Auriane, Suzanne

Auriane entre dans sa demeure. Suzanne arrive rapidement depuis la porte du fond et l'aide à enlever son manteau.

SUZANNE – Bonsoir Mademoiselle. Le dîner fut-il agréable ?

AURIANE – Parfait. Je me suis amusée. Des nouvelles ?

SUZANNE – Vous avez reçu une lettre.

AURIANE – Ah ? Et de qui est-ce ?

SUZANNE – Je ne me permets pas d'ouvrir votre courrier.

AURIANE – Je monte dans ma chambre. Peux-tu me l'y apporter ?

SUZANNE– J'y cours.

Auriane monte dans sa chambre. La servante apporte la lettre et se retire.Dès que le porte est fermée, Auriane ouvre le cachet avec avidité.

AURIANE, se lève et marche dans sa chambre en lisant à voix haute – Ah ! C'est de lui ! Que dit-il ? « Ma chère Mademoiselle de Florelle, ou peut-être puis-je vous appeler par votre joli prénom, Auriane. Par cette lettre, je voulais vous proposer de me rejoindre demain matin à Versailles pour une petite promenade. Il est vrai que je trouve que vous êtes de loin la jeune femme ayant le plus d'esprit de la cour et je voudrais avoir le privilège d'avoir avec vous une autre conversation. Je sais que vous venez juste d'arriver à Versailles et commencez à avoir un rôle important à la cour ; aussi je me demandais si vous m'accorderiez l'honneur d'être votre guide. Je connais de nombreux endroits de Paris et me ferai un plaisir de vous les montrer. Je sais aussi l'influence que peuvent avoir de mauvaises relations sur une réputation. Je ne veux pas que mon empressement à vous connaître vous cause du tort. Si vous désirez donc ne pas être aperçue en ma compagnie, rejoignez moi à l'orangerie de Versailles, personne ne s'y trouve de bon matin. Habillez-vous simplement et personne ne nous remarquera. Répondez-moi dès que vous le pourrez. Votre humble serviteur, André de Nemours. » Ah ! Ah ! (elle s'assoie sur son lit) Il est si charmant, si tendre, je ne puis refuser. Il me trouve de l'esprit et est si dévoué, il ferait tout pour ne me causer aucun tort. Ce garçon est formidable ! Mais je m'emporte ! Si on me voyait en sa compagnie ! J'ai déjà subi un interrogatoire ce soir... Tant pis ! Je... Il est tellement aimable ! C'est un ange ! Je... Oh ! (elle tombe allongée sur son lit). J'irai.