Ichigo ouvrit doucement les yeux. Elle avait un peu mal à la tête... Son père était là, à côté d'elle, il lui tenait la main de son fauteuil roulant.

Elle ne se rappelait pas vraiment ce qu'il s'était passé, elle avait la tête dans le brouillard...

- Ichigo ! S'exclama-t-il en la voyant s'asseoir difficilement et le regarder.

- Papa...

- Tu es enfin réveillée ! Arriva Rei, soulagée.

- Tu te sens mieux ?

- J'ai la tête qui tourne... murmura-t-elle en se frottant le front de sa main de libre.

- Tu te surmènes trop, ces temps-ci, lui reprocha son père.

- Mes examens vont commencer alors je dois réviser et m'entraîner.

- Tu connais tout sur le bout des doigts ! Ricana-t-il.

- Sinon, intervint Rei, le visage plein d'espoir, tu te souviens ce qu'il s'est passé ?

La jeune fille fronça les sourcils. Elle se souvenait avoir étudié des techniques allemandes avec son professeur qui lui avait demandé de les savoir pour mercredi, puis elle était allée rejoindre Johnny et il...

Les larmes dévalèrent ses joues et elle lâcha son père pour se mettre à sangloter violemment, le corps secoué par chaque hoquet.

- Ichigo !? Paniqua son père en se levant difficilement pour la prendre dans ses bras. Que t'arrive-t-il !? Qu'as-tu ? Tu as mal quelque part ?

- Johnny... pleura-t-elle en se souvenant de ses mots. Il... Il a dit... Il... Il m'a demandé en mariage... pleura-t-elle encore plus fort. Mais... Mais j'étais trop surprise et... J'ai dit non et... Il... Il s'est énervé...

- Il ne te mérite pas, la serra son père en frottant son dos.

- Et j'ai rêvé... Ajouta-t-elle, encore plus triste.

- De quoi tu as rêvé ? Demanda gentiment Rei.

- D'un rêve, c'est tout, chuchota-t-elle.

Soudain, une main se posa sur son bras, la faisant sursauter. Il était là, le regard inquiet.

- Vous pouvez sortir ? Grogna-t-il en voyant sa mère sortir une caméra d'on ne sait où.

Hikaru qui était resté silencieux jusque-là, aida son ami à se réinstaller dans son siège puis le poussa à l'extérieur de la chambre en attrapant le bras de sa femme qui se rebellait.

Makoto attendit que la porte soit fermée puis s'assit aux côtés de la jeune femme en prenant ses mains dans les siennes.

- Quel était ton rêve ? Lui demanda-t-il en collant leurs fronts.

Elle rougit furieusement et baissa les yeux sans bouger.

- Tu...

- Je te demandai en mariage ? Murmura-t-il.

- Que... Comment... !?

- Ce n'était pas un rêve, idiote, se moqua-t-il en lui embrassant le front et en l'attirant dans ses bras.

- Ce... Ce n'était pas un rêve ? Espéra-t-elle en plongeant ses yeux dans les siens.

- Non, ce n'en était pas un, frotta-t-il leurs nez.

Elle fondit à nouveau en larmes et s'agrippa à lui. Sauf que cette fois-ci, elle était heureuse. Le jeune homme la serra fortement contre lui. Il ne l'admettrait jamais, mais il avait la peur de sa vie en la voyant s'évanouir juste après sa demande et il avait même... hésité. Il avait perdu un peu de sa légendaire confiance en soi.

- Que t'as dit l'autre idiot pour te mettre dans cet état ? Lui demanda-t-il d'une voix basse en caressant ses cheveux.

Il la sentit se crisper et se blottir encore plus contre lui.

- Des mensonges... souffla-t-elle. Il n'a dit que des mensonges...

- Que t'a-t-il dit ? Insista-t-il en la serrant encore plus fort.

