Auriane, Agnès, Marguerite, Madeleine

Dans les jardins de Versailles.

MARGUERITE – Ah ! Cette cérémonie m'a paru extraordinaire. J'ai hâte d'en connaître le vainqueur, même si je sais d'avance que votre groupe va remporter le gros lot Auriane.

AURIANE – Ne dites pas d'insanités. Je ne suis pas aussi fière de cet écrit que j'aurais aimé l'être et je doute de sa qualité.

MARGUERITE – Mais moi, je n'en doute point.

Auriane sourit.

MADELEINE – Dites-moi Auriane, vous semblez soucieuse, quelque chose vous tracasserait-il ?

AURIANE – En effet. Et ce n'est pas une mince affaire...

AGNES – Parlez vite ! De quoi s'agit-il ?

AURIANE – Oh, rien de bien important, du moins pour vous. J'ai... pris une résolution qui risque de vous étonner.

MARGUERITE – Vraiment ?

AURIANE, sur le ton de la conspiration – J'ai décidé qu'à partir de ce moment même, je n'approcherai plus de... vous savez qui.

MARGUERITE – Vous aviez raison, il s'agit là d'une nouvelle à laquelle je ne m'attendais pas. Vous renoncez donc à lui ? A votre amour ?

AURIANE, en montrant son cœur – Je ne peux pas oublier, mais, je voudrais du moins cicatriser. La blessure sera toujours là, cependant, je pense qu'en le voyant le moins possible, elle ne s'ouvrira pas de nouveau et, je pourrais peut-être refaire ma vie, qui sait ?

AGNES – Je ne pensais pas vous le dire un jour, mais vous avez fait ce qu'il fallait ma chère.

MARGUERITE – Je ferais en sorte qu'il ne vienne pas au salon.

MADELEINE – Je vous avertirai si je l'aperçois quelque part.

AGNES – Et j'assurerai les éventuelles correspondances entre vous, si elles sont destinées au travail bien sûr.

MARGUERITE – Faites attention Agnès, voilà un jeu bien dangereux pour quelqu'un qui a déjà succombé au charme de Nemours.

AGNES – Ayez confiance, il ne me fait plus aucun effet.

MARGUERITE – Je n'en suis pas si sûre...

AURIANE – Je ne connais pas cette histoire.

AGNES – Ah... C'était peu avant que vous arriviez à la Cour.

AURIANE – Racontez-moi.

AGNES – Et bien, voyez-vous, il y a de cela un peu plus d'un an, Monsieur de Nemours entretenait une relation avec Océane. Cela faisait... Oui, il me semble que cela faisait maintenant deux ans qu'ils ne se quittaient plus. Alors, j'ai fait sa connaissance, car nous habitons dans le même quartier. Nous sommes devenus bons amis et il a commencé à se rapprocher dangereusement de moi. Il était toujours 'officiellement' avec Océane mais il me serrait dans ses bras souvent et j'ai fini par lui demander de choisir. Il a alors quitté Océane, et le soir même, il m'embrassait. Je pensais que cette relation ne serait que du bonheur, de l'amitié en plus passionné. Seulement, Monsieur de Nemours en demande vite plus, encore plus et, voyant qu'il commençait à s'intéresser à Angélique et que, visiblement, je ne lui donnais pas assez, j'ai décidé de rompre avant qu'il ne le fasse.

AURIANE – D'accord. Donc il est passé d'Océane, à vous, à Angélique, à moi, à Cécile et à présent il recommence avec la première.

AGNES – Vous avez tout compris.

MARGUERITE – Vous voyez, il ne pourra jamais être entièrement à vous, Auriane.

AURIANE – Je m'en rends compte, en effet.

MADELEINE – C'est pourquoi je trouve votre décision admirable.

AURIANE – Merci.

Les jeunes filles sont arrivées près des coulisses durant leur marche et sortent.