Acte III, scène 10
Auriane, Marguerite, Agnès, Madeleine, Louise, Eugène, Jeanne, Antoine.
Dans le salon du manoir. Eugène et sa femme sont assis dans un canapé. Antoine se tient debout près d'eux. Les jeunes femmes sont assises, sauf Auriane qui est debout à leur côté.
EUGÈNE – Oui, nous passions dans les alentours et ma chère épouse a eu l'excellente idée de passer vous rendre visite.
JEANNE – Il est vrai que dans le peu de jours où vous vous êtes absentées, il s'est passé de nombreuses choses à la Cour. Je me passionne des liens qui se nouent entre les courtisans.
AGNÈS, à part, à Auriane – Quelle commère ! Elle ferait mieux de se préoccuper de son couple qui bat de l'aile plutôt que de vouloir connaître les moindres détails des vies des autres.
AURIANE, à part, à Agnès – Je suis tout à fait de votre avis.
JEANNE – Savez-vous qu'Océane a de nouveau un amant ? Elle semble être enfin consolée de la perte de Monsieur de Nemours.
ANTOINE – En parlant de ce dernier, (Auriane se fait plus attentive) le bruit court qu'il a de nouveau quelque conquête. Depuis le moment où votre compagnie a quitté Paris, il s'est rendu tous les jours chez Madame de Cholet. A mon avis, il a jeté ses vues sur elle. Et la jeune femme est bien heureuse de cette situation.
Auriane baisse les yeux.
MADELEINE – Mais, j'avais entendu dire qu'il ne la trouvait pas jolie ?
EUGÈNE – Peut-être a-t-elle de l'intérêt quand vous n'êtes pas à ses côtés. Votre beauté à toutes éclipse son charme, mais, comme vous n'êtes pas à Paris...
AGNÈS – Je pense qu'une personne peut avoir du charme sans être jolie. Sinon, beaucoup de femmes seraient seules.
JEANNE – Je ne comprends pas votre point de vue.
AGNÈS – Ce que je veux dire est que certaines femmes peuvent, même en étant laides et sottes, avoir un certain charme qui leur permet d'épouser quelqu'un.
EUGÈNE, à Jeanne – Un peu comme vous ma chère. Elle lui lance un regard furieux. Mais non, ma mie, c'est de l'humour.
ANTOINE – Il me revient une autre nouvelle qui secoue Paris. Je ne sais pas si cela va vous faire plaisir mais je préfère vous en avertir moi-même plutôt que vous ne l'appreniez dans de mauvaises conditions. Cela concerne Mademoiselle de Florelle.
Auriane relève la tête.
ANTOINE – Il se dit, dans Paris, que Monsieur de Nemours s'est réfugié chez Madame de Cholet uniquement pour se consoler de votre départ, Auriane. Je n'y apporte aucun crédit car je vous sais vertueuse et je ne pense pas que vous ayez jamais été proche de ce libertin. Mais, c'est le bruit qui court.
AURIANE, troublée – Je vous remercie de ne pas me classer dans la catégorie de celles qui ont cédé à ses avances. Il est vrai que je l'ai fréquenté, mais jamais cela n'a été mon amant et je suis outragée d'entendre que dès que je m'éloigne, on répand sur moi des rumeurs offensantes. Marguerite, permettez-vous que je me retire ?
MARGUERITE – Faites mon enfant.
Elle sort.
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