Auriane, Marguerite, Agnès, Madeleine, Louise, Toinette

Toinette, qui s'était éclipsée, revient, porteuse d'une lettre.

TOINETTE – Une lettre pour Mademoiselle de Florelle.

MARGUERITE – Cela fait seulement une journée que nous sommes ici et vous recevez déjà du courrier ?!

AURIANE – Oui, c'est... C'est une lettre administrative. Il s'agit d'une affaire urgente, j'ai donc pris la liberté de donner votre adresse.

Auriane se lève et prend la lettre. Elle s'éloigne pour la lire pendant que ses amies continuent à jouer.

AURIANE – Est-ce que c'est ce que je pense ? Elle ouvre la lettre. Oui ! C'est de lui ! Elle plaque la lettre contre sa poitrine avec un grand sourire. Alors, que dit-il ? « Auriane, je dois vous avouer que je suis fort affligé d'apprendre votre départ. Vous ne m'avez même pas laissé le temps de vous dire au revoir. Je sais que vous revenez dans deux semaines mais ce temps va me paraître bien long sans votre sourire et vos réflexions pleines d'esprit. Dans votre lettre, vous me témoignez une gratitude qui n'est pas méritée. Cet incident était entièrement de ma faute et je serais capable de tout pour me faire pardonner. N'essayez pas de me rassurer en me disant que je n'y suis pour rien, je prendrais mes responsabilités. Aussi, si je puis vous être utile de la moindre façon, n'hésitez pas à me contacter.Maintenant, il faut que je vous dise que j'ai été extrêmement étonné de votre conduite d'hier. Vous m'avez surpris. En effet, je m'attendais à ce que vous vous évanouissiez, ou que vous hurliez de terreur et de douleur. Pourtant, rien de cela n'est arrivé. Je vous trouve très courageuse. Je puis même dire que je ne suis pas sûr,moi-même, d'être capable de garder mon sang-froid comme vous l'avez fait. Vous êtes vraiment une femme extraordinaire. Informez-moi au plus vite de vous et de votre santé. Cet éloignement est une torture pour moi. Votre dévoué, André de Nemours. »

Auriane est transportée de joie. Elle range la lettre dans une de ses poches et retourne au jeu.