Acte V, scène 9
Auriane, Agnès, Marguerite, Madeleine, Toinette
Toinette entre.
TOINETTE – Une lettre urgente pour Madame de Vertou.
MARGUERITE – Donnez mon enfant.
Toinette lui donne la lettre. Marguerite la décachette et lit. Elle se décompose peu à peu.
AURIANE – Marguerite, que se passe-t-il ?
MARGUERITE – Je n'ai pas le courage de vous l'annoncer.
Madeleine lui prend la lettre des mains et lit à son tour.
MADELEINE – Oh... Je vois.
AURIANE, paniquée – Que se passe-t-il ? Est-ce grave ?!
MARGUERITE, prenant une longue inspiration avant de s'élancer – Écoutez-moi bien et ne m'interrompez pas. (Auriane hoche la tête) Il s'agit d'une lettre de Monsieur du Guiny. Il y explique que Monsieur de Nemours a parlé de religion et de politique avec Cécile, il y a de cela deux mois. Un capitaine des gardes a surpris cette conversation et, avec beaucoup d'honnêteté, lui a demandé de quoi il s'agissait, une fois Cécile partie. Avec son impertinence habituelle, Nemours a comparé le roi Louis XIV à un homme comme tous les autres et a clairement dit qu'il n'avait aucune légitimité pour gouverner la France. Exécré, le capitaine l'a emprisonné à la Bastille en attente de jugement. Le procès a eu lieu ce matin et le roi l'a gracié.
AURIANE – Vous me soulagez.
MARGUERITE – Cependant, le capitaine, loyal au roi et surtout à la reine, n'a pas accepté ce jugement et a provoqué Nemours en duel. L'affrontement aura lieu demain matin, à l'aube, au pied de Notre Dame.
Auriane baisse la tête et reste silencieuse.
AGNES – Soyez courageuse Auriane. Il en réchappera sûrement, il a une chance invraisemblable.
AURIANE – Mais si... S'il meurt ?
MARGUERITE – Vous n'aurez plus à vous préoccuper de sa personne.
AURIANE – Oh Marguerite, s'il y laisse la vie, je ne donne pas cher de la mienne.
MARGUERITE – Voyons, reprenez-vous mon enfant, vous n'allez pas mourir pour un libertin dépourvu de morale et saturé d'impertinence !
AURIANE – A vrai dire, je n'en sais rien.
Silence.
AURIANE – Il se fait tard. Je vais rentrer. Adieu mes amies.
Elle sort.
AGNES – Cette affaire m'inquiète. Auriane semble plus profondément bouleversée que jamais. Rappelez-vous qu'elle nous avait fait la morale car elle ne supportait pas le mot « Adieu » qui impliquait un départ définitif.
MADELEINE – Or, ce soir, elle l'a utilisé.
MARGUERITE – Elle a beau avoir 17 ans, elle peut prendre de graves décisions. Et sa jeunesse peut la pousser à l'irréparable tant ses émotions sont amplifiées.
AGNES – Oui, il nous faut la garder à l'œil demain matin.
MARGUERITE – J'irai la voir à huit heures pour l'empêcher de quitter sa demeure.
MADELEINE – Oui, cela me paraît une précaution essentielle.
MARGUERITE – Alors, à demain.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro