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L'espace d'une soirée

Il l'avait vue dans le public, à la deuxième rangée, avec ses grands yeux noirs et son demi-sourire aux lèvres pleines, son chignon tressé, son haut bariolé, sa peau d'ébène. Elle le fixait avec un air mi-fasciné, mi-amusé. Leurs regards s'étaient croisés, accrochés un instant de trop, à plusieurs reprises, provoquant de délicieux ébranlements de leur cœur. Il ne l'avait pas faite monter sur scène : il ne voulait pas faire le premier pas, de peur que le public remarque son attirance et en tire des conclusions indésirables. Il s'était donc contenté de ces œillades à la fois inconsistantes et lourdes de sens, et de ce doute affreux : avait-il rêvé, ou était-ce bien une étincelle de désir dans ses prunelles insondables ?

Il remit sa veste pourpre. Il aimait ce costume, il lui correspondait. C'était le premier qu'il s'était acheté, la veste d'abord, qu'il portait sur des t-shirts du quotidien lorsqu'il donnait une représentation dans un petit bar ou stand-up, au public réduit et relativement inattentif. Il trouvait que le rouge faisait ressortir les couleurs de ses pommettes pâle, qu'il rendait plus éclatants les saphirs de ses yeux. Sa mère était fière de lui lorsqu'elle le voyait dans son habit de travail, ce trois-pièces dans des tons vifs et sanguins, le dernier bouton de la chemise négligemment laissé ouvert lorsqu'il ne portait pas de cravate : l'élégance incarnée.

Une avalanche d'applaudissements récompensa son final, et il se tint fièrement au bord de la scène, bras ouverts, lèvres entrouvertes en un sourire triomphant ; il avait posé le regard sur elle, qui lui avait souri doucement et levé le pouce en signe d'encouragement.

À la sortie, elle était là, son billet à la main, qu'elle lui tendit pour quémander un autographe. Il signa, effleura brièvement ses doigts, savoura la décharge électrique qui le traversa. Elle saisit le bout de ses doigts, caressa les quelques parcelles de peau à sa portée. Il ferma les yeux à demi, comme un chat repu, et lorsqu'il les rouvrit, elle tenait à bout de bras un morceau déchiré de son ticket. Il s'en empara, avant que la masse grouillante des spectateurs sortant du théâtre ne les sépare à jamais, et y jeta un bref regard : le nom d'un bar-restaurant de la rue voisine. Un sourire étira ses lèvres fines.

Une fois les autographes signés, la foule évacuée de la rue, sa veste et son gilet de costume laissés à sa loge, le théâtre clos, il put tourner l'angle d'un immeuble et parcourir du regard les enseignes criardes aux néons déchirant la nuit. Là, à quelques mètres, se trouvait l'établissement qu'elle lui avait indiqué. Il hésita une fraction de seconde, pendant laquelle lui revint sa propre réplique, prononcée pendant le spectacle : « À vous de saisir les occasions qui s'offrent à vous. »

Elle était assise à une haute table en extérieur, perchée sur un tabouret, ses longues jambes croisées, froissant le tissu léger de son pantalon clair. Elle leva les yeux à l'instant où il se décidait à la rejoindre : il avait roulé les manches de sa chemise jusqu'aux coudes, profitant de la brise légère de ce soir d'été. Il lui sourit de loin, et elle l'observa marcher jusqu'au tabouret en face du sien,  puis s'y installer. Ses yeux indigo brillaient d'une flamme qu'elle n'avait pas vue flamber pour elle depuis bien longtemps. La retrouver avait quelque chose de réchauffant, de réconfortant, et de follement exaltant.

Il la salua, se présenta, laissa son regard brûlant s'attarder sur son visage, ses lèvres, la courbe gracile de son cou fin, le doux arrondi de ses épaules. Elle lui dit son nom à son tour, comme elle scellerait une sorte d'alliance, de pacte pour la soirée, se glissant avec délice dans un personnage charmeur auquel s'ajoutait une subtile touche de désir, seulement visible au fond de ses pupilles, dans lesquelles se reflétait la myriade de petits points lumineux diffusés par une guirlande.

La discussion démarra timidement, s'appuyant d'abord sur le spectacle. Il lui joua de rapides tours de magie, lui expliqua les illusions qu'il employait, tout son jeu d'acteur, le travail colossal ayant lieu dans les coulisses, sans lequel ses tours ne seraient rien. Il la fit rire, l'hypnotisa l'espace d'un court instant, s'amusa de son trouble. De son côté, elle l'écouta parler de sa passion avec engouement, s'attendrit de le voir avec son regard d'enfant émerveillé, l'impressionna par sa vivacité d'esprit et sa répartie. Elle lui prit la main sous prétexte de reproduire une astuce apprise sur Internet, rit intérieurement de la tension qui naquit de ce contact électrique. Il la découvrit pleine d'audace et de malice ; elle le trouva plein d'entrain, et pourtant étonnamment timide lorsqu'ils en venaient à se rapprocher.

Ils grignotèrent un apéritif avant de quitter le bar pour se promener côte à côte, d'abord sans se toucher, puis mêlant leurs doigts, et, arrêtés à un feu rouge, il lui effleura la joue de la main, et ils s'embrassèrent. Leur baiser fut aussi doux et tendre que la nuit qui s'ensuivit.

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