Auriane, Agnès, André, Cécile

Auriane et Agnès marchent côte à côte dans la rue. Elles parlent avec animation.

AGNÈS – J'ai une nouvelle des plus sensationnelles ! Marguerite m'a dit que son salon se tiendrait aujourd'hui à Versailles, à la Cour !

AURIANE – Vraiment ? Voilà qui est étonnant.

AGNÈS – Il paraît que le roi, pour fêter notre retour, a proposé à notre amie de lui prêter une salle du palais. C'est d'ailleurs là que je vous emmène.

AURIANE – J'ai hâte d'y être ! Tous nos amis y seront ?

AGNÈS – Oui, et Madame de Cholet viendra également.

AURIANE – Finalement, je pense que l'agitation de Paris m'avait manquée, pas vous ?

AGNÈS – Si. Les vacances sont un temps de repos qui doit être pris mais il ne faut pas rester trop longtemps sans occupation. Je pense que cela est mauvais pour le moral.

AURIANE – Je suis tout à fait d'accord.

Les deux jeunes femmes sont arrivées devant le portail menant au château de Versailles.

AGNÈS – Nous voilà arrivées à Versailles !

AURIANE – C'est encore plus somptueux que dans mon souvenir !

Les deux jeunes femmes se dirigent vers le palais, entrent et, à travers la foule, se rendent vers la salle dédiée au salon. Auriane aperçoit Monsieur de Nemours, en compagnie de Madame de Cholet. Ils sont assis sur un banc et rient aux éclats. Auriane sourit, se rapproche et arrive finalement au plus près d'eux. André n'esquisse pas le moindre geste en sa direction et Auriane continue son chemin sans même qu'il ne semble remarquer sa présence.

AGNÈS – Vous avez mal, n'est-ce pas ?

AURIANE, se décomposant peu à peu – Il ne m'a sans doute pas vue.

AGNÈS – Il vous a très bien vue. Mais il a juste fait mine d'être absorbé par sa conversation pour mieux vous ignorer.

AURIANE – Il est timide. C'est normal, cela fait deux semaines que nous ne nous sommes pas vus.

AGNÈS – Si je ne vous avais pas vue pendant de même temps, j'aurais couru vers vous.

AURIANE – Notre relation est assez ambiguë, il doit avoir peur...

AGNÈS – Cessez donc de lui trouver des excuses alors qu'il n'en a aucune ! Vous êtes partie deux petites semaines Auriane... deux semaines et son grand amour pour vous s'est évaporé. Il n'est pas celui qu'il vous faut. Je le connais. Il ne peut pas aimer une seule femme, il n'en est pas capable. Ou alors, il en est fou mais pendant un très court temps. C'est un libertin, jamais il n'aimera que vous ! Il faut que vous renonciez à lui. Il ne peut vous faire que du mal. Abandonnez tout l'espoir que vous avez placé en lui !

AURIANE – J'ai bien peur que ce soit la seule chose qui me fasse vivre...

Elles arrivent sur les lieux du salon.