Difficilement à cause de ses larmes, elle lui raconta tout ce qu'il lui avait dit. Le jeune homme serra les dents. À cause de son comportement, il avait laissé penser cela mais tous ces sentiments étaient nouveau pour lui, il n'avait pas su comment réagir au début et il avait préféré ignorer celle qui lui retournait l'estomac que de l'affronter. Au fond, il avait été lâche.

- Oui, ce ne sont que des mensonges, approuva-t-il en essuyant ses larmes et en l'embrassant doucement. Allez, viens, on rentre, se releva-t-il sans lâcher ses mains.

- On rentre ? S'étonna-t-elle, un peu perdue.

- On a prévenu Sen que tu n'étais pas bien et j'ai appelé Henri-sensei. Il dit qu'il a repoussé ton examen de mercredi à la semaine d'après et te demande de te reposer. Te connaissant, tu ne te reposeras pas, alors vous allez réemménager chez nous, pour qu'on puisse te surveiller. C'est ton père qui l'a décidé. Les autres sont déjà chez nous, ta sœur t'a pris des affaires.

Elle ne répondit pas, elle était bien trop émue.

Il enleva le drap qui la couvrait, dévoilant ses fines jambes blanches et l'aida à se mettre debout. Elle tanguait encore un peu à cause de son mal de crâne, mais il la tenait contre lui.

- Où sont mes vêtements ? Demanda-t-elle doucement.

- Natsume t'a déposé des vêtements secs. Ils sont dans la salle de bain, va te changer, je t'attends.

- Tu ne vas pas partir, hein ?

- Promis, soupira-t-il. Va te changer, Ichigo, qu'on puisse rentrer, manger et dormir.

Elle acquiesça et s'enferma dans la salle de bain, le cœur battant. Elle avait encore du mal à y croire. Elle avait l'impression de rêver.

Elle s'habilla rapidement et le rejoignit. Directement, il prit sa main et l'emmena rejoindre leurs parents. Shigeru était soulagé de voir sa fille entre de bonnes mains. Ils se saluèrent et rentrèrent chez les Kashino.

La jeune femme mangea peu, elle n'avait pas très faim... Elle était épuisée et il était très tard, Ringo s'était endormi sur elle. Makoto la récupéra et aida l'aînée à aller à l'étage. Il la surveillait sans cesse. Il ne la lâchait pas.

Elle allait aller dans sa chambre mais il l'en empêcha.

- Ton lit n'est pas fait, viens dormir dans le mien.

- Mais... Et toi ?

- On est fiancés, Ichigo, on va dormir ensemble.

Elle écarquilla les yeux et rougit, le faisant rire. Il la fit entrer sans arrêter son hilarité et déposa Ringo au milieu de son lit avant de remettre toute son attention sur sa fiancée qu'il attira dans ses bras.

- Je ne te ferais rien, se moqua-t-il. Et puis, ta sœur est entre nous !

Elle lui sourit doucement puis regarda sa sœur qui grandissait bien trop vite. Makoto lui tendit son sac de vêtements. Bien entendu, Natsume lui avait mis une chemise de nuit ! Était-ce si compliqué de lui laisser un pyjama avec short ou pantalon ?

En la voyant faire la moue, il rit et lui embrassa la joue.

- J'ai déjà vu plus, tu sais, l'embêta-t-il.

Elle se figea. Comment ça, il avait déjà vu plus !?

- Ma demande en mariage n'était pas un rêve, tout comme dans ta chambre d'hôtel, après ta soirée, ricana-t-il.

Alors là, elle pouvait rivaliser avec une tomate ! Inconsciemment, elle posa sa main sur son cou, quelques flashs lui revenant.

- Et oui, c'était moi, sourit-il perversement en caressant son cou.

- Alors on a... Je ne suis plus...

- On n'est pas allé jusqu'au bout, la rassura-t-il en voyant les larmes commencer à inonder ses yeux. Je t'ai stoppé à temps.

