Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Mourir pour quelques crocs...

L'impact du fauve fut violent, sanglant.

Les griffes tranchantes s'enfoncèrent dans la poitrine de Lothéo, déchirant un poumon au passage. La gueule de l'animal se referma sur la gorge, déchira la peau, arracha les chairs. Un immonde gargouillis s'échappa des lèvres de l'homme ainsi qu'une mousse sanglante et abondante. Il mourait...

Il tentait de maîtriser la douleur.

"Est-ce la fin ?"

Il l'espéra.

Un voile noir passa devant ses yeux... Le cœur s'arrêta net... Et repartit...

Il reprit vie, une douleur effroyable le parcourait, le logarinx le dévorait. Il faillit le laisser poursuivre son office jusqu'à son terme, l'instinct de survie fut le plus fort. D'une de ses mains encore entière, rencontra la gaine protégeant son poignard. Il dégagea l'arme de son étui, la brandit. Le carnivore engloutissait, alors, un morceau de son estomac. Il enfonça la lame dans son crâne...

Le fauve périt et retomba sur la carcasse à moitié mangée de Lothéo. Celui-ci, de son bras valide le repoussa, ensuite il resta sans bouger. Les dents serrées, Il supporta la douleur qui allait de pair avec la régénération de son corps ; elle fut trop forte, il hurla...

"Il y a toujours une contrepartie à un don, quel qu'il soit, un prix à payer... N'oublie pas ces paroles..."

Cet avertissement de Gathur remontait immuablement à sa mémoire, quand il subissait les affres de la recomposition. Dans ces moments-là, il se maudissait d'avoir accepté le marché du sorcier, presque trois siècles plus tôt.

"Cela suffit !"

Le même leitmotiv intérieur revenait de façon récurrente, mais que faire, si ce n'était retrouver Gathur et lui rendre ce présent qu'il voyait de plus en plus comme un poison insidieux, lui ôtant tout espoir de délivrance.

Où se trouvait donc l'avantage de son immortalité ? Ni famille, ni amis, personne pour partager sa vie. Les quelques femmes, souvent des prostituées, occupant ponctuellement sa couche, ne lui apportaient qu'un court bien-être, un plaisir fugitif, qui se terminait  avec l'échange de quelques pièces. Quand il avait de la chance, bien sûr.

Il ressortait parfois de ces rencontres, allégé de son or, après avoir été laissé pour mort, égorgé par la fille de joie ou son souteneur. Cette consolation d'ailleurs ne durait pas, il revenait après quelques secondes de non-être, sans même avoir le temps d'apercevoir l'autre côté, ou alors, il ne s'en souvenait pas...

Étendu dans cette forêt, dans l'attente de sa reviviscence, il songeait à ses illusions perdues. Les dieux seuls savaient s'il en avait en cette lointaine époque où il était parti, en chantant avec ses camarades soldats, repousser une invasion dans l'extrême nord du royaume d'Odawur.

Fier de servir son roi, son père, soucieux de se couvrir de gloire. Il s'était jeté dans la mêlée, aux côtés des autres guerriers, à un contre dix. Les troupes royales avaient été laminées. Il n'avait dû sa survie qu'à l'initiative d'un camarade qui l'avait aidé à grimper sur son destrier ; tous deux étaient partis à bride abattue, loin du champ de bataille, Lothéo, salement blessé était alors plus mort que vif...

La douleur s'estompait, il sortit de ses souvenirs et respira profondément. Les odeurs du sous-bois l'assaillaient : terre humide, champignons écrasés, fleurs odorantes, sèves des multiples essences de la sylve. Elle se mêlait à celle, ferreuse du sang qui le souillait...

Les bruits succédèrent aux senteurs, le silence n'était plus de mise, le caquètement proche de pérakoïs attira son attention, il se redressa, se leva et remarqua une ribambelle d'oiseaux sur l'épaisse branche d'un arbre colossal. Leurs couleurs chatoyantes et leur apparente nonchalance ne le trompaient pas, ils lorgnaient sur le cadavre du logarinx. Ces créatures représentaient une des nombreuses espèces de charognards de la forêt.

Le chasseur sut qu'il ne devait pas traîner, s'il voulait s'approprier les crocs du prédateur. Il s'approcha du cadavre. Sans mal, à l'aide de son couteau, Lothéo trancha la tête du félin. Peu après, il s'éloignait des lieux du carnage, les pérakoïs se jetèrent sur le corps décapité...

Il rejoignit une petite clairière. Là se trouvait son camp, qui était dans le même état qu'il l'avait laissé en partant. Cela ne le surprenait pas, avant de partir il avait enterré une amulette de protection, près du foyer presque éteint. Lothéo laissa tomber la tête de l'animal à côté du feu. Il attrapa ensuite son paquetage et en extirpa une grosse tenaille en fer. Il la fit claquer dans ses mains, sourit et se saisit du chef grimaçant. De gros insectes bourdonnants s'agglutinaient autour des chairs sanguinolentes qui gouttaient sur le sol...

Lothéo, nullement incommodé, débuta son travail d'extraction ; dix minutes plus tard, il étalait devant lui, sur un chiffon grisâtre, une trentaine de dents à l'éclat bleuté. Les quatre canines restaient les plus grosses et les plus belles du lot.

Il jeta loin de lui la tête de l'infortuné félin. Elle percuta un arbre et chuta sur la terre meuble de la clairière avec un bruit mouillé. Le chasseur sortit sa gourde d'eau et entreprit de nettoyer son trésor.

Il lustra les crocs jusqu'à ce que plus aucune trace de saleté ne soit visible. Ce n'est qu'après cet ultime travail qu'il les glissa dans sa bourse. Une réelle satisfaction, devenue bien rare pour lui, l'envahissait. Il songea que ces dents allaient non seulement lui permettre de s'acheter une monture, mais également quelques vêtements, des provisions et peut-être même un mousquet.

Sa vêture actuelle venait d'être mise à mal par l'attaque du félin. La veste de cuir dont il était si fier se parait çà et là de longues déchirures dues, bien sûr, aux griffes du fauve. Sa chemise n'était pas en meilleur état, d'autant plus que du sang, le sien en l'occurrence, la poissait. Heureusement, son pantalon restait portable, il n'en possédait pas d'autres.

Il ôta ses habits en si piteux état, avant de farfouiller dans sa besace, dont il extirpa une tunique d'un noir passé. Elle dégageait une odeur fétide, mais elle ne montrait aucun accroc ni salissure d'hémoglobine. Il l'endossa. Soudain, Lothéo fronça les sourcils et jeta autour de lui des regards anxieux.

"Où se trouvent donc mon arc et mon carquois ?".

Le chasseur n'eut pas besoin de chercher très longtemps, il avait oublié ces objets, ô combien précieux, sur les lieux du carnage.

Il jura contre cette distraction mal venue de sa part. Au pas de course, il quitta le camp pour retourner les chercher...


Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro