Chapitre 8 Croque-mitaine
23h le 14 novembre à Corléone en Sicile une milice armée se mettait en position dans le relief du domaine du Triumvirat. Les snipers prenaient position dans les hauteurs. Les professionnels du combat rapproché fixaient l'extrémité d'une bâtisse enfouie dans la nuit.
Ils étaient les meilleurs dans leur fonction respective, ils étaient italiens. On les avait recrutés dans tous les milieux reconnus de la mafia, la Camorra, la Calabre, Sacra corona unita, mais les plus nombreux venaient de Silice, comme la Casa Nostra, La Stidda.
Il fallait être fou ou suicidaire pour oser les affronter. Un contingent militaire comme la Légion étrangère aurait éventuellement une chance !
On avait dupé les envoyés de Faust999. Ils étaient acculés au sommet d'une tour, sans aucun espoir de fuite. Gecko avait verrouillé l'unique porte de l'extérieur à l'aide d'une lance à incendie. Le ciel étoilé inondait les fuyards au futur indécis !
Gecko était adossé contre un muret, Serena entre les bras. Il avait le regard perdu en direction des étoiles. Était-ce un coup du destin ? Avait-il profité, usurpé plus que de nécessaire les gens ? La chance avait-elle été réellement présente, ou devait il désormais en payer le prix ? Les tremblements saccadés de son alliée le firent revenir à la réalité. Il abaissa le regard pour observer le sang giclant de la plaie sous la poitrine.
Elle peinait à respirer en crachant constamment du sang. Les gémissements de douleur incessants trahissaient une fin inévitable.
— J'aurais dû t'écouter. Annonça-t-il en lui maintenant tendrement le front.
Elle l'empoigna subitement en se contorsionnant pour le dévisager en tremblant des doigts.
— C'était un piège, Faust nous a trahis... J'aurais... J'aurais dû annuler la...
Serena se tut en doublant la pression sous la douleur, puis le relâcha pour agripper sa nuque afin d'approcher son visage.
— Gecko... Ma famille n'a jamais accepté mes choix, m'a rejeté lorsque j'ai rejoint les Volpi... J'ai... J'avais besoin de...
Elle perdit connaissance, sa main heurta lourdement le sol.
—Serena! Non. Réveille-toi.
Gecko prit subitement peur, affronter la mort en solitaire devenait insoutenable. Comme si la présence de Serena aurait pu changer quelque chose, mais deux contre une centaine...
Elle ouvrit subitement les paupières pour lui caresser tendrement la joue.
— Tu es un mec bien, sache-le. Tu n'es pas responsable de... je suis certaine qu'elle aurait tout abandonné pour toi... moi, je l'aurais fait!
Gecko resta la bouche béante. Les derniers mots résonnaient encore. Rien dans son comportement n'avait trahi son attachement. Il se sentait fautif. La mort le suivait comme une ombre.
— Je ne suis qu'un malfrat, je ne suis pas fiable.
— Léna était loin d'être conne, crois-moi !
Elle l'empoigna aux joues pour déposer un baiser, puis ajouta.
— Elle a eu de la chance de... Je... Léna était ma cousine.
— Comment ?
— Je... je ne veux pas mourir.
Il l'enlaça tendrement pour plaquer sa tête contre son torse. Elle l'observa une dernière fois avant de fermer les paupières.
Elle s'écroula pour ne plus bouger.
— Non. Hurla Gecko en pleurant. Pourquoi me quittes-tu, toi aussi ?
Il abattit lourdement les mains de chaque côté. Pourquoi l'avait-on choisi comme émissaire de la mort ? Son amitié, son amour apportait inévitablement une fin sanglante.
Consentir à l'amour réclamait d'accepter la tristesse. Être soucieux d'un autre que soit même imposait un libre-échange dont rien ne confirmait un dévouement total. Chacun désirait être aimé pour ce qu'il est, mais tout le monde détenait un secret !
Gecko avait toujours contrôlé son destin d'une main ferme.
Tout avait changé au moment où il avait accordé sa confiance.
Il ne pouvait en supporter plus. Il déposa délicatement Serena sur le côté, puis se leva pour dégainer ses deux armes.
Le souvenir du moment où tout avait dérapé lui revint en mémoire.
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