Elle était choquée. Que ce serait-il passé s'il ne l'avait pas stoppé ?! L'aurait-elle regretté ?

- Allez, va te changer, la poussa-t-il vers la salle de bain.

Elle s'exécuta et alla rapidement le rejoindre, il dormait déjà, Ringo blottit contre lui. Ichigo entra doucement de l'autre côté du lit puis éteignit la veilleuse en allant se blottir contre eux. Elle embrassa la joue de sa sœur, puis le coin des lèvres du jeune homme en lui murmurant un bonne nuit, et se coucha, elle était épuisée.

***

Le lendemain soir, Shigeru avait pu sortir exceptionnellement de l'hôpital pour fêter les fiançailles de sa fille aînée. Mais la future mariée n'avait pas vraiment le cœur à la fête. Les médecins lui avaient fait part de l'état de son père. Il n'en avait plus que pour un mois à vivre. Un mois.

- Bien ! Fit la voix stridente de Rei, la faisant sursauter. Il faut vite organiser ce mariage !

- Mais Rei, ils ont le temps, sourit doucement Shigeru. Makoto veut le faire à la fin de ses études.

- Oui mais... fut-elle triste.

- Ne vous en faites pas pour moi, insista-t-il.

- Trop tard, j'ai déjà réservé une salle pour dans deux semaines !

Ichigo commença à paniquer. Elle venait à peine de se faire demander en mariage qu'elle allait se marier ! Pourquoi aussi vite !?

- Tu n'as pas fait ça !? Grogna son fiancé, à côté d'elle.

- Si ! Je veux être sûre que tu ne te désiste pas !

- MAMAN ! TU DÉPASSES LES BORNES !

- Mais si on attend, Shigeru ne pourra pas y participer ! Laisse-lui au moins la chance de pouvoir voir un de ses enfants se marier ! S'énerva sa mère.

- Rei ! Intervint Hikaru. On s'était mis d'accord avec Ichigo et Shigeru !

- Je sais mais...

- Que se passe-t-il ? Questionna Natsume, inquiète.

- Les médecins nous ont appris que papa n'a plus qu'un mois à vivre, chuchota Ichigo, la gorge serrée.

- Ichigo, soupira son père.

- Papa, ça te rendrait heureux, de me voir me marier ? Sanglota-t-elle.

- Peu importe ce que tu fais, ça me rend heureux, lui sourit-il doucement. Tant que tu es heureuse, je le suis, alors si tu veux attendre pour te marier, prends ton temps. Le mariage n'est pas un coup de tête, c'est une décision pour toute une vie.

Makoto était surpris. Il n'était pas au courant. Elle ne lui avait pas dit. Il avait bien remarqué qu'elle n'avait pas la tête à faire la fête mais elle semblait épuisée, sans parler que Johnny n'arrêtait pas de l'appeler...

Sa fiancée se leva et alla à l'étage, les larmes aux yeux. Makoto était furieux envers sa mère. Autant lui que sa fiancée se sentaient mis au pied du mur, comme s'il n'avait pas le choix et elle les prenait aux sentiments pour arriver à ses fins ! Et à cause de sa réaction, il était persuadé qu'elle allait croire qu'il ne voulait plus l'épouser.

- Tu es fière de toi ? Accusa-t-il sa mère en lui montrant Natsume en larmes dans les bras de Satsuki et Hiro dans ceux de Kana et Sen.

- Si tu n'avais pas mis autant de temps à te déclarer, vous seriez déjà marier !

- Tu m'énerves, grogna-t-il en se levant de table. Si j'accepte de me marier dans deux semaines, ce n'est pas pour toi ! Et vu que c'est toi qui as décidé de ça, tu t'occuperas de tout, Ichigo est censée se reposer et déstresser, pas organiser un mariage en deux semaines.

La mère acquiesça vivement, elle avait gagné ! Bon, le repas était gâché, mais ils allaient se marier ! Et Shigeru serait présent !

