Auriane, André, Agnès, Marguerite, Madeleine, Louise, Cécile, Catherine, Eugène, Jeanne, Antoine et quelques gentilshommes

Tout le beau monde est attablé et discute. Auriane et André se joignent à l'assemblée.

CÉCILE – Mme de Bonchamps, à présent que vous habitez en campagne, dites-nous donc ce que vous en pensez.

LOUISE – C'est merveilleux. Vraiment. La campagne vendéenne est d'une beauté que je ne saurais décrire. Et quel calme ! Je ne peux plus m'en passer ! C'est vraiment pour vous que je viens à Paris mes amis.

MARGUERITE – Il est vrai, qu'étant née en campagne profonde, près de la Loire, j'aime à retourner dans ces endroits silencieux. Cela me permet de me remettre des émois de la cour.

AURIANE – Pour ma part, je suis née en ville mais une grande partie de ma famille possède des terres en Vendée, au milieu des champs. Je m'y plaisais beaucoup quand je n'étais encore qu'une enfant et j'aimerais y retourner plus souvent. Dans ces endroits, personne ne vous presse, aucun inconnu ne vient se coller à vous pour essayer de voir le roi ou d'en être vu et personne ne vous juge, ... Il suffit juste d'être soi-même et la nature vous accepte tels que vous êtes. Tout semble hors du temps, dans un autre monde. C'est comme si l'essence de la vie prenait sa source ici, au milieu de nulle part. C'est très apaisant de s'y promener.

EUGÈNE – Je suis étonné de ce que j'entends ici. Personnellement, je me plais très bien en ville. Si l'on désire la moindre chose, il suffit juste de faire quelques pas hors de chez soi pour l'obtenir. Si l'on veut voir quelqu'un, on se rend chez lui. Si l'on veut profiter de loisirs intellectuels, comme le théâtre, on achète un billet. Tout est proche, c'est tout de même fort agréable.

MADELEINE – Je suis d'accord avec vous sur ce point, mais il est vrai qu'une visite en province est très reposante.

CÉCILE – Et vous M. de Nemours ? Vous ne prenez pas position ?

ANDRÉ – Il me semble que le point de vue de Mademoiselle de Florelle est le plus juste, et le plus argumenté. (Auriane pâlit) Je pense que...

MARGUERITE – Auriane ! Vous êtes toute pâle ! Êtes vous sûre que tout va bien ?

AURIANE – Je... (Elle pleure)

Marguerite s'approche et veut lui prendre les mains, elle en trouve une bandée.

MARGUERITE – Ah ! Mais qu'avez-vous à la main ?

ANDRÉ – Elle s'est blessée tout à l'heure mais ne voulait manquer ce dîner pour rien au monde. Et...

MARGUERITE, l'ignorant – Vous avez mal ?

Auriane hoche la tête.

MADELEINE – Allez donc vous reposer en paix dans ma chambre.

Marguerite aide Auriane à se lever et elles sortent.