pas tué ses parents. 

— Et alors ? Toute la lignée est meurtrière, combien de souverains à ton avis sont arrivés au pouvoir en assassinant les leurs ?

Elle secoua la tête en maugréant, Quéréo se taisait, partagé entre la consternation et la compréhension. Après tout, la réflexion de sa mère adoptive n'était pas surprenante, il aurait dû s'y attendre. 

Pour sa part, il lui restait quelques principes auxquels il ne comptait pas déroger. Il demanda à brûle-pourpoint, mais déterminé :

— Tu vas nous secourir ou non ? 

— Ai-je le choix ? Mais, retiens ceci : cet endroit ne demeurera pas très longtemps dissimulé à la sorcellerie d'Athéon.

— Tu es une magicienne bien plus puissante que lui, rétorqua-t-il avec conviction.

— Ne le sous-estime pas, c'est un conseil à suivre, non plus que son esprit pernicieux. 

Quéréo intrigué fixa Ibusire, en se demandant ce qu'elle pouvait savoir sur le général des armées de Haute-Brume. Elle ne le laissa pas s'interroger plus avant et lui ordonna :

— Fais-les entrer. 

Sans se faire prier, il lui obéit. 

*

Quand la porte de l'habitation s'ouvrit de nouveau, c'est à peine si Féloé l'entendit. Elle parvint à lever la tête. Ce simple geste l'épuisa, son menton retomba, sa vue se brouilla, elle ferma les yeux, cette fois au bout de sa résistance,  elle ne résista pas et se laissa glisser vers l'inconscience.

Son courage l'abandonnait, Lothéo n'eut que le temps de la rattraper alors qu'elle glissait de son siège improvisé. 

Il la souleva dans ses bras et sans attendre la porta à l'intérieur de la demeure. 













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