Ce dernier sourit tristement à Hikaru qui lui disait désolé sur le bout des lèvres et il récupéra Hiro pour le câliner tout en appelant Natsume pour qu'elle vienne dans ses bras. Kana récupéra Ringo et monta à son tour avec Sen qui l'aidait, son ventre était de plus en plus imposant. Elle allait la coucher avec Ichigo quand elle vit Makoto sur le pas de la porte de sa chambre, hésitant. Elle regarda un instant son mari et garda la petit qu'elle amena dans leur chambre. Sa cousine dormirait avec elle !

Sen, quant à lui, s'approcha discrètement de son frère.

- Tu n'y vas pas ?

- Elle pleure... Je...

- Tu n'aimes pas la voir pleurer ?

- Non... Je ne sais pas quoi faire...

- Va la voir.

- Elle ne veut pas que je rentre...

- Ne lui demande pas son avis, tu rentres et tu la serres contre toi. Montre-lui que tu es là pour elle. Vu votre ancienne relation, tu ne peux pas lui en vouloir d'avoir peur. Vous allez vous marier dans peu de jours et vous avez commencé votre relation il y a à peine vingt-quatre heures !

Makoto acquiesça puis le salua avant d'entrer dans la chambre de la jeune fille. Elle s'était changé et couché. Elle pleurait moins. Assez silencieusement. Il enleva son pantalon et son tee-shirt pour être en caleçon et souleva la couverture à l'autre bout d'elle. En sentant son lit bouger, elle sursauta, elle ne l'avait pas entendu ni vu.

- Ce n'est que moi, essaya-t-il de la rassurer.

- Laisse-moi... pleurnicha-t-elle en se mettant dos à lui, gênée.

- Pas question, se colla-t-il à elle. Ichigo, épouse-moi. Marions-nous dans deux semaines. Avoir ton père à notre mariage te rendra heureuse et c'est tout ce que je souhaite. Tu travailles si dur... Tu le mérites.

- Mais... Mais c'est si vite ! On n'aura jamais le temps de tout préparer !

- C'est ma mère qui fera tout. On n'aura rien à faire Ichigo ! La retourna-t-il pour être face à face. Tu as une semaine de repos, utilise-la pour te poser, d'accord ?

- Je dois réviser...

- Tu peux réviser en te reposant !

- Et le gâteau ?

- Et si on le faisait ensemble ? Proposa-t-il.

- Tu es d'accord ? S'enthousiasma-t-elle.

- C'est notre mariage, Ichigo, si tu veux faire le gâteau, tu le fais, mais je veux y participer, ça nous fera de l'entraînement !

- On pourra demander des modèles à Henri-sensei ? Entoura-t-elle ses bras autour de son cou.

- On lui enverra un mail dès demain !

Elle le serra contre elle. Et il lui embrassa le cou.

- Merci, Makoto.

- Tais-toi, chuchota-t-il. Tu gâches un bon moment en parlant.

Elle bouda légèrement et il se décala pour s'allonger sans la lâcher.

- Ichigo, je suis désolé d'avoir réagi comme ça plus tôt. Je ne savais pas et ma mère nous a pris de court.

- Ce n'est rien, chuchota-t-elle en se blottissant contre lui.

- Je veux juste que tu ne doutes pas. Je veux vraiment me marier avec toi, je ne pensais pas aussi tôt mais je le veux vraiment.

- Je sais, Makoto. Je sais.

Il allait redire quelque chose mais elle l'en empêcha en l'embrassant doucement, le surprenant car, à part la fois où elle était bourrée, elle ne l'avait jamais embrassé en première. Mais il se laissa faire, satisfait.

- Je suis fatiguée, fit-elle en mettant fin au baiser et en calant sa tête dans son cou.

- Dors, je reste près de toi, souffla-t-il en lui embrassant la tête.

Elle ferma les yeux et se laissa aller contre le torse de son petit-ami. Enfin, son futur mari.